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Israël accusé de voler des organes en Haïti

Publié par La Rédaction19 février 2010,

Israël accusé de voler des organes en Haïti
Loin d’intervenir dans un but humanitaire, les équipes de secours israéliennes dépêchées en Haïti au lendemain du séisme qui a frappé le pays caribéen début janvier avaient en réalité pour mission de voler leurs organes aux victimes de la catastrophe. Telle est l’ignoble rumeur qui a commencé de se répandre sur la Toile moins d'une semaine après le tremblement de terre.

Une vidéo postée le 18 janvier 2010 sur YouTube a connu un succès préoccupant. Un dénommé T. West, un Afro-Américain de Seattle, y accuse Israël d’être venu en Haïti dans le seul but de « gagner de l’argent » en récupérant des organes sur les cadavres des sinistrés. Le 20 janvier, les chaînes de télévision iranienne PressTV et libanaise Al-Manar relayent l’intox. Le lendemain, l’agence de presse officielle iranienne IRIB titre, péremptoire : « Vol des organes des victimes du séisme en Haïti par l’entité sioniste ». Le 26 janvier, le site américain d’extrême gauche Counterpunch publie un texte signé Bouthaina Shaaban, conseillère et porte-parole du président syrien Bachar Al-Assad. On y lit :

« L’aide aux victimes de catastrophes naturelles est devenue l’occasion de lancer des opérations de relations publiques ou de faire avancer quelques objectifs politiques et militaires inavoués. Les gens sont toujours victimes de séismes, de catastrophes, d’occupations, d’oppressions et de terrorismes. Ils sont victimes aussi de campagnes qui profitent de ces tragédies pour atteindre d’autres objectifs qui n’ont rien à voir avec le prix, l’importance, le caractère sacré ou la dignité de la vie humaine. A la suite de l’article du journaliste suédois Donald Boström sur l’assassinant de jeunes Palestiniens par l’armée israélienne pour prélever leurs organes, il y a eu d’autres articles dans les médias sur des enlèvements d’enfants Ukrainiens par des Israéliens dans le même but. Et une fois encore, des rapports documentés en provenance d’Haïti parlent de vols d’organes par des Israéliens tandis que la justice internationale reste impassible devant de telles pratiques criminelles contre une population vulnérable ».

L’article est bientôt traduit en français et diffusé par le site LeGrandSoir.info avant d’être repris en chœur par toute la blogosphère « antisioniste ». Plus inquiétant, on le retrouve sur le site de la section du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) du Finistère, en date du 7 février 2010. Il restera en ligne jusqu’au 18 février puis remplacé par cette note :

Last but not least, le 11 février, la presse britannique rapporte que la baronne Jenny Tonge, porte-parole des Démocrates libéraux (Lib-Dems) à la Chambre des Lords, a demandé à ce qu’Israël diligente une enquête indépendante sur ces allégations. L'intox avait été reprise le 1er février 2010 par The Palestine Telegraph (ici), site internet basé à Gaza et patronné par la baronne Tonge.

L’automne dernier, la légende urbaine du vol d’organes palestiniens par Israël avait déjà été traitée sur Conspiracy Watch et dévoilée pour ce qu’elle était : une vulgaire fable antisémite. Depuis lors, tous ceux qui la propagent s’appuient sur les révélations d’une universitaire américaine spécialiste des questions de trafic d'organes, Nancy Scheper-Hugues, qui a rendu publique, fin 2009, une interview du Dr Jehuda Hiss, ancien directeur de l'Institut médico-légal israélien Abu Kabir.

Dans cet entretien qui date de 2000, le Dr Hiss soutient qu’au cours des années 1990, des prélèvements de peau, de cornée, de valves cardiaques et d’os ont été pratiqués dans son établissement sans l’autorisation préalable des familles des défunts. Ces prélèvements ont été effectués sur des corps de civils ou de militaires aussi bien que sur des Israéliens ou des Palestiniens – même s’ils concernaient des Israéliens dans l’immense majorité des cas. Selon Jehuda Hiss, des chirurgiens militaires ont également utilisé des échantillons de peau prélevés dans ces conditions dans des opérations de greffes de patients brûlés. Hiss affirme qu'il pensait à l'époque que les familles avaient donné leur accord. Dans un communiqué, l’armée israélienne a confirmé que cette « activité a cessé il y a dix ans », ajoutant que « cela n’arrive plus ». Le ministère israélien de la Santé a précisé qu’« à cette époque, les directives n’étaient pas claires [et que] depuis les dix dernières années, Abu Kabir travaille selon l’éthique et la loi juive ».

Contrairement à ce que suggèrent les sites « antisionistes » qui brandissent triomphalement les « aveux » des responsables israéliens, Hiss n’évoque ni la vente d’organes volés ni le prélèvement d’organes vitaux tels que des foies ou des reins. Il ne dit pas non plus que des Palestiniens auraient été tués sciemment dans le but de récupérer leurs organes.

Voir aussi :
* Extraits d'une émission diffusée sur la télévision syrienne le 27 janvier 2010 (source : MEMRI).
* Sur Conspiracy Watch : Vol d'organes : le web conspirationniste ''antisioniste'' se lâche.
* Nathalie Rothschild, “ The mad myth of Israeli organ theft ”, Spiked, 16 février 2010.

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Israël accusé de voler des organes en Haïti
Loin d’intervenir dans un but humanitaire, les équipes de secours israéliennes dépêchées en Haïti au lendemain du séisme qui a frappé le pays caribéen début janvier avaient en réalité pour mission de voler leurs organes aux victimes de la catastrophe. Telle est l’ignoble rumeur qui a commencé de se répandre sur la Toile moins d'une semaine après le tremblement de terre.

Une vidéo postée le 18 janvier 2010 sur YouTube a connu un succès préoccupant. Un dénommé T. West, un Afro-Américain de Seattle, y accuse Israël d’être venu en Haïti dans le seul but de « gagner de l’argent » en récupérant des organes sur les cadavres des sinistrés. Le 20 janvier, les chaînes de télévision iranienne PressTV et libanaise Al-Manar relayent l’intox. Le lendemain, l’agence de presse officielle iranienne IRIB titre, péremptoire : « Vol des organes des victimes du séisme en Haïti par l’entité sioniste ». Le 26 janvier, le site américain d’extrême gauche Counterpunch publie un texte signé Bouthaina Shaaban, conseillère et porte-parole du président syrien Bachar Al-Assad. On y lit :

« L’aide aux victimes de catastrophes naturelles est devenue l’occasion de lancer des opérations de relations publiques ou de faire avancer quelques objectifs politiques et militaires inavoués. Les gens sont toujours victimes de séismes, de catastrophes, d’occupations, d’oppressions et de terrorismes. Ils sont victimes aussi de campagnes qui profitent de ces tragédies pour atteindre d’autres objectifs qui n’ont rien à voir avec le prix, l’importance, le caractère sacré ou la dignité de la vie humaine. A la suite de l’article du journaliste suédois Donald Boström sur l’assassinant de jeunes Palestiniens par l’armée israélienne pour prélever leurs organes, il y a eu d’autres articles dans les médias sur des enlèvements d’enfants Ukrainiens par des Israéliens dans le même but. Et une fois encore, des rapports documentés en provenance d’Haïti parlent de vols d’organes par des Israéliens tandis que la justice internationale reste impassible devant de telles pratiques criminelles contre une population vulnérable ».

L’article est bientôt traduit en français et diffusé par le site LeGrandSoir.info avant d’être repris en chœur par toute la blogosphère « antisioniste ». Plus inquiétant, on le retrouve sur le site de la section du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) du Finistère, en date du 7 février 2010. Il restera en ligne jusqu’au 18 février puis remplacé par cette note :

Last but not least, le 11 février, la presse britannique rapporte que la baronne Jenny Tonge, porte-parole des Démocrates libéraux (Lib-Dems) à la Chambre des Lords, a demandé à ce qu’Israël diligente une enquête indépendante sur ces allégations. L'intox avait été reprise le 1er février 2010 par The Palestine Telegraph (ici), site internet basé à Gaza et patronné par la baronne Tonge.

L’automne dernier, la légende urbaine du vol d’organes palestiniens par Israël avait déjà été traitée sur Conspiracy Watch et dévoilée pour ce qu’elle était : une vulgaire fable antisémite. Depuis lors, tous ceux qui la propagent s’appuient sur les révélations d’une universitaire américaine spécialiste des questions de trafic d'organes, Nancy Scheper-Hugues, qui a rendu publique, fin 2009, une interview du Dr Jehuda Hiss, ancien directeur de l'Institut médico-légal israélien Abu Kabir.

Dans cet entretien qui date de 2000, le Dr Hiss soutient qu’au cours des années 1990, des prélèvements de peau, de cornée, de valves cardiaques et d’os ont été pratiqués dans son établissement sans l’autorisation préalable des familles des défunts. Ces prélèvements ont été effectués sur des corps de civils ou de militaires aussi bien que sur des Israéliens ou des Palestiniens – même s’ils concernaient des Israéliens dans l’immense majorité des cas. Selon Jehuda Hiss, des chirurgiens militaires ont également utilisé des échantillons de peau prélevés dans ces conditions dans des opérations de greffes de patients brûlés. Hiss affirme qu'il pensait à l'époque que les familles avaient donné leur accord. Dans un communiqué, l’armée israélienne a confirmé que cette « activité a cessé il y a dix ans », ajoutant que « cela n’arrive plus ». Le ministère israélien de la Santé a précisé qu’« à cette époque, les directives n’étaient pas claires [et que] depuis les dix dernières années, Abu Kabir travaille selon l’éthique et la loi juive ».

Contrairement à ce que suggèrent les sites « antisionistes » qui brandissent triomphalement les « aveux » des responsables israéliens, Hiss n’évoque ni la vente d’organes volés ni le prélèvement d’organes vitaux tels que des foies ou des reins. Il ne dit pas non plus que des Palestiniens auraient été tués sciemment dans le but de récupérer leurs organes.

Voir aussi :
* Extraits d'une émission diffusée sur la télévision syrienne le 27 janvier 2010 (source : MEMRI).
* Sur Conspiracy Watch : Vol d'organes : le web conspirationniste ''antisioniste'' se lâche.
* Nathalie Rothschild, “ The mad myth of Israeli organ theft ”, Spiked, 16 février 2010.

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