Pour les conspirationnistes, les attentats de Londres sont une « opération sous faux pavillon » réalisée par les services secrets britanniques eux-mêmes.
Il y a cinq ans, Londres était ensanglanté par les premiers attentats suicides commis sur le sol britannique de toute l’histoire de l’Angleterre. Trois explosions dans le métro suivies, une heure plus tard, d’une quatrième dans un bus. A l’instar du 11-Septembre, le « 7/7 » (pour 7 juillet 2005) a fait et continue de faire les choux gras de l’industrie du conspirationnisme.
Pour ceux qui remettent en cause la version officielle (dont Thierry Meyssan, Alex Jones ou encore Webster Tarpley), il s’agirait d’une « opération sous faux pavillon » réalisée par les services secrets britanniques eux-mêmes, avec l’aide des Israéliens, dans le but d’instaurer un Etat policier au Royaume-Uni, de renforcer le soutien de l’opinion publique à la « Guerre contre la terreur » et d’avoir un prétexte pour persécuter les musulmans.
Cette théorie du complot constitue le cœur du propos d’une vidéo de 56 minutes apparue sur Internet il y a trois ans : 7/7 Ripple Effect – qu’on pourrait traduire par « Répercussions 7 Juillet ». D’après cette version, les quatre terroristes accusés d’avoir commandité les attaques-suicides ne seraient que des bouc-émissaires. Manipulés par les services secrets, ils auraient été amenés ce jour-là à voyager à Londres avec des sacs à dos. Contrairement à ce que prétend la version officielle, ils ne se seraient pas trouvés dans le métro au moment des explosions : ils auraient en réalité été abattus peu après et l'on se serait débarrassé de leurs corps. Quant aux charges explosives, ce seraient les services secrets britanniques eux-mêmes qui se seraient occupés de les installer et de les déclencher.
Film artisanal, 7/7 Ripple Effect s’ouvre sur les mots : “a Message from Muad’Dib”, pseudonyme que s’est choisi le narrateur en référence au personnage principal de Dune, l’un des plus célèbres romans de science-fiction au monde. L’univers de ce roman de Franck Herbert, est directement inspiré de la civilisation islamique avec des concepts centraux comme celui de djihad (guerre sainte). Il a été porté à l'écran par David Lynch. La vidéo de Muad’Dib en reprend d'ailleurs plusieurs extraits.
Le message de Muad’Dib
En 2009, la BBC a consacré l’une de ses émissions aux thèses complotistes qui entourent les attentats du 7 juillet 2005 (The Conspiracy Files, diffusé 18 juin 2009 ; voir la vidéo ici). Les journalistes britanniques sont parvenus à retrouver la trace du réalisateur de 7/7 Ripple Effect dans la petite ville de Kells, en Irlande. « Muad’Dib » s’appelle en réalité John Anthony Hill. Né en 1948 à Sheffield (R-U), John Hill signe également sous le pseudonyme de « Jah » et serait convaincu d’être le Messie. Il est d’ailleurs le fondateur du site JAH Truth.net dont la page d’accueil propose un lien vers les Protocoles des Sages de Sion (« l’un des plus importants documents au monde »), ainsi que la vérité sur les ovnis (« ils existent »), les prophéties de Nostradamus, les OGM, la mort de la princesse Diana, le Nouvel Ordre Mondial, Star Wars, etc. On y trouve même un « kit de survie pour Armageddon »… John Hill a été arrêté en février 2009. Il est sous le coup d’une procédure d’extradition vers le Royaume-Uni pour avoir tenté d’entraver l’action de la justice en envoyant des DVD de 7/7 Ripple Effect au juge et au président du jury dans un procès lié aux attentats du 7 juillet 2005.
La vidéo conspirationniste de John Hill a été largement reprise sur Internet. Le site internet ReOpen 911 la recommande chaudement à ses lecteurs : « Comme vous le verrez, les attentats de Londres du 7 juillet 2005 présentent des ressemblances troublantes avec ceux du 11 Septembre : réalisation ce jour-là d’exercices militaires simulant exactement les événements qui s’y sont produits, incohérences flagrantes dans la chronologie officielle, etc. »
Une copie du film a été envoyée au recteur de la Mosquée centrale de Birmingham, Mohammed Naseem qui, après avoir écoulé pas moins de 2 000 exemplaires de la vidéo au sein de sa mosquée, a déclaré à la BBC que 7/7 Ripple Effect était « plus convaincant que la version du gouvernement ». La chaîne britannique rapporte sur son site que lors de la prière du vendredi, Naseem a fait un test en demandant à ses ouailles de lever la main s’ils n’approuvaient pas les conclusions du gouvernement sur les attentats. La quasi-totalité des fidèles a levé la main.
Le Dr. Mohammed Naseem est un personnage pour le moins controversé. Trois semaines après les attentats du 7 juillet 2005, il provoquait un tollé en confiant à la BBC : « Je ne pense pas qu’Al-Qaïda existe car nous, musulmans du monde entier, nous ne connaissons pas cette organisation. […] Les seules informations qu’il y a sur cette organisation viennent de la CIA. Or, la CIA n’est pas connue pour dire la vérité » (1).
Mohammed Naseem est le porte-parole de l’Islamic Party of Britain, un mouvement islamiste fondé par David Musa Pidcock. Ce dernier est un Britannique converti à l’islam. Il est l’auteur d’un brulot antisémite publié quelques années après l’affaire Rushdie (2). Se déclarant proche de George Galloway, Naseem est un supporter du Respect Party, dont la présidente n’est autre que Salma Yaqoob, l’une des porte-paroles de la Mosquée centrale de Birmingham que dirige Mohammed Naseem.
Conspirationnistes, révisionnistes : même combat !
En avril 2009, une maison d’édition spécialisée dans les théories du complot, Progressive Press (3), a publié un livre expliquant que le 7/7 aurait été fomenté par le MI6, la CIA et le Mossad : Terror on the Tube: Behind the Veil of 7/7, an Investigation [tr. fr. : « Terreur dans le Métro. Derrière le voile du 7/7, une enquête »]. L’auteur, Nick Kollerstrom, est astronome et membre du Respect Party de Salma Yaqoob. A ses heures perdues, il se fait également « historien », tendance révisionniste : en avril 2008, il a été licencié de l’University College London (UCL) après avoir publié un article intitulé « The Auschwitz “Gas Chamber” Illusion » sur un site négationniste. L’introduction de l’ouvrage a été rédigée par Kevin Barrett, un conférencier américain bien connu au sein du 9/11 Truth Movement et qui reconnaît partager le scepticisme de Kollerstrom sur la réalité de l’Holocauste.
A ce jour, les autorités britanniques estiment superflues la mise en place d’une commission d’enquête indépendante, d’autant que les attentats du 7 juillet 2005 ont fait l’objet de deux rapports parlementaires rendus publics en mai 2006 (Report into the London Terrorist Attacks on 7 July 2005) et mai 2009 (Could 7/ 7 have been prevented ? Review of the intelligence on the London terrorist attacks on 7 July 2005). En outre, la veille des attentats, deux des quatre kamikazes, Mohammad Sidique Khan et Shehzad Tanweer, ont enregistré des vidéos dans lesquelles ils faisaient part de leurs intentions terroristes. Les films ont été diffusés sur Al-Jazeera le 1er septembre 2005 et le 6 juillet 2006.
Les attentats du 7 juillet 2005 ont fait 52 victimes innocentes et 784 blessés.
Notes :
(1) “ Call for mosque chairman to quit ”, BBC, 28 juillet 2005.
(2) David « Musa » Pidcock est l’auteur d’un brûlot violemment antisémite intitulé Satanic Voices Ancient & Modern (Mustaqim, 1992). L’ouvrage, qui se base sur les Protocoles des Sages de Sion, dénonce les écrits du romancier Salman Rushdie et sa prétendue compromission avec une vaste conspiration juive internationale.
(3) Voir Webster G. Tarpley démasqué.
Pour les conspirationnistes, les attentats de Londres sont une « opération sous faux pavillon » réalisée par les services secrets britanniques eux-mêmes.
Il y a cinq ans, Londres était ensanglanté par les premiers attentats suicides commis sur le sol britannique de toute l’histoire de l’Angleterre. Trois explosions dans le métro suivies, une heure plus tard, d’une quatrième dans un bus. A l’instar du 11-Septembre, le « 7/7 » (pour 7 juillet 2005) a fait et continue de faire les choux gras de l’industrie du conspirationnisme.
Pour ceux qui remettent en cause la version officielle (dont Thierry Meyssan, Alex Jones ou encore Webster Tarpley), il s’agirait d’une « opération sous faux pavillon » réalisée par les services secrets britanniques eux-mêmes, avec l’aide des Israéliens, dans le but d’instaurer un Etat policier au Royaume-Uni, de renforcer le soutien de l’opinion publique à la « Guerre contre la terreur » et d’avoir un prétexte pour persécuter les musulmans.
Cette théorie du complot constitue le cœur du propos d’une vidéo de 56 minutes apparue sur Internet il y a trois ans : 7/7 Ripple Effect – qu’on pourrait traduire par « Répercussions 7 Juillet ». D’après cette version, les quatre terroristes accusés d’avoir commandité les attaques-suicides ne seraient que des bouc-émissaires. Manipulés par les services secrets, ils auraient été amenés ce jour-là à voyager à Londres avec des sacs à dos. Contrairement à ce que prétend la version officielle, ils ne se seraient pas trouvés dans le métro au moment des explosions : ils auraient en réalité été abattus peu après et l'on se serait débarrassé de leurs corps. Quant aux charges explosives, ce seraient les services secrets britanniques eux-mêmes qui se seraient occupés de les installer et de les déclencher.
Film artisanal, 7/7 Ripple Effect s’ouvre sur les mots : “a Message from Muad’Dib”, pseudonyme que s’est choisi le narrateur en référence au personnage principal de Dune, l’un des plus célèbres romans de science-fiction au monde. L’univers de ce roman de Franck Herbert, est directement inspiré de la civilisation islamique avec des concepts centraux comme celui de djihad (guerre sainte). Il a été porté à l'écran par David Lynch. La vidéo de Muad’Dib en reprend d'ailleurs plusieurs extraits.
Le message de Muad’Dib
En 2009, la BBC a consacré l’une de ses émissions aux thèses complotistes qui entourent les attentats du 7 juillet 2005 (The Conspiracy Files, diffusé 18 juin 2009 ; voir la vidéo ici). Les journalistes britanniques sont parvenus à retrouver la trace du réalisateur de 7/7 Ripple Effect dans la petite ville de Kells, en Irlande. « Muad’Dib » s’appelle en réalité John Anthony Hill. Né en 1948 à Sheffield (R-U), John Hill signe également sous le pseudonyme de « Jah » et serait convaincu d’être le Messie. Il est d’ailleurs le fondateur du site JAH Truth.net dont la page d’accueil propose un lien vers les Protocoles des Sages de Sion (« l’un des plus importants documents au monde »), ainsi que la vérité sur les ovnis (« ils existent »), les prophéties de Nostradamus, les OGM, la mort de la princesse Diana, le Nouvel Ordre Mondial, Star Wars, etc. On y trouve même un « kit de survie pour Armageddon »… John Hill a été arrêté en février 2009. Il est sous le coup d’une procédure d’extradition vers le Royaume-Uni pour avoir tenté d’entraver l’action de la justice en envoyant des DVD de 7/7 Ripple Effect au juge et au président du jury dans un procès lié aux attentats du 7 juillet 2005.
La vidéo conspirationniste de John Hill a été largement reprise sur Internet. Le site internet ReOpen 911 la recommande chaudement à ses lecteurs : « Comme vous le verrez, les attentats de Londres du 7 juillet 2005 présentent des ressemblances troublantes avec ceux du 11 Septembre : réalisation ce jour-là d’exercices militaires simulant exactement les événements qui s’y sont produits, incohérences flagrantes dans la chronologie officielle, etc. »
Une copie du film a été envoyée au recteur de la Mosquée centrale de Birmingham, Mohammed Naseem qui, après avoir écoulé pas moins de 2 000 exemplaires de la vidéo au sein de sa mosquée, a déclaré à la BBC que 7/7 Ripple Effect était « plus convaincant que la version du gouvernement ». La chaîne britannique rapporte sur son site que lors de la prière du vendredi, Naseem a fait un test en demandant à ses ouailles de lever la main s’ils n’approuvaient pas les conclusions du gouvernement sur les attentats. La quasi-totalité des fidèles a levé la main.
Le Dr. Mohammed Naseem est un personnage pour le moins controversé. Trois semaines après les attentats du 7 juillet 2005, il provoquait un tollé en confiant à la BBC : « Je ne pense pas qu’Al-Qaïda existe car nous, musulmans du monde entier, nous ne connaissons pas cette organisation. […] Les seules informations qu’il y a sur cette organisation viennent de la CIA. Or, la CIA n’est pas connue pour dire la vérité » (1).
Mohammed Naseem est le porte-parole de l’Islamic Party of Britain, un mouvement islamiste fondé par David Musa Pidcock. Ce dernier est un Britannique converti à l’islam. Il est l’auteur d’un brulot antisémite publié quelques années après l’affaire Rushdie (2). Se déclarant proche de George Galloway, Naseem est un supporter du Respect Party, dont la présidente n’est autre que Salma Yaqoob, l’une des porte-paroles de la Mosquée centrale de Birmingham que dirige Mohammed Naseem.
Conspirationnistes, révisionnistes : même combat !
En avril 2009, une maison d’édition spécialisée dans les théories du complot, Progressive Press (3), a publié un livre expliquant que le 7/7 aurait été fomenté par le MI6, la CIA et le Mossad : Terror on the Tube: Behind the Veil of 7/7, an Investigation [tr. fr. : « Terreur dans le Métro. Derrière le voile du 7/7, une enquête »]. L’auteur, Nick Kollerstrom, est astronome et membre du Respect Party de Salma Yaqoob. A ses heures perdues, il se fait également « historien », tendance révisionniste : en avril 2008, il a été licencié de l’University College London (UCL) après avoir publié un article intitulé « The Auschwitz “Gas Chamber” Illusion » sur un site négationniste. L’introduction de l’ouvrage a été rédigée par Kevin Barrett, un conférencier américain bien connu au sein du 9/11 Truth Movement et qui reconnaît partager le scepticisme de Kollerstrom sur la réalité de l’Holocauste.
A ce jour, les autorités britanniques estiment superflues la mise en place d’une commission d’enquête indépendante, d’autant que les attentats du 7 juillet 2005 ont fait l’objet de deux rapports parlementaires rendus publics en mai 2006 (Report into the London Terrorist Attacks on 7 July 2005) et mai 2009 (Could 7/ 7 have been prevented ? Review of the intelligence on the London terrorist attacks on 7 July 2005). En outre, la veille des attentats, deux des quatre kamikazes, Mohammad Sidique Khan et Shehzad Tanweer, ont enregistré des vidéos dans lesquelles ils faisaient part de leurs intentions terroristes. Les films ont été diffusés sur Al-Jazeera le 1er septembre 2005 et le 6 juillet 2006.
Les attentats du 7 juillet 2005 ont fait 52 victimes innocentes et 784 blessés.
Notes :
(1) “ Call for mosque chairman to quit ”, BBC, 28 juillet 2005.
(2) David « Musa » Pidcock est l’auteur d’un brûlot violemment antisémite intitulé Satanic Voices Ancient & Modern (Mustaqim, 1992). L’ouvrage, qui se base sur les Protocoles des Sages de Sion, dénonce les écrits du romancier Salman Rushdie et sa prétendue compromission avec une vaste conspiration juive internationale.
(3) Voir Webster G. Tarpley démasqué.
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