Yann Piat est une mal-aimée, entrée en politique pour retrouver une famille.
Chez Le Pen d'abord. Puis, écoeurée par les surenchères frontistes, à l'UDF. Mais l'amitié de François Léotard, élu du Var, ne suffit pas à l'imposer dans le département. Le système de pouvoir mis en place autour du vieux Maurice Arreckx, patron du conseil général - son clientélisme, ses accointances avec le milieu -, tout rejette la nouvelle venue. On la menace. En 1992, dans un courrier privé, elle accuse par avance de sa mort des élus du Midi - notamment Arreckx et Bernard Tapie !
Mais cette vérité trop simple est décevante. Il faut autre chose au Moloch médiatique. En 1997, deux journalistes égarés dans la théorie du complot, rencardés par un aimable fantaisiste jadis inventeur d'un moteur à eau, mais qu'ils prennent pour un général à la retraite, accusent, dans un livre, deux hommes d'Etat d'avoir commandité l'assassinat. L'Encornet et Trottinette, alias François Léotard et Jean-Claude Gaudin, auraient fait tuer leur amie Yann Piat ! Le scandale est énorme... Et s'éteint dès les premières vérifications. Le livre est bidon, comme sa source, comme les deux journalistes, condamnés à des amendes exemplaires. Mais les bidons ont pourtant été édités et lus, presque crus...
Hondelatte, avec sa netteté enjouée, souligne ce besoin de complot des médias. Il décortique ce scandale dans le drame, qui annonce, sept ans plus tôt, ce que sera l'affaire Allègre. Léotard devait être un tueur, comme Baudis devra être un violeur-partouzeur ! L'échange d'Hondelatte avec l'un des deux journalistes fait pitié et terrifie en même temps. En 1998, le procès de Finale, de Marco di Caro et Lucien Ferri (les deux hommes de la moto) et de leurs comparses, a confirmé la simple vérité. Mais le «journaliste d'investigation», habité par sa thèse, persiste et signe, convaincu toujours d'avoir les clés d'un mystère. Il a retrouvé un éditeur, qui commerce, sans vergogne, sur le cadavre de la pauvre Yann Piat.
Source : site du Nouvel Observateur.
ERRATUM (27/11/2008) :
Dans l'édition du 26 novembre 2008 du Point.fr, on peut lire :
C'est encore et toujours Yves Bertrand que l'on soupçonne d'avoir intoxiqué les auteurs de L'affaire Yann Piat. Des assassins au coeur du pouvoir. En 1997, deux journalistes y accusaient, sans la moindre preuve, deux hommes politiques dissimulés sous les pseudonymes de "L'Encornet" et "Trottinette" d'être les commanditaires de l'assassinat de la députée du Var. François Léotard, l'un des deux politiques visés - l'autre étant Jean-Claude Gaudin -, avait réagi dans Le Monde par une tribune intitulée "Le ministère de la boue", dans laquelle il pointait du doigt les "officines spécialisées" et "un service de police", en l'occurrence les RG, dont il avait demandé la suppression.
Yann Piat est une mal-aimée, entrée en politique pour retrouver une famille.
Chez Le Pen d'abord. Puis, écoeurée par les surenchères frontistes, à l'UDF. Mais l'amitié de François Léotard, élu du Var, ne suffit pas à l'imposer dans le département. Le système de pouvoir mis en place autour du vieux Maurice Arreckx, patron du conseil général - son clientélisme, ses accointances avec le milieu -, tout rejette la nouvelle venue. On la menace. En 1992, dans un courrier privé, elle accuse par avance de sa mort des élus du Midi - notamment Arreckx et Bernard Tapie !
Mais cette vérité trop simple est décevante. Il faut autre chose au Moloch médiatique. En 1997, deux journalistes égarés dans la théorie du complot, rencardés par un aimable fantaisiste jadis inventeur d'un moteur à eau, mais qu'ils prennent pour un général à la retraite, accusent, dans un livre, deux hommes d'Etat d'avoir commandité l'assassinat. L'Encornet et Trottinette, alias François Léotard et Jean-Claude Gaudin, auraient fait tuer leur amie Yann Piat ! Le scandale est énorme... Et s'éteint dès les premières vérifications. Le livre est bidon, comme sa source, comme les deux journalistes, condamnés à des amendes exemplaires. Mais les bidons ont pourtant été édités et lus, presque crus...
Hondelatte, avec sa netteté enjouée, souligne ce besoin de complot des médias. Il décortique ce scandale dans le drame, qui annonce, sept ans plus tôt, ce que sera l'affaire Allègre. Léotard devait être un tueur, comme Baudis devra être un violeur-partouzeur ! L'échange d'Hondelatte avec l'un des deux journalistes fait pitié et terrifie en même temps. En 1998, le procès de Finale, de Marco di Caro et Lucien Ferri (les deux hommes de la moto) et de leurs comparses, a confirmé la simple vérité. Mais le «journaliste d'investigation», habité par sa thèse, persiste et signe, convaincu toujours d'avoir les clés d'un mystère. Il a retrouvé un éditeur, qui commerce, sans vergogne, sur le cadavre de la pauvre Yann Piat.
Source : site du Nouvel Observateur.
ERRATUM (27/11/2008) :
Dans l'édition du 26 novembre 2008 du Point.fr, on peut lire :
C'est encore et toujours Yves Bertrand que l'on soupçonne d'avoir intoxiqué les auteurs de L'affaire Yann Piat. Des assassins au coeur du pouvoir. En 1997, deux journalistes y accusaient, sans la moindre preuve, deux hommes politiques dissimulés sous les pseudonymes de "L'Encornet" et "Trottinette" d'être les commanditaires de l'assassinat de la députée du Var. François Léotard, l'un des deux politiques visés - l'autre étant Jean-Claude Gaudin -, avait réagi dans Le Monde par une tribune intitulée "Le ministère de la boue", dans laquelle il pointait du doigt les "officines spécialisées" et "un service de police", en l'occurrence les RG, dont il avait demandé la suppression.
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