🔴 Conspiracy News #46.2024

CONSPIZAP. Qu'ils voient une mise en scène derrière la conquête de la Lune ou qu'ils nient la réalité de la pandémie de Covid, les conspirationnistes n'ont pas de limite. En quelques minutes, le CONSPIZAP propose une sélection du pire de ce que notre équipe a vu passer au cours du mois écoulé (source : Conspiracy Watch, 4 novembre 2024).

CHANGEMENT CLIMATIQUE. Confrontées à des catastrophes naturelles incontrôlables, comme le récent ouragan Milton qui a frappé les côtes de Floride ou les inondations meurtrières qui ont touché la région de Valence en Espagne, certaines personnes peuvent préférer adhérer à des théories du complot pour retrouver un sentiment de contrôle. Un phénomène psychologique qui risque de poser problème, alors que les événements extrêmes sont appelés à devenir plus intenses et plus fréquents au fur et à mesure du changement climatique… (source : The Conversation, 17 octobre 2024).

Sans surprises, ces événements sont instrumentalisés par les complotistes parmi lesquels Silvano Trotta (source : Random Debunk/X, 2 novembre 2024) ou encore Tucker Carlson (source : Tristan Mendès France/X, 5 novembre 2023).

ESPAGNE. À Valence, hier, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté pour demander la démission de Carlos Mazon, le président de la Région (Parti populaire). Il lui est reproché de n’avoir pas prévenu la population à temps malgré les alertes des services météorologiques, puis de n’avoir pas su organiser les secours, laissant la population livrée à elle-même pendant plusieurs jours. Les coupes dans les budgets liés à la prévention des risques météo et le renoncement au projet d’unité d’urgence, élaboré par le gouvernement précédent et dont une des missions était d’apporter une réponse efficace aux catastrophes climatiques, est aussi au coeur des reproches (source : Midi-Libre, 10 novembre 2024). Il faut dire que Carlos Mazon a pu former un gouvernement grâce au soutien du parti d’extrême droite Vox, dont l’opposition aux mesures climatiques est un cheval de bataille. Ce parti a pour constante de nier l’origine anthropique du réchauffement climatique. En juillet 2023, Julio Utrilla, le porte-parole scientifique de Vox, a déclaré à ce propos : « Je me sens comme Galilée, à une époque où ceux qui osaient ne pas être d'accord étaient fouettés ou envoyés sur le bûcher. » Du côté du Parti Populaire (PP), on n’est pas en reste non plus. Dès 2015, en marge de la Cop 21, le premier ministre d’alors Mariano Rajoy s’y était essayé en affirmant : « Vous faites venir les cent meilleurs scientifiques du monde et ils ne peuvent pas vous dire avec une probabilité de 100 % s'il va pleuvoir à Séville après-demain. Et il y a des pseudo-scientifiques qui savent ce qui va se passer dans 300 ans avec le changement climatique ». Depuis, certains responsables du PP flirtent régulièrement avec le climato-dénialisme, alors que l’Espagne est l'un des pays européens les plus touchés par le réchauffement climatique (source : 20 Minutes, 5 novembre 2024 ; France Info, 9 novembre 2024).

CHLOÉ FRAMMERY. Elle avait déposé plainte en diffamation contre Gregoire Barbey et Serge Michel, respectivement journaliste et directeur au Temps et à Heidi News, qui avaient consacré des articles à son complotisme. Chloé Frammery a finalement été déboutée (source : Albert le Ver/X, 8 novembre 2024).

KEMI SEBA. Soupçonné d'« entretenir des intelligences avec une puissance étrangère en vue de susciter des hostilités ou des actes d'agression contre la France », Kemi Seba a été reçu le 5 novembre au Parlement espagnol par Ione Belarra, secrétaire générale du parti de gauche radicale PODEMOS. D’autres élus français lui avaient déjà fait cet honneur... (source : Conspiracy Watch/X, 6 novembre 2024).

STEVE BANNON. À peine sorti de prison le 29 octobre dernier, Steve Bannon s'est engagé dans la campagne pour Donald Trump. En utilisant les mêmes éléments de langage que ceux qui ont conduit à l'assaut du Capitole le 6 janvier 2021... Décryptage par Perla Msika (source : Conspiracy Watch/TikTok, 5 novembre 2024).

ELON MUSK. En matière de désinformation, Elon Musk surpasse les services russes. Collecte de données, publicités mensongères, théories du complot… L’homme le plus riche du monde a mené une campagne sur Internet en faveur de Donald Trump en utilisant des méthodes particulièrement discutables (source : Le Monde, 3 novembre 2024). Le milliardaire a notamment relayé un clip faisant la promotion de la thématique conspirationniste QAnon (source : Tristan Mendès France/X, 5 novembre 2024) et remis sur le tapis la théorie complotiste du Pizzagate (OSP/X, 5 novembre 2024). De plus, pendant plus de deux semaines, la pétition pro-Trump lancée par Elon Musk promettant, chaque jour, un million de dollars à l'un des signataires du document, n'a cessé de faire parler d'elle. Or, selon l'avocat du comité d'action politique d'Elon Musk, les gagnants n'étaient pas tirés au sort. En réalité, les nouveaux millionnaires ont été choisis pour être les porte-paroles rémunérés du groupe... (source : BFM TV, 4 novembre 2024). À réécouter « Elon Musk, pilier complotiste de la campagne de Donald Trump » sur Franceinfo : un précieux allié en désinformation. Cet épisode du podcast Complorama montre comment le milliardaire, fort de la puissance de son réseau X, est devenu un vice-président virtuel (source : Le Monde, 5 novembre 2024).

JOE ROGAN. Selon Musk, si Donald Trump a été élu, c'est en partie grâce à sa volonté de se prêter à des entretiens libres avec des hommes comme Joe Rogan, le podcasteur le plus écouté des États-Unis et un promoteur influent de théories conspirationnistes sur l'« État profond », qui a affirmé que les attaques du 6 janvier 2021 contre le Capitole étaient un « faux drapeau » provoqué par le gouvernement. Interviewé par Tucker Carlson, Musk a déclaré que la conversation de trois heures de Trump le mois dernier avec Joe Rogan ont permis aux auditeurs de décider s'il était une « bonne personne » et constituait un point de distinction majeur par rapport à Kamala Harris. « Je pense que le fait que le président Trump et le futur vice-président Vance aient participé à de longs podcasts a fait une grande différence », a déclaré le propriétaire de la plateforme X (source : The Guardian, 7 novembre 2024).

RFK JR. Potentiel futur ministre de la Santé dans la future Administration Trump, Robert F. Kennedy Jr est « l’un des pires antivax de la planète », qui est « tenu en partie responsable d'une épidémie de rougeole qui a lourdement frappé les Samoa en 2019, tuant des dizaines d'enfants » (source : Le Point, 7 novembre 2024). Florian Philippot en est tout satisfait : « C’est lui désormais qui va s’occuper de la santé, des vaccins, de l’alimentation et ça c’est une sacrée mauvaise nouvelle pour Big Pharma et tous ses obligés corrompus ! » [archive]. Pour l'ex-sénateur Yves Pozzo di Borgo, l'« arrivée de Robert Kennedy Jr à la responsabilité des affaires de Santé qui connait le mieux l’implication du Pentagone dans cette folle stratégie Covid va faire exploser la Vérité et Emmanuel Macron en France ne pourra pas maintenir son Secret Défense sur sa politique Covid ! » [archive]. Quant à Didier Raoult, il parachève sa mue complotiste en considérant qu'Elon Musk « peut restaurer la liberté d’expression et aider à supprimer la censure qui a explosée (sic) dans le monde occidental détruisant nos valeurs démocratiques » et en recommandant à ses abonnés de lire le livre que RFK Jr a consacré à Anthony Fauci [archive]. Bien qu'il ne soit pas encore certain que RFK Jr assumera un rôle officiel, il aurait participé à des discussions importantes sur la nomination de responsables d'agences fédérales de santé. Parmi les candidats figure le Dr Joseph Ladapo, chirurgien général de Floride, qui a déconseillé les vaccins Covid-19 aux enfants en bonne santé pendant la pandémie, intensifiant ainsi les craintes d'un éventuel virage anti-vaccin de la politique de santé américaine sous Trump (sources : Time, 7 novembre 2024 ; MSNBC News, 6 novembre 2024). À lire le thread du compte X Random Debunk qui propose un petit tour d’horizon de plusieurs fake news et théories complotistes partagées par RFK Jr dans le domaine médical.

COMPLORAMA. Dans un nouvel épisode de Complorama, Tristan Mendès France et Rudy Reichstadt reviennent sur la sphère complotiste, exaltée par ce nouveau mandat de Donald Trump, qui n’espère qu’une chose : que le futur président réforme en profondeur le pays et puisse vaincre « l'Etat profond » qui entrave sa politique. Une obsession tenace, partagée au sein même de la garde rapprochée du président. « Donald Trump, le retour du complotisme à la Maison Blanche », c’est le 75ème épisode de Complorama avec Rudy Reichstadt, directeur de Conspiracy Watch, et Tristan Mendès France, maître de conférences et membre de l'observatoire du conspirationnisme, spécialiste des cultures numériques (source : France Info, 8 novembre 2024).

DÉSINFORMATION. S'il s'affichait autrefois aux côtés des démocrates, Elon Musk a apporté un soutien indéfectible à Donald Trump pendant la campagne électorale et aujourd'hui encore. En démocratie, chacun est en droit d'avoir ses opinions. Mais que se passe-t-il quand les électeurs ne partagent plus les mêmes faits, la même réalité ? À l'heure de l'intelligence artificielle, de l'essor des complotismes dans une réalité fragmentée, les mensonges en ligne filent comme une traînée de poudre et pourraient tout changer. À voir sur ce sujet, « La somme des mensonges », un reportage en deux parties (source : France.tv, partie 1 et partie 2).

RÉSEAUX SOCIAUX. Pour Julien Labarre, « Facebook et WhatsApp favorisent la conversion à des théories conspirationnistes » et un sentiment de défiance envers la démocratie, mais le font-ils tous de la même manière ? (source : Médiapart, 4 novembre 2024).

IA. L'intelligence artificielle générative constitue une menace supplémentaire pour une élection présidentielle américaine qui a déjà été très mouvementée. Près de deux Américains sur trois ont confirmé avoir déjà été confrontés à ce type d'image depuis le début de la campagne électorale. Tout sauf anodines, ces séquences ont permis d'influencer les électeurs alors que les sondages dévoilaient que les candidats étaient au coude-à-coude. Justement montré du doigt, le camp républicain, Donald Trump en tête, comptait bien tirer son épingle du jeu en exploitant au maximum les moyens modernes mis à sa disposition. Retrouvez « La Fabrique du mensonge : États-Unis, une élection sous IA » sur france.tv en replay.