En mars 2015, Niels H. Harrit a perdu le procès qu’il avait intenté à un journaliste danois qui l’avait qualifié de «cinglé».
L'affaire est passée complètement inaperçue dans la presse francophone. Et pour cause : le nom de Niels H. Harrit est surtout connu de ceux qui s'intéressent aux théories du complot sur les attentats du 11 septembre 2001.
En 2009, cet ancien maître de conférence à l'Université de Copenhague avait co-signé, dans une revue confidentielle, The Open Chemical Physics Journal, un article pseudo-scientifique sur la présence supposée de traces d’explosifs dans les décombres du World Trade Center (lire l'analyse complète de Jérôme Quirant). Depuis lors, Harrit est devenu une figure incontournable du 9/11 Truth Movement au Danemark. Harrit se dit par exemple « totalement convaincu, à 110% » (sic), que les immeubles du World Trade Center ont fait l’objet d’une « démolition contrôlée ».
Il y a deux ans, ce professeur de chimie à la retraite a intenté un procès en diffamation à l’hebdomadaire danois Weekendavisen et au journaliste Søren K. Villemoes, réclamant 25 000 couronnes (3 350 euros) de dommages, pour avoir été qualifié de « cinglé ». Dans un article, Villemoes critiquait la Bibliothèque Nationale danoise qui, lors d’une exposition, avait autorisé l’Ambassade de Turquie à accrocher une affiche niant le génocide arménien. Le journaliste se demandait s’il était très pertinent de donner ainsi une tribune aux négationnistes : «Tant qu’on y est, pourquoi ne pas inviter aussi Niels Harrit et les autres "cinglés" des théories sceptiques sur le 11-Septembre ? Qu'est-ce que c’est que cet environnement négationniste ?», avait écrit Villemoes.
Niels Harrit a saisi l'occasion de son procès pour faire étalage de tout son matériel révisionniste devant le tribunal : son article publié par The Open Chemical Physics Journal ; une vidéo montrant l’effondrement du bâtiment 7 du World Trade Center censée prouver la démolition contrôlée ; le texte d’une pétition lancée par l’association de Richard Gage, Architects & Engineers for 9/11 Truth ; des enquêtes d’opinion sur le 11-Septembre ; etc.
Toutefois, ces pièces semblent avoir eu l’effet inverse de celui escompté par Niels Harrit sur ses juges. Le militant complotiste a été débouté en première instance puis une seconde fois en appel.
Le verdict a conclu que le qualifier de « cinglé » relevait de la liberté d’expression. Harrit a de plus été condamné à verser à la partie adverse les 15 000 couronnes (un peu plus de 2 000 euros) de frais de justice qu’elle avait engagés. Dans un communiqué du 1er avril 2015, le professeur de chimie explique que les fonds collectés par Architects & Engineers for 9/11 Truth lui ont permis de couvrir les dépens. Surtout, il estime que le procès lui a permis de « faire avancer la cause de la Vérité sur le 11-Septembre ».
Villemoes, pour sa part, est convaincu que si le verdict avait été favorable à Harrit, ce dernier ainsi que tous les mouvements conspirationnistes auraient vu cela comme une confirmation de leurs théories. Il ajoute : « Maintenant, ils verront certainement cela comme un signe de la corruption du système judiciaire danois ».
La publication de l'article de Harrit dans The Open Chemical Physics Journal avait entraîné la démission de plusieurs membres du comité éditorial de la revue ainsi que de sa rédactrice en chef (lire : La Télé Libre cautionne l’imposture de Harrit et Jones). L’article avait notamment été co-signé par Steven E. Jones, un professeur de physique lui aussi retraité et actif au sein du 9/11 Truth Movement. Dans les années 1980, Jones s’était improvisé archéologue pour essayer de prouver que Jésus-Christ avait visité en personne le continent américain il y a 2000 ans.
Sources : Journalisten, 27 mars 2015 ; Jydske Vestkysten, 27 mars 2015 ; Politiken, 12 mars 2015 ; Ekstra Bladet, 13 septembre 2013.
Voir aussi :
* Justice : le terme "révisionniste" s’applique bien à Mathieu Kassovitz
En mars 2015, Niels H. Harrit a perdu le procès qu’il avait intenté à un journaliste danois qui l’avait qualifié de «cinglé».
L'affaire est passée complètement inaperçue dans la presse francophone. Et pour cause : le nom de Niels H. Harrit est surtout connu de ceux qui s'intéressent aux théories du complot sur les attentats du 11 septembre 2001.
En 2009, cet ancien maître de conférence à l'Université de Copenhague avait co-signé, dans une revue confidentielle, The Open Chemical Physics Journal, un article pseudo-scientifique sur la présence supposée de traces d’explosifs dans les décombres du World Trade Center (lire l'analyse complète de Jérôme Quirant). Depuis lors, Harrit est devenu une figure incontournable du 9/11 Truth Movement au Danemark. Harrit se dit par exemple « totalement convaincu, à 110% » (sic), que les immeubles du World Trade Center ont fait l’objet d’une « démolition contrôlée ».
Il y a deux ans, ce professeur de chimie à la retraite a intenté un procès en diffamation à l’hebdomadaire danois Weekendavisen et au journaliste Søren K. Villemoes, réclamant 25 000 couronnes (3 350 euros) de dommages, pour avoir été qualifié de « cinglé ». Dans un article, Villemoes critiquait la Bibliothèque Nationale danoise qui, lors d’une exposition, avait autorisé l’Ambassade de Turquie à accrocher une affiche niant le génocide arménien. Le journaliste se demandait s’il était très pertinent de donner ainsi une tribune aux négationnistes : «Tant qu’on y est, pourquoi ne pas inviter aussi Niels Harrit et les autres "cinglés" des théories sceptiques sur le 11-Septembre ? Qu'est-ce que c’est que cet environnement négationniste ?», avait écrit Villemoes.
Niels Harrit a saisi l'occasion de son procès pour faire étalage de tout son matériel révisionniste devant le tribunal : son article publié par The Open Chemical Physics Journal ; une vidéo montrant l’effondrement du bâtiment 7 du World Trade Center censée prouver la démolition contrôlée ; le texte d’une pétition lancée par l’association de Richard Gage, Architects & Engineers for 9/11 Truth ; des enquêtes d’opinion sur le 11-Septembre ; etc.
Toutefois, ces pièces semblent avoir eu l’effet inverse de celui escompté par Niels Harrit sur ses juges. Le militant complotiste a été débouté en première instance puis une seconde fois en appel.
Le verdict a conclu que le qualifier de « cinglé » relevait de la liberté d’expression. Harrit a de plus été condamné à verser à la partie adverse les 15 000 couronnes (un peu plus de 2 000 euros) de frais de justice qu’elle avait engagés. Dans un communiqué du 1er avril 2015, le professeur de chimie explique que les fonds collectés par Architects & Engineers for 9/11 Truth lui ont permis de couvrir les dépens. Surtout, il estime que le procès lui a permis de « faire avancer la cause de la Vérité sur le 11-Septembre ».
Villemoes, pour sa part, est convaincu que si le verdict avait été favorable à Harrit, ce dernier ainsi que tous les mouvements conspirationnistes auraient vu cela comme une confirmation de leurs théories. Il ajoute : « Maintenant, ils verront certainement cela comme un signe de la corruption du système judiciaire danois ».
La publication de l'article de Harrit dans The Open Chemical Physics Journal avait entraîné la démission de plusieurs membres du comité éditorial de la revue ainsi que de sa rédactrice en chef (lire : La Télé Libre cautionne l’imposture de Harrit et Jones). L’article avait notamment été co-signé par Steven E. Jones, un professeur de physique lui aussi retraité et actif au sein du 9/11 Truth Movement. Dans les années 1980, Jones s’était improvisé archéologue pour essayer de prouver que Jésus-Christ avait visité en personne le continent américain il y a 2000 ans.
Sources : Journalisten, 27 mars 2015 ; Jydske Vestkysten, 27 mars 2015 ; Politiken, 12 mars 2015 ; Ekstra Bladet, 13 septembre 2013.
Voir aussi :
* Justice : le terme "révisionniste" s’applique bien à Mathieu Kassovitz
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