Trump a placé le conspirationnisme au cœur des élections présidentielles américaines comme personne sans doute avant lui dans l’histoire récente des Etats-Unis.
Donald Trump peut être vu à plusieurs titres comme l’héritier direct de ce courant « pseudo-conservateur » analysé en son temps par l’historien Richard Hofstadter dans sa célèbre conférence sur le style paranoïaque dans la politique américaine. Un courant extrémiste de droite qu’ont pu incarner successivement des personnalités telles que Ron Paul ou Sarah Palin.
Mais Trump a placé le conspirationnisme au cœur des élections présidentielles américaines comme personne sans doute avant lui dans l’histoire récente des Etats-Unis. Pour trouver un précédent de cette nature, il faut remonter à la campagne du républicain Barry Goldwater, en 1964, dans le sillage de l’assassinat du président Kennedy. Les partisans de Goldwater, où l’on trouvait aussi bien des tenants de la droite religieuse que des suprémacistes blancs ou encore les anti-communistes de la John Birch Society, furent les premiers à dénoncer la famille Rockefeller et le groupe Bilderberg. Un élément d’importance différencie pourtant Trump et Goldwater : ce dernier avait été battu à plate couture par son rival démocrate, Lyndon Johnson.
2016 marque un point de rupture : c’est la première fois qu’un individu jouant à un tel degré et de manière aussi décomplexée avec le conspirationnisme parvient à passer le seuil du Bureau ovale. Trump a-t-il remporté la victoire en dépit de ses tonitruantes sorties complotistes ou celles-ci ont-elles au contraire joué un rôle déterminant dans son élection ? Seule certitude : il n’est désormais plus possible d’affirmer que le conspirationnisme disqualifie pour toujours un entrepreneur politique. En ce sens, l’élection de mardi apporte un démenti cinglant à tous ceux qui estiment qu’être qualifié de « conspirationniste » – comme le fût, à raison, Trump tout au long de cette campagne – vous diaboliserait au point de vous faire perdre les suffrages populaires. Certains entrepreneurs de politisation comme, en France, le souverainiste François Asselineau, l’ont bien compris qui ont bâti toute leur stratégie sur la main tendue à ces « anti-Système » qui, s’abreuvant quotidiennement à la source des sites spécialisés dans la dénonciation de complots en tous genres, n’en sont pas moins des électeurs… et des activistes potentiels.
L’anticonformisme conspirationniste d’hier s’apprête-t-il à devenir, avec l’avènement de Trump, la nouvelle « pensée unique » si décriée par les « anti-Système » ? Il est encore trop tôt pour le dire. Mais cette élection montre une nouvelle fois que les théories du complot, présentée généralement comme l’« arme du faible », constituent une redoutable ressource symbolique dont les « dominés » – économiquement, socialement, politiquement – sont loin d’avoir le monopole : même s’il semble qu’il soit parvenu, par son style et ses propositions protectionnistes et anti-immigration, à se faire passer pour le porte-voix des déclassés, des outsiders et des perdants de la mondialisation heureuse, le milliardaire Donald Trump fait incontestablement partie de cette « élite » américaine que ses partisans vouent aux gémonies.
Une dernière question reste en suspens : comment l’Amérique d’Alex Jones, de Jesse Ventura, de David Duke et de Carls Gallups (un pasteur de Floride qui tient le massacre de Sandy Hook pour un « canular » - ndlr), l’Amérique de Breitbart et d’Infowars pour faire simple, va-t-elle se comporter maintenant que son champion détient les clés du pays ?
Dans l’hypothèse où la présidence Trump s’avérerait aussi « agitée » que sa candidature et où il continuerait à interpréter toute résistance du réel à sa politique comme autant de bâtons mis dans ses roues par des puissances obscures, en d’autres termes s’il adopte la manière de gouverner d’un Poutine, d’un Erdogan ou d’un Maduro, il est probable que ses soutiens conspirationnistes lui maintiennent leur confiance.
Mais que se passerait-il si Trump devait être confronté, demain, à une fusillade meurtrière sur un campus, dans une école, une église ou un cinéma ? Les plus conspirationnistes de ses partisans continueront-ils à dénoncer une nouvelle « mise en scène » de Washington destinée à instaurer un contrôle plus strict des armes à feu ? Surtout, ne risquent-ils pas de s’impatienter de ne pas voir déclassifiées les fameuses «preuves» que le gouvernement américain dissimule depuis 70 ans le cadavre d’un extra-terrestre à Roswell, que JFK a été assassiné par la CIA, que les premiers pas de l’homme sur la Lune ont été filmés en studio, que les attentats du 11-Septembre sont un inside job ou encore que Daech est une création de Barack Obama (comme l’a déclaré Donald Trump lui-même) ?
Et si Trump devait « s’assagir » ? Il y a alors fort à parier que ses partisans d’aujourd’hui l’accusent promptement de les avoir blousé, d’être un traître n’ayant jamais cessé en réalité de travailler au profit du « Nouvel Ordre Mondial » ou une marionnette de plus dans les mains des véritables « maîtres du monde ».
Donald Trump peut être vu à plusieurs titres comme l’héritier direct de ce courant « pseudo-conservateur » analysé en son temps par l’historien Richard Hofstadter dans sa célèbre conférence sur le style paranoïaque dans la politique américaine. Un courant extrémiste de droite qu’ont pu incarner successivement des personnalités telles que Ron Paul ou Sarah Palin.
Mais Trump a placé le conspirationnisme au cœur des élections présidentielles américaines comme personne sans doute avant lui dans l’histoire récente des Etats-Unis. Pour trouver un précédent de cette nature, il faut remonter à la campagne du républicain Barry Goldwater, en 1964, dans le sillage de l’assassinat du président Kennedy. Les partisans de Goldwater, où l’on trouvait aussi bien des tenants de la droite religieuse que des suprémacistes blancs ou encore les anti-communistes de la John Birch Society, furent les premiers à dénoncer la famille Rockefeller et le groupe Bilderberg. Un élément d’importance différencie pourtant Trump et Goldwater : ce dernier avait été battu à plate couture par son rival démocrate, Lyndon Johnson.
2016 marque un point de rupture : c’est la première fois qu’un individu jouant à un tel degré et de manière aussi décomplexée avec le conspirationnisme parvient à passer le seuil du Bureau ovale. Trump a-t-il remporté la victoire en dépit de ses tonitruantes sorties complotistes ou celles-ci ont-elles au contraire joué un rôle déterminant dans son élection ? Seule certitude : il n’est désormais plus possible d’affirmer que le conspirationnisme disqualifie pour toujours un entrepreneur politique. En ce sens, l’élection de mardi apporte un démenti cinglant à tous ceux qui estiment qu’être qualifié de « conspirationniste » – comme le fût, à raison, Trump tout au long de cette campagne – vous diaboliserait au point de vous faire perdre les suffrages populaires. Certains entrepreneurs de politisation comme, en France, le souverainiste François Asselineau, l’ont bien compris qui ont bâti toute leur stratégie sur la main tendue à ces « anti-Système » qui, s’abreuvant quotidiennement à la source des sites spécialisés dans la dénonciation de complots en tous genres, n’en sont pas moins des électeurs… et des activistes potentiels.
L’anticonformisme conspirationniste d’hier s’apprête-t-il à devenir, avec l’avènement de Trump, la nouvelle « pensée unique » si décriée par les « anti-Système » ? Il est encore trop tôt pour le dire. Mais cette élection montre une nouvelle fois que les théories du complot, présentée généralement comme l’« arme du faible », constituent une redoutable ressource symbolique dont les « dominés » – économiquement, socialement, politiquement – sont loin d’avoir le monopole : même s’il semble qu’il soit parvenu, par son style et ses propositions protectionnistes et anti-immigration, à se faire passer pour le porte-voix des déclassés, des outsiders et des perdants de la mondialisation heureuse, le milliardaire Donald Trump fait incontestablement partie de cette « élite » américaine que ses partisans vouent aux gémonies.
Une dernière question reste en suspens : comment l’Amérique d’Alex Jones, de Jesse Ventura, de David Duke et de Carls Gallups (un pasteur de Floride qui tient le massacre de Sandy Hook pour un « canular » - ndlr), l’Amérique de Breitbart et d’Infowars pour faire simple, va-t-elle se comporter maintenant que son champion détient les clés du pays ?
Dans l’hypothèse où la présidence Trump s’avérerait aussi « agitée » que sa candidature et où il continuerait à interpréter toute résistance du réel à sa politique comme autant de bâtons mis dans ses roues par des puissances obscures, en d’autres termes s’il adopte la manière de gouverner d’un Poutine, d’un Erdogan ou d’un Maduro, il est probable que ses soutiens conspirationnistes lui maintiennent leur confiance.
Mais que se passerait-il si Trump devait être confronté, demain, à une fusillade meurtrière sur un campus, dans une école, une église ou un cinéma ? Les plus conspirationnistes de ses partisans continueront-ils à dénoncer une nouvelle « mise en scène » de Washington destinée à instaurer un contrôle plus strict des armes à feu ? Surtout, ne risquent-ils pas de s’impatienter de ne pas voir déclassifiées les fameuses «preuves» que le gouvernement américain dissimule depuis 70 ans le cadavre d’un extra-terrestre à Roswell, que JFK a été assassiné par la CIA, que les premiers pas de l’homme sur la Lune ont été filmés en studio, que les attentats du 11-Septembre sont un inside job ou encore que Daech est une création de Barack Obama (comme l’a déclaré Donald Trump lui-même) ?
Et si Trump devait « s’assagir » ? Il y a alors fort à parier que ses partisans d’aujourd’hui l’accusent promptement de les avoir blousé, d’être un traître n’ayant jamais cessé en réalité de travailler au profit du « Nouvel Ordre Mondial » ou une marionnette de plus dans les mains des véritables « maîtres du monde ».
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