La réaction de la complosphère, suite à l'invasion des lieux de pouvoir brésiliens, ressemble trait pour trait à la rhétorique martelée par les militants trumpistes depuis l'assaut du Capitole le 6 janvier 2021.
« Viva Brazil ! Là-bas, il existe encore un peuple ! » En ce dimanche 8 janvier 2023, André Bercoff, peine à réfréner son enthousiasme devant l'invasion par des militants bolsonaristes de la Place des Trois Pouvoirs à Brasilia, épicentre de la démocratie brésilienne. Alors que la presse internationale est à l'unisson pour évoquer, à l'instar du journal Le Monde, « l'un des jours les plus sombres de l'histoire du Brésil », l'attitude jubilatoire de l'animateur vedette de Sud Radio fait tâche.
Comme lors de l'invasion du Capitole, dont on commémorait ces derniers jours le deuxième anniversaire, le saccage du coeur du pouvoir fédéral brésilien est l'aboutissement prévisible d'une campagne de désinformation complotiste. A l'image de ce qu'il s'est passé le 6 janvier 2021 à Washington, une partie des soutiens de Jair Bolsonaro s'estime lésée par des élections truquées et la défaite, dans les urnes, de leur candidat.
Cette banderole brandie par les émeutiers pro-Bolsonaro « We want the source code » fait référence à une théorie conspi poussée par l’ex ministre de la défense 🇧🇷 cet l’été, questionnant l’intégrité des machines électorales. L’équivalent US des délires conspis autour de Dominion. pic.twitter.com/wKQVKmgRU6
— Tristan Mendès France (@tristanmf) January 8, 2023
Outre-Atlantique, Steve Bannon, l'ancien proche conseiller de Donald Trump, s'est « empressé de saluer "les combattants brésiliens de la liberté", après avoir passé des semaines à vendre la théorie d’une élection truquée », souligne Télérama.
En France, les réactions de la complosphère ne se sont pas faites attendre. Le 8, aux alentours de 20 heures, Silvano Trotta (160 000 abonnés sur Telegram) estime que « le point de rupture est arrivé. Les Brésiliens mécontents de la fraude électorale ayant porté le corrompu Lula au pouvoir, envahissent le Congrès. »
C'est également le Grand Soir pour l'inénarrable Francis Lalanne. L'artiste, qui chante désormais les louanges de Vladimir Poutine, avance qu'avec « les manifestations au Brésil, les nazis pédophiles mondialistes comprennent désormais que les peuples ne se laisseront plus voler les élections ».
En fin de soirée, les forces de l'ordre reprennent peu à peu le contrôle de la capitale brésilienne. Le monde découvre alors les images des dégradations et violences commises par les émeutiers : bureaux saccagés, vitres brisées, vandalisations d'œuvres d'art, agressions de journalistes, affrontements avec les policiers… De quoi affecter durablement l'image de Bolsonaro et de ses partisans.
Ces images des partisans de #Bolsonaro en train de s’amuser dans la salle du Congrès ressemblent comme deux gouttes d’eau à celles il y a deux ans des Trumpistes au #Capitole…#Brasil #Brésil pic.twitter.com/7rUkQfrTLp
— Antoine Llorca (@antoinellorca) January 8, 2023
Mais pour les complotistes, il n'est pas question d'accabler le camp Bolsonaro. Comme après le tollé suscité par les émeutes du Capitole, ils ont déployé une série d'arguments visant à dédouaner les soutiens de l'ex-président brésilien.
Le 7 janvier 2021, Silvano Trotta accusait ainsi les « antifas » d'avoir « infiltré les manifestants de Trump qui ont pris d'assaut le Capitole ». Le 9 janvier 2023, Les DéQodeurs, principal groupe QAnon francophone, regrette désormais l'« infiltration par des agents du chaos pour détourner la volonté des Brésiliens qui manifestent ». Des infiltrés « probablement à l'origine de la majorité de la casse dans les bâtiments publique (sic) ». Et d'ajouter, quelques heures plus tard, que « plus les vidéos arrivent, plus cela ressemble au faux drapeau du 6 janvier 2021 »...
Même son de cloche chez Egalité & Réconciliation, le site d'Alain Soral, qui avance que des « élements dépendant du pouvoir profond » ont doublé les manifestants pro-Bolsonaro. Des arguments qui apparaissent également sur Le Courrier des Stratèges, où l'on se demande si les casseurs n'ont pas été « téléguidés » pour « causer des dégâts ».
En matière de complotisme, l'histoire semble se répéter. Reste qu'en France, la complosphère prend des notes et attend son heure. Toujours dans le Courrier des Stratèges, Eric Verhaeghe s'interroge sur les modalités d'un contre-coup d'État réussi : « De nombreux mouvements français ont intérêt à bien méditer la leçon qui vient d’être donnée, conseille l'ancien énarque. Un anti-putsch ne réussit pas avec de la bonne volonté et la fleur au bout du fusil. »
« Viva Brazil ! Là-bas, il existe encore un peuple ! » En ce dimanche 8 janvier 2023, André Bercoff, peine à réfréner son enthousiasme devant l'invasion par des militants bolsonaristes de la Place des Trois Pouvoirs à Brasilia, épicentre de la démocratie brésilienne. Alors que la presse internationale est à l'unisson pour évoquer, à l'instar du journal Le Monde, « l'un des jours les plus sombres de l'histoire du Brésil », l'attitude jubilatoire de l'animateur vedette de Sud Radio fait tâche.
Comme lors de l'invasion du Capitole, dont on commémorait ces derniers jours le deuxième anniversaire, le saccage du coeur du pouvoir fédéral brésilien est l'aboutissement prévisible d'une campagne de désinformation complotiste. A l'image de ce qu'il s'est passé le 6 janvier 2021 à Washington, une partie des soutiens de Jair Bolsonaro s'estime lésée par des élections truquées et la défaite, dans les urnes, de leur candidat.
Cette banderole brandie par les émeutiers pro-Bolsonaro « We want the source code » fait référence à une théorie conspi poussée par l’ex ministre de la défense 🇧🇷 cet l’été, questionnant l’intégrité des machines électorales. L’équivalent US des délires conspis autour de Dominion. pic.twitter.com/wKQVKmgRU6
— Tristan Mendès France (@tristanmf) January 8, 2023
Outre-Atlantique, Steve Bannon, l'ancien proche conseiller de Donald Trump, s'est « empressé de saluer "les combattants brésiliens de la liberté", après avoir passé des semaines à vendre la théorie d’une élection truquée », souligne Télérama.
En France, les réactions de la complosphère ne se sont pas faites attendre. Le 8, aux alentours de 20 heures, Silvano Trotta (160 000 abonnés sur Telegram) estime que « le point de rupture est arrivé. Les Brésiliens mécontents de la fraude électorale ayant porté le corrompu Lula au pouvoir, envahissent le Congrès. »
C'est également le Grand Soir pour l'inénarrable Francis Lalanne. L'artiste, qui chante désormais les louanges de Vladimir Poutine, avance qu'avec « les manifestations au Brésil, les nazis pédophiles mondialistes comprennent désormais que les peuples ne se laisseront plus voler les élections ».
En fin de soirée, les forces de l'ordre reprennent peu à peu le contrôle de la capitale brésilienne. Le monde découvre alors les images des dégradations et violences commises par les émeutiers : bureaux saccagés, vitres brisées, vandalisations d'œuvres d'art, agressions de journalistes, affrontements avec les policiers… De quoi affecter durablement l'image de Bolsonaro et de ses partisans.
Ces images des partisans de #Bolsonaro en train de s’amuser dans la salle du Congrès ressemblent comme deux gouttes d’eau à celles il y a deux ans des Trumpistes au #Capitole…#Brasil #Brésil pic.twitter.com/7rUkQfrTLp
— Antoine Llorca (@antoinellorca) January 8, 2023
Mais pour les complotistes, il n'est pas question d'accabler le camp Bolsonaro. Comme après le tollé suscité par les émeutes du Capitole, ils ont déployé une série d'arguments visant à dédouaner les soutiens de l'ex-président brésilien.
Le 7 janvier 2021, Silvano Trotta accusait ainsi les « antifas » d'avoir « infiltré les manifestants de Trump qui ont pris d'assaut le Capitole ». Le 9 janvier 2023, Les DéQodeurs, principal groupe QAnon francophone, regrette désormais l'« infiltration par des agents du chaos pour détourner la volonté des Brésiliens qui manifestent ». Des infiltrés « probablement à l'origine de la majorité de la casse dans les bâtiments publique (sic) ». Et d'ajouter, quelques heures plus tard, que « plus les vidéos arrivent, plus cela ressemble au faux drapeau du 6 janvier 2021 »...
Même son de cloche chez Egalité & Réconciliation, le site d'Alain Soral, qui avance que des « élements dépendant du pouvoir profond » ont doublé les manifestants pro-Bolsonaro. Des arguments qui apparaissent également sur Le Courrier des Stratèges, où l'on se demande si les casseurs n'ont pas été « téléguidés » pour « causer des dégâts ».
En matière de complotisme, l'histoire semble se répéter. Reste qu'en France, la complosphère prend des notes et attend son heure. Toujours dans le Courrier des Stratèges, Eric Verhaeghe s'interroge sur les modalités d'un contre-coup d'État réussi : « De nombreux mouvements français ont intérêt à bien méditer la leçon qui vient d’être donnée, conseille l'ancien énarque. Un anti-putsch ne réussit pas avec de la bonne volonté et la fleur au bout du fusil. »
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