Conspiracy Watch | l'Observatoire du conspirationnisme
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Aude Lancelin : de la critique des élites au piège du complotisme

Publié par Nora Bussigny03 octobre 2024, ,

Passée de directrice-adjointe de la rédaction du Nouvel Observateur à caution des complotistes : splendeurs et misères de la journaliste-militante Aude Lancelin.

Illustration CW

C’est après la parution de son ouvrage Le Monde Libre (2016) que le terme « complotiste » est pour la première fois associé à Aude Lancelin. Ex-directrice adjointe du magazine Marianne, Aude Lancelin quitte la rédaction en 2014 pour occuper les mêmes fonctions à L’Obs. Avant un licenciement jugé « abusif » par les Prud’hommes en 2017, elle règle ses comptes avec cet hebdomadaire dans son roman au vitriol qui va obtenir le prix Renaudot-Essai en 2016. Elle y formule une thèse qu’elle n’aura depuis de cesse de traiter tout au long de sa carrière, mais aussi sur son compte X suivi par près de 100 000 abonnés aujourd'hui : le contrôle des médias par le gouvernement et les grandes fortunes françaises. À cela, s’ajoutent chez la journaliste d’autres obsessions : l’influence des États-Unis sur la France, le Covid et son vaccin, l’État d’Israël et, bien sûr, le traitement médiatique réservé à la Russie. Des sujets abrasifs qui conduisent la journaliste, qui n’a pourtant jamais caché son tropisme de gauche, à défendre, soutenir et même collaborer avec l’extrême-droite. Enquête.

Le contrôle des grands médias

Une chose est certaine, Aude Lancelin ne se départit quasiment jamais de son ironie mordante. Celle qui surnomme ses confrères de différentes rédactions de « presse CAC 40 » semble vouer une hostilité sans borne aux milliardaires français qu’elle accuse à grands renforts de tweets de contrôler le plupart de ses confrères journalistes et chacune de leurs publications. Sa cible principale : Xavier Niel, à qui elle attribue en partie son licenciement du Nouvel Observateur – il en est l’un des actionnaires. D’ailleurs, le titre de son pamphlet romanesque, Le Monde libre, est une référence à la holding de presse co-fondée par le milliardaire, détentrice du Groupe Le Monde et du Nouvel Obs. Si elle compare Xavier Niel à Vincent Bolloré, elle déplore à ce titre que « l’essentiel des péchés médiatiques » de ce dernier ne reposent que sur lui et Bernard Arnault. Pour Aude Lancelin, Xavier Niel est d’ailleurs un « influenceur particulièrement menaçant de la circulation des opinions dans le pays et bien au-delà des frontières ».

Au Nouvel Obs, elle justifie son licenciement en grande partie par la relation qu’elle entretenait à l’époque avec le très radical Frédéric Lordon, figure de « Nuits Debouts ». Celui qui considère que le communiste Fabien Roussel est d’extrême droite voit dans le complotisme une « force révolutionnaire » propre à déposséder les élites et trouve a contrario bien plus dangereux « l’anti-complotisme »

Pourtant, peu après son arrivée au Média en 2018, rebelote. Plusieurs salariés du journal lié à la France Insoumise, déjà bien éprouvés par leur précédente cheffe Sophia Chikirou, confessent presque tous à visage découvert au média Arrêt sur Images les mois difficiles passés à ses côtés. Insultes par messages (« enflure », « ordure », etc.), humiliations répétées, menaces, et liens « malsains » avec ses subordonnés, le profil d’Aude Lancelin se dessine, alors que celle-ci estime à nouveau être victime d’une cabale « d’une violence barbare » fomentée à son encontre.

« C’est une personnalité manipulatrice et d’une intelligence redoutable » confirme l’un des ex-collègues d’Aude Lancelin qui a travaillé avec elle au sein de plusieurs médias et qui souhaite rester anonyme. « Elle a toujours vanté ses valeurs de gauche, son antifascisme, mais n’a pas hésité à mettre fin à la période d’essai de Julien Brygo après qu’il se soit syndiqué ! » rappelle l’ex-collaborateur. La raison : selon lui, Aude Lancelin, pourtant prompte à s’indigner de « l’influence » des grandes fortunes sur les journalistes, menacerait de faire de même à quiconque la contrarie. « On était habitués à ce qu’elle nous assure connaître des gens dans tout Paris et qu’ils pouvaient détruire nos carrières » se souvient l’ex-employé. Un paradoxe, lorsque l’on peut écouter Aude Lancelin fustiger dans cette interview publiée en avril 2024 le management des médias « mainstream », le diktat de la ligne éditoriale et le non-respect des journalistes.

Quelques mois après avoir été poussée à la porte du Média en avril 2019, Aude Lancelin fonde la web-tv « QG » sur un modèle de financement sans publicité et surtout sans actionnaire. « Elle a fait bosser gratuitement des personnes au début du lancement, et a dit qu’il était impossible de les rémunérer autrement qu’en notes de frais alors que de l’autre côté elle engageait Fly Rider qui affirmait pouvoir avoir au bout de quelques mois sa carte de presse » soupire l’ex-employé. Fly Rider, de son vrai nom Maxime Nicolle, a créé la polémique en rejoignant en septembre 2019 l’équipe de journalistes de QG afin de participer notamment à l’émission « Quartier Jaune », dédiée au mouvement des Gilets jaunes. Il faut dire que le complotisme de l’ex-porte parole des Gilets jaunes a fait couler beaucoup d’encre : dans une grande enquête, France Info est revenu sur les nombreuses fake news relayées par Maxime Nicolle, à l’époque à la tête du groupe Facebook aux 130 000 membres dédié aux Gilets jaunes.

Maxime Nicolle (capture d'écran QG/Facebook, 27/06/2019).

S’il avait signé peu après sa création le « manifeste » de QG d’après un article de L’Express pour soutenir le média, aujourd’hui le nom de Maxime Nicolle semble avoir disparu de la longue liste des signataires. Celui de sa consoeur militante des Gilets jaunes Priscillia Ludosky est en revanche toujours présent. Aujourd’hui, si Maxime Nicolle retweete encore de temps en temps Aude Lancelin, il ne semble plus faire partie de la rédaction de QG comme il l’a affirmé sur son compte Facebook.

Complotisme ou opportunisme ?

« À titre personnel, je pense que le virage complotiste d’Aude est purement opportuniste et est apparu lorsqu’elle a perdu sa place à L’Obs. Elle lit tous les commentaires et se galvanise de ceux qui l’encensent, c’était la même chose lorsqu’elle se rendait aux manifs des Gilets jaunes comme à un défilé où tous la reconnaissaient et la félicitaient » estime l’ex-employé qui a bien connu la journaliste. Celui-ci se remémore certaines réactions de son ex-cheffe, persuadée d’après lui que tout le monde « lui voulait du mal ». « Elle se sentait persécutée, et nous le communiquait. Elle pensait par exemple que Darmanin [le ministre de l'intérieur − ndlr] suivait de près Le Média, et que lorsqu’on allait en manif, nos vies étaient menacées, la sienne comprise » soupire l’ex-collègue.

Le 14 octobre 2023, Aude Lancelin défend une nouvelle fois le militant insoumis Taha Bouhafs dont elle ne cesse de louer régulièrement l’exemplarité journalistique et le courage, interpellé par les forces de l’ordre lors d’une manifestation pro-palestinienne à Paris. « Soutien à @t_bouhafs interpellé abusivement place de la République à Paris ce 14 octobre. Ca devient vraiment inquiétant le traitement des journalistes non alignés en France » publie-t-elle sur son compte X. Ce qu’elle oublie à nouveau de rappeler, c’est que l’arrestation sans heurt − et sans poursuites − de Taha Bouhafs reposait sur la teneur du rassemblement en lui-même qui n’avait pas été autorisé par les autorités, entraînant donc sa dispersion. La carte de presse de Bouhafs, brandie pour justifier sa participation active, ne pouvait donc suffire puisque le rassemblement devait être interrompu. « J’ai été relâché. Merci. A priori sans poursuites mais verbalisé pour “participation à une manifestation illégale” alors que je couvrais le rassemblement » précisera-t-il peut après sur son propre compte X.

Son obsession particulière pour Emmanuel Macron, dont elle présente l’élection comme un « putsch du CAC 40 » est omniprésente dans ses trop nombreux tweets et interventions à son sujet. Au point même que celle qui refuse le mépris de classe n’hésite pas à fustiger le rappeur marseillais Jul parce qu’il aurait eu l’outrecuidance de se produire à Marseille en mai devant le Président de la République. « Jul qui fanfaronnait contre Macron pendant la réforme des retraites lui livre Marseille pour une demi-heure de gloire dont il n’a nul besoin » écrit-elle. A contrario, Aude Lancelin défend régulièrement le rappeur Booba, pourtant accusé d’antisémitisme, de propagation de fake news et de cyberharcèlement, au motif que celui-ci « n’appelle pas à voter Macron » comme elle le précise le 23 juin. Booba, dont elle justifie bien facilement le cyberharcèlement à l’encontre de Magali Berdah, dispose selon elle d'une « liberté totale » lorsqu’elle le compare même à Kylian Mbappé. « Mbappé est sous contrat LVMH, trois grandes marques du groupe, dont Dior et Rimowa lui versent des millions d’euros par an. Son appel contre "les" extrêmes (et non le seul RN) coule de source. Bernard saura se montrer reconnaissant » glisse-t-elle en surfant toute honte bue sur un prétendu complot dirigeant le joueur de football. « Elle était persuadée que Macron suivait de près tout ce que l’on publiait au Média » se remémore l’ex-journaliste, « elle nous disait même qu’il avait peur de nous, de ce qu’on pouvait sortir, ça nous flattait évidement. Tout le monde était très jeune et débutait pour la plupart ».

En 2022, un sondage posté sur X par la radio RTL proposait aux utilisateurs de répondre à la négative ou l’affirmative sur leur souhait de voir Emmanuel Macron réélu. Contraints de supprimer leurs posts par la suite, RTL est immédiatement apostrophé par Aude Lancelin : « C’est vrai @RTLFrance ? Franchement ce serait grave d’apprendre que ce sondage défavorable au grand leader et général en chef des armées Micron 1er a été supprimé ». Pourtant, dans les commentaires, les utilisateurs ne manquent pas de la prévenir que le sondage aurait en vérité été supprimé à la suite d’un raid numérique organisé, comme en attesteraient les messages publiés sous la publication de RTL.

Rodée à l’exercice du « buzz » médiatique, Aude Lancelin possède plusieurs cordes à son arc pour attirer la complosphère et viraliser son propos. La première : préciser que quiconque critiquerait comme elle le système serait de facto accusé à tort de « complotisme » pour le museler. Par exemple, dans cette interview donnée en 2018 pour le média Thinkerview (lui-même accusé de servir la propagande du Kremlin), la posture complotiste et victimaire se dessine à grands renforts de citations inquiétantes : « Une meute en face de nous, qui croit pouvoir nous effrayer, nous faire du tort », « on a vraiment tout le monde contre nous, c’est ça qu’il faut comprendre on a absolument toute la confrérie [...] ».

La seconde, en affirmant inlassablement que les invités qu’elle reçoit à son micro sont soit « diffamés » soit « censurés » ou « silenciés » par les médias. C’est le cas par exemple de son ami le révolutionnaire et syndicaliste Anasse Kazib qui serait d’après elle « invisibilisé par les médias dominants ». À l’époque pourtant, Anasse Kazib comptait à son actif des papiers et interviews dans de nombreux médias, à l’instar du Monde ou même la veille du message d’Aude Lancelin dans « C à vous », venu l’interviewer. Même chose pour Aly Diouara ou encore Shlomo Sand, historien israélien invité le 9 mai dernier qu’elle présente comme « censuré par les médias internationaux » − sans que ce soit pourtant le cas.

Après avoir été invitée en 2018 à l’IRIS, de Pascal Boniface, pour y débattre sur « fake news, complotisme et désinformation », Aude Lancelin a invité à plusieurs reprises sur QG le chercheur controversé, connu pour sa proximité avec la Russie, dont deux fois depuis le 7 octobre.

Sur la crise du Covid, là encore, les exemples sont nombreux et permettent à Aude Lancelin de s’en prendre régulièrement à l’État français. Au point même que la journaliste a convié à plusieurs reprises le sociologue Laurent Mucchielli pour des émissions aux titres évocateurs, tels que « Pass vaccinal : vers une surveillance globale ». Depuis, le chercheur détient même son propre blog sur QG, alors que le CNRS a pris ses distances avec lui suite à ses prises de position sur le Covid, sa proximité avec Didier Raoultqui vient d'être interdit d'exercer la médecine pendant deux ans − et ses interviews pour FranceSoir, qui a récemment perdu son agrément de presse.

La Russie, tremplin de sa convergence avec l’extrême droite

Aude Lancelin et Régis Le Sommier (capture d'écran OMERTA/YouTube, 17/04/2024).

« Je n’ai jamais voté Macron, ni appelé à faire barrage au second tour. Ni en 2017 ni en 2022 ni en 2024 » précisait Aude Lancelin sur son compte X. Difficile de remettre ce postulat en doute lorsqu’on la voit dorénavant collaborer régulièrement avec le média Omerta et son taulier Régis Le Sommier. Proche de Frédéric Chatillon et du GUD durant ses études, Régis Le Sommier est un ancien collaborateur de RT France, chaîne de propagande du Kremlin interdite de diffusion sur le territoire de l’Union européenne après l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes en 2022. Pascal Jouary, journaliste spécialisé dans les questions de sécurité, a alerté à plusieurs reprises l'Arcom sur son compte X suite aux propos d’Aude Lancelin diffusés sur YouTube : « Elle est l’une des seules à considérer la France et Emmanuel Macron comme une dictature bien pire que la Russie, la Chine ou encore l’Iran ! Je suis ébahi lorsqu’elle reçoit par exemple plusieurs fois Jacques Baud dont on connaît les positions favorables à Poutine » explique-t-il.

Le complotisme réunirait-il ? En effet, Jacques Baud, également défendu en février dernier par Régis Le Sommier dans Le JDD, est par ailleurs persuadé que l’on ne peut pas prouver les liens entre Oussama Ben Laden et les attentats du 11 septembre 2001. Plus étonnant encore, le 12 mars 2024, Aude Lancelin convie le russophile à réagir aux prétendues nombreuses fake news qui entoureraient le pogrom du 7 octobre 2023. Dans une longue introduction, et évidemment sans souligner ne serait-ce qu’un seul instant que Jacques Baud lui même a été épinglé pour diffusion de fausses informations, Aude Lancelin insiste sur « tous les mensonges qui se sont répandus dans les médias au sujet des atrocités commises ce jour-là ». La journaliste n’est capable de ne citer que l’affaire des « bébés », issue du témoignage d’un officier de réserve israélo-américain qui a utilisé le mot « baby » pour parler d’enfants. Cet argument, utilisé ad nauseam pour minimiser les crimes perpétrés par le Hamas, n'est bien sûr pas complété ou contexctualisé par Aude Lancelin. « Alors que ces crimes [l’affaire des « bébés » − ndlr] ont été totalement débunkés, ils continuent à être présents dans nos médias, ils continuent à être présents dans le discours de nos politiciens et ils continuent à servir de justification pour ce que fait Israël et c’est ça qui n’est pas acceptable » réagit encore une fois de manière floue et très contestable Jacques Baud.

Capable de défendre récemment Tanguy David du Rassemblement National sur son compte X après qu’il a traité Michel Barnier de « fossile », Aude Lancelin a surtout ouvert les portes de QG à Caroline Galactéros début septembre, toujours aux côtés de son nouvel acolyte Régis Le Sommier pour une « grande soirée de rentrée ». Pourtant conseillère d’Éric Zemmour jusqu’en 2022, Caroline Galactéros semble avoir su faire oublier à Aude Lancelin son expérience politique auprès de l’extrême droite puisqu’elle tient un discours pro-russe dénoncé depuis plusieurs années.

Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que la fondatrice de QG, qui répète à l’envi son engagement indéfectible à gauche, passe l’éponge sur l’extrême-droitisme de ses contributeurs. En janvier 2019, la Fondation Jean-Jaurès publie en collaboration avec Le Nouvel Obs une analyse des profils Facebook d’Eric Drouet et Maxime Nicolle. Cette étude révélait dans le détail l’appétence des deux figures des Gilets jaunes pour les thèses de l’ultra-droite et leur relai sur les réseaux sociaux. Dans le cas de Maxime Nicolle, qu’Aude Lancelin va pourtant recruter quelques mois plus tard, l’enquête révèle qu'il relaie régulièrement des publications de Marine Le Pen sur les réseaux sociaux. Du côté d’Eric Drouet, malgré la parution de l’enquête, Aude Lancelin ne va pas hésiter à l’inviter en 2020 chez QG lors d’une longue interview en tête à tête encore accessible en ligne. Pourtant, un an plus tard, en 2021, Aude Lancelin n’hésitait pas à déplorer sur son compte X que « la droite extrême, l’extrême centre et les islamophobes » étaient les seuls « ou presque » autorisés « à s’exprimer sur une grande radio nationale française », insistant sur une « haute dose » et même « tous les jours ».

Source : Aude Lancelin/X, 29/08/2024.

« Je croyais qu’Aude Lancelin était ou se disait de gauche ? Elle promeut les mensonges de Tucker Carlson, la pire ordure néo-fasciste complotiste et suprémaciste des États-Unis, que même Fox News a viré. On saura à quoi s’en tenir » souligne, estomaqué, l’historien André Loez en août 2023. La cause ? L’indignation d’Aude Lancelin sur le silence des médias français après que le présentateur américain Tucker Carlson a accusé l’administration Biden du sabotage du gazoduc Nordstream 2. Tucker Carlson, adepte des théories complotistes à outrance (réchauffement climatique, opposé à la politique de gestion du Covid…) et grand ami de Donald Trump et d’Alex Jones, s’est montré d’une complaisance critiquée à l’international après s’être entretenu avec Vladimir Poutine en février 2024.

Un autre employé d’Aude Lancelin, qui a collaboré avec elle lors de son passage au Média, estime que la journaliste illustre « parfaitement » certains médias dits « de gauche » dont le positionnement s’oppose aux gouvernements en place. « Il y a en général, comme chez Aude, un mécanisme qui fait que ces journalistes sont sincèrement persuadés qu’un système les contrôle et les influence ». S’il se souvient d’Aude  Lancelin comme de quelqu’un « de très égocentré, qui peut manquer d’empathie, et pousser des coups de colère », l’ex-employé estime toutefois qu’Aude Lancelin n’est pas plus « complotiste » que d’autres de ses confrères qui sont le fruit de médias alternatifs comme QG.

Contactée, Aude Lancelin n’a pour le moment pas donné suite à nos sollicitations.

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Illustration CW

C’est après la parution de son ouvrage Le Monde Libre (2016) que le terme « complotiste » est pour la première fois associé à Aude Lancelin. Ex-directrice adjointe du magazine Marianne, Aude Lancelin quitte la rédaction en 2014 pour occuper les mêmes fonctions à L’Obs. Avant un licenciement jugé « abusif » par les Prud’hommes en 2017, elle règle ses comptes avec cet hebdomadaire dans son roman au vitriol qui va obtenir le prix Renaudot-Essai en 2016. Elle y formule une thèse qu’elle n’aura depuis de cesse de traiter tout au long de sa carrière, mais aussi sur son compte X suivi par près de 100 000 abonnés aujourd'hui : le contrôle des médias par le gouvernement et les grandes fortunes françaises. À cela, s’ajoutent chez la journaliste d’autres obsessions : l’influence des États-Unis sur la France, le Covid et son vaccin, l’État d’Israël et, bien sûr, le traitement médiatique réservé à la Russie. Des sujets abrasifs qui conduisent la journaliste, qui n’a pourtant jamais caché son tropisme de gauche, à défendre, soutenir et même collaborer avec l’extrême-droite. Enquête.

Le contrôle des grands médias

Une chose est certaine, Aude Lancelin ne se départit quasiment jamais de son ironie mordante. Celle qui surnomme ses confrères de différentes rédactions de « presse CAC 40 » semble vouer une hostilité sans borne aux milliardaires français qu’elle accuse à grands renforts de tweets de contrôler le plupart de ses confrères journalistes et chacune de leurs publications. Sa cible principale : Xavier Niel, à qui elle attribue en partie son licenciement du Nouvel Observateur – il en est l’un des actionnaires. D’ailleurs, le titre de son pamphlet romanesque, Le Monde libre, est une référence à la holding de presse co-fondée par le milliardaire, détentrice du Groupe Le Monde et du Nouvel Obs. Si elle compare Xavier Niel à Vincent Bolloré, elle déplore à ce titre que « l’essentiel des péchés médiatiques » de ce dernier ne reposent que sur lui et Bernard Arnault. Pour Aude Lancelin, Xavier Niel est d’ailleurs un « influenceur particulièrement menaçant de la circulation des opinions dans le pays et bien au-delà des frontières ».

Au Nouvel Obs, elle justifie son licenciement en grande partie par la relation qu’elle entretenait à l’époque avec le très radical Frédéric Lordon, figure de « Nuits Debouts ». Celui qui considère que le communiste Fabien Roussel est d’extrême droite voit dans le complotisme une « force révolutionnaire » propre à déposséder les élites et trouve a contrario bien plus dangereux « l’anti-complotisme »

Pourtant, peu après son arrivée au Média en 2018, rebelote. Plusieurs salariés du journal lié à la France Insoumise, déjà bien éprouvés par leur précédente cheffe Sophia Chikirou, confessent presque tous à visage découvert au média Arrêt sur Images les mois difficiles passés à ses côtés. Insultes par messages (« enflure », « ordure », etc.), humiliations répétées, menaces, et liens « malsains » avec ses subordonnés, le profil d’Aude Lancelin se dessine, alors que celle-ci estime à nouveau être victime d’une cabale « d’une violence barbare » fomentée à son encontre.

« C’est une personnalité manipulatrice et d’une intelligence redoutable » confirme l’un des ex-collègues d’Aude Lancelin qui a travaillé avec elle au sein de plusieurs médias et qui souhaite rester anonyme. « Elle a toujours vanté ses valeurs de gauche, son antifascisme, mais n’a pas hésité à mettre fin à la période d’essai de Julien Brygo après qu’il se soit syndiqué ! » rappelle l’ex-collaborateur. La raison : selon lui, Aude Lancelin, pourtant prompte à s’indigner de « l’influence » des grandes fortunes sur les journalistes, menacerait de faire de même à quiconque la contrarie. « On était habitués à ce qu’elle nous assure connaître des gens dans tout Paris et qu’ils pouvaient détruire nos carrières » se souvient l’ex-employé. Un paradoxe, lorsque l’on peut écouter Aude Lancelin fustiger dans cette interview publiée en avril 2024 le management des médias « mainstream », le diktat de la ligne éditoriale et le non-respect des journalistes.

Quelques mois après avoir été poussée à la porte du Média en avril 2019, Aude Lancelin fonde la web-tv « QG » sur un modèle de financement sans publicité et surtout sans actionnaire. « Elle a fait bosser gratuitement des personnes au début du lancement, et a dit qu’il était impossible de les rémunérer autrement qu’en notes de frais alors que de l’autre côté elle engageait Fly Rider qui affirmait pouvoir avoir au bout de quelques mois sa carte de presse » soupire l’ex-employé. Fly Rider, de son vrai nom Maxime Nicolle, a créé la polémique en rejoignant en septembre 2019 l’équipe de journalistes de QG afin de participer notamment à l’émission « Quartier Jaune », dédiée au mouvement des Gilets jaunes. Il faut dire que le complotisme de l’ex-porte parole des Gilets jaunes a fait couler beaucoup d’encre : dans une grande enquête, France Info est revenu sur les nombreuses fake news relayées par Maxime Nicolle, à l’époque à la tête du groupe Facebook aux 130 000 membres dédié aux Gilets jaunes.

Maxime Nicolle (capture d'écran QG/Facebook, 27/06/2019).

S’il avait signé peu après sa création le « manifeste » de QG d’après un article de L’Express pour soutenir le média, aujourd’hui le nom de Maxime Nicolle semble avoir disparu de la longue liste des signataires. Celui de sa consoeur militante des Gilets jaunes Priscillia Ludosky est en revanche toujours présent. Aujourd’hui, si Maxime Nicolle retweete encore de temps en temps Aude Lancelin, il ne semble plus faire partie de la rédaction de QG comme il l’a affirmé sur son compte Facebook.

Complotisme ou opportunisme ?

« À titre personnel, je pense que le virage complotiste d’Aude est purement opportuniste et est apparu lorsqu’elle a perdu sa place à L’Obs. Elle lit tous les commentaires et se galvanise de ceux qui l’encensent, c’était la même chose lorsqu’elle se rendait aux manifs des Gilets jaunes comme à un défilé où tous la reconnaissaient et la félicitaient » estime l’ex-employé qui a bien connu la journaliste. Celui-ci se remémore certaines réactions de son ex-cheffe, persuadée d’après lui que tout le monde « lui voulait du mal ». « Elle se sentait persécutée, et nous le communiquait. Elle pensait par exemple que Darmanin [le ministre de l'intérieur − ndlr] suivait de près Le Média, et que lorsqu’on allait en manif, nos vies étaient menacées, la sienne comprise » soupire l’ex-collègue.

Le 14 octobre 2023, Aude Lancelin défend une nouvelle fois le militant insoumis Taha Bouhafs dont elle ne cesse de louer régulièrement l’exemplarité journalistique et le courage, interpellé par les forces de l’ordre lors d’une manifestation pro-palestinienne à Paris. « Soutien à @t_bouhafs interpellé abusivement place de la République à Paris ce 14 octobre. Ca devient vraiment inquiétant le traitement des journalistes non alignés en France » publie-t-elle sur son compte X. Ce qu’elle oublie à nouveau de rappeler, c’est que l’arrestation sans heurt − et sans poursuites − de Taha Bouhafs reposait sur la teneur du rassemblement en lui-même qui n’avait pas été autorisé par les autorités, entraînant donc sa dispersion. La carte de presse de Bouhafs, brandie pour justifier sa participation active, ne pouvait donc suffire puisque le rassemblement devait être interrompu. « J’ai été relâché. Merci. A priori sans poursuites mais verbalisé pour “participation à une manifestation illégale” alors que je couvrais le rassemblement » précisera-t-il peut après sur son propre compte X.

Son obsession particulière pour Emmanuel Macron, dont elle présente l’élection comme un « putsch du CAC 40 » est omniprésente dans ses trop nombreux tweets et interventions à son sujet. Au point même que celle qui refuse le mépris de classe n’hésite pas à fustiger le rappeur marseillais Jul parce qu’il aurait eu l’outrecuidance de se produire à Marseille en mai devant le Président de la République. « Jul qui fanfaronnait contre Macron pendant la réforme des retraites lui livre Marseille pour une demi-heure de gloire dont il n’a nul besoin » écrit-elle. A contrario, Aude Lancelin défend régulièrement le rappeur Booba, pourtant accusé d’antisémitisme, de propagation de fake news et de cyberharcèlement, au motif que celui-ci « n’appelle pas à voter Macron » comme elle le précise le 23 juin. Booba, dont elle justifie bien facilement le cyberharcèlement à l’encontre de Magali Berdah, dispose selon elle d'une « liberté totale » lorsqu’elle le compare même à Kylian Mbappé. « Mbappé est sous contrat LVMH, trois grandes marques du groupe, dont Dior et Rimowa lui versent des millions d’euros par an. Son appel contre "les" extrêmes (et non le seul RN) coule de source. Bernard saura se montrer reconnaissant » glisse-t-elle en surfant toute honte bue sur un prétendu complot dirigeant le joueur de football. « Elle était persuadée que Macron suivait de près tout ce que l’on publiait au Média » se remémore l’ex-journaliste, « elle nous disait même qu’il avait peur de nous, de ce qu’on pouvait sortir, ça nous flattait évidement. Tout le monde était très jeune et débutait pour la plupart ».

En 2022, un sondage posté sur X par la radio RTL proposait aux utilisateurs de répondre à la négative ou l’affirmative sur leur souhait de voir Emmanuel Macron réélu. Contraints de supprimer leurs posts par la suite, RTL est immédiatement apostrophé par Aude Lancelin : « C’est vrai @RTLFrance ? Franchement ce serait grave d’apprendre que ce sondage défavorable au grand leader et général en chef des armées Micron 1er a été supprimé ». Pourtant, dans les commentaires, les utilisateurs ne manquent pas de la prévenir que le sondage aurait en vérité été supprimé à la suite d’un raid numérique organisé, comme en attesteraient les messages publiés sous la publication de RTL.

Rodée à l’exercice du « buzz » médiatique, Aude Lancelin possède plusieurs cordes à son arc pour attirer la complosphère et viraliser son propos. La première : préciser que quiconque critiquerait comme elle le système serait de facto accusé à tort de « complotisme » pour le museler. Par exemple, dans cette interview donnée en 2018 pour le média Thinkerview (lui-même accusé de servir la propagande du Kremlin), la posture complotiste et victimaire se dessine à grands renforts de citations inquiétantes : « Une meute en face de nous, qui croit pouvoir nous effrayer, nous faire du tort », « on a vraiment tout le monde contre nous, c’est ça qu’il faut comprendre on a absolument toute la confrérie [...] ».

La seconde, en affirmant inlassablement que les invités qu’elle reçoit à son micro sont soit « diffamés » soit « censurés » ou « silenciés » par les médias. C’est le cas par exemple de son ami le révolutionnaire et syndicaliste Anasse Kazib qui serait d’après elle « invisibilisé par les médias dominants ». À l’époque pourtant, Anasse Kazib comptait à son actif des papiers et interviews dans de nombreux médias, à l’instar du Monde ou même la veille du message d’Aude Lancelin dans « C à vous », venu l’interviewer. Même chose pour Aly Diouara ou encore Shlomo Sand, historien israélien invité le 9 mai dernier qu’elle présente comme « censuré par les médias internationaux » − sans que ce soit pourtant le cas.

Après avoir été invitée en 2018 à l’IRIS, de Pascal Boniface, pour y débattre sur « fake news, complotisme et désinformation », Aude Lancelin a invité à plusieurs reprises sur QG le chercheur controversé, connu pour sa proximité avec la Russie, dont deux fois depuis le 7 octobre.

Sur la crise du Covid, là encore, les exemples sont nombreux et permettent à Aude Lancelin de s’en prendre régulièrement à l’État français. Au point même que la journaliste a convié à plusieurs reprises le sociologue Laurent Mucchielli pour des émissions aux titres évocateurs, tels que « Pass vaccinal : vers une surveillance globale ». Depuis, le chercheur détient même son propre blog sur QG, alors que le CNRS a pris ses distances avec lui suite à ses prises de position sur le Covid, sa proximité avec Didier Raoultqui vient d'être interdit d'exercer la médecine pendant deux ans − et ses interviews pour FranceSoir, qui a récemment perdu son agrément de presse.

La Russie, tremplin de sa convergence avec l’extrême droite

Aude Lancelin et Régis Le Sommier (capture d'écran OMERTA/YouTube, 17/04/2024).

« Je n’ai jamais voté Macron, ni appelé à faire barrage au second tour. Ni en 2017 ni en 2022 ni en 2024 » précisait Aude Lancelin sur son compte X. Difficile de remettre ce postulat en doute lorsqu’on la voit dorénavant collaborer régulièrement avec le média Omerta et son taulier Régis Le Sommier. Proche de Frédéric Chatillon et du GUD durant ses études, Régis Le Sommier est un ancien collaborateur de RT France, chaîne de propagande du Kremlin interdite de diffusion sur le territoire de l’Union européenne après l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes en 2022. Pascal Jouary, journaliste spécialisé dans les questions de sécurité, a alerté à plusieurs reprises l'Arcom sur son compte X suite aux propos d’Aude Lancelin diffusés sur YouTube : « Elle est l’une des seules à considérer la France et Emmanuel Macron comme une dictature bien pire que la Russie, la Chine ou encore l’Iran ! Je suis ébahi lorsqu’elle reçoit par exemple plusieurs fois Jacques Baud dont on connaît les positions favorables à Poutine » explique-t-il.

Le complotisme réunirait-il ? En effet, Jacques Baud, également défendu en février dernier par Régis Le Sommier dans Le JDD, est par ailleurs persuadé que l’on ne peut pas prouver les liens entre Oussama Ben Laden et les attentats du 11 septembre 2001. Plus étonnant encore, le 12 mars 2024, Aude Lancelin convie le russophile à réagir aux prétendues nombreuses fake news qui entoureraient le pogrom du 7 octobre 2023. Dans une longue introduction, et évidemment sans souligner ne serait-ce qu’un seul instant que Jacques Baud lui même a été épinglé pour diffusion de fausses informations, Aude Lancelin insiste sur « tous les mensonges qui se sont répandus dans les médias au sujet des atrocités commises ce jour-là ». La journaliste n’est capable de ne citer que l’affaire des « bébés », issue du témoignage d’un officier de réserve israélo-américain qui a utilisé le mot « baby » pour parler d’enfants. Cet argument, utilisé ad nauseam pour minimiser les crimes perpétrés par le Hamas, n'est bien sûr pas complété ou contexctualisé par Aude Lancelin. « Alors que ces crimes [l’affaire des « bébés » − ndlr] ont été totalement débunkés, ils continuent à être présents dans nos médias, ils continuent à être présents dans le discours de nos politiciens et ils continuent à servir de justification pour ce que fait Israël et c’est ça qui n’est pas acceptable » réagit encore une fois de manière floue et très contestable Jacques Baud.

Capable de défendre récemment Tanguy David du Rassemblement National sur son compte X après qu’il a traité Michel Barnier de « fossile », Aude Lancelin a surtout ouvert les portes de QG à Caroline Galactéros début septembre, toujours aux côtés de son nouvel acolyte Régis Le Sommier pour une « grande soirée de rentrée ». Pourtant conseillère d’Éric Zemmour jusqu’en 2022, Caroline Galactéros semble avoir su faire oublier à Aude Lancelin son expérience politique auprès de l’extrême droite puisqu’elle tient un discours pro-russe dénoncé depuis plusieurs années.

Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que la fondatrice de QG, qui répète à l’envi son engagement indéfectible à gauche, passe l’éponge sur l’extrême-droitisme de ses contributeurs. En janvier 2019, la Fondation Jean-Jaurès publie en collaboration avec Le Nouvel Obs une analyse des profils Facebook d’Eric Drouet et Maxime Nicolle. Cette étude révélait dans le détail l’appétence des deux figures des Gilets jaunes pour les thèses de l’ultra-droite et leur relai sur les réseaux sociaux. Dans le cas de Maxime Nicolle, qu’Aude Lancelin va pourtant recruter quelques mois plus tard, l’enquête révèle qu'il relaie régulièrement des publications de Marine Le Pen sur les réseaux sociaux. Du côté d’Eric Drouet, malgré la parution de l’enquête, Aude Lancelin ne va pas hésiter à l’inviter en 2020 chez QG lors d’une longue interview en tête à tête encore accessible en ligne. Pourtant, un an plus tard, en 2021, Aude Lancelin n’hésitait pas à déplorer sur son compte X que « la droite extrême, l’extrême centre et les islamophobes » étaient les seuls « ou presque » autorisés « à s’exprimer sur une grande radio nationale française », insistant sur une « haute dose » et même « tous les jours ».

Source : Aude Lancelin/X, 29/08/2024.

« Je croyais qu’Aude Lancelin était ou se disait de gauche ? Elle promeut les mensonges de Tucker Carlson, la pire ordure néo-fasciste complotiste et suprémaciste des États-Unis, que même Fox News a viré. On saura à quoi s’en tenir » souligne, estomaqué, l’historien André Loez en août 2023. La cause ? L’indignation d’Aude Lancelin sur le silence des médias français après que le présentateur américain Tucker Carlson a accusé l’administration Biden du sabotage du gazoduc Nordstream 2. Tucker Carlson, adepte des théories complotistes à outrance (réchauffement climatique, opposé à la politique de gestion du Covid…) et grand ami de Donald Trump et d’Alex Jones, s’est montré d’une complaisance critiquée à l’international après s’être entretenu avec Vladimir Poutine en février 2024.

Un autre employé d’Aude Lancelin, qui a collaboré avec elle lors de son passage au Média, estime que la journaliste illustre « parfaitement » certains médias dits « de gauche » dont le positionnement s’oppose aux gouvernements en place. « Il y a en général, comme chez Aude, un mécanisme qui fait que ces journalistes sont sincèrement persuadés qu’un système les contrôle et les influence ». S’il se souvient d’Aude  Lancelin comme de quelqu’un « de très égocentré, qui peut manquer d’empathie, et pousser des coups de colère », l’ex-employé estime toutefois qu’Aude Lancelin n’est pas plus « complotiste » que d’autres de ses confrères qui sont le fruit de médias alternatifs comme QG.

Contactée, Aude Lancelin n’a pour le moment pas donné suite à nos sollicitations.

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à propos de l'auteur
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Nora Bussigny
Nora Bussigny est journaliste d'investigation spécialisée en sujets sociétaux et enquêtes au long cours. Elle travaille pour Le Point et Franc-Tireur. Son dernier ouvrage, Les Nouveaux Inquisiteurs, est paru aux éditions Albin Michel en 2023.
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