Conspiracy Watch | l'Observatoire du conspirationnisme
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La petite entreprise d'Alex Jones ne connaît pas la crise

Publié par La Rédaction15 mai 2013,

En s’appuyant sur l’expertise d’une demi douzaine de spécialistes du marketing, Salon.com a récemment tenté d’estimer les revenus d’Alex Jones, le dénonciateur de complots le plus célèbre des Etats-Unis. Le trafic généré sur InfoWars.com et PrisonPlanet.com, les sites web de Jones, n’a en effet jamais été aussi élevé que depuis le double attentat du marathon de Boston.

En 2009, l’entreprise d’Alex Jones faisait déjà travailler une quinzaine de personnes à temps plein sur un studio de 700 m² et dégageait un chiffre d’affaires annuel d’un million et demi de dollars. En 2011, avec le lancement de son programme de télévision quotidien, le Infowars Nightly News TV, Jones a encore élargi son audience. Son chiffre d'affaires est aujourd’hui probablement très largement supérieur à ce qu'il n'était il y a quatre ans. La fréquentation de ses sites web (2,14 millions de visiteurs uniques sur InfoWars.com pour le seul mois de février 2013 ; environ la moitié de ce chiffre pour PrisonPlanet.com) lui rapporteraient entre 3 et 6 millions de dollars par an.

L’émission de radio de Jones lui rapporterait, grâce à la publicité, entre 215 000 et 450 000 dollars par an, et son compte YouTube (avec 560 000 abonnés), environ 35 000 dollars par an.

Mais l'essentiel de son chiffre d'affaires provient sans doute des abonnements à PrisonPlanet.tv. Pour 5,95 dollars par mois, vous pouvez ainsi bénéficier d’un accès illimité à l'univers complotiste d’Alex Jones. En supposant que seulement 2,5 % des 2 millions de personnes qui visitent son site chaque mois souscrivent un abonnement, cela rapporterait à Jones 4 millions de dollars par an (avec 1% : 1,5 millions de dollars ; avec 5 %, ce chiffre monterait à 8 millions de dollars).

En une année, Alex Jones gagnerait ainsi entre 2,7 et 10 millions de dollars. Et cela sans compter l’organisation de conférences payantes et les ventes de livres, DVD, magazines, tee-shirts, tasses, sacs, autocollants et autres produits dérivés.

"Conspiracy entrepreneurs"

Pour l’historien Robert Goldberg, auteur de Enemies Within: The Culture of Conspiracy in Modern America (2001), Alex Jones est issu d'une longue lignée de "conspiracy entrepreneurs", ces théoriciens du complot qui prospèrent sur le terreau de la peur et de la crédulité. Son modèle économique est fondé sur la production perpétuelle d’un nouveau récit complotiste quotidien. C'est pourquoi chaque catastrophe, chaque drame qui choque l'opinion, est présenté, par Alex Jones, comme une opération sous fausse bannière. Pour Goldberg, ce comportement est typique des « entrepreneurs du complot » : « Une fois qu'ils ont fini d’exploiter le filon d’une théorie du complot, ils passent à une autre et essayent de les connecter entre elles, afin de vous tenir en haleine avec de nouveaux détails et de nouvelles conjectures ».

Ce n'est pas qu'ils ne croient pas ce qu'ils prêchent (Goldberg confie que la plupart des théoriciens du complot qu'il a interviewés semblent croire à ce qu’ils disent), mais c’est justement à cet endroit que se rencontrent la psychologie et... le portefeuille. Pour maintenir la croyance, les théoriciens du complot sont contraints d'élargir constamment le nombre des conspirateurs présumés. C’est de cette manière qu’on aboutit à la vision d’Alex Jones d’un gigantesque complot mondial impliquant presque chaque personne qui détient un peu de pouvoir dans le monde, les médias, la communauté scientifique et même… Justin Bieber.

Voir aussi :
* Comment faire son beurre avec les rumeurs
* Alex Jones : Des complots, encore et toujours

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En s’appuyant sur l’expertise d’une demi douzaine de spécialistes du marketing, Salon.com a récemment tenté d’estimer les revenus d’Alex Jones, le dénonciateur de complots le plus célèbre des Etats-Unis. Le trafic généré sur InfoWars.com et PrisonPlanet.com, les sites web de Jones, n’a en effet jamais été aussi élevé que depuis le double attentat du marathon de Boston.

En 2009, l’entreprise d’Alex Jones faisait déjà travailler une quinzaine de personnes à temps plein sur un studio de 700 m² et dégageait un chiffre d’affaires annuel d’un million et demi de dollars. En 2011, avec le lancement de son programme de télévision quotidien, le Infowars Nightly News TV, Jones a encore élargi son audience. Son chiffre d'affaires est aujourd’hui probablement très largement supérieur à ce qu'il n'était il y a quatre ans. La fréquentation de ses sites web (2,14 millions de visiteurs uniques sur InfoWars.com pour le seul mois de février 2013 ; environ la moitié de ce chiffre pour PrisonPlanet.com) lui rapporteraient entre 3 et 6 millions de dollars par an.

L’émission de radio de Jones lui rapporterait, grâce à la publicité, entre 215 000 et 450 000 dollars par an, et son compte YouTube (avec 560 000 abonnés), environ 35 000 dollars par an.

Mais l'essentiel de son chiffre d'affaires provient sans doute des abonnements à PrisonPlanet.tv. Pour 5,95 dollars par mois, vous pouvez ainsi bénéficier d’un accès illimité à l'univers complotiste d’Alex Jones. En supposant que seulement 2,5 % des 2 millions de personnes qui visitent son site chaque mois souscrivent un abonnement, cela rapporterait à Jones 4 millions de dollars par an (avec 1% : 1,5 millions de dollars ; avec 5 %, ce chiffre monterait à 8 millions de dollars).

En une année, Alex Jones gagnerait ainsi entre 2,7 et 10 millions de dollars. Et cela sans compter l’organisation de conférences payantes et les ventes de livres, DVD, magazines, tee-shirts, tasses, sacs, autocollants et autres produits dérivés.

"Conspiracy entrepreneurs"

Pour l’historien Robert Goldberg, auteur de Enemies Within: The Culture of Conspiracy in Modern America (2001), Alex Jones est issu d'une longue lignée de "conspiracy entrepreneurs", ces théoriciens du complot qui prospèrent sur le terreau de la peur et de la crédulité. Son modèle économique est fondé sur la production perpétuelle d’un nouveau récit complotiste quotidien. C'est pourquoi chaque catastrophe, chaque drame qui choque l'opinion, est présenté, par Alex Jones, comme une opération sous fausse bannière. Pour Goldberg, ce comportement est typique des « entrepreneurs du complot » : « Une fois qu'ils ont fini d’exploiter le filon d’une théorie du complot, ils passent à une autre et essayent de les connecter entre elles, afin de vous tenir en haleine avec de nouveaux détails et de nouvelles conjectures ».

Ce n'est pas qu'ils ne croient pas ce qu'ils prêchent (Goldberg confie que la plupart des théoriciens du complot qu'il a interviewés semblent croire à ce qu’ils disent), mais c’est justement à cet endroit que se rencontrent la psychologie et... le portefeuille. Pour maintenir la croyance, les théoriciens du complot sont contraints d'élargir constamment le nombre des conspirateurs présumés. C’est de cette manière qu’on aboutit à la vision d’Alex Jones d’un gigantesque complot mondial impliquant presque chaque personne qui détient un peu de pouvoir dans le monde, les médias, la communauté scientifique et même… Justin Bieber.

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