Pour le théoricien du complot Thierry Meyssan, l'Iran et son régime politique sont victimes d'une odieuse désinformation occidentale. La République islamique serait en réalité une démocratie achevée où les élections seraient libres, où les femmes choisiraient de se cacher les cheveux et où la lapidation n'existerait pas.
Voilà résumé en quelques phrases le dernier article de Thierry Meyssan. Evidemment, pas une seule d'elles n’est vraie. Ce tissu d'intox a été relayé par tout le web "antisioniste", Dieudonné, le site rouge-brun Egalité & Réconciliation (l'association d'Alain Soral), le bimensuel d'extrême droite Flash ou encore Palestine-solidarité.org. Mais qu’importe. Les conspirationnistes ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît.
Ceux que la véritable situation des droits de l'homme en Iran et la question de la lapidation intéressent se reporteront avec profit au rapport de la FIDH sur la peine de mort en Iran (2009) dont voici deux extraits :
1 - La lapidation
Bien que l’Ayatollah Shahroudi, chef du pouvoir judiciaire, ait décrété un moratoire sur la lapidation en décembre 2002, et qu’en novembre 2006, le porte-parole du pouvoir judiciaire ait démenti que la lapidation était pratiquée en Iran, au moins trois condamnations à la lapidation ont été prononcées depuis. En juillet 2007, Ja’afar Kiani, condamné pour adultère avec Mokarrameh Ebrahimi, a été mis à mort par lapidation dans un village proche de la ville de Takestan. Ja’afar Kiani et Mokarrameh Ebrahimi, qui avaient deux enfants, avaient été emprisonnés pendant onze ans. La lapidation a eu lieu en dépit du moratoire et d’un sursis spécial accordé par le chef du pouvoir judiciaire.
Dans un entretien, le chef du Comité des droits de l’Homme au sein du pouvoir judiciaire, Dr. Mohammad Javad Larijani, a défendu la lapidation en affirmant qu’il s’agissait d’un châtiment moins dur que l’exécution car le condamné avait la possibilité d’en réchapper. Shadi Sadr, l’un des co-fondateurs de Stop Stoning Forever Campaign et avocat de Ja’afar Kiani et Mokarrameh Ebrahimi, a rapporté ces faits choquants :
« Les pierres étaient si grosses qu’elles ne respectaient même pas les conditions requises pour l’exécution d’une telle sentence. (…) Des rapports officieux (…) indiquent que Ja’afar était toujours vivant après la lapidation mais que son oreille et son nez avaient été écrasés et entaillés. Lorsqu’un médecin légiste a confirmé qu’il était toujours vivant, Mr… [sic] lui a écrasé la tête avec un grand bloc de béton et l’a tué ». (Source : Stop Stoning Forever Campaign).
2 - Le projet de loi sur la modification du Code Pénal Islamique ne prévoit pas d’interdire la lapidation
Le projet de modification du Code pénal Islamique, ne prévoit pas de changements fondamentaux. Si ce n’est que les sanctions seront appliquées plus subtilement. La loi considère toujours la fornication comme un crime, dont la punition ne peut être remise en cause par personne, en raison de son « caractère public, puisqu’il s’agit d’un droit d’Allah » (Article 121-3, paragraphe 1). L’article 213-2 fait référence à la lapidation à deux reprises (…) et stipule que « la lapidation pourra être annulée si le condamné retire ses aveux … sauf si le juge en a une connaissance pleine et entière. » (…) L’Article 221-5 de la Loi prévoit la peine de mort pour l’inceste, le viol, l’adultère avec sa belle-mère, l’adultère commis pour des hommes non musulmans avec des femmes musulmanes et prévoit spécifiquement et expressément la lapidation pour adultère (paragraphe e). La seule disposition prévoyant l’annulation de la condamnation par lapidation est contenue dans la note 4 du même article (…), qui indique clairement que la lapidation sera évitée si elle porte atteinte à l’honneur de la République Islamique, et dans ce cas, elle sera remplacée par une autre forme d’exécution. Les articles 221-16 et 221-17 décrivent comment la lapidation doit être exécutée, et les dispositions concernant l’enterrement et la taille des pierres de l’actuel Code Pénal Islamique sont maintenues.
Pour aller plus loin :
* Le Code pénal islamique iranien (en anglais). NB : ce document consiste en une série d'extraits issus des cinq livres qui constituent le droit pénal en vigueur en République islamique d'Iran. Apparemment, il n'existe pas à strictement parler d'équivalent iranien d'un code pénal unifié, comme il existe par exemple un "Code pénal" en droit français. L'ensemble des textes de loi iraniens produisant des effets pénaux sont toutefois qualifiés de "Code pénal" par les ONG, pour des raisons de lisibilité de toute évidence et non, comme le suggèrent certains internautes suspicieux, à des fins de propagande anti-iranienne.
* Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme, «
Iran : Lapidations dans un contexte de pendaisons massives et expéditives », 27 août 2010.
* Farshad Hoseini, « Liste des victimes de la lapidation en Iran (1986-2010) », International Comittee Against Stoning, août 2010.
* « Shirin Ebadi : "Seul l'ayatollah Khamenei peut grâcier Sakineh" », propos recueillis par Daniel Salvatore Schiffer, Mediapart, 14 septembre 2010.
(Dernière mise à jour le 10/08/2011)
Pour le théoricien du complot Thierry Meyssan, l'Iran et son régime politique sont victimes d'une odieuse désinformation occidentale. La République islamique serait en réalité une démocratie achevée où les élections seraient libres, où les femmes choisiraient de se cacher les cheveux et où la lapidation n'existerait pas.
Voilà résumé en quelques phrases le dernier article de Thierry Meyssan. Evidemment, pas une seule d'elles n’est vraie. Ce tissu d'intox a été relayé par tout le web "antisioniste", Dieudonné, le site rouge-brun Egalité & Réconciliation (l'association d'Alain Soral), le bimensuel d'extrême droite Flash ou encore Palestine-solidarité.org. Mais qu’importe. Les conspirationnistes ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît.
Ceux que la véritable situation des droits de l'homme en Iran et la question de la lapidation intéressent se reporteront avec profit au rapport de la FIDH sur la peine de mort en Iran (2009) dont voici deux extraits :
1 - La lapidation
Bien que l’Ayatollah Shahroudi, chef du pouvoir judiciaire, ait décrété un moratoire sur la lapidation en décembre 2002, et qu’en novembre 2006, le porte-parole du pouvoir judiciaire ait démenti que la lapidation était pratiquée en Iran, au moins trois condamnations à la lapidation ont été prononcées depuis. En juillet 2007, Ja’afar Kiani, condamné pour adultère avec Mokarrameh Ebrahimi, a été mis à mort par lapidation dans un village proche de la ville de Takestan. Ja’afar Kiani et Mokarrameh Ebrahimi, qui avaient deux enfants, avaient été emprisonnés pendant onze ans. La lapidation a eu lieu en dépit du moratoire et d’un sursis spécial accordé par le chef du pouvoir judiciaire.
Dans un entretien, le chef du Comité des droits de l’Homme au sein du pouvoir judiciaire, Dr. Mohammad Javad Larijani, a défendu la lapidation en affirmant qu’il s’agissait d’un châtiment moins dur que l’exécution car le condamné avait la possibilité d’en réchapper. Shadi Sadr, l’un des co-fondateurs de Stop Stoning Forever Campaign et avocat de Ja’afar Kiani et Mokarrameh Ebrahimi, a rapporté ces faits choquants :
« Les pierres étaient si grosses qu’elles ne respectaient même pas les conditions requises pour l’exécution d’une telle sentence. (…) Des rapports officieux (…) indiquent que Ja’afar était toujours vivant après la lapidation mais que son oreille et son nez avaient été écrasés et entaillés. Lorsqu’un médecin légiste a confirmé qu’il était toujours vivant, Mr… [sic] lui a écrasé la tête avec un grand bloc de béton et l’a tué ». (Source : Stop Stoning Forever Campaign).
2 - Le projet de loi sur la modification du Code Pénal Islamique ne prévoit pas d’interdire la lapidation
Le projet de modification du Code pénal Islamique, ne prévoit pas de changements fondamentaux. Si ce n’est que les sanctions seront appliquées plus subtilement. La loi considère toujours la fornication comme un crime, dont la punition ne peut être remise en cause par personne, en raison de son « caractère public, puisqu’il s’agit d’un droit d’Allah » (Article 121-3, paragraphe 1). L’article 213-2 fait référence à la lapidation à deux reprises (…) et stipule que « la lapidation pourra être annulée si le condamné retire ses aveux … sauf si le juge en a une connaissance pleine et entière. » (…) L’Article 221-5 de la Loi prévoit la peine de mort pour l’inceste, le viol, l’adultère avec sa belle-mère, l’adultère commis pour des hommes non musulmans avec des femmes musulmanes et prévoit spécifiquement et expressément la lapidation pour adultère (paragraphe e). La seule disposition prévoyant l’annulation de la condamnation par lapidation est contenue dans la note 4 du même article (…), qui indique clairement que la lapidation sera évitée si elle porte atteinte à l’honneur de la République Islamique, et dans ce cas, elle sera remplacée par une autre forme d’exécution. Les articles 221-16 et 221-17 décrivent comment la lapidation doit être exécutée, et les dispositions concernant l’enterrement et la taille des pierres de l’actuel Code Pénal Islamique sont maintenues.
Pour aller plus loin :
* Le Code pénal islamique iranien (en anglais). NB : ce document consiste en une série d'extraits issus des cinq livres qui constituent le droit pénal en vigueur en République islamique d'Iran. Apparemment, il n'existe pas à strictement parler d'équivalent iranien d'un code pénal unifié, comme il existe par exemple un "Code pénal" en droit français. L'ensemble des textes de loi iraniens produisant des effets pénaux sont toutefois qualifiés de "Code pénal" par les ONG, pour des raisons de lisibilité de toute évidence et non, comme le suggèrent certains internautes suspicieux, à des fins de propagande anti-iranienne.
* Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme, «
Iran : Lapidations dans un contexte de pendaisons massives et expéditives », 27 août 2010.
* Farshad Hoseini, « Liste des victimes de la lapidation en Iran (1986-2010) », International Comittee Against Stoning, août 2010.
* « Shirin Ebadi : "Seul l'ayatollah Khamenei peut grâcier Sakineh" », propos recueillis par Daniel Salvatore Schiffer, Mediapart, 14 septembre 2010.
(Dernière mise à jour le 10/08/2011)
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