Les autorités polonaises ont rendu publiques début juin les conversations en cabine qui ont précédé l'accident d'avion dans lequel le président polonais Lech Kaczynski, son épouse, et 94 autres hauts dignitaires du pays ont trouvé la mort le 10 avril.
Les enquêteurs russes et polonais n'ont pas encore tiré de conclusions définitives sur les causes du crash, mais les éléments recueillis jusqu'ici accréditent la thèse d'un accident dû à un équipage insuffisamment formé et à de mauvaises conditions météorologiques concourant à réduire la visibilité des pilotes. Les enregistrements des boîtes noires semblent corroborer ce scénario. Selon Tatiana Anodina, la chef de la commission d'enquête, «ni un acte terroriste, ni une explosion, ni un incendie ne sont à l'origine de la tragédie».
Le gouvernement libéral du Premier ministre Donald Tusk a décidé de diffuser les dernières minutes des conversations en cabine afin de couper court aux spéculations complotistes apparues dans les journaux et sur Internet, où des vidéos suggèrent que les Russes auraient abattu le Tupolev Tu-154 présidentiel. Bien que la théorie du complot fasse entendre sa petite musique dans la campagne présidentielle, elle demeure, selon l'analyste Pierre Avril (Le Figaro) « circonscrite à l'extrême droite ».
Le frère jumeau du président défunt, le conservateur Jaroslaw Kaczynski, est candidat à l'élection présidentielle qui aura lieu dans dix jours. Certains dirigeants de son parti, Droit et justice (PiS), qui s'était allié à l'extrême droite polonaise au cours des dernières années, souhaitent que la Pologne reprenne en main l’enquête.
De son côté, la Russie a promis la plus grande transparence. Dans un geste d'apaisement, le président Dimitri Medvedev a déclassifié plusieurs archives relatives au massacre de Katyn perpétré par les Soviétiques en 1940 et s'est engagé à rendre publiques d'autres documents du même type.
Entre réconciliation et méfiance, le climat entre les deux pays est compliqué, d'autant que se mêle à l'avancée de l'enquête sur le crash une affaire de pillage : le 21 mai, les autorités polonaises ont prévenu leurs homologues russes que des vols avaient été commis sur le lieu de l'accident par des militaires russes. Après avoir démenti, dans un premier temps, les accusations de vol portées contre ses soldats, la Russie a reconnu le 8 juin que quatre militaires sont poursuivis pour avoir débité environ 1600 euros en utilisant les cartes bancaires d'une victime de l'accident, l'historien Andrzej Przewoznik.
Sources : Le Soir.be, 14 mai 2010 ; Le Figaro.fr, 19 mai 2010 ; Le Nouvel Obs.com, 1er juin 2010 ; Le Figaro.fr, 8 juin 2010.
Mise à jour (22/07/2010) :
Le 20 juillet 2010, le PiS de Jaroslaw Kaczynski a formé un groupe d’étude parlementaire pour élucider les causes de l’accident de l’avion présidentiel. « Nous analyserons toutes les hypothèses, notamment celle d’attaque terroriste donc de nature criminelle », a déclaré à la presse Antoni Macierewicz, un député radical nationaliste du PiS, qui dirigera les travaux du groupe. Ancien ministre chargé des services spéciaux dans le gouvernement de Jaroslaw Kaczynski, Antoni Macierewicz a employé l’expression de « crime de Smolensk ». Il a ajouté qu’il allait développer cette thèse plus tard, quand son groupe aura terminé ses travaux. Une centaine de députés et sénateurs du PiS ont participé à la réunion constitutive du groupe. Le parti libéral PO au pouvoir, ainsi que l’opposition social-démocrate, ont boycotté l’initiative des conservateurs. « Le but de ce groupe consiste à édifier des mythes qui serviront de tremplin pour l’activité politique (du PiS) dans la perspective des prochaines élections », a déclaré à la télévision privée TVN24 Marek Biernacki, un député PO. « Ce groupe servira uniquement à déclencher des émotions politiques », a estimé de son côté un député du SLD, Stanislaw Wziatek. Le ministre de la Justice Krzysztof Kwiatkowski a souligné que « la loi n’accordait à ce genre de groupes aucune compétence formelle ». Le président du PiS, Jaroslaw Kaczynski, avait lui même alimenté la théorie du complot en accusant Moscou de faire « piétiner » l’enquête sur l’accident ce qui, selon lui, justifiait « des doutes » (source : LeMatin.ch, 20 juillet 2010).
Les autorités polonaises ont rendu publiques début juin les conversations en cabine qui ont précédé l'accident d'avion dans lequel le président polonais Lech Kaczynski, son épouse, et 94 autres hauts dignitaires du pays ont trouvé la mort le 10 avril.
Les enquêteurs russes et polonais n'ont pas encore tiré de conclusions définitives sur les causes du crash, mais les éléments recueillis jusqu'ici accréditent la thèse d'un accident dû à un équipage insuffisamment formé et à de mauvaises conditions météorologiques concourant à réduire la visibilité des pilotes. Les enregistrements des boîtes noires semblent corroborer ce scénario. Selon Tatiana Anodina, la chef de la commission d'enquête, «ni un acte terroriste, ni une explosion, ni un incendie ne sont à l'origine de la tragédie».
Le gouvernement libéral du Premier ministre Donald Tusk a décidé de diffuser les dernières minutes des conversations en cabine afin de couper court aux spéculations complotistes apparues dans les journaux et sur Internet, où des vidéos suggèrent que les Russes auraient abattu le Tupolev Tu-154 présidentiel. Bien que la théorie du complot fasse entendre sa petite musique dans la campagne présidentielle, elle demeure, selon l'analyste Pierre Avril (Le Figaro) « circonscrite à l'extrême droite ».
Le frère jumeau du président défunt, le conservateur Jaroslaw Kaczynski, est candidat à l'élection présidentielle qui aura lieu dans dix jours. Certains dirigeants de son parti, Droit et justice (PiS), qui s'était allié à l'extrême droite polonaise au cours des dernières années, souhaitent que la Pologne reprenne en main l’enquête.
De son côté, la Russie a promis la plus grande transparence. Dans un geste d'apaisement, le président Dimitri Medvedev a déclassifié plusieurs archives relatives au massacre de Katyn perpétré par les Soviétiques en 1940 et s'est engagé à rendre publiques d'autres documents du même type.
Entre réconciliation et méfiance, le climat entre les deux pays est compliqué, d'autant que se mêle à l'avancée de l'enquête sur le crash une affaire de pillage : le 21 mai, les autorités polonaises ont prévenu leurs homologues russes que des vols avaient été commis sur le lieu de l'accident par des militaires russes. Après avoir démenti, dans un premier temps, les accusations de vol portées contre ses soldats, la Russie a reconnu le 8 juin que quatre militaires sont poursuivis pour avoir débité environ 1600 euros en utilisant les cartes bancaires d'une victime de l'accident, l'historien Andrzej Przewoznik.
Sources : Le Soir.be, 14 mai 2010 ; Le Figaro.fr, 19 mai 2010 ; Le Nouvel Obs.com, 1er juin 2010 ; Le Figaro.fr, 8 juin 2010.
Mise à jour (22/07/2010) :
Le 20 juillet 2010, le PiS de Jaroslaw Kaczynski a formé un groupe d’étude parlementaire pour élucider les causes de l’accident de l’avion présidentiel. « Nous analyserons toutes les hypothèses, notamment celle d’attaque terroriste donc de nature criminelle », a déclaré à la presse Antoni Macierewicz, un député radical nationaliste du PiS, qui dirigera les travaux du groupe. Ancien ministre chargé des services spéciaux dans le gouvernement de Jaroslaw Kaczynski, Antoni Macierewicz a employé l’expression de « crime de Smolensk ». Il a ajouté qu’il allait développer cette thèse plus tard, quand son groupe aura terminé ses travaux. Une centaine de députés et sénateurs du PiS ont participé à la réunion constitutive du groupe. Le parti libéral PO au pouvoir, ainsi que l’opposition social-démocrate, ont boycotté l’initiative des conservateurs. « Le but de ce groupe consiste à édifier des mythes qui serviront de tremplin pour l’activité politique (du PiS) dans la perspective des prochaines élections », a déclaré à la télévision privée TVN24 Marek Biernacki, un député PO. « Ce groupe servira uniquement à déclencher des émotions politiques », a estimé de son côté un député du SLD, Stanislaw Wziatek. Le ministre de la Justice Krzysztof Kwiatkowski a souligné que « la loi n’accordait à ce genre de groupes aucune compétence formelle ». Le président du PiS, Jaroslaw Kaczynski, avait lui même alimenté la théorie du complot en accusant Moscou de faire « piétiner » l’enquête sur l’accident ce qui, selon lui, justifiait « des doutes » (source : LeMatin.ch, 20 juillet 2010).
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