Conspiracy Watch | l'Observatoire du conspirationnisme
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Le monde vu par Mikis Theodorakis

Publié par La Rédaction14 août 2011

Le célèbre compositeur grec s'est ilustré ces dernières années par une succession de déclarations pour le moins inquiétantes sur les Juifs, la crise économique ou encore le 11-Septembre.

Mikis Theodorakis (DR).

Icône de l’opposition à la dictature des colonels, proche de la gauche communiste grecque, Mikis Theodorakis est célèbre pour avoir composé les musiques des films Zorba le Grec (1964), Z (1969) ou l’hymne de la campagne de 1981 de François Mitterrand. Son œuvre, indissociable de son engagement politique, est connue mondialement. Mais Theodorakis s’est aussi ilustré ces dernières années par une succession de déclarations pour le moins inquiétantes sur les Juifs, la crise économique ou encore le 11-Septembre.

Le 3 février 2011, l’auteur-compositeur était invité sur la chaîne de télévision grecque HIGH. Dans un passage surréaliste, il confie à son interviewer, Georges Karabelias :

M. Theodorakis : Laissez-moi clarifier une chose : je suis antisémite.
G. Karabelias : Euh.. antisioniste…
M. Theodorakis : Oui, je suis antisémite et antisioniste. J’aime le peuple juif et j’ai vécu avec lui, mais les Américains juifs se cachent derrière tout, les attentats en Irak, les attaques économiques en Europe, en Amérique, en Asie, les Juifs américains sont derrière Bush, Clinton et derrière les banques. (…)

Dans la foulée, Theodorakis enfonce le clou en précisant que « tout ce qui arrive aujourd’hui dans le monde a un rapport avec les Sionistes » et que « les Juifs américains sont derrière la crise économique mondiale qui a aussi touché la Grèce ». Faisant référence à un serpent de mer diffusé dans les milieux nationalistes grecs (1), le compositeur grec ajoute que l’ancien secrétaire d’Etat américain Henry Kissinger aurait « donné l’ordre de détruire la culture grecque ».

« Je suis antisémite et antisioniste ». Aveu ou lapsus ? S’il ne nie pas avoir prononcé ces mots, Theodorakis plaide le malentendu. Dans un texte intitulé « Antisémitisme et Sionisme » publié sur son site web, Theodorakis écrit qu’il considère ceux qui le traitent d’antisémite comme de « répugnants vers de terre » avant de regretter immédiatement après « le rôle du lobby juif américain dans l’élaboration de la politique impérialiste des Etats-Unis ». « Mes adversaires, poursuit-il, se livrent à des actions qui me salissent en tant que personne et en tant que compositeur. Surtout en tant que compositeur puisque les Sionistes contrôlent 99 % de la vie musicale mondiale » (sic). Il conclut en condamnant « le lobby juif américain, tant pour son rôle leader dans les crimes de la machine de guerre américaine en Irak que pour ses plans visant à éliminer les Etats-nations, avec le but ultime d’établir la prédominance mondiale des colosses de la Banque financière entièrement contrôlés par lui ».

Les commentateurs les plus indulgents interprètent les propos de Theodorakis comme ceux d'un homme de 86 ans qui n'a plus vraiment toute sa tête. Toujours est-il que, pour confus qu’ils puissent être, ces mots sont ceux d’un militant toujours actif dans la vie politique grecque et aux facultés intellectuelles intactes, ceux d'un homme suffisamment alerte pour prononcer des discours publics et se lancer dans la création d’un mouvement « anti-rigueur » dont l’appel « Aux citoyens indignés de Grèce et d'Europe » a été largement relayé sur le web au printemps dernier (notamment sur le blog de Jean-Luc Mélenchon ou sur Marianne2.fr).

En effet, à l’exception de la presse écrite anglophone, les diatribes antisémites de Mikis Theodorakis semblent être passées totalement inaperçues, la version française de la fiche Wikipédia qui lui est consacrée ne mentionnant même pas l’existence d’une polémique sur le sujet. Elles ont pourtant conduit le Parlement autrichien à décider de rayer la « Trilogie de Mauthausen », oeuvre du compositeur grec, du programme de la dernière Journée de Commémoration de l’Holocauste à Vienne.

« Un petit peuple à la racine du Mal »

Les premiers dérapages de Theodorakis ne datent pas d’hier. Le 4 novembre 2003, lors d’une conférence de presse pour promouvoir l'un de ses livres, Theodorakis a ainsi accusé les Juifs d’être « à la racine du Mal » (2). Ses propos ayant provoqué un tollé (selon lui, ils auraient été mal interprétés, et ce « de façon totalement délibérée »), il a considéré comme calomnieuses, déjà, les accusations d'antisémitisme dont il a alors fait l'objet (3).

Dans une interview accordée au journal israélien Ha’aretz en 2004 (4), Theodorakis a cependant précisé sa pensée : les Juifs « tiennent la finance mondiale entre leurs mains », « contrôlent l’essentiel de l’économie et des mass-media », les « grandes banques », « souvent les gouvernements », ainsi que « la plupart des grands orchestres symphoniques du monde » (!). Une vision paranoïde du monde, assez proche de celles du métropolite orthodoxe Serafim Mentzelopoulos ou, en France, d’un Dieudonné. Expliquant que « la communauté juive internationale est un phénomène négatif », Theodorakis a également répondu par l’affirmative à la question de savoir s’il pensait que l’Amérique était en réalité contrôlée par les Juifs (5). N’ayant pas peur de se contredire, il a précisé dans la même interview qu’il se considérait comme « un ami du peuple juif » – propablement pour rassurer ceux qui pourraient avoir des doutes sur le sujet...

Theodorakis a aussi – faut-il s’en étonner – des opinions très tranchées sur l’histoire contemporaine. S’agissant des attentats du 11 septembre 2001, il estime par exemple que Ben Laden « a très bien pu travailler pour les services secrets américains » lorsque les attaques ont eu lieu (6) : « Je ne pense pas que ce sont ces nus-pieds d’Afghanistan [qui ont fait le 11-Septembre]. C’est une blague. Même la technologie japonaise ne peut pas faire ça. Pas même la technologie allemande. (…) Le Mossad a la technologie. Mais même, ils ne sont pas une superpuissance. Les Américains contrôlent tout ».
Notes :
(1) Cette fausse déclaration, qui circule et est considérée comme authentique aussi bien dans l’extrême gauche que dans l’extrême droite grecques, fait partie des nombreuses rumeurs qui trainent au sujet de Kissinger. Elle aurait été prononcée, selon les versions, en 1973, 1974 ou 1994. Elle a en réalité fait son apparition pour la première fois en février 1997 dans le Turkish Daily News avant d’être reprise le 14 août 1997 par le magazine grec Oikonomikos Tachydromos (i.e. le "Courrier économique ") et ce alors même qu'elle avait fait l’objet d’un démenti de l’intéressé publié dans les colonnes du Turkish Daily News dès le 13 juin 1997. Voici les propos qui sont prêtés à Kissinger :
« Le peuple grec est anarchique et difficile à dompter. C’est pour cette raison que nous devons les frapper en profondeur dans leurs racines culturelles : peut-être alors pourrons-nous les forcer à se soumettre. Je veux dire, naturellement, s’attaquer à leur langue, leur religion, leurs ressources culturelles et historiques, de sorte que nous puissions neutraliser leur capacité à se développer, à se distinguer, ou à prendre le dessus ; ce qui éliminera un obstacle majeur à nos projets stratégiques vitaux dans les Balkans, en Méditerranée et au Moyen-Orient ».
(2) Le Nouvel Observateur rapporte ainsi les propos de Theodorakis : « Les Grecs et les juifs "sont deux peuples sans frères, mais eux (les juifs) ont le fanatisme et la connaissance de soi et ont réussi à s'imposer (...) Aujourd'hui, nous pouvons dire que ce petit peuple est à la racine du mal" ».
Selon l'Athens News Agency, les propos exacts de Theodorakis sont les suivants : « Nous et les Juifs sommes deux peuples sans frères dans le monde. Cependant, ils ont le fanatisme et ont du succès en se l'imposant à eux-mêmes. Nous pouvons dire aujourd'hui que ce petit peuple est à la racine du mal, pas du bien, ce qui signifie que trop de conscience de soi et trop d'obstination font du mal ».
(3) Dans un communiqué publié sur son site le 12 novembre 2003, Theodorakis déclarait : « Mon opinion sur le peuple israélien est connue depuis toujours. (…) J’ai toujours été aux côtés des faibles, des gens qui luttent pour les droits des peuples. Et parmi ceux-ci figure le peuple israélien. J’ai chanté ses souffrances de la meilleure façon que j’ai pu le faire. (…) Mais c’est pour cette raison précise que je suis absolument contre la politique de Sharon, et j’ai souligné ceci à plusieurs reprises, comme j’ai aussi condamné à plusieurs reprises le rôle des hommes politiques, des penseurs, et des illustres théoriciens juifs américains dans l'élaboration de la “politique” agressive actuelle de Bush. C'est donc de façon totalement délibérée que certains provoquent la confusion entre le peuple israélien, auquel j'ai si souvent prouvé dans la pratique que je l’honore et que je lui rends hommage, et ces phénomènes négatifs – au fond CE SONT EUX qui noircissent l’image d’Israël, en jouant un rôle réellement “antisémite”, CE SONT EUX qui se trouvent du côté du Mal, aux racines du Mal, comme je l’ai déclaré dernièrement ».
(4) Ari Shavit, " The Jewish problem, according to Theodorakis ", Ha'aretz, 26 août 2004.
(5) Lire La polémique sur le « lobby pro-israélien », par Peter Hägel & Pauline Peretz (La vie des idées, n°21, avril 2007), et Sharon et le « contrôle juif de l’Amérique », par Gilles Karmasyn (PHDN.org).
(6) Lire Ben Laden, « créature » des Etats-Unis ?, par Antoine Vitkine (Les Nouveaux imposteurs, La Martinière, 2005).

Mise à jour (04/03/2012) :
Le 16 février dernier, Mikis Theodorakis a mis en ligne sur son site un « appel à l’opinion publique internationale » dénonçant un « complot international » visant à détruire son pays et à « exterminer physiquement » les Grecs. Extraits :

« Un complot international est en cours, visant à mener à terme la destruction de mon pays. Les assaillants ont commencé en 1975, avec comme cible la culture grecque moderne, puis ils ont poursuivi la décomposition de notre histoire récente et de notre identité nationale et aujourd’hui ils essaient de nous exterminer physiquement par le chômage, la famine et la misère. Si le peuple grec ne se soulève pas pour les arrêter, le risque de disparition de la Grèce est bien réel. Je la vois arriver dans les dix prochaines années.

(…) Les cercles qui nous haïssent (grecs et étrangers) et qui sont les seuls responsables de la situation dramatique de notre pays, nous menacent et nous font du chantage, afin de pouvoir poursuivre leur œuvre destructrice, jusqu’à notre extinction définitive.

(…) A présent je consacre toutes mes forces à unir le peuple grec. J'essaie de le convaincre que la Troïka et le FMI ne sont pas une route à sens unique. Qu'il y a une autre solution : changer l’orientation de notre nation. Se tourner vers la Russie pour une coopération économique et la formation de partenariats qui nous aideront à mettre en valeur la richesse de notre pays en des termes favorables à notre intérêt national. Je propose de ne plus acheter du matériel militaire des Allemands et des Français. Nous allons tout faire pour que l'Allemagne nous paie les réparations de guerre dues.

(…) La seule force capable de faire ces changements révolutionnaires, c'est le peuple grec uni en un Front de Résistance et de Solidarité pour que la Troïka (FMI et banques européennes) soit chassée du pays. En parallèle, il faut considérer comme nuls tous ses actes illégaux (prêts, dettes, intérêts, impôts, achats de la richesse publique). Bien sûr, leurs partenaires grecs – qui ont déjà été condamnés dans l'esprit de notre peuple en tant que traîtres –, doivent être punis ».

Le précédent « appel » de Mikis Theodorakis, daté du 26 mai 2011, avait été relayé en France par les sites des journaux L’Humanité et Marianne.

Mise à jour (31/07/2012) :

Voir aussi :

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Mikis Theodorakis (DR).

Icône de l’opposition à la dictature des colonels, proche de la gauche communiste grecque, Mikis Theodorakis est célèbre pour avoir composé les musiques des films Zorba le Grec (1964), Z (1969) ou l’hymne de la campagne de 1981 de François Mitterrand. Son œuvre, indissociable de son engagement politique, est connue mondialement. Mais Theodorakis s’est aussi ilustré ces dernières années par une succession de déclarations pour le moins inquiétantes sur les Juifs, la crise économique ou encore le 11-Septembre.

Le 3 février 2011, l’auteur-compositeur était invité sur la chaîne de télévision grecque HIGH. Dans un passage surréaliste, il confie à son interviewer, Georges Karabelias :

M. Theodorakis : Laissez-moi clarifier une chose : je suis antisémite.
G. Karabelias : Euh.. antisioniste…
M. Theodorakis : Oui, je suis antisémite et antisioniste. J’aime le peuple juif et j’ai vécu avec lui, mais les Américains juifs se cachent derrière tout, les attentats en Irak, les attaques économiques en Europe, en Amérique, en Asie, les Juifs américains sont derrière Bush, Clinton et derrière les banques. (…)

Dans la foulée, Theodorakis enfonce le clou en précisant que « tout ce qui arrive aujourd’hui dans le monde a un rapport avec les Sionistes » et que « les Juifs américains sont derrière la crise économique mondiale qui a aussi touché la Grèce ». Faisant référence à un serpent de mer diffusé dans les milieux nationalistes grecs (1), le compositeur grec ajoute que l’ancien secrétaire d’Etat américain Henry Kissinger aurait « donné l’ordre de détruire la culture grecque ».

« Je suis antisémite et antisioniste ». Aveu ou lapsus ? S’il ne nie pas avoir prononcé ces mots, Theodorakis plaide le malentendu. Dans un texte intitulé « Antisémitisme et Sionisme » publié sur son site web, Theodorakis écrit qu’il considère ceux qui le traitent d’antisémite comme de « répugnants vers de terre » avant de regretter immédiatement après « le rôle du lobby juif américain dans l’élaboration de la politique impérialiste des Etats-Unis ». « Mes adversaires, poursuit-il, se livrent à des actions qui me salissent en tant que personne et en tant que compositeur. Surtout en tant que compositeur puisque les Sionistes contrôlent 99 % de la vie musicale mondiale » (sic). Il conclut en condamnant « le lobby juif américain, tant pour son rôle leader dans les crimes de la machine de guerre américaine en Irak que pour ses plans visant à éliminer les Etats-nations, avec le but ultime d’établir la prédominance mondiale des colosses de la Banque financière entièrement contrôlés par lui ».

Les commentateurs les plus indulgents interprètent les propos de Theodorakis comme ceux d'un homme de 86 ans qui n'a plus vraiment toute sa tête. Toujours est-il que, pour confus qu’ils puissent être, ces mots sont ceux d’un militant toujours actif dans la vie politique grecque et aux facultés intellectuelles intactes, ceux d'un homme suffisamment alerte pour prononcer des discours publics et se lancer dans la création d’un mouvement « anti-rigueur » dont l’appel « Aux citoyens indignés de Grèce et d'Europe » a été largement relayé sur le web au printemps dernier (notamment sur le blog de Jean-Luc Mélenchon ou sur Marianne2.fr).

En effet, à l’exception de la presse écrite anglophone, les diatribes antisémites de Mikis Theodorakis semblent être passées totalement inaperçues, la version française de la fiche Wikipédia qui lui est consacrée ne mentionnant même pas l’existence d’une polémique sur le sujet. Elles ont pourtant conduit le Parlement autrichien à décider de rayer la « Trilogie de Mauthausen », oeuvre du compositeur grec, du programme de la dernière Journée de Commémoration de l’Holocauste à Vienne.

« Un petit peuple à la racine du Mal »

Les premiers dérapages de Theodorakis ne datent pas d’hier. Le 4 novembre 2003, lors d’une conférence de presse pour promouvoir l'un de ses livres, Theodorakis a ainsi accusé les Juifs d’être « à la racine du Mal » (2). Ses propos ayant provoqué un tollé (selon lui, ils auraient été mal interprétés, et ce « de façon totalement délibérée »), il a considéré comme calomnieuses, déjà, les accusations d'antisémitisme dont il a alors fait l'objet (3).

Dans une interview accordée au journal israélien Ha’aretz en 2004 (4), Theodorakis a cependant précisé sa pensée : les Juifs « tiennent la finance mondiale entre leurs mains », « contrôlent l’essentiel de l’économie et des mass-media », les « grandes banques », « souvent les gouvernements », ainsi que « la plupart des grands orchestres symphoniques du monde » (!). Une vision paranoïde du monde, assez proche de celles du métropolite orthodoxe Serafim Mentzelopoulos ou, en France, d’un Dieudonné. Expliquant que « la communauté juive internationale est un phénomène négatif », Theodorakis a également répondu par l’affirmative à la question de savoir s’il pensait que l’Amérique était en réalité contrôlée par les Juifs (5). N’ayant pas peur de se contredire, il a précisé dans la même interview qu’il se considérait comme « un ami du peuple juif » – propablement pour rassurer ceux qui pourraient avoir des doutes sur le sujet...

Theodorakis a aussi – faut-il s’en étonner – des opinions très tranchées sur l’histoire contemporaine. S’agissant des attentats du 11 septembre 2001, il estime par exemple que Ben Laden « a très bien pu travailler pour les services secrets américains » lorsque les attaques ont eu lieu (6) : « Je ne pense pas que ce sont ces nus-pieds d’Afghanistan [qui ont fait le 11-Septembre]. C’est une blague. Même la technologie japonaise ne peut pas faire ça. Pas même la technologie allemande. (…) Le Mossad a la technologie. Mais même, ils ne sont pas une superpuissance. Les Américains contrôlent tout ».
Notes :
(1) Cette fausse déclaration, qui circule et est considérée comme authentique aussi bien dans l’extrême gauche que dans l’extrême droite grecques, fait partie des nombreuses rumeurs qui trainent au sujet de Kissinger. Elle aurait été prononcée, selon les versions, en 1973, 1974 ou 1994. Elle a en réalité fait son apparition pour la première fois en février 1997 dans le Turkish Daily News avant d’être reprise le 14 août 1997 par le magazine grec Oikonomikos Tachydromos (i.e. le "Courrier économique ") et ce alors même qu'elle avait fait l’objet d’un démenti de l’intéressé publié dans les colonnes du Turkish Daily News dès le 13 juin 1997. Voici les propos qui sont prêtés à Kissinger :
« Le peuple grec est anarchique et difficile à dompter. C’est pour cette raison que nous devons les frapper en profondeur dans leurs racines culturelles : peut-être alors pourrons-nous les forcer à se soumettre. Je veux dire, naturellement, s’attaquer à leur langue, leur religion, leurs ressources culturelles et historiques, de sorte que nous puissions neutraliser leur capacité à se développer, à se distinguer, ou à prendre le dessus ; ce qui éliminera un obstacle majeur à nos projets stratégiques vitaux dans les Balkans, en Méditerranée et au Moyen-Orient ».
(2) Le Nouvel Observateur rapporte ainsi les propos de Theodorakis : « Les Grecs et les juifs "sont deux peuples sans frères, mais eux (les juifs) ont le fanatisme et la connaissance de soi et ont réussi à s'imposer (...) Aujourd'hui, nous pouvons dire que ce petit peuple est à la racine du mal" ».
Selon l'Athens News Agency, les propos exacts de Theodorakis sont les suivants : « Nous et les Juifs sommes deux peuples sans frères dans le monde. Cependant, ils ont le fanatisme et ont du succès en se l'imposant à eux-mêmes. Nous pouvons dire aujourd'hui que ce petit peuple est à la racine du mal, pas du bien, ce qui signifie que trop de conscience de soi et trop d'obstination font du mal ».
(3) Dans un communiqué publié sur son site le 12 novembre 2003, Theodorakis déclarait : « Mon opinion sur le peuple israélien est connue depuis toujours. (…) J’ai toujours été aux côtés des faibles, des gens qui luttent pour les droits des peuples. Et parmi ceux-ci figure le peuple israélien. J’ai chanté ses souffrances de la meilleure façon que j’ai pu le faire. (…) Mais c’est pour cette raison précise que je suis absolument contre la politique de Sharon, et j’ai souligné ceci à plusieurs reprises, comme j’ai aussi condamné à plusieurs reprises le rôle des hommes politiques, des penseurs, et des illustres théoriciens juifs américains dans l'élaboration de la “politique” agressive actuelle de Bush. C'est donc de façon totalement délibérée que certains provoquent la confusion entre le peuple israélien, auquel j'ai si souvent prouvé dans la pratique que je l’honore et que je lui rends hommage, et ces phénomènes négatifs – au fond CE SONT EUX qui noircissent l’image d’Israël, en jouant un rôle réellement “antisémite”, CE SONT EUX qui se trouvent du côté du Mal, aux racines du Mal, comme je l’ai déclaré dernièrement ».
(4) Ari Shavit, " The Jewish problem, according to Theodorakis ", Ha'aretz, 26 août 2004.
(5) Lire La polémique sur le « lobby pro-israélien », par Peter Hägel & Pauline Peretz (La vie des idées, n°21, avril 2007), et Sharon et le « contrôle juif de l’Amérique », par Gilles Karmasyn (PHDN.org).
(6) Lire Ben Laden, « créature » des Etats-Unis ?, par Antoine Vitkine (Les Nouveaux imposteurs, La Martinière, 2005).

Mise à jour (04/03/2012) :
Le 16 février dernier, Mikis Theodorakis a mis en ligne sur son site un « appel à l’opinion publique internationale » dénonçant un « complot international » visant à détruire son pays et à « exterminer physiquement » les Grecs. Extraits :

« Un complot international est en cours, visant à mener à terme la destruction de mon pays. Les assaillants ont commencé en 1975, avec comme cible la culture grecque moderne, puis ils ont poursuivi la décomposition de notre histoire récente et de notre identité nationale et aujourd’hui ils essaient de nous exterminer physiquement par le chômage, la famine et la misère. Si le peuple grec ne se soulève pas pour les arrêter, le risque de disparition de la Grèce est bien réel. Je la vois arriver dans les dix prochaines années.

(…) Les cercles qui nous haïssent (grecs et étrangers) et qui sont les seuls responsables de la situation dramatique de notre pays, nous menacent et nous font du chantage, afin de pouvoir poursuivre leur œuvre destructrice, jusqu’à notre extinction définitive.

(…) A présent je consacre toutes mes forces à unir le peuple grec. J'essaie de le convaincre que la Troïka et le FMI ne sont pas une route à sens unique. Qu'il y a une autre solution : changer l’orientation de notre nation. Se tourner vers la Russie pour une coopération économique et la formation de partenariats qui nous aideront à mettre en valeur la richesse de notre pays en des termes favorables à notre intérêt national. Je propose de ne plus acheter du matériel militaire des Allemands et des Français. Nous allons tout faire pour que l'Allemagne nous paie les réparations de guerre dues.

(…) La seule force capable de faire ces changements révolutionnaires, c'est le peuple grec uni en un Front de Résistance et de Solidarité pour que la Troïka (FMI et banques européennes) soit chassée du pays. En parallèle, il faut considérer comme nuls tous ses actes illégaux (prêts, dettes, intérêts, impôts, achats de la richesse publique). Bien sûr, leurs partenaires grecs – qui ont déjà été condamnés dans l'esprit de notre peuple en tant que traîtres –, doivent être punis ».

Le précédent « appel » de Mikis Theodorakis, daté du 26 mai 2011, avait été relayé en France par les sites des journaux L’Humanité et Marianne.

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