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Conspiracy News #11.2020

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Publié par La Rédaction16 mars 2020

Des gros titres aux petites infos passées inaperçues : ce qu’il fallait retenir de l’actualité des derniers jours en matière de conspirationnisme et de négationnisme (semaine du 09/03/2020 au 15/03/2020).

LECTURE. La Modernité disputée : c’est sous ce titre que viennent de paraître des mélanges en l’honneur de Pierre-André Taguieff, philosophe et historien des idées. Les textes de 95 auteurs réunis dans ce grand livre d’hommage font écho aux questions qui nourrissent ses recherches sur les mythes modernes – qu’ils soient progressistes ou déclinistes – et accompagnent le regard incisif qu’il porte sur les maux de notre monde contemporain : racismes, nationalismes, populismes, droites radicales, nouveaux totalitarismes, fanatisme et terrorisme djihadistes, communautarismes, tentations eugénistes, judéophobies et... théories du complot, naturellement, abordées par de nombreuses contributions (source : Conspiracy Watch, 12 mars 2020).

VALEURS ACTUELLES. Se basant sur un rapport d’une organisation chrétienne ultra-conservatrice, Valeurs actuelles a consacré le mois dernier un nouveau dossier au philanthrope américain George Soros, accusé de tirer les ficelles de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Le texte a été relayé sur plusieurs sites conspirationnistes comme Wikistrike ainsi que sur les réseaux sociaux, provoquant des réactions d’une virulence rare. Le dossier de Valeurs actuelles a suscité, le 20 février, la réaction des dirigeants du Rassemblement national qui demandent à ce que la France quitte la CEDH ou, à tout le moins, que « la Cour de Cassation et le Conseil d’Etat [cessent] dès à présent de tenir compte des avis de la CEDH ». Conspiracy Watch s’est livré à une contre-enquête présentant les failles du rapport et de son exploitation par l’hebdomadaire (source : Conspiracy Watch, 12 mars 2020).

YOUTUBE. Des années durant, YouTube a servi d’amplificateur très efficace aux complotistes, ce que la plateforme, détenue et gérée par Google, a elle-même admis. Mais en janvier 2019, ses responsables ont annoncé vouloir limiter la diffusion de vidéos qui risqueraient de « désinformer gravement » ses utilisateurs. Un an a passé. YouTube favorise nettement moins les théories du complot, mais ses résultats sont inégaux et la plateforme continue de soutenir certaines falsifications. Tel est le résultat d’une étude menée par Marc Faddoul et Hany Farid, chercheurs à l’Université de Californie, à Berkeley, et Guillaume Chaslot (Fondation Mozilla) (source : Conspiracy Watch, 10 mars 2020). Un compte rendu à compléter avec la lecture d’une interview de Guillaume Chaslot sur Conspiracy Watch (source : Conspiracy Watch, 14 mars 2020).

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LECTURE. La Modernité disputée : c’est sous ce titre que viennent de paraître des mélanges en l’honneur de Pierre-André Taguieff, philosophe et historien des idées. Les textes de 95 auteurs réunis dans ce grand livre d’hommage font écho aux questions qui nourrissent ses recherches sur les mythes modernes – qu’ils soient progressistes ou déclinistes – et accompagnent le regard incisif qu’il porte sur les maux de notre monde contemporain : racismes, nationalismes, populismes, droites radicales, nouveaux totalitarismes, fanatisme et terrorisme djihadistes, communautarismes, tentations eugénistes, judéophobies et... théories du complot, naturellement, abordées par de nombreuses contributions (source : Conspiracy Watch, 12 mars 2020).

VALEURS ACTUELLES. Se basant sur un rapport d’une organisation chrétienne ultra-conservatrice, Valeurs actuelles a consacré le mois dernier un nouveau dossier au philanthrope américain George Soros, accusé de tirer les ficelles de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Le texte a été relayé sur plusieurs sites conspirationnistes comme Wikistrike ainsi que sur les réseaux sociaux, provoquant des réactions d’une virulence rare. Le dossier de Valeurs actuelles a suscité, le 20 février, la réaction des dirigeants du Rassemblement national qui demandent à ce que la France quitte la CEDH ou, à tout le moins, que « la Cour de Cassation et le Conseil d’Etat [cessent] dès à présent de tenir compte des avis de la CEDH ». Conspiracy Watch s’est livré à une contre-enquête présentant les failles du rapport et de son exploitation par l’hebdomadaire (source : Conspiracy Watch, 12 mars 2020).

YOUTUBE. Des années durant, YouTube a servi d’amplificateur très efficace aux complotistes, ce que la plateforme, détenue et gérée par Google, a elle-même admis. Mais en janvier 2019, ses responsables ont annoncé vouloir limiter la diffusion de vidéos qui risqueraient de « désinformer gravement » ses utilisateurs. Un an a passé. YouTube favorise nettement moins les théories du complot, mais ses résultats sont inégaux et la plateforme continue de soutenir certaines falsifications. Tel est le résultat d’une étude menée par Marc Faddoul et Hany Farid, chercheurs à l’Université de Californie, à Berkeley, et Guillaume Chaslot (Fondation Mozilla) (source : Conspiracy Watch, 10 mars 2020). Un compte rendu à compléter avec la lecture d’une interview de Guillaume Chaslot sur Conspiracy Watch (source : Conspiracy Watch, 14 mars 2020).

HENRY DE LESQUEN. « Il y a pire que le coronavirus : le judéovirus. » C’est en ces termes qu’Henry de Lesquen, a débuté une conférence d’une heure trente sur la question raciale, devant une soixantaine de personnes, à Aigle (Suisse). L'ancien haut fonctionnaire parisien, condamné en France en 2018 pour provocation à la haine et contestation de crimes contre l’humanité, était l'invité du groupuscule de « droite radicale» Résistance helvétique (source : 24 heures, 8 mars 2020).

BILDERBERG. Depuis près de 70 ans, le groupe Bilderberg réunit confidentiellement des personnalités comme Bill Clinton, Margaret Thatcher, Angela Merkel ou Emmanuel Macron, avec des financiers ou des grands noms de la presse. Depuis plus de 50 ans, il alimente des fantasmes complotistes : Bilderberg est accusé de cacher un gouvernement mondial secret. France Culture consacre à ce lieu commun de la culture conspirationniste contemporaine une émission en trois volets dans le cadre de ses « Mécaniques du complotisme ».

CORONAVIRUS. Au milieu du XIVe siècle, la peste ravagea l’Occident, provoquant une saignée démographique impressionnante. Environ la moitié de la population occidentale fut anéantie en l’espace de seulement quelques années. La désagrégation des cadres sociaux habituels, les migrations incessantes, la transformation des paysages, l’omniprésence de la mort furent autant de bouleversements qui ne manquèrent pas de susciter, chez les contemporains, angoisse, désarroi, panique et peur. Ces émotions, en suscitant une quête effrénée d’explications, alimentèrent des croyances et des rumeurs revêtant une dimension conspirationniste évidente. Mais c’est sur les juifs que se concentrèrent la plus vive animosité et la plupart des accusations de complot (source : Conspiracy Watch, 13 mars 2020). C’est donc presque sans surprise que s’est développée une théorie en marge de la crise sanitaire actuelle selon laquelle les juifs auraient déclenché la pandémie. « D'après la théorie du complot la plus populaire, les Juifs utilisent ce virus comme moyen de profit », a déclaré M. Friedfeld, chercheur au Centre sur l'extrémisme de la Ligue Anti-Diffamation (ADL), au Times of Israel (source : Times of Israel, 14 mars 2020).

Le contexte d’incertitude actuel – comme nous l’avons pointé les semaines précédentes – est propice à la diffusion de rumeurs. « Remèdes miracles » contre le Covid-19, intox sur l’origine du SARS-CoV-2, fausses informations sur les conséquences de l’épidémie… le service des Décodeurs du Monde aide à faire le tri (source : Le Monde, 13 mars 2020). En Iran, plus de 40 personnes sont décédées après avoir bu de l’alcool frelaté à la suite d’une rumeur selon laquelle les boissons alcoolisées aideraient à guérir le virus : c’est l’une des conséquences dramatiques de cette pandémie de désinformation dont la diffusion est favorisée par les réseaux sociaux (source : AFP, 12 mars 2020). On lira également le florilège d’exemples rassemblés par Laure Daussy dans Charlie Hebdo. La journaliste relève ainsi l’insinuation, sur Facebook, d’Alain Benajam, président du Réseau Volontaire à Paris, en vertu de laquelle le virus aurait été créé par… les Français : « Il va peut-être falloir que toute la clique mouillée dans les petits trafics du laboratoire P4 français de Wuhan s’explique : les Cazeneuve, les Buzyn, les Lévy, les Parly, etc. » (source : Charlie Hebdo, 13 mars 2020).

Dieudonné M’Bala M’Bala multiplie aussi les interventions sur ce sujet. Dans une vidéo mise en ligne le 3 mars, le polémiste de nombreuses fois condamné pour antisémitisme affirme que « le coronavirus et sa propagande de terreur vont justifier une crise financière hors du commun par laquelle Rothschild et consorts vont dérober la totalité de l’épargne des moutons partout sur la planète. […] Ne soyez pas les derniers à comprendre ce qui est en train de se passer. » La solution ? Placer cette épargne dans sa cryptomonnaie, le Sestrel, dont la sortie est prévue pour novembre 2020… (source : MEMRI, 10 mars 2020).

https://twitter.com/memrifr/status/1238007608063201282

En matière de charlatanisme, on évoquera aussi l’intervention du complotiste Alex Jones, directeur d’InfoWars, qui a prétendu face caméra que le dentifrice qu’il vend sur sa boutique en ligne tuait « à bout portant » le coronavirus et « tous les virus », ajoutant que « le Pentagone utilise le produit que nous avons » (source : Mediamatters, 11 mars 2020).

Concernant un brevet du coronavirus existant depuis plusieurs années et qui prouverait qu’il a été créé par l’Homme, la séquence Désintox du journal 28 minutes d’Arte rappelle que « "breveter un virus" ne veut pas dire qu’il a été créé par l’Homme, mais qu’il a été découvert et sa souche isolée. Cela permet ainsi de travailler sur un vaccin » (source : YouTube, 4 février 2020).

https://youtu.be/PSdu4K4uXYA

Parmi les fake news, il y a celle colportée par de nombreux sites, qui affirment que le SARS-CoV-2 aurait été sciemment créé par un laboratoire chinois aux fins de mettre sur pied une arme biologique. Cette théorie aurait été confirmée par le juriste américain Francis Boyle, ancien professeur de droit international, notamment dans une interview vidéo (30 janvier 2020) accordée à la chaîne YouTube « Geopolitics & Empire ». L’approche y est volontiers complotiste, anxiogène et catastrophiste : on y parle de nouvelle guerre froide, d’« État profond », du spectre d’une crise économique historique et de Troisième Guerre mondiale (source : Le Monde, 6 mars 2020). Vendredi 13 mars, Jerry Falwell Jr., fidèle supporter de Donald Trump et président de la Liberty University, a suggéré sur Fox News que l’épidémie avait été orchestrée par la Corée du Nord et la Chine pour nuire au président : « Vous vous souvenez que le dirigeant nord-coréen avait promis un cadeau de Noël pour l’Amérique ? En décembre ? Se serait-il uni avec la Chine et serait-ce donc cela le présent ? Je ne sais pas. Mais quelque chose d’étrange est en train de se passer » (source : The Hill, 13 mars 2020). Qui tweete que le coronavirus est une « arme biologique » ? Principalement des comptes pro-Trump. Les trois sites médiatiques les plus courants dans ce type de tweets : The Express, Russia Today et ZeroHedge (source : Twitter, 14 mars 2020). Une présentatrice de Fox Business, qui avait qualifié à l’antenne les inquiétudes concernant le coronavirus de « [nouvelle] tentative de destituer le président », a été écartée de son émission en prime-time (source : New York Times, 13 mars 2020). À l’inverse, une théorie du complot commence à être reprise au sommet de l’Etat chinois. Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a laissé entendre sur Twitter que le nouveau coronavirus, apparu en Chine, pourrait avoir été introduit par l’armée américaine. Sans toutefois étayer son affirmation, Zhao Lijian a évoqué cette hypothèse jeudi soir, reprenant ainsi des théories du complot circulant sur Internet (source : 20 Minutes, 13 mars 2020). Zhao Lijian ne s’appuie cependant sur aucune étude scientifique, se contentant de tweeter des liens vers deux articles du site Internet Global Research, connu pour diffuser des thèses conspirationnistes (source : Conspiracy Watch).

On notera enfin, alors même que l’État venait d’interdire les rassemblements de plus de cent personnes, la tenue de l'« Acte 70 » des Gilets jaunes, le samedi 14 mars 2020. Le coronavirus ? « C’est fait par l’État. » S’en inquiéter ? « Si on commence à penser, on arrête tout… » (source : Twitter, 14 mars 2020). C’est aussi l’avis de David Libeskind, avocat et co-fondateur de « Robes noires et gilets jaunes », répondant aux questions de RT France : « Ce n’est pas la crise sanitaire qui va empêcher les gens de manifester et de revendiquer. Ça c’est un leitmotiv pour empêcher en fait les gens de manifester ».

En février 2019, dans un post Facebook, Libeskind avait évoqué « les méthodes vichystes » du « régime » [d'Emmanuel Macron] pour « mettre fin au mouvement des Gilets Jaunes », citant « rafles », « gazages » et « déportations » (sic). S'affirmant « d’ascendance juive », il avait achevé la signature de son post par ces mots : « étoile jaune et gilet jaune ». David Libeskind est par ailleurs signataire, aux côtés de : Olivier Berruyer, Claude El Khal, Djordje Kuzmanovic, Annie Lacroix-Riz, Jean-Claude Michéa, Maxime Nicolle, Michel Onfray ou encore Emmanuel Todd, du manifeste de QG, le média lancé par la journaliste Aude Lancelin en juin 2019.

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LECTURE. La Modernité disputée : c’est sous ce titre que viennent de paraître des mélanges en l’honneur de Pierre-André Taguieff, philosophe et historien des idées. Les textes de 95 auteurs réunis dans ce grand livre d’hommage font écho aux questions qui nourrissent ses recherches sur les mythes modernes – qu’ils soient progressistes ou déclinistes – et accompagnent le regard incisif qu’il porte sur les maux de notre monde contemporain : racismes, nationalismes, populismes, droites radicales, nouveaux totalitarismes, fanatisme et terrorisme djihadistes, communautarismes, tentations eugénistes, judéophobies et... théories du complot, naturellement, abordées par de nombreuses contributions (source : Conspiracy Watch, 12 mars 2020).

VALEURS ACTUELLES. Se basant sur un rapport d’une organisation chrétienne ultra-conservatrice, Valeurs actuelles a consacré le mois dernier un nouveau dossier au philanthrope américain George Soros, accusé de tirer les ficelles de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Le texte a été relayé sur plusieurs sites conspirationnistes comme Wikistrike ainsi que sur les réseaux sociaux, provoquant des réactions d’une virulence rare. Le dossier de Valeurs actuelles a suscité, le 20 février, la réaction des dirigeants du Rassemblement national qui demandent à ce que la France quitte la CEDH ou, à tout le moins, que « la Cour de Cassation et le Conseil d’Etat [cessent] dès à présent de tenir compte des avis de la CEDH ». Conspiracy Watch s’est livré à une contre-enquête présentant les failles du rapport et de son exploitation par l’hebdomadaire (source : Conspiracy Watch, 12 mars 2020).

YOUTUBE. Des années durant, YouTube a servi d’amplificateur très efficace aux complotistes, ce que la plateforme, détenue et gérée par Google, a elle-même admis. Mais en janvier 2019, ses responsables ont annoncé vouloir limiter la diffusion de vidéos qui risqueraient de « désinformer gravement » ses utilisateurs. Un an a passé. YouTube favorise nettement moins les théories du complot, mais ses résultats sont inégaux et la plateforme continue de soutenir certaines falsifications. Tel est le résultat d’une étude menée par Marc Faddoul et Hany Farid, chercheurs à l’Université de Californie, à Berkeley, et Guillaume Chaslot (Fondation Mozilla) (source : Conspiracy Watch, 10 mars 2020). Un compte rendu à compléter avec la lecture d’une interview de Guillaume Chaslot sur Conspiracy Watch (source : Conspiracy Watch, 14 mars 2020).

HENRY DE LESQUEN. « Il y a pire que le coronavirus : le judéovirus. » C’est en ces termes qu’Henry de Lesquen, a débuté une conférence d’une heure trente sur la question raciale, devant une soixantaine de personnes, à Aigle (Suisse). L'ancien haut fonctionnaire parisien, condamné en France en 2018 pour provocation à la haine et contestation de crimes contre l’humanité, était l'invité du groupuscule de « droite radicale» Résistance helvétique (source : 24 heures, 8 mars 2020).

BILDERBERG. Depuis près de 70 ans, le groupe Bilderberg réunit confidentiellement des personnalités comme Bill Clinton, Margaret Thatcher, Angela Merkel ou Emmanuel Macron, avec des financiers ou des grands noms de la presse. Depuis plus de 50 ans, il alimente des fantasmes complotistes : Bilderberg est accusé de cacher un gouvernement mondial secret. France Culture consacre à ce lieu commun de la culture conspirationniste contemporaine une émission en trois volets dans le cadre de ses « Mécaniques du complotisme ».

CORONAVIRUS. Au milieu du XIVe siècle, la peste ravagea l’Occident, provoquant une saignée démographique impressionnante. Environ la moitié de la population occidentale fut anéantie en l’espace de seulement quelques années. La désagrégation des cadres sociaux habituels, les migrations incessantes, la transformation des paysages, l’omniprésence de la mort furent autant de bouleversements qui ne manquèrent pas de susciter, chez les contemporains, angoisse, désarroi, panique et peur. Ces émotions, en suscitant une quête effrénée d’explications, alimentèrent des croyances et des rumeurs revêtant une dimension conspirationniste évidente. Mais c’est sur les juifs que se concentrèrent la plus vive animosité et la plupart des accusations de complot (source : Conspiracy Watch, 13 mars 2020). C’est donc presque sans surprise que s’est développée une théorie en marge de la crise sanitaire actuelle selon laquelle les juifs auraient déclenché la pandémie. « D'après la théorie du complot la plus populaire, les Juifs utilisent ce virus comme moyen de profit », a déclaré M. Friedfeld, chercheur au Centre sur l'extrémisme de la Ligue Anti-Diffamation (ADL), au Times of Israel (source : Times of Israel, 14 mars 2020).

Le contexte d’incertitude actuel – comme nous l’avons pointé les semaines précédentes – est propice à la diffusion de rumeurs. « Remèdes miracles » contre le Covid-19, intox sur l’origine du SARS-CoV-2, fausses informations sur les conséquences de l’épidémie… le service des Décodeurs du Monde aide à faire le tri (source : Le Monde, 13 mars 2020). En Iran, plus de 40 personnes sont décédées après avoir bu de l’alcool frelaté à la suite d’une rumeur selon laquelle les boissons alcoolisées aideraient à guérir le virus : c’est l’une des conséquences dramatiques de cette pandémie de désinformation dont la diffusion est favorisée par les réseaux sociaux (source : AFP, 12 mars 2020). On lira également le florilège d’exemples rassemblés par Laure Daussy dans Charlie Hebdo. La journaliste relève ainsi l’insinuation, sur Facebook, d’Alain Benajam, président du Réseau Volontaire à Paris, en vertu de laquelle le virus aurait été créé par… les Français : « Il va peut-être falloir que toute la clique mouillée dans les petits trafics du laboratoire P4 français de Wuhan s’explique : les Cazeneuve, les Buzyn, les Lévy, les Parly, etc. » (source : Charlie Hebdo, 13 mars 2020).

Dieudonné M’Bala M’Bala multiplie aussi les interventions sur ce sujet. Dans une vidéo mise en ligne le 3 mars, le polémiste de nombreuses fois condamné pour antisémitisme affirme que « le coronavirus et sa propagande de terreur vont justifier une crise financière hors du commun par laquelle Rothschild et consorts vont dérober la totalité de l’épargne des moutons partout sur la planète. […] Ne soyez pas les derniers à comprendre ce qui est en train de se passer. » La solution ? Placer cette épargne dans sa cryptomonnaie, le Sestrel, dont la sortie est prévue pour novembre 2020… (source : MEMRI, 10 mars 2020).

https://twitter.com/memrifr/status/1238007608063201282

En matière de charlatanisme, on évoquera aussi l’intervention du complotiste Alex Jones, directeur d’InfoWars, qui a prétendu face caméra que le dentifrice qu’il vend sur sa boutique en ligne tuait « à bout portant » le coronavirus et « tous les virus », ajoutant que « le Pentagone utilise le produit que nous avons » (source : Mediamatters, 11 mars 2020).

Concernant un brevet du coronavirus existant depuis plusieurs années et qui prouverait qu’il a été créé par l’Homme, la séquence Désintox du journal 28 minutes d’Arte rappelle que « "breveter un virus" ne veut pas dire qu’il a été créé par l’Homme, mais qu’il a été découvert et sa souche isolée. Cela permet ainsi de travailler sur un vaccin » (source : YouTube, 4 février 2020).

https://youtu.be/PSdu4K4uXYA

Parmi les fake news, il y a celle colportée par de nombreux sites, qui affirment que le SARS-CoV-2 aurait été sciemment créé par un laboratoire chinois aux fins de mettre sur pied une arme biologique. Cette théorie aurait été confirmée par le juriste américain Francis Boyle, ancien professeur de droit international, notamment dans une interview vidéo (30 janvier 2020) accordée à la chaîne YouTube « Geopolitics & Empire ». L’approche y est volontiers complotiste, anxiogène et catastrophiste : on y parle de nouvelle guerre froide, d’« État profond », du spectre d’une crise économique historique et de Troisième Guerre mondiale (source : Le Monde, 6 mars 2020). Vendredi 13 mars, Jerry Falwell Jr., fidèle supporter de Donald Trump et président de la Liberty University, a suggéré sur Fox News que l’épidémie avait été orchestrée par la Corée du Nord et la Chine pour nuire au président : « Vous vous souvenez que le dirigeant nord-coréen avait promis un cadeau de Noël pour l’Amérique ? En décembre ? Se serait-il uni avec la Chine et serait-ce donc cela le présent ? Je ne sais pas. Mais quelque chose d’étrange est en train de se passer » (source : The Hill, 13 mars 2020). Qui tweete que le coronavirus est une « arme biologique » ? Principalement des comptes pro-Trump. Les trois sites médiatiques les plus courants dans ce type de tweets : The Express, Russia Today et ZeroHedge (source : Twitter, 14 mars 2020). Une présentatrice de Fox Business, qui avait qualifié à l’antenne les inquiétudes concernant le coronavirus de « [nouvelle] tentative de destituer le président », a été écartée de son émission en prime-time (source : New York Times, 13 mars 2020). À l’inverse, une théorie du complot commence à être reprise au sommet de l’Etat chinois. Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a laissé entendre sur Twitter que le nouveau coronavirus, apparu en Chine, pourrait avoir été introduit par l’armée américaine. Sans toutefois étayer son affirmation, Zhao Lijian a évoqué cette hypothèse jeudi soir, reprenant ainsi des théories du complot circulant sur Internet (source : 20 Minutes, 13 mars 2020). Zhao Lijian ne s’appuie cependant sur aucune étude scientifique, se contentant de tweeter des liens vers deux articles du site Internet Global Research, connu pour diffuser des thèses conspirationnistes (source : Conspiracy Watch).

On notera enfin, alors même que l’État venait d’interdire les rassemblements de plus de cent personnes, la tenue de l'« Acte 70 » des Gilets jaunes, le samedi 14 mars 2020. Le coronavirus ? « C’est fait par l’État. » S’en inquiéter ? « Si on commence à penser, on arrête tout… » (source : Twitter, 14 mars 2020). C’est aussi l’avis de David Libeskind, avocat et co-fondateur de « Robes noires et gilets jaunes », répondant aux questions de RT France : « Ce n’est pas la crise sanitaire qui va empêcher les gens de manifester et de revendiquer. Ça c’est un leitmotiv pour empêcher en fait les gens de manifester ».

En février 2019, dans un post Facebook, Libeskind avait évoqué « les méthodes vichystes » du « régime » [d'Emmanuel Macron] pour « mettre fin au mouvement des Gilets Jaunes », citant « rafles », « gazages » et « déportations » (sic). S'affirmant « d’ascendance juive », il avait achevé la signature de son post par ces mots : « étoile jaune et gilet jaune ». David Libeskind est par ailleurs signataire, aux côtés de : Olivier Berruyer, Claude El Khal, Djordje Kuzmanovic, Annie Lacroix-Riz, Jean-Claude Michéa, Maxime Nicolle, Michel Onfray ou encore Emmanuel Todd, du manifeste de QG, le média lancé par la journaliste Aude Lancelin en juin 2019.

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