Depuis le début de la crise sanitaire, le médecin et sénateur LR Alain Houpert relativise la gravité de la pandémie tout en fustigeant les mesures gouvernementales. Pour le plus grand bonheur de la complosphère...
Nous sommes en mai 2021. Le Sénat adopte le principe du pass sanitaire et la prolongation de l’état d’urgence pour un mois. Des opposants au pass dénoncent une atteinte aux libertés individuelles. Parmi eux, le sénateur Les Républicains (LR) de la Côte-d’Or et médecin radiologue basé à Dijon, Alain Houpert. « Si on mettait au pouvoir un parti extrémiste, il aura déjà en main tous les outils d’un État autoritaire, et c’est vous qui les aurez forgés », lance-t-il au ministre de la Santé Olivier Véran.
Quelques mois plus tard, il apparaît sur le plateau de RT France, la branche française de la chaîne d’information financée par le Kremlin, pourvoyeuse de fausses informations sur la pandémie. Il s’y retrouve en compagnie de Bruno Megarbane, chef du service de réanimation de l’hôpital Lariboisière, et Alexis Poulin, éditorialiste de la chaîne russe, intervenant régulier chez Boulevard Voltaire en 2019 et 2020, également passé sous les spots de la chaîne d’extrême droite TV Libertés et Le Média, et ancien membre fondateur de l’« Observatoire national de l'extrême droite », une structure présidée par Thomas Portes, qui vient de rejoindre la campagne de Jean-Luc Mélenchon. Ensemble, ils débattent pour déterminer si le renouvellement du pass sanitaire est « un abus de pouvoir ».
Megarbane prévient qu’un rebond de l’épidémie de Covid-19 à l’hiver est une hypothèse crédible, et qu’il serait donc prudent de maintenir le pass jusqu’à la fin de l’année 2021 en attendant une éventuelle baisse des contaminations. Houpert répond « avec humour » à son « confrère » qu’il n’est qu’un « Cassandre qui annonce des hécatombes, qui est très pessimiste ». « Est-ce que le gouvernement gouverne par la peur ? », fait mine de s’interroger l’animatrice de RT France en se tournant vers Megarbane. Une chose est sûre : le rebond épidémique prévu pour cet hiver a finalement bien eu lieu en France, ainsi qu’ailleurs en Europe et aux États-Unis. Comme le craignaient les « Cassandre »...
S’il relativise la dangerosité de la pandémie, Alain Houpert se montre en revanche beaucoup plus apocalyptique quand il s’agit de parler de la manière de la contrôler. Au point qu’il est devenu l’une des coqueluches du site FranceSoir, vaisseau amiral de la désinformation sur le Covid-19 en France depuis 2020 et qui promet « la Veuve » (comprendre la guillotine) à ceux qui seraient responsables d’un « lavage de cerveau distillé par les médias propagandistes mainstream, financés par les milliardaires asservis au pouvoir, imposant une propagande inique ».
Il y un an, Alain Houpert s’est ainsi vu attribuer par FranceSoir le prix spécial des personnalités politiques 2020 aux côtés de Martine Wonner. « Issus de camps opposés, elle de la République en marche – dont elle fut exclue après son vote contre le plan de déconfinement – lui des Républicains, ils ont tous deux marqué les esprits, chacun dans son style, par leur franc-parler et leur combat pour les libertés », écrivait le site, dont le palmarès comprenait aussi André Bercoff, Silvano Trotta, Christian Perronne ou encore Didier Raoult.
Il faut dire que le sénateur LR a donné de sa personne, accordant plusieurs entretiens à FranceSoir depuis 2020. En mai dernier, il y interprétait tous les classiques du répertoire covido-sceptique : « les études montrent que les vaccins n'empêchent pas la propagation du virus » ; la vaccination est une « expérience à ciel ouvert » ; « il faut revenir à la raison, cette maladie n'est pas anodine, ce n’est pas une grippette, mais c'est une maladie qui tue une personne sur mille » ; « le vrai virus c'est la peur », etc. « A-t-on été dans le bon cadre de réalité ? », s’interroge-t-il sans ironie, en appelant à « ouvrir toutes les portes et toutes les fenêtres » et laisser les médecins prescrire des médicaments qu’il préfère ne pas nommer, pour ne pas « dire les mots qui fâchent ». On pense évidemment entre autres à l’hydroxychloroquine promue par Didier Raoult, dont il est un fervent soutien.
Alain Houpert n’est effectivement pas du genre à fermer des portes. Le 4 décembre, non content d’avoir son rond de serviette chez RT France et FranceSoir, il accorde un entretien à NTD Français, une chaîne appartenant au groupe Epoch Media affilié à la secte chinoise Falun Gong qui, après avoir soutenu Donald Trump aux États-Unis, drague désormais l’extrême droite et la sphère complotiste en France.
Dans les couloirs du Palais du Luxembourg, le médecin de la Côte-d’Or alerte alors sur l’imminence d’une « guerre civile froide » déclenchée par « le séparatisme » et « la discrimination » qu'introduirait le pass sanitaire. En mai dernier, il rejoignait un « conseil scientifique indépendant chargé d’évaluer la situation sanitaire » aux côtés de Martine Wonner et de la gynécologue Violaine Guérin, co-fondatrice du collectif « Laissons les Médecins Prescrire » qui promeut l’hydroxychloroquine. La vidéo de la conférence de presse, filmée par NTD Français, est partagée par Alain Houpert sur son site officiel.
En novembre 2020, il fait la promotion du documentaire conspirationniste « Hold-up », ingénument présenté comme un « documentaire qui dérange ». Celui qui est aussi membre de l’Association des amis de l’Azerbaïdjan, accusée d’être un outil d'influence au service du régime autoritaire d’Ilham Aliyev, se vante en novembre dernier sur Twitter d’avoir « voté contre la dictature », après s’être opposé aux mesures sanitaires gouvernementales. En mars, il avait prétendu que « l'OMS confirme que le test Covid-19 PCR est invalide, les estimations des cas positifs sont sans fondement. Le confinement n’a aucune base scientifique », une infox sortie de nulle part. Ou presque : le sénateur s’appuyait en fait sur un article de l’un des sites les plus influents – et les plus toxiques – de la complosphère française, Réseau International. En juin 2020, il relayait également sur Twitter un article du blog conspirationniste Wikistrike affirmant trompeusement et sans preuves que le gouvernement faisait installer l’application TousAntiCovid sur les smartphones des Français sans leur autorisation. « Incroyable, ils osent tout ! » commentait le sénateur. Il effacera par la suite son tweet.
En décembre dernier, enfin, pour discréditer les vaccins, il reprenait un proverbe de sa grand-mère qui « disait que "ce qui est gratuit est toujours trop cher", une manière paysanne de dire qu’il y a TOUJOURS un prix à payer... Quel sera le prix d’un vaccin gratuit ? Celui de notre vie ? ». Les non-vaccinés sont pourtant les premiers à succomber du Covid à l’hôpital, selon des statistiques qui pourraient être sous-évaluées au vu du nombre de faux pass sanitaires récemment détectés.
Alors que la député Martine Wonner a été exclue de la majorité gouvernementale à l’Assemblée nationale, Alain Houpert est quant à lui toujours membre du groupe LR au Sénat. La candidate désignée par le parti pour l’élection présidentielle, Valérie Pécresse, soutenue par Alain Houpert, défend pourtant des décisions qui feraient probablement hurler les résistants à la « dictature sanitaire ». Elle envisage par exemple le reconfinement uniquement pour les non-vaccinés en cas de recrudescence de la pandémie.
Un problème dans les rangs ? Le groupe sénatorial LR répond que « les propos d’Alain Houpert n'engagent que lui et ne correspondent pas aux positions portées collectivement par le groupe » et réaffirme son attachement à « la liberté individuelle » de ses membres. Alain Houpert n’a pas donné suite à nos sollicitations avant la publication de cet article.
Il n’est pas le seul sénateur LR à avoir rallié les covido-sceptiques. Laurence Muller-Bronn, sénatrice du Bas-Rhin, s’était par exemple fait remarquer en octobre dernier lorsque, s’opposant à une proposition de loi du Parti socialiste sur la vaccination obligatoire, elle avait affirmé, contre l’évidence, qu'« il n’y a pas de consensus scientifique autour de la vaccination obligatoire et de masse », déplorant que « ceux qui osent douter, réfléchir et finalement faire un autre choix seraient d’obscurs complotistes ». Un discours salué par FranceSoir, à qui elle accordera d’ailleurs un entretien deux semaines plus tard.
Voir aussi :
Jean Lassalle : derrière le trublion, le compagnon de route des complotistes
À Metz, Martine Wonner en tournée contre la « dictature sanitaire »
Nous sommes en mai 2021. Le Sénat adopte le principe du pass sanitaire et la prolongation de l’état d’urgence pour un mois. Des opposants au pass dénoncent une atteinte aux libertés individuelles. Parmi eux, le sénateur Les Républicains (LR) de la Côte-d’Or et médecin radiologue basé à Dijon, Alain Houpert. « Si on mettait au pouvoir un parti extrémiste, il aura déjà en main tous les outils d’un État autoritaire, et c’est vous qui les aurez forgés », lance-t-il au ministre de la Santé Olivier Véran.
Quelques mois plus tard, il apparaît sur le plateau de RT France, la branche française de la chaîne d’information financée par le Kremlin, pourvoyeuse de fausses informations sur la pandémie. Il s’y retrouve en compagnie de Bruno Megarbane, chef du service de réanimation de l’hôpital Lariboisière, et Alexis Poulin, éditorialiste de la chaîne russe, intervenant régulier chez Boulevard Voltaire en 2019 et 2020, également passé sous les spots de la chaîne d’extrême droite TV Libertés et Le Média, et ancien membre fondateur de l’« Observatoire national de l'extrême droite », une structure présidée par Thomas Portes, qui vient de rejoindre la campagne de Jean-Luc Mélenchon. Ensemble, ils débattent pour déterminer si le renouvellement du pass sanitaire est « un abus de pouvoir ».
Megarbane prévient qu’un rebond de l’épidémie de Covid-19 à l’hiver est une hypothèse crédible, et qu’il serait donc prudent de maintenir le pass jusqu’à la fin de l’année 2021 en attendant une éventuelle baisse des contaminations. Houpert répond « avec humour » à son « confrère » qu’il n’est qu’un « Cassandre qui annonce des hécatombes, qui est très pessimiste ». « Est-ce que le gouvernement gouverne par la peur ? », fait mine de s’interroger l’animatrice de RT France en se tournant vers Megarbane. Une chose est sûre : le rebond épidémique prévu pour cet hiver a finalement bien eu lieu en France, ainsi qu’ailleurs en Europe et aux États-Unis. Comme le craignaient les « Cassandre »...
S’il relativise la dangerosité de la pandémie, Alain Houpert se montre en revanche beaucoup plus apocalyptique quand il s’agit de parler de la manière de la contrôler. Au point qu’il est devenu l’une des coqueluches du site FranceSoir, vaisseau amiral de la désinformation sur le Covid-19 en France depuis 2020 et qui promet « la Veuve » (comprendre la guillotine) à ceux qui seraient responsables d’un « lavage de cerveau distillé par les médias propagandistes mainstream, financés par les milliardaires asservis au pouvoir, imposant une propagande inique ».
Il y un an, Alain Houpert s’est ainsi vu attribuer par FranceSoir le prix spécial des personnalités politiques 2020 aux côtés de Martine Wonner. « Issus de camps opposés, elle de la République en marche – dont elle fut exclue après son vote contre le plan de déconfinement – lui des Républicains, ils ont tous deux marqué les esprits, chacun dans son style, par leur franc-parler et leur combat pour les libertés », écrivait le site, dont le palmarès comprenait aussi André Bercoff, Silvano Trotta, Christian Perronne ou encore Didier Raoult.
Il faut dire que le sénateur LR a donné de sa personne, accordant plusieurs entretiens à FranceSoir depuis 2020. En mai dernier, il y interprétait tous les classiques du répertoire covido-sceptique : « les études montrent que les vaccins n'empêchent pas la propagation du virus » ; la vaccination est une « expérience à ciel ouvert » ; « il faut revenir à la raison, cette maladie n'est pas anodine, ce n’est pas une grippette, mais c'est une maladie qui tue une personne sur mille » ; « le vrai virus c'est la peur », etc. « A-t-on été dans le bon cadre de réalité ? », s’interroge-t-il sans ironie, en appelant à « ouvrir toutes les portes et toutes les fenêtres » et laisser les médecins prescrire des médicaments qu’il préfère ne pas nommer, pour ne pas « dire les mots qui fâchent ». On pense évidemment entre autres à l’hydroxychloroquine promue par Didier Raoult, dont il est un fervent soutien.
Alain Houpert n’est effectivement pas du genre à fermer des portes. Le 4 décembre, non content d’avoir son rond de serviette chez RT France et FranceSoir, il accorde un entretien à NTD Français, une chaîne appartenant au groupe Epoch Media affilié à la secte chinoise Falun Gong qui, après avoir soutenu Donald Trump aux États-Unis, drague désormais l’extrême droite et la sphère complotiste en France.
Dans les couloirs du Palais du Luxembourg, le médecin de la Côte-d’Or alerte alors sur l’imminence d’une « guerre civile froide » déclenchée par « le séparatisme » et « la discrimination » qu'introduirait le pass sanitaire. En mai dernier, il rejoignait un « conseil scientifique indépendant chargé d’évaluer la situation sanitaire » aux côtés de Martine Wonner et de la gynécologue Violaine Guérin, co-fondatrice du collectif « Laissons les Médecins Prescrire » qui promeut l’hydroxychloroquine. La vidéo de la conférence de presse, filmée par NTD Français, est partagée par Alain Houpert sur son site officiel.
En novembre 2020, il fait la promotion du documentaire conspirationniste « Hold-up », ingénument présenté comme un « documentaire qui dérange ». Celui qui est aussi membre de l’Association des amis de l’Azerbaïdjan, accusée d’être un outil d'influence au service du régime autoritaire d’Ilham Aliyev, se vante en novembre dernier sur Twitter d’avoir « voté contre la dictature », après s’être opposé aux mesures sanitaires gouvernementales. En mars, il avait prétendu que « l'OMS confirme que le test Covid-19 PCR est invalide, les estimations des cas positifs sont sans fondement. Le confinement n’a aucune base scientifique », une infox sortie de nulle part. Ou presque : le sénateur s’appuyait en fait sur un article de l’un des sites les plus influents – et les plus toxiques – de la complosphère française, Réseau International. En juin 2020, il relayait également sur Twitter un article du blog conspirationniste Wikistrike affirmant trompeusement et sans preuves que le gouvernement faisait installer l’application TousAntiCovid sur les smartphones des Français sans leur autorisation. « Incroyable, ils osent tout ! » commentait le sénateur. Il effacera par la suite son tweet.
En décembre dernier, enfin, pour discréditer les vaccins, il reprenait un proverbe de sa grand-mère qui « disait que "ce qui est gratuit est toujours trop cher", une manière paysanne de dire qu’il y a TOUJOURS un prix à payer... Quel sera le prix d’un vaccin gratuit ? Celui de notre vie ? ». Les non-vaccinés sont pourtant les premiers à succomber du Covid à l’hôpital, selon des statistiques qui pourraient être sous-évaluées au vu du nombre de faux pass sanitaires récemment détectés.
Alors que la député Martine Wonner a été exclue de la majorité gouvernementale à l’Assemblée nationale, Alain Houpert est quant à lui toujours membre du groupe LR au Sénat. La candidate désignée par le parti pour l’élection présidentielle, Valérie Pécresse, soutenue par Alain Houpert, défend pourtant des décisions qui feraient probablement hurler les résistants à la « dictature sanitaire ». Elle envisage par exemple le reconfinement uniquement pour les non-vaccinés en cas de recrudescence de la pandémie.
Un problème dans les rangs ? Le groupe sénatorial LR répond que « les propos d’Alain Houpert n'engagent que lui et ne correspondent pas aux positions portées collectivement par le groupe » et réaffirme son attachement à « la liberté individuelle » de ses membres. Alain Houpert n’a pas donné suite à nos sollicitations avant la publication de cet article.
Il n’est pas le seul sénateur LR à avoir rallié les covido-sceptiques. Laurence Muller-Bronn, sénatrice du Bas-Rhin, s’était par exemple fait remarquer en octobre dernier lorsque, s’opposant à une proposition de loi du Parti socialiste sur la vaccination obligatoire, elle avait affirmé, contre l’évidence, qu'« il n’y a pas de consensus scientifique autour de la vaccination obligatoire et de masse », déplorant que « ceux qui osent douter, réfléchir et finalement faire un autre choix seraient d’obscurs complotistes ». Un discours salué par FranceSoir, à qui elle accordera d’ailleurs un entretien deux semaines plus tard.
Voir aussi :
Jean Lassalle : derrière le trublion, le compagnon de route des complotistes
À Metz, Martine Wonner en tournée contre la « dictature sanitaire »
Depuis seize ans, Conspiracy Watch contribue à sensibiliser aux dangers du complotisme en assurant un travail d’information et de veille critique sans équivalent. Pour pérenniser nos activités, le soutien de nos lecteurs est indispensable.