Olivier Duhamel : Par tables de six ou sept, composées par le secrétaire général, afin de rencontrer des gens différents à chaque fois. Un chef de table veille à ce que les conversations soient collectives, que personne ne monopolise la parole, et que l'on ne s'emmerde pas.
C. W. : Comment entre-t-on au Siècle ?
O. D. : On ne se porte pas candidat. Des membres de l'association proposent, le Conseil d'administration étudie les propositions, discute, regarde s'il s'agit d'une personne intéressante, dont les activités professionnelles sont peu représentées, et, surtout, qui ne viendrait pas au Siècle pour démarcher une clientèle. Ce filtre passé, on devient invité, un temps non négligeable. Et le Conseil d'administration décide ensuite si la personne deviendra membre.
C. W. : Quel est l’objectif du Siècle ? Pourquoi se faire rencontrer, précisément, des patrons, des journalistes et des professionnels de la politique ?
O. D. : La liste est infiniment plus longue. Se rencontrent aussi des médecins, des écrivains, des avocats, des musiciens, des banquiers, des scientifiques, des militaires, des universitaires, des éditeurs, des évêques... Pour que les uns échangent avec les autres, sortent de leurs milieux, découvrent des univers qu'ils ne fréquentent pas. Nous vivons dans des couloirs ou derrière des cloisons, le Siècle ouvre des fenêtres et construit des ponts.
C. W. : Comprenez-vous que certains reprochent à cette institution du Siècle, son manque de transparence ?
O. D. : Transparence, transparence, l'on a dit « transparence », et l'on croit avoir tout dit. Le Siècle n'est pas particulièrement opaque, mais il n'a pas non plus à s'exhiber. Dans quelle société vivrions-nous s'il fallait rendre compte du choix de nos amis, de nos relations... ?
C. W. : Longtemps, les médias ont presque ignoré l’existence de ce type d'institutions élitistes et discrètes mais on sent monter, depuis quelques années, un véritable mouvement de protestation dirigé contre les lieux de réunion des « puissants », lesquels sont suspectés de fomenter de sombres machinations dans le dos du peuple. Que vous inspire cette contestation ? Est-ce que vous la trouvez saine ? Est-ce qu’au contraire elle vous inquiète ?
O. D. : Ni saine, ni inquiétante. Juste ridicule mais symptomatique. Ridicule car aucune machination ne s'est jamais fabriquée au Siècle. Quant à ceux de ses membres qui y auraient décidé quelque chose, ils n'ont aucun besoin du Siècle pour le faire. Symptomatique de l'obsession complotiste et de l'air du temps, populiste.
(Propos recueillis par échanges de courriers électroniques dans la semaine du 8 novembre 2010).
Voir aussi :
* Martine Aubry a dîné au "Siècle"… et après ?!
Olivier Duhamel : Par tables de six ou sept, composées par le secrétaire général, afin de rencontrer des gens différents à chaque fois. Un chef de table veille à ce que les conversations soient collectives, que personne ne monopolise la parole, et que l'on ne s'emmerde pas.
C. W. : Comment entre-t-on au Siècle ?
O. D. : On ne se porte pas candidat. Des membres de l'association proposent, le Conseil d'administration étudie les propositions, discute, regarde s'il s'agit d'une personne intéressante, dont les activités professionnelles sont peu représentées, et, surtout, qui ne viendrait pas au Siècle pour démarcher une clientèle. Ce filtre passé, on devient invité, un temps non négligeable. Et le Conseil d'administration décide ensuite si la personne deviendra membre.
C. W. : Quel est l’objectif du Siècle ? Pourquoi se faire rencontrer, précisément, des patrons, des journalistes et des professionnels de la politique ?
O. D. : La liste est infiniment plus longue. Se rencontrent aussi des médecins, des écrivains, des avocats, des musiciens, des banquiers, des scientifiques, des militaires, des universitaires, des éditeurs, des évêques... Pour que les uns échangent avec les autres, sortent de leurs milieux, découvrent des univers qu'ils ne fréquentent pas. Nous vivons dans des couloirs ou derrière des cloisons, le Siècle ouvre des fenêtres et construit des ponts.
C. W. : Comprenez-vous que certains reprochent à cette institution du Siècle, son manque de transparence ?
O. D. : Transparence, transparence, l'on a dit « transparence », et l'on croit avoir tout dit. Le Siècle n'est pas particulièrement opaque, mais il n'a pas non plus à s'exhiber. Dans quelle société vivrions-nous s'il fallait rendre compte du choix de nos amis, de nos relations... ?
C. W. : Longtemps, les médias ont presque ignoré l’existence de ce type d'institutions élitistes et discrètes mais on sent monter, depuis quelques années, un véritable mouvement de protestation dirigé contre les lieux de réunion des « puissants », lesquels sont suspectés de fomenter de sombres machinations dans le dos du peuple. Que vous inspire cette contestation ? Est-ce que vous la trouvez saine ? Est-ce qu’au contraire elle vous inquiète ?
O. D. : Ni saine, ni inquiétante. Juste ridicule mais symptomatique. Ridicule car aucune machination ne s'est jamais fabriquée au Siècle. Quant à ceux de ses membres qui y auraient décidé quelque chose, ils n'ont aucun besoin du Siècle pour le faire. Symptomatique de l'obsession complotiste et de l'air du temps, populiste.
(Propos recueillis par échanges de courriers électroniques dans la semaine du 8 novembre 2010).
Voir aussi :
* Martine Aubry a dîné au "Siècle"… et après ?!
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