« 1/ Il n’est d’autre vérité à la télévision que celle du direct.
2/ Le seul direct qui – à la limite – vaille le coup, c’est la mort.
3/ La seule preuve de la mort est la possibilité de produire un cadavre ».
Serge Daney (1)
Loose Change est le titre d’une série de documentaires, réalisés par Dylan Avery et disponibles depuis 2005 sur l’internet (2), défendant la thèse selon laquelle le 11-Septembre serait une opération intérieure (inside job) menée avec la complicité de l’administration Bush (3). Cette théorie conspirationniste se fonde sur le relevé et l’analyse d’anomalies dans la version officielle, «menue monnaie » de questions et d’évidences cachées qu’Avery ne voudrait pas laisser perdre et qui donne leur titre aux films. Le procédé consiste en un commentaire off par le réalisateur sur les documents-preuves : enregistrements vidéo ou audio du 11-Septembre, extraits de documents officiels, images numériques pour donner à voir ce qui n’a pu être filmé, témoignages de rescapés, etc.
LA MENUE MONNAIE DU NET
Les films d’Avery ne connurent une véritable audience qu’à partir de la deuxième version, qualifiée en 2006 de « premier blockbuster internet » par le magazine Vanity Fair (14), et, bien que nombre de chercheurs indépendants s’accordent à dire que la plupart des assertions du film sont fausses, plus d’un million d’éditions DVD auraient été vendues et les téléchargements sur l’internet, toutes versions confondues, se compteraient aujourd’hui en dizaine de millions.
IMAGE-PREUVE ou IMAGE-TROMPEUSE ? SAINT THOMAS CONTRE ZAPRUDER
« You basically have to ask yourself : “Am I going to trust my
own eyes, or am I going to trust the government ?” »
Dylan Avery (16)
« Nonobstant le respect que l’on doit à la haute qualité des
"témoins oculaires", officiers et parlementaires, il est
impossible d’avaler de telles balivernes. Loin de créditer leur
déposition, la qualité de ces témoins ne fait que souligner
l’importance des moyens déployés par l’armée des États-
Unis pour travestir la vérité ».
Thierry Meyssan (17)
Puisque la stratégie rhétorique des conspirationnistes consiste à renverser la thèse à argumenter, il s’agira moins de démontrer qu’aucun avion ne s’est écrasé contre le Pentagone que d’attendre que le gouvernement prouve « de manière irréfutable » que tel était bien le cas. On a dit le profit que Loose Change, via le médium internet et les nouvelles technologies, tire de cette inversion rhétorique. Mais, en amont, cette stratégie se fonde sur un postulat implicite – leitmotiv des théories du complot sans pour autant en être l’apanage – qui prend une valeur nouvelle dans le « tout-image » contemporain : si quelque chose existe, il doit avoir été vu ; soit désormais : « Il doit en exister une image. » Autrement dit encore, nous avons affaire à une version contemporaine de l’argument de saint Thomas qui refusait de croire en la Résurrection du Christ tant qu’il n’aurait pas vu les marques de la Crucifixion (18). Ne « croire que ce que l’on voit » appelle ici à ne pas croire ce que l’on n’a pas vu : à une époque où nous sommes assiégés d’images et où chaque individu est susceptible d’en produire, leur absence se fait immédiatement suspecte (19). Par un curieux renversement qu’exprime la citation de Meyssan en exergue, le témoignage d’autrui est alors non seulement sans valeur mais se fait une preuve a contrario, la parole sans l’image prenant la figure du mensonge. Réciproquement, le refus de croire ce que l’on n’a pas vu soi-même entraîne la survalorisation de l’image filmée qui devient paradoxalement synonyme de vision propre et d’autonomie du jugement.
Le conspirationniste contemporain est donc celui qui attend une preuve « en image », et ce jusqu’à l’absurde. Avery en fournit un exemple morbide en exigeant qu’on lui montre les cadavres du vol 93 écrasé en Pennsylvanie : il soutient, dans les premières versions de Loose Change comme dans ses interviews, qu’il n’y avait pas de passagers à bord de ce vol et que cet épisode n’est qu’une mascarade parce qu’on n’a pu « voir » aucune des victimes pulvérisées lors du crash. De la déclaration d’un médecin légiste dépêché sur place disant qu’il fut dans l’impossibilité de faire son travail parce qu’il ne restait aucun corps (21), Avery ne retient que la lettre et non le sens. Peu lui importe qu’on ait retrouvé sur place des milliers de débris humains qui ont permis d’identifier les passagers. Comme l’écrivait Daney, il lui faut les cadavres (22).
À l’inverse, lorsqu’il y a image, le syndrome de Saint-Thomas, dans son versant « positif », en nie l’ambiguïté : il donne à ce qui est montré force d’argument irréfutable, abolissant l’écart qui sépare la perception du jugement, c’est-à-dire l’image de la preuve. La défense de la thèse dite de la « démolition contrôlée » repose par deux fois sur un tel usage des images des Twin Towers. Le premier procédé consiste à incruster un chronomètre sur la séquence de l’effondrement des tours pour montrer qu’elles sont tombées à une vitesse proche de celle de la chute libre et ainsi démontrer que, si rien n’a ralenti cette chute, c’est que le bâtiment avait été «miné » comme lors d’une démolition contrôlée (23). Le second usage de ces images, tout aussi littéralement spectaculaire, consiste à isoler par un double procédé de cadrage et de zoom diverses explosions visibles pendant l’effondrement. La puissance rhétorique de ces deux séquences tient à ce qu’Avery semble s’en tenir à exhiber ce qui se trouvait déjà dans l’image. Fait rare dans Loose Change, ces deux passages sont d’ailleurs muets : aucun discours ne semble devoir s’ajouter ici à l’évidence du visible.
Cette posture repose sur la certitude qu’une image peut parler d’elle-même, soit in fine sur la croyance en l’univocité du visible. Car les images de Loose Change ne prouvent évidemment rien : voir des fenêtres voler en éclats ne signifie pas qu’il y ait eu une explosion volontaire, de même que le choix du point de vue sur les tours importe pour en calculer le temps de chute ou ne nous dit rien sur l’état des structures à l’intérieur des bâtiments (26). Loose Change gage de la « vérité » de l’image exactement comme tout un pan du cinéma américain contemporain use au contraire aujourd’hui de sa « fausseté » grâce au numérique : tous ces films ont en commun de vouloir faire de l’image non plus le lieu de la perception, mais du jugement, à des fins de manipulation (manipulation du spectateur pour son plus grand plaisir dans un cinéma de l’illusion) ou d’argumentation (dont on jugera dès lors qu’elle s’apparente à de la manipulation). Cette idéologie du visible consiste à poser que voir équivaut à savoir et conduit à manquer la nature véritable de l’image : de même qu’une apparence n’est ni authentique ni trompeuse, une image n’est à proprement parler ni vraie ni fausse. Le succès de Loose Change trahit donc la prégnance d’une croyance fondamentale en la valeur indicielle de l’image. Presque quarante ans auparavant, l’Amérique s’était pourtant heurtée aux limites du visible en étant confrontée à une image qui devait demeurer muette : le court film amateur d’Abraham Zapruder qui saisit l’assassinat de Kennedy dans un plan-séquence de vingt-six secondes. Ce document montrait tout et cependant n’expliquait rien : il donnait à vo
ir l’assassinat sans jamais en livrer la clef. Cette tension à l’oeuvre dans l’image fut telle qu’elle provoqua selon Jean-Baptiste Thoret l’effondrement du pacte américain de la transparence qui avait jusque-là uni le réel et le visible :
« La tragédie de Dallas eut un retentissement sans précédent et l’existence d’un film spectaculaire censé détenir la vérité d’un événement – incompréhensible par ailleurs – et dont l’analyse s’avérera inefficace – à l’heure qu’il est, personne ne connaît le fin mot de l’histoire –, porta un coup fatal au principe de transparence sur lequel était fondé le cinéma hollywoodien classique et, plus largement, à une idéologie du visible supposant l’adéquation parfaite entre la perception des phénomènes et leur compréhension » (27).
La vogue des écrits et des documentaires du type de Loose Change marque comme un retour en arrière par rapport à ce cinéma : la rhétorique d’Avery ne prouve finalement rien d’autre que l’utopie contemporaine et nostalgique d’une image « vraie ». Cette régression apparente se joue dans la relation à la fois de proximité et de différence radicale qui existe entre le film de Zapruder et le traitement médiatique du 11-Septembre :
« L’Amérique, quelques heures à peine après la chute des tours, fut gagnée par ce que l’on pourrait appeler le syndrome Zapruder. Afin de ne pas laisser l’interprétation et les conjectures s’installer, les télévisions ont très vite neutralisé les premières images de l’événement. C’est alors que débuta la seconde phase d’un traitement médiatique fondé sur l’accumulation des images et des points de vue, à laquelle participèrent des dizaines de chaînes locales et des vidéastes amateurs, trop heureux de voir leur contribution s’intégrer au plus grand récit de l’histoire de la télévision américaine. Comme s’il fallait impérativement conjurer le manque originel du film de Zapruder et ne pas laisser le hors-champ des premières images du 11 septembre aux herméneutes de tous bords. Contre le plan-séquence, le surdécoupage. Contre la faille, la surenchère ». (29)
L’existence de Loose Change démontre l’échec de cette politique médiatique en vertu, non d’une insuffisance contingente, mais de la logique même de cette politique et de la nature du visible : toute image supplémentaire est non seulement aussi impuissante à donner un sens qui n’y figure pas, mais représente de plus un risque de « brouillage », c’est-à-dire la possibilité de faire jouer sans fin une image contre une autre. Au final, l’effet pervers de cette accumulation ne peut être que de conduire à la survalorisation de l’image manquante : si nous avons tant d’images, comment se fait-il que nous n’en ayons aucune de l’avion sur le Pentagone, du crash du vol 93 en Pennsylvanie ou encore des djihadistes dans les avions ? Le « syndrome de Zapruder » devait engendrer le syndrome de Saint-Thomas. Le corollaire d’une idéologie du visible mise à mal est à terme d’exiger l’exhaustivité, soit l’infinité irréalisable des points de vue. Paradigme de scepticisme apparent, l’argument de saint Thomas fournirait donc la clef de compréhension d’un rapport à la vérité et au politique qui se joue désormais dans l’image filmique. En prétendant se donner comme modèle d’esprit critique, cet argument s’inverse en l’expression nouvelle d’une superstition sans âge : la croyance en une image qui pourrait être autre chose qu’une image.
Notes :
(1) Serge Daney, «Nicolae et Elena lèguent leurs corps à la télé », paru initialement dans Libération du 26 avril 1990 et repris dans Devant la recrudescence des vols de sacs à main, Lyon, Aléas, 1997, p. 144.
(2) Les différentes versions de Loose Change sont aisément visibles sur le site loosechange911.com ou encore sur dailymotion.
(3) Les théories du complot sur le 11-Septembre se divisent principalement en deux camps : ceux qui croient que des agents à l’intérieur du gouvernement américain organisèrent et exécutèrent les événements du 11-Septembre, et ceux qui croient que le gouvernement avait « seulement » connaissance des attaques terroristes et ne fit rien pour les empêcher. C’est la thèse « forte », la première, que défend Loose Change. La théorie de la démolition contrôlée du World Trade Center et l’affirmation selon laquelle il n’y aurait pas eu d’avion sur le Pentagone – thèses minoritaires au sein du “9/11 Truth Movement” – constit
ueraient deux points de démarcation clairs entre les deux camps.
(4) Voir dernièrement le compte rendu de Loose Change dans l’émission de divertissement de Canal + « L’édition spéciale » du 11 septembre 2008.
(5) Voir sur www.911podcasts.com l’interview d’Avery et de ses deux producteurs Rowe et Bermas dans l’émission radio “The Fred McChesney Show” du 15 avril 2006 où il est question de l’implication du Mossad dans les attentats du 11-Septembre. Voir aussi l’entretien téléphonique d’Avery, Rowe et Bermas avec Eric Hufschmid le 28 avril 2006 ; Avery y déclare : « Là-dessus croyez-nous : nous avons parfaitement conscience des Illuminati et du Nouvel ordre mondial, et nous avons parfaitement conscience qu’il y a des gens qui veulent un État entièrement juif. Nous savons que toutes ces choses existent, mais ce n’est pas notre propos. Votre vidéo et celle d’Alex Jones traitent merveilleusement ces choses, et nous n’avons aucunement besoin de traiter les mêmes sujets. »
(6) Voir par exemple la manière dont a tourné le débat sur le forum internet du site de la RTBF à propos de son reportage « 9/11 : nous a-t-on caché la vérité ? », mis en ligne le 10 septembre 2008.
(7) Loose Change fait l’objet de critiques scientifiques et précises aussi bien de la part de membres du “9/11 Truth Movement” comme Michael Green que de chercheurs indépendants comme Mark Roberts. L’analyse de Michael Green est disponible sur le site www.911research.com. On trouvera le Loose Change Viewer Guide de Mark Roberts sur www.loosechangeguide.com : il consiste en la transcription complète de Loose Change Second Edition accompagnée de commentaires et critiques point par point. On mentionnera aussi que l’ouvrage de Guillaume Dasquié et Jean Guisnel, L’Effroyable mensonge. Thèse et foutaises sur les attentats du 11 septembre, Paris, La Découverte, 2002, reprend un certain nombre de points soulevés dans Loose Change en répondant à Meyssan. Enfin on pourra se référer à Antoine Vitkine, Les Nouveaux imposteurs, Paris, La Martinière, 2005.
(8) Contrairement à l’icône ou au symbole, l’indice est en continuité avec le référent : il y renvoie directement et possède donc avec lui quelque chose de commun. Ainsi, la fumée est l’indice du feu. Cette distinction, issue de Pierce et de sa théorie du signe, renvoie immédiatement à la question du témoignage et de la preuve. Car poser qu’une image est indicielle, c’est dire qu’elle garantit un accès véritable aux choses dont elle est l’image et, par là, qu’elle peut en être la preuve.
(9) Voici la transcription exacte de la déclaration de Christine Boutin dans l’émission de Karl Zéro en novembre 2006. À la question démagogiquement tutoyante « est-ce que tu penses que Bush peut être à l’origine de ces attentats ? », elle répond : « Je pense que c’est possible. Et je le pense d’autant plus que je sais que les sites qui parlent de ces problèmes sont des sites qui ont les plus [forts] taux de visite. Et je me dis, moi qui suis très sensibilisée au problème des nouvelles techniques de l’information et de la communication, je me dis que cette expression de la masse, et du peuple, ne peut être sans aucune vérité. » Voir www.rue89.com/mon-oeil/11septembre-boutin-icône-des-complotistes
(10) Initialement le film devait être une fiction : après avoir essuyé un second échec pour entrer à la Film School de Purchase College, Dylan Avery eut le projet de faire un film sur un groupe d’amis découvrant que les attaques du 11-Septembre étaient un complot mené de l’intérieur. Avery entama ses recherches en mai 2002 et finit par être convaincu par sa propre démonstration. On rappellera pour mémoire que Thierry Meyssan publia L’Effroyable imposture (Chatou, Éd. Carnot) en mars 2002.
(11) Est ainsi supprimée la « théorie du pod » selon laquelle les avions qui ont percuté les tours du World Trade Center seraient des drones contrôlés à distance et non des vols commerciaux.
(12) Avery en profita aussi pour corriger quelques erreurs qui donnent une bonne idée de la rigueur des versions précédentes : l’avion qui avait percuté l’Empire State Building en 1945 n’est plus un B-52 mais bien un B-25, ce qui représente moins du tiers de la taille d’un B-52. Il procéda également à quelques ajouts savoureux : comme preuve supplémentaire qu’il ne s’agirait pas de Ben Laden sur la vidéo où il revendique le 11-Septembre, l’auteur de Loose Change, apparemment peu au fait des coutumes musulmanes, s’étonne de le voir manger de la main droite alors qu’il serait officiellement gaucher.
(13) David Ray Griffin est un universitaire, anciennement professeur de philosophie des religions et de théologie. Il est l’auteur du Nouveau Pearl Harbor. 11 septembre : questions gênantes à l’administration Bush, Paris, Demi Lune, 2004, qui présente les attentats du 11-Septembre comme le résultat d’un complot, puis en 2006 d’une critique de la Commission d’enquête (Omissions et manipulations de la Commission d’enquête sur le 11 septembre), et en 2007 de 11 Septembre, la faillite des médias, une conspiration du silence. Il fait partie du mouvement “9/11 Truth Movement” et plus spécifiquement de son émanation universitaire et scientifique, le “Scholars for 9/11 Truth and Justice”. (A noter qu'une ultime version de Loose Change intitulée An American Coup est sortie six mois après la publication de l'article d'Aurélie Ledoux, fin 2009 - NDLR).
(14) “Vanity Fair Online”, article de Nancy Jo Sales, août 2006. Voir www.vanityfair.com
(15) Voir le « Prologue » du film : « Pourquoi un pourcentage croissant de la population mondiale devenait de plus en plus sceptique sur les événements du 11-Septembre ? Était-ce une tendance naturelle à croire le pire sur le gouvernement américain ? Ou était-ce une inquiétude légitime qui devint seulement plus importante avec le temps ? […] Tous ces gens étaient-ils fous ? »
(16) Émission “The Edge AM” : Daniel Ott reçoit Dylan Avery le 13 mai 2006. Voir www.theedgeam.com/interviews/Dylan_Avery_05.13.06.mp3
(17) Thierry Meyssan, L’Effroyable imposture, op. cit., p. 23.
(18) En vérité, saint Thomas dit moins « si je ne vois » que « si je ne touche » : il demande à mettre sa main dans les plaies du Christ pour s’assurer qu’il n’y a pas supercherie.
(19) Se lit en creux dans ce raisonnement le rêve-cauchemar leibnizien d’une mégapole américaine où chaque individu serait effectivement un point de vue sur le monde susceptible d’en donner une image photographique ou même filmique, fantasme que les téléphones portables désormais communément équipés d’appareil photo numérique n’ont pas fini d’entretenir.
(20) « Le fait que, parmi toutes les vidéos qui ont été diffusées, aucune d’
entre elles ne montre clairement un 757 », Loose Change Final Cut, 48e minute.
(21) Voir Loose Change Second Edition, 58e minute : « J’ai arrêté d’être médecin légiste au bout de vingt minutes environ parce qu’il n’y avait là aucun corps. »
(22) Sur ce lien essentiel entre l’inversion de la position à défendre et le syndrome de Saint-Thomas, voir aussi la déclaration de Jason Bermas, producteur et « enquêteur » de Loose Change, à propos des vols 77 et 93 : « Nous n’avons pas dit que ces gens étaient à bord des avions, donc ce n’est pas à nous de donner une preuve. C’est le gouvernement qui dit que ces corps et ces gens sont à bord des avions, qu’on vienne nous montrer les photos. Qu’on nous montre les parties qui restent des corps. » Interview d’Avery, Rowe et Bermas du 15 avril 2006 dans The Fred McChesney Show, voir supra ou encore sur www.911truthseekers.org
(23) L’argument de la chute libre intervient à la 35e minute dans Loose Change Second Edition Recut et à la 69e minute dans Loose Change Final Cut. La tour sud du World Trade Center mesurant 415 mètres, elle devrait selon la loi de Galilée mettre 9,2 secondes à tomber en chute libre. La séquence de Loose Change donne en effet le sentiment que la tour s’effondre en une dizaine de secondes.
(24) Voir Le Pentagate, sous la direction de Thierry Meyssan, Chatou, Éd. Carnot, 2002, p. 34 : « Les premiers témoignages recueillis et publiés l’ont été dans un article du Washington Post daté du mardi 11 septembre 2001, à 16 h 59. Parce qu’il est la première recension de témoins, c’est un document d’une valeur précieuse. Les témoignages sont en effet encore susceptibles de ne pas être l’objet d’une réelle reconstruction, puisque le rouleau compresseur médiatique vient à peine de se mettre en mouvement. » C’est nous qui soulignons.
(25) J.-J. Rousseau, Essai sur l’origine des langues, chap. III : «Que le premier langage dut être figuré », Œuvres complètes, t. V, Paris, Gallimard, 1995, p. 38. On rappellera que c’est précisément sur ce principe que Rousseau fonde sa thèse selon laquelle le premier langage, s’il est bien né des passions, devait avoir été un langage figuré : la première impression résultant de l’émotion appelait un mot qui devait devenir l’emploi figuré dès lors que l’esprit, calmé et éclairé, reconnaissait son erreur et appelait de son vrai nom les choses vues sous leur vraie forme.
(26) Sur ces deux points, voir la réfutation de Mark Roberts, qui est en bonne et due forme l’annihilation de la « preuve par l’image » de Loose Change.
(27) Jean-Baptiste Thoret, 26 secondes, l’Amérique éclaboussée : l’assassinat de JFK et le cinéma américain, Pertuis, Rouge profond, 2003, p. 39.
(28) Ibid., p. 39-40.
(29) J.-B. Thoret, 26 secondes, l’Amérique éclaboussée…, op. cit., p. 183.
(30) Voir Loose Change Second Edition, 34e minute : « Les Twin Towers étaient faites de 200 000 tonnes d’acier, de 325 000 mètres cubes de ciment, de 103 ascenseurs, de 43 600 fenêtres, de 60 000 tonnes d’équipement de climatisation, et d’une antenne de télévision de 110 mètres de haut. La base de chaque tour faisait 26 mètres sur 41 et était constituée de 47 colonnes d’une épaisseur d’un mètre sur 40 cm. La tour Nord fut achevée en 1970, s’élevant à 417 mètres, et la tour Sud fut achevée en 1973, tirant à 415 mètres, faisant d’elles les plus grands immeubles du monde jusqu’en 1974 et l’achèvement des Sears Towers. Et quand on pense que le gouvernement veut nous faire croire que ces énormes structures furent détruites par 38 000 litres de kérosène. » Cet argument sera également repris et développé dans Loose Change Final Cut.
(31) Voir cette citation éloquente du général Leonid Ivashov, chef d’état-major des armées russes le 11 septembre 2001 : « Oussama ben Laden et “Al-Qaïda” ne peuvent être ni les organisateurs ni les exécutants des attentats du 11 septembre. Ils ne possèdent ni l’organisation requise pour cela, ni les ressources intellectuelles, ni les cadres nécessaires. Par conséquent, une équipe de professionnels a dû être formée et les kamikazes arabes jouent le rôle de figurants pour masquer l’opération. » Voir «Général Ivashov : le terrorisme international n’existe pas », sur www.voltairenet.org, article mis en ligne le 9 janvier 2006 sur le site du réseau Voltaire.
(32) Jean Baudrillard, Power Inferno, Paris, Galilée, 2002, p. 56.
« 1/ Il n’est d’autre vérité à la télévision que celle du direct.
2/ Le seul direct qui – à la limite – vaille le coup, c’est la mort.
3/ La seule preuve de la mort est la possibilité de produire un cadavre ».
Serge Daney (1)
Loose Change est le titre d’une série de documentaires, réalisés par Dylan Avery et disponibles depuis 2005 sur l’internet (2), défendant la thèse selon laquelle le 11-Septembre serait une opération intérieure (inside job) menée avec la complicité de l’administration Bush (3). Cette théorie conspirationniste se fonde sur le relevé et l’analyse d’anomalies dans la version officielle, «menue monnaie » de questions et d’évidences cachées qu’Avery ne voudrait pas laisser perdre et qui donne leur titre aux films. Le procédé consiste en un commentaire off par le réalisateur sur les documents-preuves : enregistrements vidéo ou audio du 11-Septembre, extraits de documents officiels, images numériques pour donner à voir ce qui n’a pu être filmé, témoignages de rescapés, etc.
LA MENUE MONNAIE DU NET
Les films d’Avery ne connurent une véritable audience qu’à partir de la deuxième version, qualifiée en 2006 de « premier blockbuster internet » par le magazine Vanity Fair (14), et, bien que nombre de chercheurs indépendants s’accordent à dire que la plupart des assertions du film sont fausses, plus d’un million d’éditions DVD auraient été vendues et les téléchargements sur l’internet, toutes versions confondues, se compteraient aujourd’hui en dizaine de millions.
IMAGE-PREUVE ou IMAGE-TROMPEUSE ? SAINT THOMAS CONTRE ZAPRUDER
« You basically have to ask yourself : “Am I going to trust my
own eyes, or am I going to trust the government ?” »
Dylan Avery (16)
« Nonobstant le respect que l’on doit à la haute qualité des
"témoins oculaires", officiers et parlementaires, il est
impossible d’avaler de telles balivernes. Loin de créditer leur
déposition, la qualité de ces témoins ne fait que souligner
l’importance des moyens déployés par l’armée des États-
Unis pour travestir la vérité ».
Thierry Meyssan (17)
Puisque la stratégie rhétorique des conspirationnistes consiste à renverser la thèse à argumenter, il s’agira moins de démontrer qu’aucun avion ne s’est écrasé contre le Pentagone que d’attendre que le gouvernement prouve « de manière irréfutable » que tel était bien le cas. On a dit le profit que Loose Change, via le médium internet et les nouvelles technologies, tire de cette inversion rhétorique. Mais, en amont, cette stratégie se fonde sur un postulat implicite – leitmotiv des théories du complot sans pour autant en être l’apanage – qui prend une valeur nouvelle dans le « tout-image » contemporain : si quelque chose existe, il doit avoir été vu ; soit désormais : « Il doit en exister une image. » Autrement dit encore, nous avons affaire à une version contemporaine de l’argument de saint Thomas qui refusait de croire en la Résurrection du Christ tant qu’il n’aurait pas vu les marques de la Crucifixion (18). Ne « croire que ce que l’on voit » appelle ici à ne pas croire ce que l’on n’a pas vu : à une époque où nous sommes assiégés d’images et où chaque individu est susceptible d’en produire, leur absence se fait immédiatement suspecte (19). Par un curieux renversement qu’exprime la citation de Meyssan en exergue, le témoignage d’autrui est alors non seulement sans valeur mais se fait une preuve a contrario, la parole sans l’image prenant la figure du mensonge. Réciproquement, le refus de croire ce que l’on n’a pas vu soi-même entraîne la survalorisation de l’image filmée qui devient paradoxalement synonyme de vision propre et d’autonomie du jugement.
Le conspirationniste contemporain est donc celui qui attend une preuve « en image », et ce jusqu’à l’absurde. Avery en fournit un exemple morbide en exigeant qu’on lui montre les cadavres du vol 93 écrasé en Pennsylvanie : il soutient, dans les premières versions de Loose Change comme dans ses interviews, qu’il n’y avait pas de passagers à bord de ce vol et que cet épisode n’est qu’une mascarade parce qu’on n’a pu « voir » aucune des victimes pulvérisées lors du crash. De la déclaration d’un médecin légiste dépêché sur place disant qu’il fut dans l’impossibilité de faire son travail parce qu’il ne restait aucun corps (21), Avery ne retient que la lettre et non le sens. Peu lui importe qu’on ait retrouvé sur place des milliers de débris humains qui ont permis d’identifier les passagers. Comme l’écrivait Daney, il lui faut les cadavres (22).
À l’inverse, lorsqu’il y a image, le syndrome de Saint-Thomas, dans son versant « positif », en nie l’ambiguïté : il donne à ce qui est montré force d’argument irréfutable, abolissant l’écart qui sépare la perception du jugement, c’est-à-dire l’image de la preuve. La défense de la thèse dite de la « démolition contrôlée » repose par deux fois sur un tel usage des images des Twin Towers. Le premier procédé consiste à incruster un chronomètre sur la séquence de l’effondrement des tours pour montrer qu’elles sont tombées à une vitesse proche de celle de la chute libre et ainsi démontrer que, si rien n’a ralenti cette chute, c’est que le bâtiment avait été «miné » comme lors d’une démolition contrôlée (23). Le second usage de ces images, tout aussi littéralement spectaculaire, consiste à isoler par un double procédé de cadrage et de zoom diverses explosions visibles pendant l’effondrement. La puissance rhétorique de ces deux séquences tient à ce qu’Avery semble s’en tenir à exhiber ce qui se trouvait déjà dans l’image. Fait rare dans Loose Change, ces deux passages sont d’ailleurs muets : aucun discours ne semble devoir s’ajouter ici à l’évidence du visible.
Cette posture repose sur la certitude qu’une image peut parler d’elle-même, soit in fine sur la croyance en l’univocité du visible. Car les images de Loose Change ne prouvent évidemment rien : voir des fenêtres voler en éclats ne signifie pas qu’il y ait eu une explosion volontaire, de même que le choix du point de vue sur les tours importe pour en calculer le temps de chute ou ne nous dit rien sur l’état des structures à l’intérieur des bâtiments (26). Loose Change gage de la « vérité » de l’image exactement comme tout un pan du cinéma américain contemporain use au contraire aujourd’hui de sa « fausseté » grâce au numérique : tous ces films ont en commun de vouloir faire de l’image non plus le lieu de la perception, mais du jugement, à des fins de manipulation (manipulation du spectateur pour son plus grand plaisir dans un cinéma de l’illusion) ou d’argumentation (dont on jugera dès lors qu’elle s’apparente à de la manipulation). Cette idéologie du visible consiste à poser que voir équivaut à savoir et conduit à manquer la nature véritable de l’image : de même qu’une apparence n’est ni authentique ni trompeuse, une image n’est à proprement parler ni vraie ni fausse. Le succès de Loose Change trahit donc la prégnance d’une croyance fondamentale en la valeur indicielle de l’image. Presque quarante ans auparavant, l’Amérique s’était pourtant heurtée aux limites du visible en étant confrontée à une image qui devait demeurer muette : le court film amateur d’Abraham Zapruder qui saisit l’assassinat de Kennedy dans un plan-séquence de vingt-six secondes. Ce document montrait tout et cependant n’expliquait rien : il donnait à vo
ir l’assassinat sans jamais en livrer la clef. Cette tension à l’oeuvre dans l’image fut telle qu’elle provoqua selon Jean-Baptiste Thoret l’effondrement du pacte américain de la transparence qui avait jusque-là uni le réel et le visible :
« La tragédie de Dallas eut un retentissement sans précédent et l’existence d’un film spectaculaire censé détenir la vérité d’un événement – incompréhensible par ailleurs – et dont l’analyse s’avérera inefficace – à l’heure qu’il est, personne ne connaît le fin mot de l’histoire –, porta un coup fatal au principe de transparence sur lequel était fondé le cinéma hollywoodien classique et, plus largement, à une idéologie du visible supposant l’adéquation parfaite entre la perception des phénomènes et leur compréhension » (27).
La vogue des écrits et des documentaires du type de Loose Change marque comme un retour en arrière par rapport à ce cinéma : la rhétorique d’Avery ne prouve finalement rien d’autre que l’utopie contemporaine et nostalgique d’une image « vraie ». Cette régression apparente se joue dans la relation à la fois de proximité et de différence radicale qui existe entre le film de Zapruder et le traitement médiatique du 11-Septembre :
« L’Amérique, quelques heures à peine après la chute des tours, fut gagnée par ce que l’on pourrait appeler le syndrome Zapruder. Afin de ne pas laisser l’interprétation et les conjectures s’installer, les télévisions ont très vite neutralisé les premières images de l’événement. C’est alors que débuta la seconde phase d’un traitement médiatique fondé sur l’accumulation des images et des points de vue, à laquelle participèrent des dizaines de chaînes locales et des vidéastes amateurs, trop heureux de voir leur contribution s’intégrer au plus grand récit de l’histoire de la télévision américaine. Comme s’il fallait impérativement conjurer le manque originel du film de Zapruder et ne pas laisser le hors-champ des premières images du 11 septembre aux herméneutes de tous bords. Contre le plan-séquence, le surdécoupage. Contre la faille, la surenchère ». (29)
L’existence de Loose Change démontre l’échec de cette politique médiatique en vertu, non d’une insuffisance contingente, mais de la logique même de cette politique et de la nature du visible : toute image supplémentaire est non seulement aussi impuissante à donner un sens qui n’y figure pas, mais représente de plus un risque de « brouillage », c’est-à-dire la possibilité de faire jouer sans fin une image contre une autre. Au final, l’effet pervers de cette accumulation ne peut être que de conduire à la survalorisation de l’image manquante : si nous avons tant d’images, comment se fait-il que nous n’en ayons aucune de l’avion sur le Pentagone, du crash du vol 93 en Pennsylvanie ou encore des djihadistes dans les avions ? Le « syndrome de Zapruder » devait engendrer le syndrome de Saint-Thomas. Le corollaire d’une idéologie du visible mise à mal est à terme d’exiger l’exhaustivité, soit l’infinité irréalisable des points de vue. Paradigme de scepticisme apparent, l’argument de saint Thomas fournirait donc la clef de compréhension d’un rapport à la vérité et au politique qui se joue désormais dans l’image filmique. En prétendant se donner comme modèle d’esprit critique, cet argument s’inverse en l’expression nouvelle d’une superstition sans âge : la croyance en une image qui pourrait être autre chose qu’une image.
Notes :
(1) Serge Daney, «Nicolae et Elena lèguent leurs corps à la télé », paru initialement dans Libération du 26 avril 1990 et repris dans Devant la recrudescence des vols de sacs à main, Lyon, Aléas, 1997, p. 144.
(2) Les différentes versions de Loose Change sont aisément visibles sur le site loosechange911.com ou encore sur dailymotion.
(3) Les théories du complot sur le 11-Septembre se divisent principalement en deux camps : ceux qui croient que des agents à l’intérieur du gouvernement américain organisèrent et exécutèrent les événements du 11-Septembre, et ceux qui croient que le gouvernement avait « seulement » connaissance des attaques terroristes et ne fit rien pour les empêcher. C’est la thèse « forte », la première, que défend Loose Change. La théorie de la démolition contrôlée du World Trade Center et l’affirmation selon laquelle il n’y aurait pas eu d’avion sur le Pentagone – thèses minoritaires au sein du “9/11 Truth Movement” – constit
ueraient deux points de démarcation clairs entre les deux camps.
(4) Voir dernièrement le compte rendu de Loose Change dans l’émission de divertissement de Canal + « L’édition spéciale » du 11 septembre 2008.
(5) Voir sur www.911podcasts.com l’interview d’Avery et de ses deux producteurs Rowe et Bermas dans l’émission radio “The Fred McChesney Show” du 15 avril 2006 où il est question de l’implication du Mossad dans les attentats du 11-Septembre. Voir aussi l’entretien téléphonique d’Avery, Rowe et Bermas avec Eric Hufschmid le 28 avril 2006 ; Avery y déclare : « Là-dessus croyez-nous : nous avons parfaitement conscience des Illuminati et du Nouvel ordre mondial, et nous avons parfaitement conscience qu’il y a des gens qui veulent un État entièrement juif. Nous savons que toutes ces choses existent, mais ce n’est pas notre propos. Votre vidéo et celle d’Alex Jones traitent merveilleusement ces choses, et nous n’avons aucunement besoin de traiter les mêmes sujets. »
(6) Voir par exemple la manière dont a tourné le débat sur le forum internet du site de la RTBF à propos de son reportage « 9/11 : nous a-t-on caché la vérité ? », mis en ligne le 10 septembre 2008.
(7) Loose Change fait l’objet de critiques scientifiques et précises aussi bien de la part de membres du “9/11 Truth Movement” comme Michael Green que de chercheurs indépendants comme Mark Roberts. L’analyse de Michael Green est disponible sur le site www.911research.com. On trouvera le Loose Change Viewer Guide de Mark Roberts sur www.loosechangeguide.com : il consiste en la transcription complète de Loose Change Second Edition accompagnée de commentaires et critiques point par point. On mentionnera aussi que l’ouvrage de Guillaume Dasquié et Jean Guisnel, L’Effroyable mensonge. Thèse et foutaises sur les attentats du 11 septembre, Paris, La Découverte, 2002, reprend un certain nombre de points soulevés dans Loose Change en répondant à Meyssan. Enfin on pourra se référer à Antoine Vitkine, Les Nouveaux imposteurs, Paris, La Martinière, 2005.
(8) Contrairement à l’icône ou au symbole, l’indice est en continuité avec le référent : il y renvoie directement et possède donc avec lui quelque chose de commun. Ainsi, la fumée est l’indice du feu. Cette distinction, issue de Pierce et de sa théorie du signe, renvoie immédiatement à la question du témoignage et de la preuve. Car poser qu’une image est indicielle, c’est dire qu’elle garantit un accès véritable aux choses dont elle est l’image et, par là, qu’elle peut en être la preuve.
(9) Voici la transcription exacte de la déclaration de Christine Boutin dans l’émission de Karl Zéro en novembre 2006. À la question démagogiquement tutoyante « est-ce que tu penses que Bush peut être à l’origine de ces attentats ? », elle répond : « Je pense que c’est possible. Et je le pense d’autant plus que je sais que les sites qui parlent de ces problèmes sont des sites qui ont les plus [forts] taux de visite. Et je me dis, moi qui suis très sensibilisée au problème des nouvelles techniques de l’information et de la communication, je me dis que cette expression de la masse, et du peuple, ne peut être sans aucune vérité. » Voir www.rue89.com/mon-oeil/11septembre-boutin-icône-des-complotistes
(10) Initialement le film devait être une fiction : après avoir essuyé un second échec pour entrer à la Film School de Purchase College, Dylan Avery eut le projet de faire un film sur un groupe d’amis découvrant que les attaques du 11-Septembre étaient un complot mené de l’intérieur. Avery entama ses recherches en mai 2002 et finit par être convaincu par sa propre démonstration. On rappellera pour mémoire que Thierry Meyssan publia L’Effroyable imposture (Chatou, Éd. Carnot) en mars 2002.
(11) Est ainsi supprimée la « théorie du pod » selon laquelle les avions qui ont percuté les tours du World Trade Center seraient des drones contrôlés à distance et non des vols commerciaux.
(12) Avery en profita aussi pour corriger quelques erreurs qui donnent une bonne idée de la rigueur des versions précédentes : l’avion qui avait percuté l’Empire State Building en 1945 n’est plus un B-52 mais bien un B-25, ce qui représente moins du tiers de la taille d’un B-52. Il procéda également à quelques ajouts savoureux : comme preuve supplémentaire qu’il ne s’agirait pas de Ben Laden sur la vidéo où il revendique le 11-Septembre, l’auteur de Loose Change, apparemment peu au fait des coutumes musulmanes, s’étonne de le voir manger de la main droite alors qu’il serait officiellement gaucher.
(13) David Ray Griffin est un universitaire, anciennement professeur de philosophie des religions et de théologie. Il est l’auteur du Nouveau Pearl Harbor. 11 septembre : questions gênantes à l’administration Bush, Paris, Demi Lune, 2004, qui présente les attentats du 11-Septembre comme le résultat d’un complot, puis en 2006 d’une critique de la Commission d’enquête (Omissions et manipulations de la Commission d’enquête sur le 11 septembre), et en 2007 de 11 Septembre, la faillite des médias, une conspiration du silence. Il fait partie du mouvement “9/11 Truth Movement” et plus spécifiquement de son émanation universitaire et scientifique, le “Scholars for 9/11 Truth and Justice”. (A noter qu'une ultime version de Loose Change intitulée An American Coup est sortie six mois après la publication de l'article d'Aurélie Ledoux, fin 2009 - NDLR).
(14) “Vanity Fair Online”, article de Nancy Jo Sales, août 2006. Voir www.vanityfair.com
(15) Voir le « Prologue » du film : « Pourquoi un pourcentage croissant de la population mondiale devenait de plus en plus sceptique sur les événements du 11-Septembre ? Était-ce une tendance naturelle à croire le pire sur le gouvernement américain ? Ou était-ce une inquiétude légitime qui devint seulement plus importante avec le temps ? […] Tous ces gens étaient-ils fous ? »
(16) Émission “The Edge AM” : Daniel Ott reçoit Dylan Avery le 13 mai 2006. Voir www.theedgeam.com/interviews/Dylan_Avery_05.13.06.mp3
(17) Thierry Meyssan, L’Effroyable imposture, op. cit., p. 23.
(18) En vérité, saint Thomas dit moins « si je ne vois » que « si je ne touche » : il demande à mettre sa main dans les plaies du Christ pour s’assurer qu’il n’y a pas supercherie.
(19) Se lit en creux dans ce raisonnement le rêve-cauchemar leibnizien d’une mégapole américaine où chaque individu serait effectivement un point de vue sur le monde susceptible d’en donner une image photographique ou même filmique, fantasme que les téléphones portables désormais communément équipés d’appareil photo numérique n’ont pas fini d’entretenir.
(20) « Le fait que, parmi toutes les vidéos qui ont été diffusées, aucune d’
entre elles ne montre clairement un 757 », Loose Change Final Cut, 48e minute.
(21) Voir Loose Change Second Edition, 58e minute : « J’ai arrêté d’être médecin légiste au bout de vingt minutes environ parce qu’il n’y avait là aucun corps. »
(22) Sur ce lien essentiel entre l’inversion de la position à défendre et le syndrome de Saint-Thomas, voir aussi la déclaration de Jason Bermas, producteur et « enquêteur » de Loose Change, à propos des vols 77 et 93 : « Nous n’avons pas dit que ces gens étaient à bord des avions, donc ce n’est pas à nous de donner une preuve. C’est le gouvernement qui dit que ces corps et ces gens sont à bord des avions, qu’on vienne nous montrer les photos. Qu’on nous montre les parties qui restent des corps. » Interview d’Avery, Rowe et Bermas du 15 avril 2006 dans The Fred McChesney Show, voir supra ou encore sur www.911truthseekers.org
(23) L’argument de la chute libre intervient à la 35e minute dans Loose Change Second Edition Recut et à la 69e minute dans Loose Change Final Cut. La tour sud du World Trade Center mesurant 415 mètres, elle devrait selon la loi de Galilée mettre 9,2 secondes à tomber en chute libre. La séquence de Loose Change donne en effet le sentiment que la tour s’effondre en une dizaine de secondes.
(24) Voir Le Pentagate, sous la direction de Thierry Meyssan, Chatou, Éd. Carnot, 2002, p. 34 : « Les premiers témoignages recueillis et publiés l’ont été dans un article du Washington Post daté du mardi 11 septembre 2001, à 16 h 59. Parce qu’il est la première recension de témoins, c’est un document d’une valeur précieuse. Les témoignages sont en effet encore susceptibles de ne pas être l’objet d’une réelle reconstruction, puisque le rouleau compresseur médiatique vient à peine de se mettre en mouvement. » C’est nous qui soulignons.
(25) J.-J. Rousseau, Essai sur l’origine des langues, chap. III : «Que le premier langage dut être figuré », Œuvres complètes, t. V, Paris, Gallimard, 1995, p. 38. On rappellera que c’est précisément sur ce principe que Rousseau fonde sa thèse selon laquelle le premier langage, s’il est bien né des passions, devait avoir été un langage figuré : la première impression résultant de l’émotion appelait un mot qui devait devenir l’emploi figuré dès lors que l’esprit, calmé et éclairé, reconnaissait son erreur et appelait de son vrai nom les choses vues sous leur vraie forme.
(26) Sur ces deux points, voir la réfutation de Mark Roberts, qui est en bonne et due forme l’annihilation de la « preuve par l’image » de Loose Change.
(27) Jean-Baptiste Thoret, 26 secondes, l’Amérique éclaboussée : l’assassinat de JFK et le cinéma américain, Pertuis, Rouge profond, 2003, p. 39.
(28) Ibid., p. 39-40.
(29) J.-B. Thoret, 26 secondes, l’Amérique éclaboussée…, op. cit., p. 183.
(30) Voir Loose Change Second Edition, 34e minute : « Les Twin Towers étaient faites de 200 000 tonnes d’acier, de 325 000 mètres cubes de ciment, de 103 ascenseurs, de 43 600 fenêtres, de 60 000 tonnes d’équipement de climatisation, et d’une antenne de télévision de 110 mètres de haut. La base de chaque tour faisait 26 mètres sur 41 et était constituée de 47 colonnes d’une épaisseur d’un mètre sur 40 cm. La tour Nord fut achevée en 1970, s’élevant à 417 mètres, et la tour Sud fut achevée en 1973, tirant à 415 mètres, faisant d’elles les plus grands immeubles du monde jusqu’en 1974 et l’achèvement des Sears Towers. Et quand on pense que le gouvernement veut nous faire croire que ces énormes structures furent détruites par 38 000 litres de kérosène. » Cet argument sera également repris et développé dans Loose Change Final Cut.
(31) Voir cette citation éloquente du général Leonid Ivashov, chef d’état-major des armées russes le 11 septembre 2001 : « Oussama ben Laden et “Al-Qaïda” ne peuvent être ni les organisateurs ni les exécutants des attentats du 11 septembre. Ils ne possèdent ni l’organisation requise pour cela, ni les ressources intellectuelles, ni les cadres nécessaires. Par conséquent, une équipe de professionnels a dû être formée et les kamikazes arabes jouent le rôle de figurants pour masquer l’opération. » Voir «Général Ivashov : le terrorisme international n’existe pas », sur www.voltairenet.org, article mis en ligne le 9 janvier 2006 sur le site du réseau Voltaire.
(32) Jean Baudrillard, Power Inferno, Paris, Galilée, 2002, p. 56.
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