Pour beaucoup, en effet, l’explosion d’AZF reste couverte de mystères et l’Etat français chercherait à tout prix à étouffer la vérité. Un tir de roquette, en provenance de la cité du Mirail a été évoqué. De même que la piste d'une fusée amateur, celle d'une chute de météorite ou de pièce d'avion, ou encore l'éjection d'un filtre d'une tour de traitement sous l’effet d’un éclair. Toutefois, parmi les nombreuses versions « alternatives » disponibles sur le marché, deux thèses se détachent.
Conséquence d'essais tenus secrets sur le site de la SNPE (Société nationale des poudres et explosifs) voisine d'AZF, un arc électrique se serait formé et aurait frappé, 800 mètres plus loin, de l’autre côté de la Garonne, le hangar 221 où se trouvait le nitrate d’ammonium, provoquant ainsi l'explosion de l'usine AZF. C'est la thèse défendue par un ingénieur indépendant, Pierre Grésillaud (auteur du site azf-10h18.com) et par un professeur de mathématiques à la retraite, Jean-Marie Arnaudies :
Toutefois, il s'avère qu'aucune défaillance n’a pu être constatée au sein de la SNPE et qu'aucun expert ni EDF n’ont pu, jusqu'à aujourd'hui, confirmer cette piste. Total estime pourtant qu'elle est « toujours crédible et d’autant plus facile à agiter que la SNPE est soumise au "secret défense" en raison de ses activités » (source : « AZF : un procès fleuve pour une vérité complexe », Mediapart, 20 février 2009).
Elle a fait l’objet de plusieurs publications : AZF Toulouse : La vérité sur l'explosion (éd. Michel Lafon, 2003) d’Anne-Marie Casteret (journaliste scientifique à l’Express) ; AZF, un silence d’Etat (H.C. ESSAIS, 2008) de Marc Mennessier (journaliste scientifique au Figaro) ; et plus récemment encore, AZF, l’enquête assassinée (Plon, 2009), de Franck Hériot et Jean-Christian Tirat (journalistes à Valeurs Actuelles).
Dans un article de l’Express (« Sept raisons de ne plus croire à un accident », 14 janvier 2003), Anne-Marie Casteret a relancé la thèse de l'attentat, affirmant que l'accident industriel n'était « toujours pas démontré ». La journaliste s’appuyait en particulier sur un rapport des Renseignements généraux (RG) dont elle regrettait qu’il ait été « balayé d'un revers de main » par un rapport ultérieur du Service régional de police judiciaire (SRPJ). Le rapport des RG, indiquait-elle, « était articulé autour de la personnalité de Hassan J. (Hassan Jandoubi - NDLR), un employé intérimaire qui chargeait des sacs d'ammonitrates dans des camions (…), ancien délinquant (…) tombé depuis plusieurs mois sous l'influence du groupe islamiste "tendance afghane" de Mohammed R. ». D'autres éléments troublants plaideraient en faveur de cette « piste interdite ».
Dès janvier 2003 cependant, les éléments présentés dans les articles d'Anne-Marie Casteret et de Marc Mennessier (parus respectivement dans l'Express et le Figaro) ont été rejetés en bloc par le procureur de la République Michel Bréard, qui n'a pas hésité à parler de « présentation tendancieuse », de « contre-vérités manifestes », d'« analyse partiale, partielle ou déformée des faits », et d'« accusations graves et non prouvées » (source : « AZF : le procureur réfute l'attentat », dépêche AFP du 21 janvier 2003).
A l’automne dernier, un article du Point.fr a présenté la piste islamiste comme une « théorie fumeuse » concoctée par l’ancien directeur des RG, Yves Bertrand :
« On devin
e encore la patte de Bertrand dans la théorie fumeuse de l'attentat islamiste après l'explosion de l'usine AZF, à Toulouse. Le 21 septembre 2001, la France connaît le plus terrible accident industriel de son histoire : 30 morts, 3 000 blessés. Très vite, certains journalistes évoquent la présence d'un kamikaze parmi les ouvriers de l'usine. Coïncidence, ce sont les mêmes dont Bertrand note les noms et les numéros de portable dans ses carnets et qu'il rencontre à cette période. Parmi eux, une journaliste scientifique, nouvelle venue dans sa galaxie. Le patron des RG la reçoit quatre fois en 2002, alors qu'elle défend dans son hebdomadaire la thèse de l'attentat et prépare un livre sur le sujet. Du coup, le doute sur l'origine de l'explosion va planer sur toute l'instruction, bien que l'enquête policière ait confirmé l'hypothèse d'un accident provoqué par une erreur humaine. »
Marc Mennessier a répliqué à l’article du Point.fr par une note en date du 1er décembre 2008 publiée sur son blog. Se défendant de verser dans la « complotite », le journaliste écrit :
« (...) en mettant l’hypothèse terroriste d’AZF sur le même plan que toutes "les intoxications orchestrées", selon eux par Bertrand, comme le "non-suicide de Pierre Bérégovoy" ou "la fausse prise d’otages de la maternelle de Neuilly", Le Point fait ni plus ni moins un amalgame facile et dévastateur. Comment faire de l’investigation journalistique aujourd’hui quand toute tentative de démasquer les mensonges officiels, à partir de faits précis dûment recoupés, vous expose à être soupçonnés, par vos confrères eux-mêmes, de faire de la "complotite" ? »
Voir aussi :
* Cyrille Louis, « Explosion d'AZF : les experts divisés », Le Figaro, 13 mars 2009.
* Le compte-rendu des audiences du procès (depuis la salle Jean Mermoz à Toulouse), par la rédaction de France 3 Sud.
Sporadiquement, la thèse du complot ou de l’enquête sabotée resurgit dans des articles, et plus récemment dans des livres de journalistes. Sa construction est simple : un Maghrébin vêtu de plusieurs caleçons, des prises de bec musclées à connotation religieuse sur le site AZF, un procureur qui évacue trop vite et maladroitement l’hypothèse de la malveillance ou de l’attentat, des experts qui se prennent les pieds dans le tapis et la langue dans leur jargon sur l’origine de l’explosion, des policiers qui ne font pas assez vite, pas assez bien...
Franck Hériot, (...) coauteur de AZF l’enquête assassinée (Plon), (...) se défend de toute « complotite » mais estime néanmoins que « toutes les pistes n’ont pas été examinées comme elles auraient dû l’être, ouvrant ainsi les portes à toutes les rumeurs », avant d’ajouter : « La façon dont a été conduite l’enquête dépasse la simple incompétence, ou la volonté de ne pas faire. Résultat : la thèse officielle, celle de l’accident, ne tient pas. » Il se dit convaincu de trois choses : « Il y a eu deux et non une seule explosion ; l’origine du mal proviendrait de la Société nationale des poudres et explosifs (SNPE) toute proche ; l’enquête a été volontairement sabotée. » Des accusations graves et pas toutes étayées. Rien ne suggère, en effet, une quelconque implication de la SNPE, pas plus que le « sabotage » de l’enquête n’est démontré, puisque tous les « bons tuyaux » contenus dans la fameuse note des RG ont été vérifiés et démentis. Mais la dénonciation d’un complot d’Etat est assez excitante pour en convaincre certains. « C’est terrible, enrage un enquêteur. A partir d’un fait troublant, l’histoire des slips, on a bâti toute une théorie qui ne repose sur aucun élément concret, aucune piste, aucune revendication, pas même une cible crédible : AZF était une usine de cinquième zone, pas un objectif stratégique ! »
(Dernière mise à jour : 12/05/2009)
Pour beaucoup, en effet, l’explosion d’AZF reste couverte de mystères et l’Etat français chercherait à tout prix à étouffer la vérité. Un tir de roquette, en provenance de la cité du Mirail a été évoqué. De même que la piste d'une fusée amateur, celle d'une chute de météorite ou de pièce d'avion, ou encore l'éjection d'un filtre d'une tour de traitement sous l’effet d’un éclair. Toutefois, parmi les nombreuses versions « alternatives » disponibles sur le marché, deux thèses se détachent.
Conséquence d'essais tenus secrets sur le site de la SNPE (Société nationale des poudres et explosifs) voisine d'AZF, un arc électrique se serait formé et aurait frappé, 800 mètres plus loin, de l’autre côté de la Garonne, le hangar 221 où se trouvait le nitrate d’ammonium, provoquant ainsi l'explosion de l'usine AZF. C'est la thèse défendue par un ingénieur indépendant, Pierre Grésillaud (auteur du site azf-10h18.com) et par un professeur de mathématiques à la retraite, Jean-Marie Arnaudies :
Toutefois, il s'avère qu'aucune défaillance n’a pu être constatée au sein de la SNPE et qu'aucun expert ni EDF n’ont pu, jusqu'à aujourd'hui, confirmer cette piste. Total estime pourtant qu'elle est « toujours crédible et d’autant plus facile à agiter que la SNPE est soumise au "secret défense" en raison de ses activités » (source : « AZF : un procès fleuve pour une vérité complexe », Mediapart, 20 février 2009).
Elle a fait l’objet de plusieurs publications : AZF Toulouse : La vérité sur l'explosion (éd. Michel Lafon, 2003) d’Anne-Marie Casteret (journaliste scientifique à l’Express) ; AZF, un silence d’Etat (H.C. ESSAIS, 2008) de Marc Mennessier (journaliste scientifique au Figaro) ; et plus récemment encore, AZF, l’enquête assassinée (Plon, 2009), de Franck Hériot et Jean-Christian Tirat (journalistes à Valeurs Actuelles).
Dans un article de l’Express (« Sept raisons de ne plus croire à un accident », 14 janvier 2003), Anne-Marie Casteret a relancé la thèse de l'attentat, affirmant que l'accident industriel n'était « toujours pas démontré ». La journaliste s’appuyait en particulier sur un rapport des Renseignements généraux (RG) dont elle regrettait qu’il ait été « balayé d'un revers de main » par un rapport ultérieur du Service régional de police judiciaire (SRPJ). Le rapport des RG, indiquait-elle, « était articulé autour de la personnalité de Hassan J. (Hassan Jandoubi - NDLR), un employé intérimaire qui chargeait des sacs d'ammonitrates dans des camions (…), ancien délinquant (…) tombé depuis plusieurs mois sous l'influence du groupe islamiste "tendance afghane" de Mohammed R. ». D'autres éléments troublants plaideraient en faveur de cette « piste interdite ».
Dès janvier 2003 cependant, les éléments présentés dans les articles d'Anne-Marie Casteret et de Marc Mennessier (parus respectivement dans l'Express et le Figaro) ont été rejetés en bloc par le procureur de la République Michel Bréard, qui n'a pas hésité à parler de « présentation tendancieuse », de « contre-vérités manifestes », d'« analyse partiale, partielle ou déformée des faits », et d'« accusations graves et non prouvées » (source : « AZF : le procureur réfute l'attentat », dépêche AFP du 21 janvier 2003).
A l’automne dernier, un article du Point.fr a présenté la piste islamiste comme une « théorie fumeuse » concoctée par l’ancien directeur des RG, Yves Bertrand :
« On devin
e encore la patte de Bertrand dans la théorie fumeuse de l'attentat islamiste après l'explosion de l'usine AZF, à Toulouse. Le 21 septembre 2001, la France connaît le plus terrible accident industriel de son histoire : 30 morts, 3 000 blessés. Très vite, certains journalistes évoquent la présence d'un kamikaze parmi les ouvriers de l'usine. Coïncidence, ce sont les mêmes dont Bertrand note les noms et les numéros de portable dans ses carnets et qu'il rencontre à cette période. Parmi eux, une journaliste scientifique, nouvelle venue dans sa galaxie. Le patron des RG la reçoit quatre fois en 2002, alors qu'elle défend dans son hebdomadaire la thèse de l'attentat et prépare un livre sur le sujet. Du coup, le doute sur l'origine de l'explosion va planer sur toute l'instruction, bien que l'enquête policière ait confirmé l'hypothèse d'un accident provoqué par une erreur humaine. »
Marc Mennessier a répliqué à l’article du Point.fr par une note en date du 1er décembre 2008 publiée sur son blog. Se défendant de verser dans la « complotite », le journaliste écrit :
« (...) en mettant l’hypothèse terroriste d’AZF sur le même plan que toutes "les intoxications orchestrées", selon eux par Bertrand, comme le "non-suicide de Pierre Bérégovoy" ou "la fausse prise d’otages de la maternelle de Neuilly", Le Point fait ni plus ni moins un amalgame facile et dévastateur. Comment faire de l’investigation journalistique aujourd’hui quand toute tentative de démasquer les mensonges officiels, à partir de faits précis dûment recoupés, vous expose à être soupçonnés, par vos confrères eux-mêmes, de faire de la "complotite" ? »
Voir aussi :
* Cyrille Louis, « Explosion d'AZF : les experts divisés », Le Figaro, 13 mars 2009.
* Le compte-rendu des audiences du procès (depuis la salle Jean Mermoz à Toulouse), par la rédaction de France 3 Sud.
Sporadiquement, la thèse du complot ou de l’enquête sabotée resurgit dans des articles, et plus récemment dans des livres de journalistes. Sa construction est simple : un Maghrébin vêtu de plusieurs caleçons, des prises de bec musclées à connotation religieuse sur le site AZF, un procureur qui évacue trop vite et maladroitement l’hypothèse de la malveillance ou de l’attentat, des experts qui se prennent les pieds dans le tapis et la langue dans leur jargon sur l’origine de l’explosion, des policiers qui ne font pas assez vite, pas assez bien...
Franck Hériot, (...) coauteur de AZF l’enquête assassinée (Plon), (...) se défend de toute « complotite » mais estime néanmoins que « toutes les pistes n’ont pas été examinées comme elles auraient dû l’être, ouvrant ainsi les portes à toutes les rumeurs », avant d’ajouter : « La façon dont a été conduite l’enquête dépasse la simple incompétence, ou la volonté de ne pas faire. Résultat : la thèse officielle, celle de l’accident, ne tient pas. » Il se dit convaincu de trois choses : « Il y a eu deux et non une seule explosion ; l’origine du mal proviendrait de la Société nationale des poudres et explosifs (SNPE) toute proche ; l’enquête a été volontairement sabotée. » Des accusations graves et pas toutes étayées. Rien ne suggère, en effet, une quelconque implication de la SNPE, pas plus que le « sabotage » de l’enquête n’est démontré, puisque tous les « bons tuyaux » contenus dans la fameuse note des RG ont été vérifiés et démentis. Mais la dénonciation d’un complot d’Etat est assez excitante pour en convaincre certains. « C’est terrible, enrage un enquêteur. A partir d’un fait troublant, l’histoire des slips, on a bâti toute une théorie qui ne repose sur aucun élément concret, aucune piste, aucune revendication, pas même une cible crédible : AZF était une usine de cinquième zone, pas un objectif stratégique ! »
(Dernière mise à jour : 12/05/2009)
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