Antoine Vitkine rappelle qu'Oussama Ben Laden, le chef d'Al-Qaïda, ne fut jamais, de près ou de loin, un agent de la CIA. Contrairement à une idée fort répandue, l’Amérique ne lui a pas versé d’argent pour qu’il recrute des volontaires pour faire le djihad contre les Soviétiques.
Ben Laden, ancien agent de la CIA, ou, version édulcorée, créé et financé par l’Amérique, qui se retourne contre ses maîtres. Ces idées, je les ai entendu répéter mille fois, et pas seulement dans les rangs de l’extrême gauche. Elle n’est plus une théorie du complot, elle est un poncif, une vérité établie, inscrite dans le marbre.
À ce fantasme, il faut répondre par les faits. Ben Laden ne fut jamais, de près ou de loin, un agent de la CIA. L’Amérique ne lui a pas versé d’argent pour qu’il recrute des volontaires arabes pour faire le djihad contre les Soviétiques. Considérablement riche, celui-ci n’en avait pas besoin. Au contraire, c’est lui qui récoltait des fonds et fournissait des moyens logistiques aux moudjahiddins et djihadistes. Quant à ses liens avec la CIA, ils sont plus que ténus : Ben Laden collaborait avec le prince Turki Ibn Fayçal, chef des services secrets saoudien, lequel le mit en contact avec l’ISI, les renseignements pakistanais.
Bien sûr, il y a une convergence d’intérêts – momentanée – de Ben Laden et des Américains : chasser l’URSS d’Afghanistan. Bien sûr des agents américains ont pu rencontrer Ben Laden, c’est le métier de tous les agents secrets de nouer des contacts avec toute sorte de gens, voire de les utiliser. Mais l’Amérique n’a pas fait Ben Laden, celui-ci s’est fait tout seul. [...]
La théorie du complot se nourrit d’une grande incurie intellectuelle, d’une méconnaissance crasse de l’Histoire et du fonctionnement de la politique internationale. Quand bien même Ben Laden auraient coopéré avec les Américains en Afghanistan au début des années 1980, leur temporaire convergence d’intérêt n’aurait pas traduit une vision commune, et, de toute façon, les Américains n’avaient aucune raison de penser que, une quinzaine d’années plus tard, Ousama Ben Laden frapperait l’Amérique. L’aveuglement de la CIA sur l’islam radical n’est pas le signe d’une secrète volonté. L’Histoire est faite de ces erreurs mais aussi de hasards, de changements brusques, d’incertitudes, elle n’est pas une voie toute tracée comme le pensent les conspirationnistes, sourds et aveugles à l’intelligence, préoccupés qu’ils sont à prouver que l’Amérique est forcément coupable d’avoir enfanté Ben Laden parce qu’elle est coupable de bombarder l’Irak.
Car à quoi riment ces jésuitismes, où l’on demande fielleusement “à qui profite le crime”, ces trésors sophistiques pour expliquer que Ben Laden a été “suscité” par l’Amérique ? Tout ça pour dire quoi ? Que le mal absolu, c’est l’Amérique. Donc le terrorisme, Ben Laden, les islamistes sont, au mieux, un produit dérivant de l’oppression américaine, dans le pire des cas, une création des États-Unis, sinon une pure invention.
Source : Antoine Vitkine, Les Nouveaux imposteurs, La Martinière, 2005.
Voir aussi :
Antoine Vitkine rappelle qu'Oussama Ben Laden, le chef d'Al-Qaïda, ne fut jamais, de près ou de loin, un agent de la CIA. Contrairement à une idée fort répandue, l’Amérique ne lui a pas versé d’argent pour qu’il recrute des volontaires pour faire le djihad contre les Soviétiques.
Ben Laden, ancien agent de la CIA, ou, version édulcorée, créé et financé par l’Amérique, qui se retourne contre ses maîtres. Ces idées, je les ai entendu répéter mille fois, et pas seulement dans les rangs de l’extrême gauche. Elle n’est plus une théorie du complot, elle est un poncif, une vérité établie, inscrite dans le marbre.
À ce fantasme, il faut répondre par les faits. Ben Laden ne fut jamais, de près ou de loin, un agent de la CIA. L’Amérique ne lui a pas versé d’argent pour qu’il recrute des volontaires arabes pour faire le djihad contre les Soviétiques. Considérablement riche, celui-ci n’en avait pas besoin. Au contraire, c’est lui qui récoltait des fonds et fournissait des moyens logistiques aux moudjahiddins et djihadistes. Quant à ses liens avec la CIA, ils sont plus que ténus : Ben Laden collaborait avec le prince Turki Ibn Fayçal, chef des services secrets saoudien, lequel le mit en contact avec l’ISI, les renseignements pakistanais.
Bien sûr, il y a une convergence d’intérêts – momentanée – de Ben Laden et des Américains : chasser l’URSS d’Afghanistan. Bien sûr des agents américains ont pu rencontrer Ben Laden, c’est le métier de tous les agents secrets de nouer des contacts avec toute sorte de gens, voire de les utiliser. Mais l’Amérique n’a pas fait Ben Laden, celui-ci s’est fait tout seul. [...]
La théorie du complot se nourrit d’une grande incurie intellectuelle, d’une méconnaissance crasse de l’Histoire et du fonctionnement de la politique internationale. Quand bien même Ben Laden auraient coopéré avec les Américains en Afghanistan au début des années 1980, leur temporaire convergence d’intérêt n’aurait pas traduit une vision commune, et, de toute façon, les Américains n’avaient aucune raison de penser que, une quinzaine d’années plus tard, Ousama Ben Laden frapperait l’Amérique. L’aveuglement de la CIA sur l’islam radical n’est pas le signe d’une secrète volonté. L’Histoire est faite de ces erreurs mais aussi de hasards, de changements brusques, d’incertitudes, elle n’est pas une voie toute tracée comme le pensent les conspirationnistes, sourds et aveugles à l’intelligence, préoccupés qu’ils sont à prouver que l’Amérique est forcément coupable d’avoir enfanté Ben Laden parce qu’elle est coupable de bombarder l’Irak.
Car à quoi riment ces jésuitismes, où l’on demande fielleusement “à qui profite le crime”, ces trésors sophistiques pour expliquer que Ben Laden a été “suscité” par l’Amérique ? Tout ça pour dire quoi ? Que le mal absolu, c’est l’Amérique. Donc le terrorisme, Ben Laden, les islamistes sont, au mieux, un produit dérivant de l’oppression américaine, dans le pire des cas, une création des États-Unis, sinon une pure invention.
Source : Antoine Vitkine, Les Nouveaux imposteurs, La Martinière, 2005.
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