Conspiracy Watch | l'Observatoire du conspirationnisme
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Comment s'informent les complotistes ?

Publié par Roman Bornstein18 février 2019,

L’enquête de la Fondation Jean-Jaurès et Conspiracy Watch réalisée par l’Ifop sur l’état du complotisme en France dresse un état des lieux des pratiques médiatiques des Français et montre que l’usage des réseaux sociaux pour s’informer est manifestement corrélé à la validation des théories complotistes. Pour Roman Bornstein, si ces plateformes n’introduisent pas une variable éthique et citoyenne dans leur modèle économique, elles resteront le facteur de propagation des théories complotistes le plus puissant et un outil essentiel au service de ceux qui ont entrepris de défaire le vivre-ensemble démocratique.

I - On sait qui sont les complotistes, pas comment ils le deviennent

Comme on a pu l’observer dans les deux précédentes notes de la Fondation Jean-Jaurès rédigées par Rudy Reichstadt et Jérôme Fourquet sur le sujet, l’adhésion aux théories complotistes au sein de la population française est fortement corrélée à plusieurs facteurs individuels bien identifiés : la jeunesse, l’absence de diplôme universitaire, la précarité économique, le sentiment d’échec personnel et le vote en faveur d’un des partis situés aux deux extrêmes de l’échiquier politique. On peut donc théoriquement affirmer que l’on sait, sociologiquement parlant, qui sont les complotistes. Toute la question consiste désormais à savoir comment ils le sont devenus.

Les travaux de Gérald Bronner et de Sebastian Dieguez l’ont déjà largement montré : le glissement vers le complotisme est multifactoriel, et il serait forcément réducteur de prétendre, ici ou ailleurs, en identifier une source unique. On notera néanmoins que le complotisme procède d’une double posture : il est une croyance, mais avant cela il est une défiance. Une défiance envers l’histoire « officielle », et une croyance en un récit alternatif. On comprend donc que le complotisme est potentiellement le résultat d’un rapport particulier à l’information, aux journalistes qui la fabriquent et aux médias qui la diffusent. Il est dès lors particulièrement intéressant d’interroger les pratiques médiatiques des Français et, parmi eux, de ceux qui apparaissent les plus sensibles aux thèses complotistes.

Le contexte dans lequel s’inscrit cette étude la rend d’autant plus nécessaire : alors que Facebook célèbre ce mois-ci son quinzième anniversaire, les réseaux sociaux sont depuis deux ans l’objet de critiques récurrentes pour leur rôle prééminent dans la diffusion massive de fausses informations ayant contribué aux succès électoraux du Brexit et de Donald Trump. Comme le laissent entrevoir ces polémiques, une recomposition du circuit de l’information au profit des différentes plateformes Internet et au détriment des médias professionnels est en cours. Il est donc important de pouvoir en mesurer l’état d’avancement, préalable indispensable si on veut évaluer quelles en sont les conséquences sur le débat public au sein des démocraties occidentales. [...]

>>> Lire, sur le site de la Fondation Jean-Jaurès, l'intégralité de la note de Roman Bornstein.

Voir aussi :

Radicalité informationnelle : « les jeunes considèrent les médias moins comme établissant des faits que comme proposant des narrations »

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L’enquête de la Fondation Jean-Jaurès et Conspiracy Watch réalisée par l’Ifop sur l’état du complotisme en France dresse un état des lieux des pratiques médiatiques des Français et montre que l’usage des réseaux sociaux pour s’informer est manifestement corrélé à la validation des théories complotistes. Pour Roman Bornstein, si ces plateformes n’introduisent pas une variable éthique et citoyenne dans leur modèle économique, elles resteront le facteur de propagation des théories complotistes le plus puissant et un outil essentiel au service de ceux qui ont entrepris de défaire le vivre-ensemble démocratique.

I - On sait qui sont les complotistes, pas comment ils le deviennent

Comme on a pu l’observer dans les deux précédentes notes de la Fondation Jean-Jaurès rédigées par Rudy Reichstadt et Jérôme Fourquet sur le sujet, l’adhésion aux théories complotistes au sein de la population française est fortement corrélée à plusieurs facteurs individuels bien identifiés : la jeunesse, l’absence de diplôme universitaire, la précarité économique, le sentiment d’échec personnel et le vote en faveur d’un des partis situés aux deux extrêmes de l’échiquier politique. On peut donc théoriquement affirmer que l’on sait, sociologiquement parlant, qui sont les complotistes. Toute la question consiste désormais à savoir comment ils le sont devenus.

Les travaux de Gérald Bronner et de Sebastian Dieguez l’ont déjà largement montré : le glissement vers le complotisme est multifactoriel, et il serait forcément réducteur de prétendre, ici ou ailleurs, en identifier une source unique. On notera néanmoins que le complotisme procède d’une double posture : il est une croyance, mais avant cela il est une défiance. Une défiance envers l’histoire « officielle », et une croyance en un récit alternatif. On comprend donc que le complotisme est potentiellement le résultat d’un rapport particulier à l’information, aux journalistes qui la fabriquent et aux médias qui la diffusent. Il est dès lors particulièrement intéressant d’interroger les pratiques médiatiques des Français et, parmi eux, de ceux qui apparaissent les plus sensibles aux thèses complotistes.

Le contexte dans lequel s’inscrit cette étude la rend d’autant plus nécessaire : alors que Facebook célèbre ce mois-ci son quinzième anniversaire, les réseaux sociaux sont depuis deux ans l’objet de critiques récurrentes pour leur rôle prééminent dans la diffusion massive de fausses informations ayant contribué aux succès électoraux du Brexit et de Donald Trump. Comme le laissent entrevoir ces polémiques, une recomposition du circuit de l’information au profit des différentes plateformes Internet et au détriment des médias professionnels est en cours. Il est donc important de pouvoir en mesurer l’état d’avancement, préalable indispensable si on veut évaluer quelles en sont les conséquences sur le débat public au sein des démocraties occidentales. [...]

>>> Lire, sur le site de la Fondation Jean-Jaurès, l'intégralité de la note de Roman Bornstein.

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Radicalité informationnelle : « les jeunes considèrent les médias moins comme établissant des faits que comme proposant des narrations »

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