C’est un texte qu’on trouve non seulement sur LeGrandSoir.info, le site de Maxime Vivas et Viktor Dedaj (qui ont cette année encore pignon sur rue à la Fête de l’Huma) mais aussi sur celui du Parti de Gauche des Pyrénées-Orientales.
Publié vendredi sur Agoravox, véritable plaque-tournante de la complosphère francophone, l’article est intitulé «Encore un 11 septembre!». Son auteure, Ariane Walter, n’est pas à son premier texte conspirationniste (voir ici et là par exemple). Cette fois-ci, elle suggère qu’Israël est derrière le film "L'innocence des musulmans", le brulot anti-islam qui a embrasé le Proche-Orient mardi dernier. Le but de la manœuvre ? Faire perdre les élections à Barack Obama.
Par la suite, Ariane Walter s’appuie sur de fausses informations diffusées par l’IRIB, l’audiovisuel d’Etat iranien, comme celles selon lesquelles le film "L'innocence des musulmans" aurait été « sponsorisé » par le Qatar (!) et réalisé par le cinéaste américain Barrie Osborne (!!).
Après avoir exploré plusieurs "pistes" pour donner le change, l’auteure finit par livrer la thèse qui a sa préférence : « La grande histoire, en ce moment, est la réélection d’Obama. Ce qui intéresse au plus haut point Israël, maître à penser et maître à danser des Etats-Unis. Israël et ses faucons. Or, y aurait-il de l’eau dans le gaz entre Obama et Netanyahou ? (…) Israël préférerait un Républicain traditionnellement ancré dans le clan des pétroliers et des fabricants d’armes, Obama étant plutôt le petit marquis de la finance. Or ils ont besoin de soudards sans état d’âme. Romney, stupide à souhait, persuadé que Dieu a créé l’Amérique pour qu’elle dirige le monde (au nom d’Israël), leur paraît donc mieux convenir ».
La thèse d'une manipulation "israélienne", "israélo-américaine" ou plus généralement "occidentale", visant à précipiter un affrontement entre l'Occident et le monde musulman, a connu plusieurs avatars. En 1989 déjà, lors de l'affaire Salman Rushdie (condamné à mort par l'ayatollah Khomeiny pour son livre Les Versets sataniques), Roger Garaudy avait défendu la thèse d'un "coup monté" destiné à stigmatiser le régime islamiste iranien.
Avec "L'innocence des musulmans", les choses sont plus complexes : le producteur et le scénariste du film ont eu clairement pour objectif de susciter des réactions dans le monde arabe, en mettant en ligne au début du mois de septembre une version de leur opus sous-titrée en arabe. Ils ont dans le même temps tenté de manipuler l'opinion en faisant croire à la presse que le film avait été réalisé par un « promoteur immobilier israélo-américain » et financé à hauteur de « 5 millions de dollars » (!) par des donateurs juifs. Malgré la publication d’informations montrant d'abord le caractère très douteux des déclarations du producteur, confirmant ensuite qu'elles étaient complètement mensongères, la thèse d’une implication israélienne a pu proliférer.
Comme l’explique Laure Mandeville (Le Figaro), la manipulation a commencé avec l’interview téléphonique d’un homme se présentant lui-même sous l'identité de "Sam Bacile", nom qui apparaissait au générique du film :
Le site Gawker.com rapporte de son côté que le
réalisateur de "L'innocence des musulmans" pourrait être un dénommé Alan Roberts, un réalisateur de films pornographiques et d’action à petit budget. C’était en effet le nom d’Alan Roberts qui apparaissait sur l’annonce pour auditionner des acteurs pour "Desert Warrior", le titre sous lequel a été tourné "L'innocence des musulmans".
Quant à l’écriture du scénario du film, elle est revendiquée par Steve Klein, un activiste chrétien, ancien militaire et membre d’un groupuscule d’extrême droite qui, à l’instar de Nakoula Basseley Nakoula, a cherché à faire croire dans un premier temps que "L'innocence des musulmans" avait été réalisé par un "Sam Bacile" d’origine juive.
Voir aussi :
* Liban : pour Walid Joumblatt, Israël est derrière le film anti-islam
C’est un texte qu’on trouve non seulement sur LeGrandSoir.info, le site de Maxime Vivas et Viktor Dedaj (qui ont cette année encore pignon sur rue à la Fête de l’Huma) mais aussi sur celui du Parti de Gauche des Pyrénées-Orientales.
Publié vendredi sur Agoravox, véritable plaque-tournante de la complosphère francophone, l’article est intitulé «Encore un 11 septembre!». Son auteure, Ariane Walter, n’est pas à son premier texte conspirationniste (voir ici et là par exemple). Cette fois-ci, elle suggère qu’Israël est derrière le film "L'innocence des musulmans", le brulot anti-islam qui a embrasé le Proche-Orient mardi dernier. Le but de la manœuvre ? Faire perdre les élections à Barack Obama.
Par la suite, Ariane Walter s’appuie sur de fausses informations diffusées par l’IRIB, l’audiovisuel d’Etat iranien, comme celles selon lesquelles le film "L'innocence des musulmans" aurait été « sponsorisé » par le Qatar (!) et réalisé par le cinéaste américain Barrie Osborne (!!).
Après avoir exploré plusieurs "pistes" pour donner le change, l’auteure finit par livrer la thèse qui a sa préférence : « La grande histoire, en ce moment, est la réélection d’Obama. Ce qui intéresse au plus haut point Israël, maître à penser et maître à danser des Etats-Unis. Israël et ses faucons. Or, y aurait-il de l’eau dans le gaz entre Obama et Netanyahou ? (…) Israël préférerait un Républicain traditionnellement ancré dans le clan des pétroliers et des fabricants d’armes, Obama étant plutôt le petit marquis de la finance. Or ils ont besoin de soudards sans état d’âme. Romney, stupide à souhait, persuadé que Dieu a créé l’Amérique pour qu’elle dirige le monde (au nom d’Israël), leur paraît donc mieux convenir ».
La thèse d'une manipulation "israélienne", "israélo-américaine" ou plus généralement "occidentale", visant à précipiter un affrontement entre l'Occident et le monde musulman, a connu plusieurs avatars. En 1989 déjà, lors de l'affaire Salman Rushdie (condamné à mort par l'ayatollah Khomeiny pour son livre Les Versets sataniques), Roger Garaudy avait défendu la thèse d'un "coup monté" destiné à stigmatiser le régime islamiste iranien.
Avec "L'innocence des musulmans", les choses sont plus complexes : le producteur et le scénariste du film ont eu clairement pour objectif de susciter des réactions dans le monde arabe, en mettant en ligne au début du mois de septembre une version de leur opus sous-titrée en arabe. Ils ont dans le même temps tenté de manipuler l'opinion en faisant croire à la presse que le film avait été réalisé par un « promoteur immobilier israélo-américain » et financé à hauteur de « 5 millions de dollars » (!) par des donateurs juifs. Malgré la publication d’informations montrant d'abord le caractère très douteux des déclarations du producteur, confirmant ensuite qu'elles étaient complètement mensongères, la thèse d’une implication israélienne a pu proliférer.
Comme l’explique Laure Mandeville (Le Figaro), la manipulation a commencé avec l’interview téléphonique d’un homme se présentant lui-même sous l'identité de "Sam Bacile", nom qui apparaissait au générique du film :
Le site Gawker.com rapporte de son côté que le
réalisateur de "L'innocence des musulmans" pourrait être un dénommé Alan Roberts, un réalisateur de films pornographiques et d’action à petit budget. C’était en effet le nom d’Alan Roberts qui apparaissait sur l’annonce pour auditionner des acteurs pour "Desert Warrior", le titre sous lequel a été tourné "L'innocence des musulmans".
Quant à l’écriture du scénario du film, elle est revendiquée par Steve Klein, un activiste chrétien, ancien militaire et membre d’un groupuscule d’extrême droite qui, à l’instar de Nakoula Basseley Nakoula, a cherché à faire croire dans un premier temps que "L'innocence des musulmans" avait été réalisé par un "Sam Bacile" d’origine juive.
Voir aussi :
* Liban : pour Walid Joumblatt, Israël est derrière le film anti-islam
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