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L'effroyable imposture de Thierry Meyssan épinglée par Guillaume Dasquié et Jean Guisnel

Publié par La Rédaction07 juillet 2004, ,

L'effroyable imposture de Thierry Meyssan épinglée par Guillaume Dasquié et Jean Guisnel
L’imposture démontée

Par Hervé Kempf

Deux journalistes renversent la thèse selon laquelle aucun avion ne se serait écrasé sur le Pentagone

Retraite en bon ordre : c’est le mouvement implicite de l’ouvrage de Thierry Meyssan, auteur de la thèse selon laquelle aucun avion ne s’est écrasé sur le Pentagone le 11 septembre 2001. Exprimée dans un livre fantaisiste qui connut un impressionnant succès public, L’Effroyable Imposture (éd. Carnot), la thèse s’élaborait sur la base de vraisemblances, en écartant les témoignages visuels de l’attentat. C’est leur rejet qu’ont pointé les contre-enquêtes du Monde, puis de Libération et Paris Match notamment, montrant que de solides témoignages attestent du choc de l’aéronef. Dans Le Pentagate, Thierry Meyssan s’y intéresse enfin, et tente d’imposer une version raffinée de sa thèse : ce serait un missile renforcé à l’uranium appauvri qui aurait atteint le Pentagone...

« Le problème, avec ce genre de lascar, écrivent Jean Guisnel et Guillaume Dasquié, c’est qu’ils ont généralement une capacité assez stupéfiante à vous assommer sous un déluge d’informations enchaînées et toutes plus fausses les unes que les autres, qu’il devient rapidement impossible de contrer, sauf à les prendre une à une et les décortiquer. » Il s’agit donc de trouver l’équilibre entre la discussion de la thèse, qu’il n’y a pas lieu de refuser a priori, et le refus de s’engluer dans la rhétorique inextinguible de la paranoïa conspirationniste. C’est en gros ce que réussissent à faire Guisnel et Dasquié, l’un journaliste au Point, l’autre à Intelligence OnLine, un journal spécialisé en géopolitique. Ils confortent deux points essentiels : la validité des témoignages visuels de l’attentat, et la possibilité technique de celui-ci. Les auteurs ont retrouvé et directement approché nombre de témoins, qui leur ont redit ce qu’ils avaient vu : l’arrivée de l’avion de ligne, sa chute sur le Pentagone. Dasquié et Guisnel précisent, en recourant à un spécialiste de l’accidentologie aéronautique, la façon dont le choc de l’avion a pu produire les destructions particulières du Pentagone.

La question échappe ici au sens commun, et relève de l’expertise. Mais, en l’absence des données précises détenues par les autorités judiciaires américaines, on ne peut que reconstituer un scénario physique d’accident. Il serait du plus haut intérêt que soient rendues publiques les données officielles ou l’analyse de cet accident, soit au terme de l’enquête judiciaire menée aux Etats-Unis, soit par une commission d’enquête du Congrès réclamée par plusieurs élus démocrates.

Les deux journalistes éclairent par ailleurs utilement les accointances et relations de Thierry Meyssan, observant « une proximité étonnante entre ses thèses et celles de conspirationnistes d’extrême droite », et montrant que sur bien des points il a copié ou « puisé son inspiration » dans ces réseaux conspirationnistes qui prolifèrent outre-Atlantique. Il reste à en comprendre le succès. « Ces théories diffusées sans raison ni contrôle ont d’autant plus de succès qu’elles se nourrissent des failles et faiblesses de la démocratie française, écrivent Guisnel et Dasquié : nombre d’observateurs l’ont remarqué à juste titre, la percée de Le Pen au premier tour des élections présidentielles du printemps 2002 s’explique largement par le mépris du peuple et l’opacité dont s’accommode trop volontiers une partie des élites quelle que soit leur couleur politique (et cela est encore plus vrai, bien sûr, aux Etats-Unis, devenus de ce fait le paradis des conspirationnistes). »

Source : Le Monde du 26 juillet 2002.

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Un antidote à l’imposture

Par Jean-Dominique Merchet

Dans une enquête modèle, deux journalistes réfutent la thèse de Thierry Meyssan niant les attentats du 11 septembre.

Ce livre est un antidote. Il faut donc le prescrire d’urgence, car le mal est là. Un ouvrage, l’Effroyable Imposture de Thierry Meyssan, vient en effet de connaître un grand succès de librairie (200 000 exemplaires vendus) sur la base d’une thèse extravagante : aucun avion n’est tombé sur le Pentagone le 11 septembre 2001 et les attentats sont le fruit d’un complot d’une partie du pouvoir américain.

S’inspirant de Voltaire (« Un livre vous déplaît-il, réfutez-le ») deux journalistes se sont associés pour contredire Thierry Meyssan, l’animateur du réseau... Voltaire. Ils ont toutes les qualités pour le faire : Guillaume Dasquié est rédacteur en chef d’une lettre d’information Intelligence Online, spécialisée dans les services secrets et auteur d’un récent Ben Laden, la vérité interdite (1). Jean Guisnel, journaliste au Point, est un expert du monde du renseignement et des affaires militaires. Ils signent ensemble l’Effroyable Mensonge, le second publie également la Citadelle endormie (2), une formidable enquête sur la « faillite de l’espionnage américain ».

Leur collaboration a été fructueuse. D’abord avec la réfutation du livre de Meyssan. Quelques pages suffisent pour démonter la « thèse fantaisiste », développée dans l’Effroyable Imposture. « Des éléments, des indices, une information quelconque à défaut de preuve ? Rien, absolument rien. Des impressions, des fantasmes, des élucubrations. » Un avion est bien tombé sur le Pentagone : les auteurs citent des témoins oculaires, comme ce John O’Keefe qui, depuis sa voiture, a vu le Boeing s’écraser sur le bâtiment. Quant à l’absence de débris et à la taille du trou provoqué par l’avion dans le Pentagone, Dasquié et Guisnel sont allés interroger des experts en catastrophes aériennes. L’explication est simple : elle tient à l’angle avec lequel le Boeing a percuté le béton. Aucun mystère là-dessous, les amateurs de la série X-Files en seront pour leurs frais.

Dans ce qui restera comme un modèle d’enquête, Dasquié et Guisnel sont ensuite parvenus à dépister le « fameux réseau d’experts » sur lequel Meyssan explique s’être appuyé. On y trouve Pierre-Henri Bunel, l’officier condamné pour espionnage au profit des Serbes, Hubert Marty-Vrayance, un commissaire des Renseignements généraux en activité, Stéphane Jah, animateur d’un site Internet dgse.org (qui n’a
rien à voir avec la DGSE, les services secrets français) et Emmanuel Ratier, un extrémiste de droite obsédé par le « complot judéo-maçonnique ». Avec un « inspirateur » en arrière-plan, l’Américain Lyndon LaRouche « ancien trotskiste ayant rejoint la droite la plus extrême, mégalomane et conspirationniste acharné », représenté en France par Jacques Cheminade et le Parti ouvrier européen.

L’enquête serrée vire au pamphlet lorsque Dasquié et Guisnel s’en prennent à tous ces « négationnistes », partisans de la « théorie du complot », superbement représentés par Meyssan : « Une partie des Français adore ces hurluberlus venant leur dire qu’on leur cache la vérité. » Il n’y a pas que les Français. Dédouanant Ben Laden, Thierry Meyssan a été officiellement adoubé par la Ligue arabe qui l’a reçu le 8 avril à Abou Dhabi.

(1) Avec Jean-Charles Brisard, nouvelle édition en poche, collection Folio, 4,75 euros.

(2) Fayard, 19 euros.

Source : Libération du 12 juin 2002.

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L’imposture démontée

Par Hervé Kempf

Deux journalistes renversent la thèse selon laquelle aucun avion ne se serait écrasé sur le Pentagone

Retraite en bon ordre : c’est le mouvement implicite de l’ouvrage de Thierry Meyssan, auteur de la thèse selon laquelle aucun avion ne s’est écrasé sur le Pentagone le 11 septembre 2001. Exprimée dans un livre fantaisiste qui connut un impressionnant succès public, L’Effroyable Imposture (éd. Carnot), la thèse s’élaborait sur la base de vraisemblances, en écartant les témoignages visuels de l’attentat. C’est leur rejet qu’ont pointé les contre-enquêtes du Monde, puis de Libération et Paris Match notamment, montrant que de solides témoignages attestent du choc de l’aéronef. Dans Le Pentagate, Thierry Meyssan s’y intéresse enfin, et tente d’imposer une version raffinée de sa thèse : ce serait un missile renforcé à l’uranium appauvri qui aurait atteint le Pentagone...

« Le problème, avec ce genre de lascar, écrivent Jean Guisnel et Guillaume Dasquié, c’est qu’ils ont généralement une capacité assez stupéfiante à vous assommer sous un déluge d’informations enchaînées et toutes plus fausses les unes que les autres, qu’il devient rapidement impossible de contrer, sauf à les prendre une à une et les décortiquer. » Il s’agit donc de trouver l’équilibre entre la discussion de la thèse, qu’il n’y a pas lieu de refuser a priori, et le refus de s’engluer dans la rhétorique inextinguible de la paranoïa conspirationniste. C’est en gros ce que réussissent à faire Guisnel et Dasquié, l’un journaliste au Point, l’autre à Intelligence OnLine, un journal spécialisé en géopolitique. Ils confortent deux points essentiels : la validité des témoignages visuels de l’attentat, et la possibilité technique de celui-ci. Les auteurs ont retrouvé et directement approché nombre de témoins, qui leur ont redit ce qu’ils avaient vu : l’arrivée de l’avion de ligne, sa chute sur le Pentagone. Dasquié et Guisnel précisent, en recourant à un spécialiste de l’accidentologie aéronautique, la façon dont le choc de l’avion a pu produire les destructions particulières du Pentagone.

La question échappe ici au sens commun, et relève de l’expertise. Mais, en l’absence des données précises détenues par les autorités judiciaires américaines, on ne peut que reconstituer un scénario physique d’accident. Il serait du plus haut intérêt que soient rendues publiques les données officielles ou l’analyse de cet accident, soit au terme de l’enquête judiciaire menée aux Etats-Unis, soit par une commission d’enquête du Congrès réclamée par plusieurs élus démocrates.

Les deux journalistes éclairent par ailleurs utilement les accointances et relations de Thierry Meyssan, observant « une proximité étonnante entre ses thèses et celles de conspirationnistes d’extrême droite », et montrant que sur bien des points il a copié ou « puisé son inspiration » dans ces réseaux conspirationnistes qui prolifèrent outre-Atlantique. Il reste à en comprendre le succès. « Ces théories diffusées sans raison ni contrôle ont d’autant plus de succès qu’elles se nourrissent des failles et faiblesses de la démocratie française, écrivent Guisnel et Dasquié : nombre d’observateurs l’ont remarqué à juste titre, la percée de Le Pen au premier tour des élections présidentielles du printemps 2002 s’explique largement par le mépris du peuple et l’opacité dont s’accommode trop volontiers une partie des élites quelle que soit leur couleur politique (et cela est encore plus vrai, bien sûr, aux Etats-Unis, devenus de ce fait le paradis des conspirationnistes). »

Source : Le Monde du 26 juillet 2002.

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Un antidote à l’imposture

Par Jean-Dominique Merchet

Dans une enquête modèle, deux journalistes réfutent la thèse de Thierry Meyssan niant les attentats du 11 septembre.

Ce livre est un antidote. Il faut donc le prescrire d’urgence, car le mal est là. Un ouvrage, l’Effroyable Imposture de Thierry Meyssan, vient en effet de connaître un grand succès de librairie (200 000 exemplaires vendus) sur la base d’une thèse extravagante : aucun avion n’est tombé sur le Pentagone le 11 septembre 2001 et les attentats sont le fruit d’un complot d’une partie du pouvoir américain.

S’inspirant de Voltaire (« Un livre vous déplaît-il, réfutez-le ») deux journalistes se sont associés pour contredire Thierry Meyssan, l’animateur du réseau... Voltaire. Ils ont toutes les qualités pour le faire : Guillaume Dasquié est rédacteur en chef d’une lettre d’information Intelligence Online, spécialisée dans les services secrets et auteur d’un récent Ben Laden, la vérité interdite (1). Jean Guisnel, journaliste au Point, est un expert du monde du renseignement et des affaires militaires. Ils signent ensemble l’Effroyable Mensonge, le second publie également la Citadelle endormie (2), une formidable enquête sur la « faillite de l’espionnage américain ».

Leur collaboration a été fructueuse. D’abord avec la réfutation du livre de Meyssan. Quelques pages suffisent pour démonter la « thèse fantaisiste », développée dans l’Effroyable Imposture. « Des éléments, des indices, une information quelconque à défaut de preuve ? Rien, absolument rien. Des impressions, des fantasmes, des élucubrations. » Un avion est bien tombé sur le Pentagone : les auteurs citent des témoins oculaires, comme ce John O’Keefe qui, depuis sa voiture, a vu le Boeing s’écraser sur le bâtiment. Quant à l’absence de débris et à la taille du trou provoqué par l’avion dans le Pentagone, Dasquié et Guisnel sont allés interroger des experts en catastrophes aériennes. L’explication est simple : elle tient à l’angle avec lequel le Boeing a percuté le béton. Aucun mystère là-dessous, les amateurs de la série X-Files en seront pour leurs frais.

Dans ce qui restera comme un modèle d’enquête, Dasquié et Guisnel sont ensuite parvenus à dépister le « fameux réseau d’experts » sur lequel Meyssan explique s’être appuyé. On y trouve Pierre-Henri Bunel, l’officier condamné pour espionnage au profit des Serbes, Hubert Marty-Vrayance, un commissaire des Renseignements généraux en activité, Stéphane Jah, animateur d’un site Internet dgse.org (qui n’a
rien à voir avec la DGSE, les services secrets français) et Emmanuel Ratier, un extrémiste de droite obsédé par le « complot judéo-maçonnique ». Avec un « inspirateur » en arrière-plan, l’Américain Lyndon LaRouche « ancien trotskiste ayant rejoint la droite la plus extrême, mégalomane et conspirationniste acharné », représenté en France par Jacques Cheminade et le Parti ouvrier européen.

L’enquête serrée vire au pamphlet lorsque Dasquié et Guisnel s’en prennent à tous ces « négationnistes », partisans de la « théorie du complot », superbement représentés par Meyssan : « Une partie des Français adore ces hurluberlus venant leur dire qu’on leur cache la vérité. » Il n’y a pas que les Français. Dédouanant Ben Laden, Thierry Meyssan a été officiellement adoubé par la Ligue arabe qui l’a reçu le 8 avril à Abou Dhabi.

(1) Avec Jean-Charles Brisard, nouvelle édition en poche, collection Folio, 4,75 euros.

(2) Fayard, 19 euros.

Source : Libération du 12 juin 2002.

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