Conspiracy Watch | l'Observatoire du conspirationnisme
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Non, Wikileaks n’a pas conclu d’accord avec Israël

Publié par La Rédaction27 décembre 2010

Une rumeur se répand depuis maintenant trois semaines sur le web : Julian Assange aurait été payé par le gouvernement israélien afin de ne révéler aucune information susceptible de l’embarrasser. La manière dont l’intox a pu prospérer sur internet nous offre un cas exemplaire de désinformation conspirationniste.

La source de la rumeur est un article intitulé « Wikileaks aurait conclu un accord avec Israël » (titre original : WikiLeaks “Struck a Deal” to Keep Away Anything Damaging to Israel), apparu pour la première fois le 7 décembre dernier sur le site de l’Indymedia de la Baie de San Francisco (1), IndyBay.org. Il est signé sous le pseudonyme de « Likiweaks », ce qui ne permet pas d’identifier son auteur. Le texte a ensuite été traduit en français par un certain « Pétrus Lombard » (autre pseudonyme) et repris sur Vox N-R (le site de Christian Bouchet), AlterInfo.net (le site de Zeynel Cekici), Al-Manar (la chaîne de télévision du Hezbollah), Mondialisation.ca (le site de Michel Chossudovsky), Egalité & Réconciliation (le site de l’association d’Alain Soral) ou encore Info-Palestine.net. Le tout sans faire l'objet d'aucune vérification préalable - est-il nécessaire de le préciser ?

La principale « révélation » de ce texte : Daniel Domscheit-Berg, l’ancien bras droit de Julian Assange, aurait déclaré que le fondateur de Wikileaks a reçu une somme d’argent de la part de représentants « semi-officiels » (sic) du gouvernement israélien afin de retirer de tous les télégrammes diplomatiques américains rendus publics par Wikileaks ceux qui seraient susceptibles de nuire aux intérêts de l’Etat hébreu. La rencontre entre le cyberactiviste australien et les Israéliens aurait eu lieu à Genève et aurait même été enregistrée sur vidéo !

A l’origine de toute l’accusation : un unique article mis en ligne le 6 décembre 2010 sur un site web en langue arabe, SyriaTruth.info. Le texte est signé par une certaine Lea Abramovitch. Celle-ci aurait recueilli les propos de Daniel Domscheit-Berg par e-mail. Problème : ce dernier dément catégoriquement avoir jamais été en relation avec une personne de ce nom ou même avoir jamais témoigné de l’existence de contacts entre Julian Assange et des responsables israéliens…

Dans un communiqué publié sur le site Cryptome.org le 21 décembre, Daniel Domscheit-Berg écrit :

« J’ai été informé de cette rumeur [autour d’un prétendu accord secret entre Assange et Israël - NDLR] il y a quelques semaines et peu après du fait que mon nom apparaissait dans ces allégations. Je n’ai jamais parlé à personne de SyriaTruth ou à la reporter qui fait ces affirmations, et je ne sais rien d’un quelconque accord que Julian Assange aurait passé avec les Israéliens ».

Le 22 décembre, la rédaction de SyriaTruth.info riposte en s’étonnant que Daniel Domscheit-Berg ait « subitement décidé de revenir sur ses déclarations » et en promettant de publier pour le 23 décembre au soir la capture d’écran de l’un des courriers que Domscheit-Berg aurait envoyé à Lea Abramovitch. A ce jour pourtant, rien de tel n’a été mis en ligne (2).

Un site énigmatique

SyriaTruth.info (ou al-Hakikah, « la vérité ») est censé s’appuyer sur un important réseau de correspondants en Europe (Grande-Bretagne, Allemagne, Italie, Russie) et au Moyen-Orient (Israël, Syrie, Liban, Turquie). Ainsi, sur sa page d’accueil, le site se targue de compter parmi ses « collaborateurs » réguliers la journaliste israélienne Amira Hass, bien connue des lecteurs de Ha’aretz pour ses chroniques sur les Territoires palestiniens. Une page est même consacrée à la biographie de la journaliste (3). En fait, SyriaTruth.info se contente de reproduire les traductions en arabe de certains articles de Ha’aretz, avec qui il n’a aucun partenariat (4). Sous des apparences de sérieux, SyriaTruth.info est en fait un site basé à Wageningen, aux Pays-Bas, et administré par un certain Abdulselam Youssef (5) pour le compte du « Conseil national pour la vérité, la justice et la réconciliation en Syrie » (SYNATIC), une association consacrée à la dénonciation des violations des droits de l’homme en Syrie.

Nous avons tenté d’entrer en contact avec Lea Abramovitch. Sans succès. L’adresse e-mail fournie par le site (lia.abramovitch@syriatruth.info) renvoie un message d’erreur.

Nous nous sommes alors tourné vers Nizar Nayouf, président de SYNATIC et, surtout, rédacteur en chef de SyriaTruth.info. Celui-ci nous explique qu’il a été appelé à d’autres fonctions et qu’il a cédé sa place à une certaine Nadia Qassar-Dabaj en septembre 2010. Il nous invite à contacter directement Lea Abramovitch en nous communiquant sa nouvelle adresse e-mail : lea.abramovitch@gmail.com.

Etrangement, une adresse gmail est apparue sur la fiche biographique consacrée à Lea Abramovitch sur SyriaTruth.info, entre le 22 et le 23 décembre, comme si l’adresse avait été créée pour la circonstance. Plus surprenant encore, cette adresse (lia.abramovitch@gmail.com, avec un « i ») n’est pas la même que celle que nous a communiqué Nizar Nayouf.

Autre élément troublant : Daniel Domscheit-Berg a été contacté par Nizar Nayouf le 13 décembre 2010. Domscheit-Berg dit qu’après s’être aperçu que son nom était cité sur internet par SyriaTruth .info, il a tenté de contacter Nayouf mais que ce dernier n’a jamais donné suite à ses tentatives de contact. Nizar Nayouf, quant à lui, explique qu’il n’a jamais été contacté par Daniel Domscheit-Berg...

Si Nizar Nayouf est une personnalité connue et bien identifiée, il n’en va pas de même de Nadia Qassar-Dabaj. On ne sait que très peu de choses à son sujet à l’exception de ce qu’en dit… SyriaTruth.info. Elle résiderait en Italie où elle aurait pour nom de plume « Fabiana Marzocchini ». Quant à son adresse internet, elle laisse pour le moins perplexe : nadia.qassar@journalist.com (6). Dans un échange de mail daté du 24 décembre, la personne qui nous répond en se présentant comme étant Nadia Qassar-Dabaj nous explique qu’elle a toute confiance en sa « collègue » Lea Abramovitch
et que si l’adresse e-mail de cette dernière ne fonctionne pas, cela est dû à un problème technique, peut-être du fait de cyber-attaques. Elle a bon espoir que Lea Abramovitch nous répondra « à moins qu’elle sente quelque chose de "suspicieux", car elle est sous la surveillance du Mossad et du Shin Bet 24 heures sur 24 ! ».

Toujours est-il qu'à ce jour, Lea Abramovitch n’a répondu à aucun de nos messages. En fait, cette fameuse « journaliste israélienne », qui est censée avoir des décennies d’expérience derrière elle, est une parfaite inconnue au bataillon. On retrouve bien des textes sur internet signés de ce nom ou d’un nom approchant mais aucun qui soit écrit par une journaliste professionnelle ayant travaillé pour la presse israélienne. La télévision israélienne, qui a enquêté sur l’affaire, n’est tout simplement pas parvenue à la retrouver. Selon Daniel Domscheit-Berg, il se pourrait même que cette « Leah Abramovitch », collaboratrice de SyriaTruth.info, soit une pure invention. « Manifestement, écrit-il, cette personne n’existe pas. Pourquoi cette rumeur a-t-elle circulé, je ne sais pas. J’ai mon idée sur la question et je pense que nous devrions lui consacrer plus de temps pour tirer cela au clair ».

Lea Abramovitch existe-t-elle ? Dans quel but SyriaTruth.info a-t-il diffusé une fausse information ? Quel est le véritable rôle de Nizar Nayouf dans cette affaire ? Qui se cache derrière le pseudonyme de « Likiweaks » ? Autant de questions qui demeurent sans réponse.

En attendant, Julian Assange a déclaré dans un entretien à Al-Jazeera le 23 décembre que sur les 251.000 câbles, 3700 concernaient Israël (dont 2700 seraient vraisemblablement en provenance de l’ambassade américaine de Tel-Aviv) et qu’ils seront prochainement analysés et rendus publics. Il a démenti tout accord visant à épargner ce pays et évoqué des documents « sensibles » sur la guerre israélo-libanaise de 2006 et sur l'assassinat, en janvier à Dubaï, du cadre du Hamas Mahmoud al-Mabhouh, attribué au Mossad (7).

Notes :
(1) Indymedia se présente comme un réseau fédérant des médias indépendants à travers le monde : « Indymedia se considère comme une sorte d’agence de presse collectivement gérée, pour créer des supports de communication radicaux et passionnés. Chaque independent media center (IMC) est un groupe autonome qui a ses propres statuts, contrôle ses propres finances et prend ses propres décisions par ses propres processus ».
(2) Interrogée sur ce point, la rédaction de SyriaTruth.info ne nous a pas répondu, bien qu’elle ait répondu à notre demande de contact.
(3) A l’heure où nous mettons en ligne ce texte, la page en question a été retirée du site. Nous avons pourtant pu sauvegarder un document pdf de SyriaTruth.info où Amira Hass est clairement citée comme collaboratrice du site (colonne de droite).
(4) Interrogé sur ce point, Nizar Nayouf nous répond : « Personne n’a jamais dit que al-Hakikah avait un partenariat avec Haaretz. Quant à Amira Hass : al-Hakikah traduit toujours ses articles publiés par Haaretz, ce qui est également fait avec d’autres journalistes réputés d’autres journaux. Donc, si quelqu’un a compris quelque chose de différent, c’est son problème, ce n’est pas le problème d’al-Hakikah ! » (courrier électronique du 26/12/2010). Ce que Nizar Nayouf ne nous dit pas, c’est que al-Hakikah (SyriaTruth.info) a une fâcheuse tendance à « oublier » de citer ses sources. Surprise : peu après notre échange, la photographie d’Amira Hass n’apparaît plus en page d’accueil du site (une capture d’écran du 25 décembre témoigne pourtant que la photographie et le nom en arabe d’Amira Hass apparaît sur la page d'accueil du site).
(5) On retrouve le nom d’Abdulselam Youssef sur le web comme porte-parole de la Platform Syrische Koerden in Nederland [Plateforme des Kurdes de Syrie aux Pays-Bas] (PSKN). Abdulselam Youssef se réclame également du Parti de l'unité démocratique kurde en Syrie (Yekiti) dans un texte posté sur le réseau Indymedia des Pays-Bas.
(6) Aucun journaliste professionnel au monde n’a une adresse e-mail de ce type…
(7) Cf. dépêche AFP du 23 décembre 2010.

Voir aussi :
* Wikileaks : comment la théorie du complot ''sioniste'' se répand sur le web
* Pourquoi Wikileaks travaille-t-il avec un négationniste notoire ?
* « Wikileaks manipulé par la CIA » : décryptage d’une théorie du complot

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Une rumeur se répand depuis maintenant trois semaines sur le web : Julian Assange aurait été payé par le gouvernement israélien afin de ne révéler aucune information susceptible de l’embarrasser. La manière dont l’intox a pu prospérer sur internet nous offre un cas exemplaire de désinformation conspirationniste.

La source de la rumeur est un article intitulé « Wikileaks aurait conclu un accord avec Israël » (titre original : WikiLeaks “Struck a Deal” to Keep Away Anything Damaging to Israel), apparu pour la première fois le 7 décembre dernier sur le site de l’Indymedia de la Baie de San Francisco (1), IndyBay.org. Il est signé sous le pseudonyme de « Likiweaks », ce qui ne permet pas d’identifier son auteur. Le texte a ensuite été traduit en français par un certain « Pétrus Lombard » (autre pseudonyme) et repris sur Vox N-R (le site de Christian Bouchet), AlterInfo.net (le site de Zeynel Cekici), Al-Manar (la chaîne de télévision du Hezbollah), Mondialisation.ca (le site de Michel Chossudovsky), Egalité & Réconciliation (le site de l’association d’Alain Soral) ou encore Info-Palestine.net. Le tout sans faire l'objet d'aucune vérification préalable - est-il nécessaire de le préciser ?

La principale « révélation » de ce texte : Daniel Domscheit-Berg, l’ancien bras droit de Julian Assange, aurait déclaré que le fondateur de Wikileaks a reçu une somme d’argent de la part de représentants « semi-officiels » (sic) du gouvernement israélien afin de retirer de tous les télégrammes diplomatiques américains rendus publics par Wikileaks ceux qui seraient susceptibles de nuire aux intérêts de l’Etat hébreu. La rencontre entre le cyberactiviste australien et les Israéliens aurait eu lieu à Genève et aurait même été enregistrée sur vidéo !

A l’origine de toute l’accusation : un unique article mis en ligne le 6 décembre 2010 sur un site web en langue arabe, SyriaTruth.info. Le texte est signé par une certaine Lea Abramovitch. Celle-ci aurait recueilli les propos de Daniel Domscheit-Berg par e-mail. Problème : ce dernier dément catégoriquement avoir jamais été en relation avec une personne de ce nom ou même avoir jamais témoigné de l’existence de contacts entre Julian Assange et des responsables israéliens…

Dans un communiqué publié sur le site Cryptome.org le 21 décembre, Daniel Domscheit-Berg écrit :

« J’ai été informé de cette rumeur [autour d’un prétendu accord secret entre Assange et Israël - NDLR] il y a quelques semaines et peu après du fait que mon nom apparaissait dans ces allégations. Je n’ai jamais parlé à personne de SyriaTruth ou à la reporter qui fait ces affirmations, et je ne sais rien d’un quelconque accord que Julian Assange aurait passé avec les Israéliens ».

Le 22 décembre, la rédaction de SyriaTruth.info riposte en s’étonnant que Daniel Domscheit-Berg ait « subitement décidé de revenir sur ses déclarations » et en promettant de publier pour le 23 décembre au soir la capture d’écran de l’un des courriers que Domscheit-Berg aurait envoyé à Lea Abramovitch. A ce jour pourtant, rien de tel n’a été mis en ligne (2).

Un site énigmatique

SyriaTruth.info (ou al-Hakikah, « la vérité ») est censé s’appuyer sur un important réseau de correspondants en Europe (Grande-Bretagne, Allemagne, Italie, Russie) et au Moyen-Orient (Israël, Syrie, Liban, Turquie). Ainsi, sur sa page d’accueil, le site se targue de compter parmi ses « collaborateurs » réguliers la journaliste israélienne Amira Hass, bien connue des lecteurs de Ha’aretz pour ses chroniques sur les Territoires palestiniens. Une page est même consacrée à la biographie de la journaliste (3). En fait, SyriaTruth.info se contente de reproduire les traductions en arabe de certains articles de Ha’aretz, avec qui il n’a aucun partenariat (4). Sous des apparences de sérieux, SyriaTruth.info est en fait un site basé à Wageningen, aux Pays-Bas, et administré par un certain Abdulselam Youssef (5) pour le compte du « Conseil national pour la vérité, la justice et la réconciliation en Syrie » (SYNATIC), une association consacrée à la dénonciation des violations des droits de l’homme en Syrie.

Nous avons tenté d’entrer en contact avec Lea Abramovitch. Sans succès. L’adresse e-mail fournie par le site (lia.abramovitch@syriatruth.info) renvoie un message d’erreur.

Nous nous sommes alors tourné vers Nizar Nayouf, président de SYNATIC et, surtout, rédacteur en chef de SyriaTruth.info. Celui-ci nous explique qu’il a été appelé à d’autres fonctions et qu’il a cédé sa place à une certaine Nadia Qassar-Dabaj en septembre 2010. Il nous invite à contacter directement Lea Abramovitch en nous communiquant sa nouvelle adresse e-mail : lea.abramovitch@gmail.com.

Etrangement, une adresse gmail est apparue sur la fiche biographique consacrée à Lea Abramovitch sur SyriaTruth.info, entre le 22 et le 23 décembre, comme si l’adresse avait été créée pour la circonstance. Plus surprenant encore, cette adresse (lia.abramovitch@gmail.com, avec un « i ») n’est pas la même que celle que nous a communiqué Nizar Nayouf.

Autre élément troublant : Daniel Domscheit-Berg a été contacté par Nizar Nayouf le 13 décembre 2010. Domscheit-Berg dit qu’après s’être aperçu que son nom était cité sur internet par SyriaTruth .info, il a tenté de contacter Nayouf mais que ce dernier n’a jamais donné suite à ses tentatives de contact. Nizar Nayouf, quant à lui, explique qu’il n’a jamais été contacté par Daniel Domscheit-Berg...

Si Nizar Nayouf est une personnalité connue et bien identifiée, il n’en va pas de même de Nadia Qassar-Dabaj. On ne sait que très peu de choses à son sujet à l’exception de ce qu’en dit… SyriaTruth.info. Elle résiderait en Italie où elle aurait pour nom de plume « Fabiana Marzocchini ». Quant à son adresse internet, elle laisse pour le moins perplexe : nadia.qassar@journalist.com (6). Dans un échange de mail daté du 24 décembre, la personne qui nous répond en se présentant comme étant Nadia Qassar-Dabaj nous explique qu’elle a toute confiance en sa « collègue » Lea Abramovitch
et que si l’adresse e-mail de cette dernière ne fonctionne pas, cela est dû à un problème technique, peut-être du fait de cyber-attaques. Elle a bon espoir que Lea Abramovitch nous répondra « à moins qu’elle sente quelque chose de "suspicieux", car elle est sous la surveillance du Mossad et du Shin Bet 24 heures sur 24 ! ».

Toujours est-il qu'à ce jour, Lea Abramovitch n’a répondu à aucun de nos messages. En fait, cette fameuse « journaliste israélienne », qui est censée avoir des décennies d’expérience derrière elle, est une parfaite inconnue au bataillon. On retrouve bien des textes sur internet signés de ce nom ou d’un nom approchant mais aucun qui soit écrit par une journaliste professionnelle ayant travaillé pour la presse israélienne. La télévision israélienne, qui a enquêté sur l’affaire, n’est tout simplement pas parvenue à la retrouver. Selon Daniel Domscheit-Berg, il se pourrait même que cette « Leah Abramovitch », collaboratrice de SyriaTruth.info, soit une pure invention. « Manifestement, écrit-il, cette personne n’existe pas. Pourquoi cette rumeur a-t-elle circulé, je ne sais pas. J’ai mon idée sur la question et je pense que nous devrions lui consacrer plus de temps pour tirer cela au clair ».

Lea Abramovitch existe-t-elle ? Dans quel but SyriaTruth.info a-t-il diffusé une fausse information ? Quel est le véritable rôle de Nizar Nayouf dans cette affaire ? Qui se cache derrière le pseudonyme de « Likiweaks » ? Autant de questions qui demeurent sans réponse.

En attendant, Julian Assange a déclaré dans un entretien à Al-Jazeera le 23 décembre que sur les 251.000 câbles, 3700 concernaient Israël (dont 2700 seraient vraisemblablement en provenance de l’ambassade américaine de Tel-Aviv) et qu’ils seront prochainement analysés et rendus publics. Il a démenti tout accord visant à épargner ce pays et évoqué des documents « sensibles » sur la guerre israélo-libanaise de 2006 et sur l'assassinat, en janvier à Dubaï, du cadre du Hamas Mahmoud al-Mabhouh, attribué au Mossad (7).

Notes :
(1) Indymedia se présente comme un réseau fédérant des médias indépendants à travers le monde : « Indymedia se considère comme une sorte d’agence de presse collectivement gérée, pour créer des supports de communication radicaux et passionnés. Chaque independent media center (IMC) est un groupe autonome qui a ses propres statuts, contrôle ses propres finances et prend ses propres décisions par ses propres processus ».
(2) Interrogée sur ce point, la rédaction de SyriaTruth.info ne nous a pas répondu, bien qu’elle ait répondu à notre demande de contact.
(3) A l’heure où nous mettons en ligne ce texte, la page en question a été retirée du site. Nous avons pourtant pu sauvegarder un document pdf de SyriaTruth.info où Amira Hass est clairement citée comme collaboratrice du site (colonne de droite).
(4) Interrogé sur ce point, Nizar Nayouf nous répond : « Personne n’a jamais dit que al-Hakikah avait un partenariat avec Haaretz. Quant à Amira Hass : al-Hakikah traduit toujours ses articles publiés par Haaretz, ce qui est également fait avec d’autres journalistes réputés d’autres journaux. Donc, si quelqu’un a compris quelque chose de différent, c’est son problème, ce n’est pas le problème d’al-Hakikah ! » (courrier électronique du 26/12/2010). Ce que Nizar Nayouf ne nous dit pas, c’est que al-Hakikah (SyriaTruth.info) a une fâcheuse tendance à « oublier » de citer ses sources. Surprise : peu après notre échange, la photographie d’Amira Hass n’apparaît plus en page d’accueil du site (une capture d’écran du 25 décembre témoigne pourtant que la photographie et le nom en arabe d’Amira Hass apparaît sur la page d'accueil du site).
(5) On retrouve le nom d’Abdulselam Youssef sur le web comme porte-parole de la Platform Syrische Koerden in Nederland [Plateforme des Kurdes de Syrie aux Pays-Bas] (PSKN). Abdulselam Youssef se réclame également du Parti de l'unité démocratique kurde en Syrie (Yekiti) dans un texte posté sur le réseau Indymedia des Pays-Bas.
(6) Aucun journaliste professionnel au monde n’a une adresse e-mail de ce type…
(7) Cf. dépêche AFP du 23 décembre 2010.

Voir aussi :
* Wikileaks : comment la théorie du complot ''sioniste'' se répand sur le web
* Pourquoi Wikileaks travaille-t-il avec un négationniste notoire ?
* « Wikileaks manipulé par la CIA » : décryptage d’une théorie du complot

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