Des gros titres aux petites infos passées inaperçues : ce qu’il fallait retenir de l’actualité des derniers jours en matière de conspirationnisme et de négationnisme (semaine du 29/04/2019 au 05/05/2019).
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DÉMOCRATIE. À la suite de la parution du rapport sur les théories complotistes en 2018 établi par Conspiracy Watch, son directeur Rudy Reichstadt, invité de Matthieu Noël sur Europe 1, a notamment rappelé que ces théories « représentent un danger pour la démocratie » car elles « sont liées à une radicalité politique. Elles sont liées statistiquement à une sympathie pour les extrêmes politiques ». Le contexte est inquiétant, a-t-il souligné : « dans une société, lorsque vous ne partagez plus la même réalité avec une fraction de la société, le débat démocratique se condamne à être un dialogue de sourds. On ne peut pas déterminer ensemble le bien commun si on ne partage plus la même réalité » (source : Europe 1, 29 avril 2019).
GILETS JAUNES. L’ « Acte XXIV » du samedi 27 avril des gilets jaunes a été accompagné de son lot habituel d’épanchements complotistes. On a pu lire sur une banderole brandie à Avignon pour rendre hommage aux manifestants morts et aux policiers suicidés, les propos suivants : « Ils tuent notre peuple notre police, Ils tuent la liberté, l’égalité […] Ils divisent pour faire régner la finance ». Un manifestant portait quant à lui inscrite sur son dos, une mise en accusation de la « dictature sioniste ».
Sur la banderole des #GiletsJaunes du #Vaucluse, on lit notamment : « ils divisent pour faire régner la finance » (© Radio France | Jean-Michel Le Ray)... Le résultat d'années de démagogie complotiste...https://t.co/JKN0fDmMeW pic.twitter.com/DhRLZtmC0F
— Conspiracy Watch (@conspiration) April 29, 2019
Devant la chancellerie allemande, à Berlin, on a pu voir également trois gilets jaunes venus, à l’occasion du passage d’Emmanuel Macron, dénoncer « la plus grande supercherie de tous les temps ». Sur leur tract, une dizaine d’assertions selon lesquelles « L’Allemagne n’est pas souveraine, mais occupée sous statut d’occupation », « Le 3e Reich d’Adolf Hitler se poursuit illégalement et frauduleusement sur le plan du droit public » ou encore que « L’Allemagne a été entièrement privatisée et dénationalisée »… (source : Twitter/@Thomas Wieder, 29 avril 2019).
Devant la chancellerie, trois Gilets jaunes allemands habitant Berlin venus à cause de la venue de Macron aujourd’hui. Leurs objectifs sont résumés sur leur tract ; je vous laisse lire, c’est un peu compliqué à résumer en un tweet... pic.twitter.com/nVY6JYrzwK
— Thomas Wieder (@ThomasWieder) April 29, 2019
« VIOL » DE SCHAERBEEK. À Schaerbeek, dans la banlieue de Bruxelles, l’émotion qui avait suivi l’annonce du viol d’une fillette de quatre ans a été suivie de tensions aux abords de son école, lorsqu’un rapport médical a révélé que les blessures de la petite fille étaient dues en fait à une infection rare. Refusant de croire à cette version, persuadés que l’on chercherait à étouffer une affaire, des parents ont caillassé l’établissement, le 30 avril 2019, s’en prenant également à la police intervenue sur les lieux (source : La Libre Belgique, 30 avril 2019).
JEREMY CORBYN. Le Times a révélé que la réimpression, en 2011, d’un livre de l’économiste John A. Hobson, daté de 1902 et intitulé Imperialism : A Study, avait donné lieu à la rédaction d’une préface par Jeremy Corbyn, chef du Parti travailliste britannique. Connu pour son antisémitisme, Hobson évoque dans son essai la finance mondiale qui se trouverait entre les mains « d’hommes particuliers et issus d’une seule race ». Les Rothschild y tiennent le rôle qui leur est habituellement dévolu dans la propagande antijuive : « Quelqu’un peut-il sérieusement penser qu’une grande guerre puisse être déclenchée par un État européen, ou qu’un grand emprunt d’État puisse être souscrit si les maisons de Rothschild et ses liens s’y opposent ? » Un « grand livre », une analyse « brillante », d’après Corbyn… (source : Times of Israel, 1er mai 2019).
JULIAN ASSANGE. Pour Pierre-André Taguieff, le costume de Robin des Bois de l’âge du Web que Julian Assange a su se tailler, a fait oublier le théoricien complotiste qu’il était aussi. Le philosophe rappelle que « la pensée conspirationniste s’installe dans l’écart qui se creuse entre le désir de transparence et la perception d’une réalité opaque ou irrationnelle ». Conspiracy Watch reproduit d’utiles extraits de son Court Traité de complotologie (Fayard, 2013). Expliquant que les réponses conspirationnistes relèvent d’une rationalité qui n’est qu’« une rationalisation, qui ne se soucie pas de vérification », le philosophe ajoute : « C’est pourquoi la banalisation de la culture conspirationniste, avec la radicalisation du soupçon qu’elle implique, présente des aspects inquiétants : elle favorise les dénonciations abusives et les chasses aux sorcières. » (source : Conspiracy Watch, 2 mai 2019).
Des gilets jaunes, parmi lesquels Maxime Nicolle et Étienne Chouard, ont fait le déplacement à Londres, le 2 mai, pour apporter leur soutien à Assange. Le fondateur de Wikileaks risque une extradition vers les États-Unis, pour y être jugé pour association de malfaiteurs en vue de commettre un « piratage informatique ». Nicolle a expliqué : « On est ici pour défendre la liberté d'expression et la liberté d'information », estimant notamment qu’en cas d’extradition, Assange pourrait être condamné à la prison à vie, exécuté ou torturé pour faits de haute trahison, ce qui ne correspond pas à la réalité : le fondateur de Wikileaks s'expose, aux Etats-Unis, à une peine de cinq ans d'emprisonnement (source : France-Soir, 2 mai 2019).
NOTRE-DAME DE PARIS. Invité sur BFMTV et RMC, le lundi 29 avril 2019, Nicolas Dupont-Aignan, qui a mis en doute les sources accidentelles de l’incendie ayant ravagé la cathédrale parisienne, s’est dit « blessé » par les attaques dont il a fait l’objet. Persuadé que « le pouvoir cache quelque chose », plaidant l’innocence et estimant que « tout est fait pour [le] faire taire », le président de Debout la France – qui ne dispose d’aucune piste pour étayer ses doutes – a appelé au respect du « seul homme politique qui ait eu le courage de le faire et de le dire » (source : BFMTV, 29 avril 2019). Dans une vidéo de dix minutes diffusée sur YouTube le jeudi 25 avril 2019 et reprise par le site Égalité & Réconciliation, Stéphane Blet a fait part de sa propre théorie sur l’incendie de Notre-Dame. Pour ce pianiste vivant à Istanbul et proche de la mouvance soralo-dieudonniste, tout est de la faute des Juifs. Esotérisme, numérologie, rejet du hasard, distorsion des faits, incrimination des « médias »… : la vidéo de Blet nous offre un cocktail associant tous les ingrédients nécessaires à la fabrication d’une théorie du complot. Au risque de se ridiculiser ? (source : Conspiracy Watch, 30 avril 2019). Quant à Jean-Marie Le Pen, il a laissé entendre, lors de son traditionnel hommage du 1er mai à Jeanne d’Arc, que l’incendie « criminel » de la cathédrale serait l’œuvre d’un « service », a priori étranger… (source : Le Parisien, 1er mai 2019).
PURGE SUR FACEBOOK. Le jeudi 2 mai, Facebook a lancé une nouvelle offensive contre des promoteurs de discours extrémistes, violents, antisémites, racistes ou complotistes. Parmi eux : Alex Jones, fondateur et animateur du site Infowars, déjà frappé par des mesures de bannissement ces derniers mois (qui sera désormais banni d'Instagram), Paul Nehlen, une figure de l’extrême droite américaine, mais aussi Louis Farrakhan. On aura noté en cette l’occasion le soutien apporté par le rappeur Snoop Dogg, par le biais de deux vidéos diffusées sur Instagram, à Farrakhan, leader homophobe et antisémite, à la tête de l’organisation Nation of Islam (source : 20 Minutes, 3 mai 2019). Pas sûr toutefois que la mesure suffise à éteindre la voix de ces extrémistes : également banni de Facebook, le complotiste d’extrême droite Paul Joseph Watson peut à l’heure actuelle se prévaloir d’1,6 million d’abonnés sur YouTube et de 970 000 sur Twitter…
Alors que Facebook bannie le complotiste d’extrême-droite Paul Joseph Watson, Youtube continue de lui offrir une énorme visibilité. Et l’a même gratifié d’une récompense pour son millionième abonné. https://t.co/TNkPYKovI1
— Tristan Mendès France (@tristanmf) May 3, 2019
MARINE LE PEN. À l’occasion du 1er mai, la présidente du Rassemblement national a mené, lors d’un rassemblement à Metz, une charge virulente contre l’Union européenne – rebaptisée « UERSS » –, selon elle « impériale, hégémonique et totalitaire ». Elle a en cette occasion rendu hommage à Philippe de Villiers et à sa théorie complotiste, qui a « démasqué les "pères fondateurs" autoproclamés, qui n’étaient finalement que des agents d’intérêts politiques financiers étrangers à la France, et même étrangers à l’Europe » (source : Huffington Post, 1er mai 2019).
DÉRADICALISATION. Gérald Bronner a travaillé au contact des bénéficiaires du premier centre français de déradicalisation, à Beaumont-en-Véron (Indre-et-Loire). Il est revenu sur cette expérience dans son ouvrage, Déchéance de rationalité (Grasset, 2019). Dans un entretien à La Nouvelle République, il livre quelques éléments de réflexion et fait allusion au poids de ces théories du complot : « De nombreuses théories du complot se nourrissent de la confusion entre corrélation et causalité. Cette erreur revient à croire que deux phénomènes concomitants sont nécessairement liés par une relation de cause à effet, ce qui n’est pas le cas. J’ai vu la mélancolie passer dans le regard de certains, parce qu’ils commençaient à comprendre ce dans quoi ils s’embarquaient. » (source : La Nouvelle République, 2 mai 2019).
HAINE EN LIGNE. La société de modération Netino By Webhelp a sorti pour la deuxième année consécutive une étude sur la haine en ligne. Elle révèle qu’un commentaire sur sept laissé sur un réseau social comme Facebook serait haineux ; une tendance en hausse depuis l’année dernière. Depuis le début de l’année 2019, l’étude a pris en compte de nouvelles cibles (les gilets jaunes, les forces de l’ordre, les djihadistes, les vegans ou les chasseurs par exemple). Elle n’intègre pas en revanche les commentaires relayant les théories du complot. Le directeur de l’étude l’explique pour deux raisons : « Nous avons fait le choix de ne pas tenir compte des propos relayant une théorie du complot. D’une part parce que le sujet de l’étude portait sur les propos agressifs et haineux, ce qui n’est pas tout à fait le cas des propos complotistes. D’autre part parce qu’il est très difficile de tracer une barrière claire entre ce qui est un propos complotiste et ce qui n’en est pas un. Nous n’avons pas de document nous aidant à catégoriser ce qu’est un propos complotiste » (source : Conspiracy Watch, 3 mai 2019). On peut lire également la présentation des résultats de cette étude par L’Express.
DÉMOCRATIE. À la suite de la parution du rapport sur les théories complotistes en 2018 établi par Conspiracy Watch, son directeur Rudy Reichstadt, invité de Matthieu Noël sur Europe 1, a notamment rappelé que ces théories « représentent un danger pour la démocratie » car elles « sont liées à une radicalité politique. Elles sont liées statistiquement à une sympathie pour les extrêmes politiques ». Le contexte est inquiétant, a-t-il souligné : « dans une société, lorsque vous ne partagez plus la même réalité avec une fraction de la société, le débat démocratique se condamne à être un dialogue de sourds. On ne peut pas déterminer ensemble le bien commun si on ne partage plus la même réalité » (source : Europe 1, 29 avril 2019).
GILETS JAUNES. L’ « Acte XXIV » du samedi 27 avril des gilets jaunes a été accompagné de son lot habituel d’épanchements complotistes. On a pu lire sur une banderole brandie à Avignon pour rendre hommage aux manifestants morts et aux policiers suicidés, les propos suivants : « Ils tuent notre peuple notre police, Ils tuent la liberté, l’égalité […] Ils divisent pour faire régner la finance ». Un manifestant portait quant à lui inscrite sur son dos, une mise en accusation de la « dictature sioniste ».
Sur la banderole des #GiletsJaunes du #Vaucluse, on lit notamment : « ils divisent pour faire régner la finance » (© Radio France | Jean-Michel Le Ray)... Le résultat d'années de démagogie complotiste...https://t.co/JKN0fDmMeW pic.twitter.com/DhRLZtmC0F
— Conspiracy Watch (@conspiration) April 29, 2019
Devant la chancellerie allemande, à Berlin, on a pu voir également trois gilets jaunes venus, à l’occasion du passage d’Emmanuel Macron, dénoncer « la plus grande supercherie de tous les temps ». Sur leur tract, une dizaine d’assertions selon lesquelles « L’Allemagne n’est pas souveraine, mais occupée sous statut d’occupation », « Le 3e Reich d’Adolf Hitler se poursuit illégalement et frauduleusement sur le plan du droit public » ou encore que « L’Allemagne a été entièrement privatisée et dénationalisée »… (source : Twitter/@Thomas Wieder, 29 avril 2019).
Devant la chancellerie, trois Gilets jaunes allemands habitant Berlin venus à cause de la venue de Macron aujourd’hui. Leurs objectifs sont résumés sur leur tract ; je vous laisse lire, c’est un peu compliqué à résumer en un tweet... pic.twitter.com/nVY6JYrzwK
— Thomas Wieder (@ThomasWieder) April 29, 2019
« VIOL » DE SCHAERBEEK. À Schaerbeek, dans la banlieue de Bruxelles, l’émotion qui avait suivi l’annonce du viol d’une fillette de quatre ans a été suivie de tensions aux abords de son école, lorsqu’un rapport médical a révélé que les blessures de la petite fille étaient dues en fait à une infection rare. Refusant de croire à cette version, persuadés que l’on chercherait à étouffer une affaire, des parents ont caillassé l’établissement, le 30 avril 2019, s’en prenant également à la police intervenue sur les lieux (source : La Libre Belgique, 30 avril 2019).
JEREMY CORBYN. Le Times a révélé que la réimpression, en 2011, d’un livre de l’économiste John A. Hobson, daté de 1902 et intitulé Imperialism : A Study, avait donné lieu à la rédaction d’une préface par Jeremy Corbyn, chef du Parti travailliste britannique. Connu pour son antisémitisme, Hobson évoque dans son essai la finance mondiale qui se trouverait entre les mains « d’hommes particuliers et issus d’une seule race ». Les Rothschild y tiennent le rôle qui leur est habituellement dévolu dans la propagande antijuive : « Quelqu’un peut-il sérieusement penser qu’une grande guerre puisse être déclenchée par un État européen, ou qu’un grand emprunt d’État puisse être souscrit si les maisons de Rothschild et ses liens s’y opposent ? » Un « grand livre », une analyse « brillante », d’après Corbyn… (source : Times of Israel, 1er mai 2019).
JULIAN ASSANGE. Pour Pierre-André Taguieff, le costume de Robin des Bois de l’âge du Web que Julian Assange a su se tailler, a fait oublier le théoricien complotiste qu’il était aussi. Le philosophe rappelle que « la pensée conspirationniste s’installe dans l’écart qui se creuse entre le désir de transparence et la perception d’une réalité opaque ou irrationnelle ». Conspiracy Watch reproduit d’utiles extraits de son Court Traité de complotologie (Fayard, 2013). Expliquant que les réponses conspirationnistes relèvent d’une rationalité qui n’est qu’« une rationalisation, qui ne se soucie pas de vérification », le philosophe ajoute : « C’est pourquoi la banalisation de la culture conspirationniste, avec la radicalisation du soupçon qu’elle implique, présente des aspects inquiétants : elle favorise les dénonciations abusives et les chasses aux sorcières. » (source : Conspiracy Watch, 2 mai 2019).
Des gilets jaunes, parmi lesquels Maxime Nicolle et Étienne Chouard, ont fait le déplacement à Londres, le 2 mai, pour apporter leur soutien à Assange. Le fondateur de Wikileaks risque une extradition vers les États-Unis, pour y être jugé pour association de malfaiteurs en vue de commettre un « piratage informatique ». Nicolle a expliqué : « On est ici pour défendre la liberté d'expression et la liberté d'information », estimant notamment qu’en cas d’extradition, Assange pourrait être condamné à la prison à vie, exécuté ou torturé pour faits de haute trahison, ce qui ne correspond pas à la réalité : le fondateur de Wikileaks s'expose, aux Etats-Unis, à une peine de cinq ans d'emprisonnement (source : France-Soir, 2 mai 2019).
NOTRE-DAME DE PARIS. Invité sur BFMTV et RMC, le lundi 29 avril 2019, Nicolas Dupont-Aignan, qui a mis en doute les sources accidentelles de l’incendie ayant ravagé la cathédrale parisienne, s’est dit « blessé » par les attaques dont il a fait l’objet. Persuadé que « le pouvoir cache quelque chose », plaidant l’innocence et estimant que « tout est fait pour [le] faire taire », le président de Debout la France – qui ne dispose d’aucune piste pour étayer ses doutes – a appelé au respect du « seul homme politique qui ait eu le courage de le faire et de le dire » (source : BFMTV, 29 avril 2019). Dans une vidéo de dix minutes diffusée sur YouTube le jeudi 25 avril 2019 et reprise par le site Égalité & Réconciliation, Stéphane Blet a fait part de sa propre théorie sur l’incendie de Notre-Dame. Pour ce pianiste vivant à Istanbul et proche de la mouvance soralo-dieudonniste, tout est de la faute des Juifs. Esotérisme, numérologie, rejet du hasard, distorsion des faits, incrimination des « médias »… : la vidéo de Blet nous offre un cocktail associant tous les ingrédients nécessaires à la fabrication d’une théorie du complot. Au risque de se ridiculiser ? (source : Conspiracy Watch, 30 avril 2019). Quant à Jean-Marie Le Pen, il a laissé entendre, lors de son traditionnel hommage du 1er mai à Jeanne d’Arc, que l’incendie « criminel » de la cathédrale serait l’œuvre d’un « service », a priori étranger… (source : Le Parisien, 1er mai 2019).
PURGE SUR FACEBOOK. Le jeudi 2 mai, Facebook a lancé une nouvelle offensive contre des promoteurs de discours extrémistes, violents, antisémites, racistes ou complotistes. Parmi eux : Alex Jones, fondateur et animateur du site Infowars, déjà frappé par des mesures de bannissement ces derniers mois (qui sera désormais banni d'Instagram), Paul Nehlen, une figure de l’extrême droite américaine, mais aussi Louis Farrakhan. On aura noté en cette l’occasion le soutien apporté par le rappeur Snoop Dogg, par le biais de deux vidéos diffusées sur Instagram, à Farrakhan, leader homophobe et antisémite, à la tête de l’organisation Nation of Islam (source : 20 Minutes, 3 mai 2019). Pas sûr toutefois que la mesure suffise à éteindre la voix de ces extrémistes : également banni de Facebook, le complotiste d’extrême droite Paul Joseph Watson peut à l’heure actuelle se prévaloir d’1,6 million d’abonnés sur YouTube et de 970 000 sur Twitter…
Alors que Facebook bannie le complotiste d’extrême-droite Paul Joseph Watson, Youtube continue de lui offrir une énorme visibilité. Et l’a même gratifié d’une récompense pour son millionième abonné. https://t.co/TNkPYKovI1
— Tristan Mendès France (@tristanmf) May 3, 2019
MARINE LE PEN. À l’occasion du 1er mai, la présidente du Rassemblement national a mené, lors d’un rassemblement à Metz, une charge virulente contre l’Union européenne – rebaptisée « UERSS » –, selon elle « impériale, hégémonique et totalitaire ». Elle a en cette occasion rendu hommage à Philippe de Villiers et à sa théorie complotiste, qui a « démasqué les "pères fondateurs" autoproclamés, qui n’étaient finalement que des agents d’intérêts politiques financiers étrangers à la France, et même étrangers à l’Europe » (source : Huffington Post, 1er mai 2019).
DÉRADICALISATION. Gérald Bronner a travaillé au contact des bénéficiaires du premier centre français de déradicalisation, à Beaumont-en-Véron (Indre-et-Loire). Il est revenu sur cette expérience dans son ouvrage, Déchéance de rationalité (Grasset, 2019). Dans un entretien à La Nouvelle République, il livre quelques éléments de réflexion et fait allusion au poids de ces théories du complot : « De nombreuses théories du complot se nourrissent de la confusion entre corrélation et causalité. Cette erreur revient à croire que deux phénomènes concomitants sont nécessairement liés par une relation de cause à effet, ce qui n’est pas le cas. J’ai vu la mélancolie passer dans le regard de certains, parce qu’ils commençaient à comprendre ce dans quoi ils s’embarquaient. » (source : La Nouvelle République, 2 mai 2019).
HAINE EN LIGNE. La société de modération Netino By Webhelp a sorti pour la deuxième année consécutive une étude sur la haine en ligne. Elle révèle qu’un commentaire sur sept laissé sur un réseau social comme Facebook serait haineux ; une tendance en hausse depuis l’année dernière. Depuis le début de l’année 2019, l’étude a pris en compte de nouvelles cibles (les gilets jaunes, les forces de l’ordre, les djihadistes, les vegans ou les chasseurs par exemple). Elle n’intègre pas en revanche les commentaires relayant les théories du complot. Le directeur de l’étude l’explique pour deux raisons : « Nous avons fait le choix de ne pas tenir compte des propos relayant une théorie du complot. D’une part parce que le sujet de l’étude portait sur les propos agressifs et haineux, ce qui n’est pas tout à fait le cas des propos complotistes. D’autre part parce qu’il est très difficile de tracer une barrière claire entre ce qui est un propos complotiste et ce qui n’en est pas un. Nous n’avons pas de document nous aidant à catégoriser ce qu’est un propos complotiste » (source : Conspiracy Watch, 3 mai 2019). On peut lire également la présentation des résultats de cette étude par L’Express.
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