Conspiracy Watch | l'Observatoire du conspirationnisme
Conspiracy Watch | l'Observatoire du conspirationnisme

🔴 Conspiracy News #07.2024

Contenu Premium réservés aux abonnés
Contenu réservé aux abonnés
Publié par La Rédaction18 février 2024

L’actu de la semaine décryptée par Conspiracy Watch (semaine du 12/02/2024 au 18/02/2024).

LALANNE-DIEUDONNÉ. Un ex-chanteur reconverti dans le complotisme et un ex-humoriste plusieurs fois condamné pour antisémitisme se lancent dans la course aux élections européennes, avec une liste commune intitulée « Union de la résistance » : Francis Lalanne et Dieudonné projettent « d’imposer l’intelligence collective du cœur aux élites corrompues qui ont déclaré une guerre de plus en plus violente aux peuples d’Europe, au détriment de la souveraineté de la France » (source : Libération, 14 février 2024).

(IN)JUSTICE ORDINALE. Jérôme Marty, médecin généraliste et président de l’UFML-Syndicat, a reçu le 12 février un blâme de la chambre disciplinaire de première instance de l'Ordre régional des médecins d'Occitanie. Le 28 mai 2021, il avait publié une lettre ouverte sur son compte Twitter dans laquelle il dénonçait en termes fleuris les prises de paroles complotistes et dangereuses de Jean-Marie Bigard et de Francis Lalanne, le premier n'hésitant pas à comparer le pass sanitaire à l'étoile jaune et le second considérant les médecins favorables à la vaccination comme des criminels contre l'humanité. Les deux hommes avaient alors porté plainte contre le Dr Marty devant l’ordre des médecins de la Haute-Garonne. Bien qu'ils ne se soient pas présentés ni ne s'étaient fait représenter lors d'une réunion de conciliation organisée deux mois plus tard, ils sont parvenus à faire condamner le praticien à leur verser la somme de 2000 euros à chacun, la chambre disciplinaire ayant décidé d'écarter l'application de l'article 10 de la Convention européenne des droits de l'homme relative à la liberté d'expression (sources : Le Quotidien du médecin, 14 février 2024 ; APMnews, 15 février 2024 ; La Dépêche, 17 février 2024).

Le Dr Marty, qui a annoncé son intention de faire appel de cette décision, a reçu le soutien de plusieurs professionnels de la santé tels que le Pr Mathieu Molimard, le Dr Jérôme Barrière, le Dr Bernard Jomier ou l'ancien ministre de la Santé Aurélien Rousseau. Ils soulignent le décalage entre, d'une part, l'extrême mansuétude dont font généralement preuve les chambres disciplinaires de l'Ordre des médecins à l'égard de praticiens ayant promu des théories du complot ou tenu des propos contraires au consensus scientifique et, d'autre part, la sévérité de cette décision visant un médecin par ailleurs menacé de mort, avant et après cette décision, et qui s'est contenté de s'exprimer, en conscience, à propos de deux personnalités publiques totalement étrangères au monde de la santé et connues, de surcroît, pour être des relais zélés de nombreuses théories du complot.

LUCAS GAGE. Angelo John Gage, qui a changé son nom pour Lucas Gage en 2022 pour échapper aux interdictions des réseaux sociaux, est un influenceur extrémiste américain connu pour prôner la suprématie blanche et le néonazisme. Il soutient également le mouvement antisioniste BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions). Gage s’est récemment livré à de violentes menaces contre les Juifs et à un déni furieux des crimes du 7 octobre 2023. Il illustre ainsi la convergence, dans le contexte actuel, entre les mouvements néo-nazis et les groupes pro-Hamas (source : Conspiracy Watch, 14 février 2024).

Ce contenu est réservé à nos abonnés. Déjà abonné ? Se connecter

Envie de lire la suite ?
Les contenus de Conspiracy Watch en intégralité à partir de 5,00 €/mois

En savoir plus

Inscrivez-vous à notre newsletter 

Afficher plus

LALANNE-DIEUDONNÉ. Un ex-chanteur reconverti dans le complotisme et un ex-humoriste plusieurs fois condamné pour antisémitisme se lancent dans la course aux élections européennes, avec une liste commune intitulée « Union de la résistance » : Francis Lalanne et Dieudonné projettent « d’imposer l’intelligence collective du cœur aux élites corrompues qui ont déclaré une guerre de plus en plus violente aux peuples d’Europe, au détriment de la souveraineté de la France » (source : Libération, 14 février 2024).

(IN)JUSTICE ORDINALE. Jérôme Marty, médecin généraliste et président de l’UFML-Syndicat, a reçu le 12 février un blâme de la chambre disciplinaire de première instance de l'Ordre régional des médecins d'Occitanie. Le 28 mai 2021, il avait publié une lettre ouverte sur son compte Twitter dans laquelle il dénonçait en termes fleuris les prises de paroles complotistes et dangereuses de Jean-Marie Bigard et de Francis Lalanne, le premier n'hésitant pas à comparer le pass sanitaire à l'étoile jaune et le second considérant les médecins favorables à la vaccination comme des criminels contre l'humanité. Les deux hommes avaient alors porté plainte contre le Dr Marty devant l’ordre des médecins de la Haute-Garonne. Bien qu'ils ne se soient pas présentés ni ne s'étaient fait représenter lors d'une réunion de conciliation organisée deux mois plus tard, ils sont parvenus à faire condamner le praticien à leur verser la somme de 2000 euros à chacun, la chambre disciplinaire ayant décidé d'écarter l'application de l'article 10 de la Convention européenne des droits de l'homme relative à la liberté d'expression (sources : Le Quotidien du médecin, 14 février 2024 ; APMnews, 15 février 2024 ; La Dépêche, 17 février 2024).

Le Dr Marty, qui a annoncé son intention de faire appel de cette décision, a reçu le soutien de plusieurs professionnels de la santé tels que le Pr Mathieu Molimard, le Dr Jérôme Barrière, le Dr Bernard Jomier ou l'ancien ministre de la Santé Aurélien Rousseau. Ils soulignent le décalage entre, d'une part, l'extrême mansuétude dont font généralement preuve les chambres disciplinaires de l'Ordre des médecins à l'égard de praticiens ayant promu des théories du complot ou tenu des propos contraires au consensus scientifique et, d'autre part, la sévérité de cette décision visant un médecin par ailleurs menacé de mort, avant et après cette décision, et qui s'est contenté de s'exprimer, en conscience, à propos de deux personnalités publiques totalement étrangères au monde de la santé et connues, de surcroît, pour être des relais zélés de nombreuses théories du complot.

LUCAS GAGE. Angelo John Gage, qui a changé son nom pour Lucas Gage en 2022 pour échapper aux interdictions des réseaux sociaux, est un influenceur extrémiste américain connu pour prôner la suprématie blanche et le néonazisme. Il soutient également le mouvement antisioniste BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions). Gage s’est récemment livré à de violentes menaces contre les Juifs et à un déni furieux des crimes du 7 octobre 2023. Il illustre ainsi la convergence, dans le contexte actuel, entre les mouvements néo-nazis et les groupes pro-Hamas (source : Conspiracy Watch, 14 février 2024).

ALLEMAGNE. Des journalistes de l’émission « Extra » de la chaîne allemande RTL se sont rendus à un événement organisé par la jeunesse de l’AfD, « Junge Alternative » (JA). Ils y ont filmé des participants appelant à une « solution » pour les juifs, réclamant la mise en place de ghettos pour les étrangers ou encore faisant l’apologie de Mein Kampf. En 2019, JA a été classé comme un groupement extrémiste par l’Office fédéral pour la protection de la Constitution (source : t-online, 8 février 2024 ; Hannah Stasi/X, 13 février 2024).

HUNTER BIDEN. Le procureur David Weiss a accusé un ancien informateur du FBI, Alexander Smirnov, d'avoir menti sur l'implication du président Joe Biden et de son fils Hunter Biden dans des relations commerciales avec une société énergétique ukrainienne, sapant ainsi un aspect majeur de l'enquête de destitution du président menée par les Républicains de la Chambre des représentants. Ces derniers affirmaient sans preuves qu’Hunter Biden était mêlé à des affaires de corruption dont bénéficiait le président des États-Unis (source : CNN, 15 février 2024).

DÉRIVES SECTAIRES. L’article 4 de la loi visant à « renforcer la lutte contre les dérives sectaires » avait été rejeté par la représentation nationale dans la nuit du 13 au 14 février. Le dispositif créait un délit de provocation à l’abstention de soins ainsi qu’à l'adoption de « pratiques présentées comme ayant une finalité thérapeutique ou prophylactique ». Une seconde délibération le 14 février a débouché sur l’adoption de l’article 4, dénoncé comme liberticide par des députés de l’opposition (source : LCP, 14 février 2024). Dans l’Hémicycle, le député Arthur Porte s’est dit satisfait du vote, soulignant le danger des dérives complotistes sur les réseaux sociaux, à l’instar de la théorie de l’adrénochrome présentée mensongèrement comme une drogue prélevée dans du sang d’enfants. La chroniqueuse Myriam Palomba, qui avait accrédité cette théorie dans l’émission de Cyril Hanouna « TPMP », a dénoncé dans le vote de l’article 4 un procédé politique visant à bâillonner toute opposition (source : Tristan Mendès France, 14 février 2024). À noter qu’en quelques jours, la chroniqueuse de TPMP a évoqué la théorie QAnon du « pizzagate », soutenu l'existence d'un « État profond » et relayé un post remettant en cause la réalité de l'alunissage (source : Victor Mottin/X, 12 février 2024). Une posture appréciée et amplifiée par le compte conspirationniste anonyme « Laure Gonlézamarres ».

Parmi les opposants à l’article 4 de la loi sur les « dérives sectaires », le député Nicolas Dupont-Aignan, président du parti Debout la France, a alerté dans FranceSoir sur « un article de loi anti-Raoult, anti-Perronne, anti-moi, anti-vous » (source : Rudy Reichstadt/X, 14 février 2024).

FRANCESOIR. Depuis plus d’un an, Antoine Daoust, fondateur du site de fact-checking « Fact and Furious », est harcelé et menacé, avec sa compagne, par la complosphère sur les réseaux sociaux. Faisant l'objet d’attaques ignobles, il a failli, en décembre, mettre fin à ses jours (source : Franc-Tireur, 3 janvier 2024). Le site complotiste FranceSoir n’en continue pas moins, après avoir eu recours à un homme de main pour intimider physiquement la victime, à animer une campagne de calomnies contre celui qu’il accuse de violences conjugales (source : Victor Garcia/X, 13 février 2024).

SILVANO TROTTA. D’après le vidéaste complotiste Silvano Trotta, un ovni a intercepté un missile nucléaire et l'a désactivé avec des faisceaux laser au-dessus de la Californie... (source : Renka2/X, 13 février 2024).

ANTIVAX. « Quelle confiance accorder aux médicaments en 2024 ? », c’est le titre d’une conférence qui sera co-animée le 9 mars prochain, à Strasbourg, par la biostatisticienne controversée Christine Cotton et Stéphane Gayet, médecin radié par le conseil de l’Ordre, sous l’égide de la section alsacienne d'Égalité & Réconciliation, l'association du polémiste antisémite Alain Soral. Une manifestation qui illustre une nouvelle fois la convergence entre les antivax et l’extrême droite (source : Ari Kouts/X, 11 février 2024).

BOOBA. Alors qu’il vient de publier un onzième album, le rappeur exilé en Floride multiplie attaques trash et déclarations conspirationnistes sur les réseaux sociaux. Une méthode éprouvée qui vise surtout à ce qu’on parle de lui, peu importe les dégâts (source : Libération, 14 février 2024). Refoulé par des agents de sécurité avant le concert de Laura Pausini du lundi 12 février à Paris, un homme a ouvert le feu sur une porte vitrée de l’Accor Hôtel Arena. Maîtrisé par les agents, il a expliqué « être en accord avec le rappeur Booba et les agriculteurs » et « vouloir changer le monde » (source : La Montagne, 13 février 2024).

FRANÇOIS ASSELINEAU. Interviewé sur France Info, le président du Rassemblement national Jordan Bardella a affirmé la nécessité de « faire comprendre à Vladimir Poutine qu’il ne peut y avoir de paix sans le retrait des troupes russes de l’Ukraine ». Cette prise de position a fait vivement réagir François Asselineau, leader de l’UPR, qui a accusé Bardella d’être un « traître » aux ordres de « Davos et de l’État profond » (source : Conspiracy Watch/X, 13 février 2024).

INGÉRENCE RUSSE. L’agence Viginum, le service technique et opérationnel de l'État chargé de la vigilance et de la protection contre les ingérences numériques étrangères, a mis au jour un réseau de propagande pro-Kremlin constitué de 193 « portails d’information » russes, à destination d’un public international. Un ensemble baptisé « Portal Kombat » par l’organisme français, « en référence à [sa] stratégie informationnelle offensive ». En Europe comme aux États-Unis, ces sites « diffusent des contenus pro-russes » qui légitiment la guerre contre l’Ukraine et visent à déstabiliser les soutiens de Kiev (source : L’Express, 13 février 2024). La version française de l'un des sites du portail, « Pravda FR », est gérée anonymement et relaie des contenus émanant de médias d'État russes, pro-Kremlin, ou encore des médias complotistes comme Géopolitique Profonde (source : Conspiracy Watch/X, 12 février 2024).

Peu après la publication du rapport de Viginum, plusieurs canaux de l’application Telegram identifiés comme des relais de « Portal Kombat » n'étaient plus accessibles en France (source : 20 Minutes, 16 février 2024). Les relais français de cette propagande ont accueilli avec amertume la nouvelle de ce grand nettoyage (source : Albert le Ver/X, 16 février 2024).

Comme le relève l'historien David Colon, auteur de La Guerre de l’information. Les États à la conquête de nos esprits (Tallandier, 2023), Dmitri Medvedev, président du parti de Poutine Russie unie et vice-président du Conseil de sécurité, revendique clairement sur sa chaîne Telegram l’interférence du Kremlin dans les processus électoraux occidentaux. S'exprimant à propos des partis anti-système, il a déclaré : « Notre tâche est de soutenir de toutes les manières possibles ces hommes politiques et leurs partis en Occident en les aidant apertum et secretum [ouvertement et secrètement − ndlr] à obtenir des résultats dignes aux élections » (source : TASS, 3 février 2024 ; David Colon/X, 4 février 2024).

DEEPFAKE. Une intox montée de toutes pièces grâce à l’intelligence artificielle assure que la chaîne France 24 a récemment annoncé que le président de la République aurait pu être la cible d’une tentative d’assassinat lors de sa visite prévue en Ukraine. Une fausse information qui continue, malgré les démentis, à être relayée sur le web, notamment sur des sites de propagande prorusse. Ce type de « deepfake », ciblant des personnalités politiques et utilisant des médias reconnus, sont de plus en plus fréquents (source : France 24, 16 février 2024).

ALEXEÏ NAVALNY. Le vendredi 16 février, les agences russes ont annoncé la mort en prison d’Alexeï Navalny, opposant russe au régime de Vladimir Poutine. L'adversaire numéro 1 du Kremlin purgeait une peine de 19 ans de prison dans une colonie pénitentiaire de l'Arctique (source : France Info, 16 février 2024). De manière pavlovienne, la nouvelle a immédiatement enflammé la complosphère, qui a notamment vu dans cet événement une opération sous faux drapeau, l'ex-auteur des « Guignols de l'info » Bruno Gaccio percevant quant à lui « une belle coordination entre la mort de [Navalny], la déclaration de guerre à peine voilée à la Russie, les hommages relayés des soutiens et les attaques préventives contre toutes contestation de la version officielle » (source : Tristan Mendès France/X, 16 février 2024 ; Conspiracy Watch/X, 18 février 2024). Pour rappel, il y a quelques années, alors que Navalny était hospitalisé, les médias russes diffusaient des théories alternatives à celle de l’empoisonnement dont il avait été victime. L’objectif était de saturer l’espace informationnel pour étouffer la vérité, comme l’expliquait alors notre collaborateur Élie Guckert (source : Conspiracy Watch, 26 août 2020).

Cet article est en accès libre.
Pour qu’il le reste, Conspiracy Watch a besoin de vous.
Je suis d'accord, je fais un don
je continue ma lecture

LALANNE-DIEUDONNÉ. Un ex-chanteur reconverti dans le complotisme et un ex-humoriste plusieurs fois condamné pour antisémitisme se lancent dans la course aux élections européennes, avec une liste commune intitulée « Union de la résistance » : Francis Lalanne et Dieudonné projettent « d’imposer l’intelligence collective du cœur aux élites corrompues qui ont déclaré une guerre de plus en plus violente aux peuples d’Europe, au détriment de la souveraineté de la France » (source : Libération, 14 février 2024).

(IN)JUSTICE ORDINALE. Jérôme Marty, médecin généraliste et président de l’UFML-Syndicat, a reçu le 12 février un blâme de la chambre disciplinaire de première instance de l'Ordre régional des médecins d'Occitanie. Le 28 mai 2021, il avait publié une lettre ouverte sur son compte Twitter dans laquelle il dénonçait en termes fleuris les prises de paroles complotistes et dangereuses de Jean-Marie Bigard et de Francis Lalanne, le premier n'hésitant pas à comparer le pass sanitaire à l'étoile jaune et le second considérant les médecins favorables à la vaccination comme des criminels contre l'humanité. Les deux hommes avaient alors porté plainte contre le Dr Marty devant l’ordre des médecins de la Haute-Garonne. Bien qu'ils ne se soient pas présentés ni ne s'étaient fait représenter lors d'une réunion de conciliation organisée deux mois plus tard, ils sont parvenus à faire condamner le praticien à leur verser la somme de 2000 euros à chacun, la chambre disciplinaire ayant décidé d'écarter l'application de l'article 10 de la Convention européenne des droits de l'homme relative à la liberté d'expression (sources : Le Quotidien du médecin, 14 février 2024 ; APMnews, 15 février 2024 ; La Dépêche, 17 février 2024).

Le Dr Marty, qui a annoncé son intention de faire appel de cette décision, a reçu le soutien de plusieurs professionnels de la santé tels que le Pr Mathieu Molimard, le Dr Jérôme Barrière, le Dr Bernard Jomier ou l'ancien ministre de la Santé Aurélien Rousseau. Ils soulignent le décalage entre, d'une part, l'extrême mansuétude dont font généralement preuve les chambres disciplinaires de l'Ordre des médecins à l'égard de praticiens ayant promu des théories du complot ou tenu des propos contraires au consensus scientifique et, d'autre part, la sévérité de cette décision visant un médecin par ailleurs menacé de mort, avant et après cette décision, et qui s'est contenté de s'exprimer, en conscience, à propos de deux personnalités publiques totalement étrangères au monde de la santé et connues, de surcroît, pour être des relais zélés de nombreuses théories du complot.

LUCAS GAGE. Angelo John Gage, qui a changé son nom pour Lucas Gage en 2022 pour échapper aux interdictions des réseaux sociaux, est un influenceur extrémiste américain connu pour prôner la suprématie blanche et le néonazisme. Il soutient également le mouvement antisioniste BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions). Gage s’est récemment livré à de violentes menaces contre les Juifs et à un déni furieux des crimes du 7 octobre 2023. Il illustre ainsi la convergence, dans le contexte actuel, entre les mouvements néo-nazis et les groupes pro-Hamas (source : Conspiracy Watch, 14 février 2024).

ALLEMAGNE. Des journalistes de l’émission « Extra » de la chaîne allemande RTL se sont rendus à un événement organisé par la jeunesse de l’AfD, « Junge Alternative » (JA). Ils y ont filmé des participants appelant à une « solution » pour les juifs, réclamant la mise en place de ghettos pour les étrangers ou encore faisant l’apologie de Mein Kampf. En 2019, JA a été classé comme un groupement extrémiste par l’Office fédéral pour la protection de la Constitution (source : t-online, 8 février 2024 ; Hannah Stasi/X, 13 février 2024).

HUNTER BIDEN. Le procureur David Weiss a accusé un ancien informateur du FBI, Alexander Smirnov, d'avoir menti sur l'implication du président Joe Biden et de son fils Hunter Biden dans des relations commerciales avec une société énergétique ukrainienne, sapant ainsi un aspect majeur de l'enquête de destitution du président menée par les Républicains de la Chambre des représentants. Ces derniers affirmaient sans preuves qu’Hunter Biden était mêlé à des affaires de corruption dont bénéficiait le président des États-Unis (source : CNN, 15 février 2024).

DÉRIVES SECTAIRES. L’article 4 de la loi visant à « renforcer la lutte contre les dérives sectaires » avait été rejeté par la représentation nationale dans la nuit du 13 au 14 février. Le dispositif créait un délit de provocation à l’abstention de soins ainsi qu’à l'adoption de « pratiques présentées comme ayant une finalité thérapeutique ou prophylactique ». Une seconde délibération le 14 février a débouché sur l’adoption de l’article 4, dénoncé comme liberticide par des députés de l’opposition (source : LCP, 14 février 2024). Dans l’Hémicycle, le député Arthur Porte s’est dit satisfait du vote, soulignant le danger des dérives complotistes sur les réseaux sociaux, à l’instar de la théorie de l’adrénochrome présentée mensongèrement comme une drogue prélevée dans du sang d’enfants. La chroniqueuse Myriam Palomba, qui avait accrédité cette théorie dans l’émission de Cyril Hanouna « TPMP », a dénoncé dans le vote de l’article 4 un procédé politique visant à bâillonner toute opposition (source : Tristan Mendès France, 14 février 2024). À noter qu’en quelques jours, la chroniqueuse de TPMP a évoqué la théorie QAnon du « pizzagate », soutenu l'existence d'un « État profond » et relayé un post remettant en cause la réalité de l'alunissage (source : Victor Mottin/X, 12 février 2024). Une posture appréciée et amplifiée par le compte conspirationniste anonyme « Laure Gonlézamarres ».

Parmi les opposants à l’article 4 de la loi sur les « dérives sectaires », le député Nicolas Dupont-Aignan, président du parti Debout la France, a alerté dans FranceSoir sur « un article de loi anti-Raoult, anti-Perronne, anti-moi, anti-vous » (source : Rudy Reichstadt/X, 14 février 2024).

FRANCESOIR. Depuis plus d’un an, Antoine Daoust, fondateur du site de fact-checking « Fact and Furious », est harcelé et menacé, avec sa compagne, par la complosphère sur les réseaux sociaux. Faisant l'objet d’attaques ignobles, il a failli, en décembre, mettre fin à ses jours (source : Franc-Tireur, 3 janvier 2024). Le site complotiste FranceSoir n’en continue pas moins, après avoir eu recours à un homme de main pour intimider physiquement la victime, à animer une campagne de calomnies contre celui qu’il accuse de violences conjugales (source : Victor Garcia/X, 13 février 2024).

SILVANO TROTTA. D’après le vidéaste complotiste Silvano Trotta, un ovni a intercepté un missile nucléaire et l'a désactivé avec des faisceaux laser au-dessus de la Californie... (source : Renka2/X, 13 février 2024).

ANTIVAX. « Quelle confiance accorder aux médicaments en 2024 ? », c’est le titre d’une conférence qui sera co-animée le 9 mars prochain, à Strasbourg, par la biostatisticienne controversée Christine Cotton et Stéphane Gayet, médecin radié par le conseil de l’Ordre, sous l’égide de la section alsacienne d'Égalité & Réconciliation, l'association du polémiste antisémite Alain Soral. Une manifestation qui illustre une nouvelle fois la convergence entre les antivax et l’extrême droite (source : Ari Kouts/X, 11 février 2024).

BOOBA. Alors qu’il vient de publier un onzième album, le rappeur exilé en Floride multiplie attaques trash et déclarations conspirationnistes sur les réseaux sociaux. Une méthode éprouvée qui vise surtout à ce qu’on parle de lui, peu importe les dégâts (source : Libération, 14 février 2024). Refoulé par des agents de sécurité avant le concert de Laura Pausini du lundi 12 février à Paris, un homme a ouvert le feu sur une porte vitrée de l’Accor Hôtel Arena. Maîtrisé par les agents, il a expliqué « être en accord avec le rappeur Booba et les agriculteurs » et « vouloir changer le monde » (source : La Montagne, 13 février 2024).

FRANÇOIS ASSELINEAU. Interviewé sur France Info, le président du Rassemblement national Jordan Bardella a affirmé la nécessité de « faire comprendre à Vladimir Poutine qu’il ne peut y avoir de paix sans le retrait des troupes russes de l’Ukraine ». Cette prise de position a fait vivement réagir François Asselineau, leader de l’UPR, qui a accusé Bardella d’être un « traître » aux ordres de « Davos et de l’État profond » (source : Conspiracy Watch/X, 13 février 2024).

INGÉRENCE RUSSE. L’agence Viginum, le service technique et opérationnel de l'État chargé de la vigilance et de la protection contre les ingérences numériques étrangères, a mis au jour un réseau de propagande pro-Kremlin constitué de 193 « portails d’information » russes, à destination d’un public international. Un ensemble baptisé « Portal Kombat » par l’organisme français, « en référence à [sa] stratégie informationnelle offensive ». En Europe comme aux États-Unis, ces sites « diffusent des contenus pro-russes » qui légitiment la guerre contre l’Ukraine et visent à déstabiliser les soutiens de Kiev (source : L’Express, 13 février 2024). La version française de l'un des sites du portail, « Pravda FR », est gérée anonymement et relaie des contenus émanant de médias d'État russes, pro-Kremlin, ou encore des médias complotistes comme Géopolitique Profonde (source : Conspiracy Watch/X, 12 février 2024).

Peu après la publication du rapport de Viginum, plusieurs canaux de l’application Telegram identifiés comme des relais de « Portal Kombat » n'étaient plus accessibles en France (source : 20 Minutes, 16 février 2024). Les relais français de cette propagande ont accueilli avec amertume la nouvelle de ce grand nettoyage (source : Albert le Ver/X, 16 février 2024).

Comme le relève l'historien David Colon, auteur de La Guerre de l’information. Les États à la conquête de nos esprits (Tallandier, 2023), Dmitri Medvedev, président du parti de Poutine Russie unie et vice-président du Conseil de sécurité, revendique clairement sur sa chaîne Telegram l’interférence du Kremlin dans les processus électoraux occidentaux. S'exprimant à propos des partis anti-système, il a déclaré : « Notre tâche est de soutenir de toutes les manières possibles ces hommes politiques et leurs partis en Occident en les aidant apertum et secretum [ouvertement et secrètement − ndlr] à obtenir des résultats dignes aux élections » (source : TASS, 3 février 2024 ; David Colon/X, 4 février 2024).

DEEPFAKE. Une intox montée de toutes pièces grâce à l’intelligence artificielle assure que la chaîne France 24 a récemment annoncé que le président de la République aurait pu être la cible d’une tentative d’assassinat lors de sa visite prévue en Ukraine. Une fausse information qui continue, malgré les démentis, à être relayée sur le web, notamment sur des sites de propagande prorusse. Ce type de « deepfake », ciblant des personnalités politiques et utilisant des médias reconnus, sont de plus en plus fréquents (source : France 24, 16 février 2024).

ALEXEÏ NAVALNY. Le vendredi 16 février, les agences russes ont annoncé la mort en prison d’Alexeï Navalny, opposant russe au régime de Vladimir Poutine. L'adversaire numéro 1 du Kremlin purgeait une peine de 19 ans de prison dans une colonie pénitentiaire de l'Arctique (source : France Info, 16 février 2024). De manière pavlovienne, la nouvelle a immédiatement enflammé la complosphère, qui a notamment vu dans cet événement une opération sous faux drapeau, l'ex-auteur des « Guignols de l'info » Bruno Gaccio percevant quant à lui « une belle coordination entre la mort de [Navalny], la déclaration de guerre à peine voilée à la Russie, les hommages relayés des soutiens et les attaques préventives contre toutes contestation de la version officielle » (source : Tristan Mendès France/X, 16 février 2024 ; Conspiracy Watch/X, 18 février 2024). Pour rappel, il y a quelques années, alors que Navalny était hospitalisé, les médias russes diffusaient des théories alternatives à celle de l’empoisonnement dont il avait été victime. L’objectif était de saturer l’espace informationnel pour étouffer la vérité, comme l’expliquait alors notre collaborateur Élie Guckert (source : Conspiracy Watch, 26 août 2020).

Inscrivez-vous à notre newsletter 

Afficher plus

Depuis seize ans, Conspiracy Watch contribue à sensibiliser aux dangers du complotisme en assurant un travail d’information et de veille critique sans équivalent. Pour pérenniser nos activités, le soutien de nos lecteurs est indispensable.  

Faire un don !
à propos de l'auteur
[show_profile_image]
Partager :
Conspiracy Watch | l'Observatoire du conspirationnisme
© 2007-2024 Conspiracy Watch | Une réalisation de l'Observatoire du conspirationnisme (association loi de 1901) avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
cross