Conspiracy Watch | l'Observatoire du conspirationnisme
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Crash en Iran : trouble dans la complosphère après l'aveu iranien d'un tir accidentel

Publié par Maurice Ronai16 janvier 2020

La reconnaissance officielle, par l'Iran, de sa responsabilité dans le crash d'un Boeing ukrainien le 8 janvier dernier a plongé la complosphère dans le désarroi. Aujourd'hui, les plus irréductibles continuent d'évoquer un piège tendu à Téhéran par Washington.

Explosion du Boeing ukrainien au moment où il est frappé par un missile iranien le 8 janvier 2020 (crédits : Nariman Gharib/Twitter/New York Times).

Dès l’annonce du crash du vol 752 de la Ukraine International Airlines en Iran le 8 janvier dernier, une partie de la complosphère a très vite entrepris de démontrer que la République islamique ne pouvait pas être à l’origine de la tragédie. Puis a redoublé d’inventivité dans la défense du régime iranien quand celui-ci, mis en cause par le Canada puis les États-Unis, a nié farouchement être à l’origine du drame qui a provoqué la mort de 176 civils. Trois jours plus tard, toutefois, plusieurs sites complotistes se sont retrouvés en porte-à-faux, quand les autorités iraniennes ont finalement admis leur responsabilité dans ce qu'elles décrivent comme un « tir accidentel ».

Durant les premières 24 heures suivant le crash du Boeing 737 ukrainien, la complosphère est comme en suspens : elle hésite entre l’hypothèse de l’accident et celle du tir de missile.

Une partie d’entre elle embraye sur l’hypothèse de l’accident, avancée dans les premières heures par les autorités ukrainiennes et relayée par Sputnik (« Une faille technique dans le moteur serait à l’origine du crash »). « Il est clair que ce qui s'est passé est un accident tragique » explique ainsi le commentateur conspirationniste Stephen Lendman, qui s’oriente vers une défaillance technique du constructeur et rappelle que « deux Boeing 737 MAX se sont écrasés l’an dernier ». Les accidents aériens sont fréquents  : si celui-ci donne lieu à un traitement particulier, biaisé et hostile, c’est parce que l'avion de ligne ukrainien s'est écrasé en Iran.

L'analogie avec le crash du MH-17

L’hypothèse du tir de missile est examinée, cependant, avec précaution car elle risque de pointer vers l’Iran. Wikistrike s’interroge : « un missile iranien qui aurait fait erreur ? » Mais suggère aussitôt une analogie avec le Boeing MH-17 de la Malaysia Airlines, qui avait été abattu en vol en juillet 2014 au-dessus du Donbass, dans l'est de l'Ukraine, en n'hésitant pas à écrire que ce dernier aurait été abattu « par un avion de chasse ukrainien » – ce qui est faux, l'enquête internationale ayant conclu à une erreur de tir provenant d'une unité russe. Le site ZeroHedge envisage quant à lui explicitement la piste du « false flag » qui, rappellerait « le souvenir effrayant de la destruction du MH-17 (sous fausse bannière) en Ukraine ».

« Cette affaire est pour le moins suspecte, avance le site d'extrême droite European Union Times :

« Cela n'a aucun sens ! !! Et quand rien n'a de sens, posez la sage question romaine "Cui bono ?" Et la réponse est l'Amérique ! Seuls l'Amérique, Israël ou l'Arabie Saoudite peuvent tirer bénéfice de tout ceci en pointant le doigt, une fois de plus, vers l'Iran. Ils vont bientôt nous dire que c’est l'Iran qui l’a abattu avec des missiles. On peut en faire le pari. [...] L’Amérique aurait-elle pu détruire l’avion ? Comment ? Par neutralisation à distance [kill switch] ? Nous ne le saurons jamais. […] Les Américains ont installé des neutralisateurs à distance sur tout ce qu'ils vendent. Y compris les Boeing ».

L'auteur complotiste russe Israël Shamir affirme quant à lui sans ambages sur Twitter que l'avion a été abattu par les Américains :

« Les Yankees ont abattu un avion de ligne ukrainien à l'aéroport de Téhéran. 150 passagers à bord. Bien sûr, ce n'est pas une première pour les Américains. Mais attendons de voir, il y aura peut-être des rectificatifs et des modifications. C’est une info trop fraîche » (Israël Shamir, Twitter, 08/01/2020).

Avec la déconcertante imagination qui constitue sa marque de fabrique (voir l’enquête de The New Republic, traduite par Conspiracy Watch), le site de David Booth, WhatDoesItMean.com, détourne l’attention vers la piste saoudienne. Citant, comme à son habitude, une source russe imaginaire (ici, il s’agirait « d’un nouveau rapport du Service de renseignement extérieur d'une importance particulière, hautement classifié, qui circule aujourd'hui au Kremlin »), WhatDoesItMean.com prétend que « des preuves attestent que l'Arabie saoudite a abattu un avion de ligne ukrainien au-dessus de l'Iran avec une nano-arme perfectionnée. [Ces nanothermites] génèrent beaucoup de poussée, beaucoup de chaleur, et produisent une belle et forte onde de choc, ce qui correspond presque exactement à ce qui est arrivé à l'avion de ligne ukrainien […]. Les vêtements des victimes examinées sont imprégnés de nanothermites, ce qui explique l’intensité de l’incendie si intense et son explosion en plein vol ».

>>> Lire, sur Conspiracy Watch : David Booth : enquête sur le charlatan complotiste qui prête main forte au Kremlin (31/12/2019)

Les 9 et 10 janvier, l'affaire se complique : le Premier ministre canadien, relayé par les États-Unis et le Royaume-Uni, annonce détenir les preuves que c’est un missile iranien qui a abattu le vol 752. « Guerre psychologique » rétorque le porte-parole du gouvernement iranien Ali Rabiei. Une partie de la complosphère, prudemment, reste silencieuse alors qu’une autre continue de se mobiliser pour dédouaner le régime des mollahs.  « Les parallèles entre la tragédie de cette semaine et le MH-17 ne peuvent être ignorés » explique le site conspirationniste chypriote The Duran. « Fake intelligence, assène Stephen Lendman sur GlobalResearch.ca : « Il n'aura pas fallu attendre longtemps pour que les services de renseignement qui s'empressaient hier encore d'annoncer un problème technique, fassent volte-face et rejettent la responsabilité sur l'Iran ». Lendman veut lui aussi voir dans cette affaire une redite de celle du MH-17 de la Malaysia Airlines : « Ce gros mensonge persiste malgré l'absence de preuves crédibles le prouvant, de nombreuses preuves le démystifiant. Les enquêtes sur accidents de vols commerciaux prennent beaucoup de temps. Il faudra probablement des mois avant de savoir officiellement pourquoi le vol 752 d'Ukraine Airlines s'est écrasé ».

Et si cette mise en cause de l'Iran trouvait sa source, aux États-Unis, chez Boeing, empêtré dans la crise des Boeing 737 Max ? C'est ce que suggère RussiePolitics dans un texte repris par Wikistrike et par ReseauInternational.net : « Puisque l'heure des suppositions est arrivée, avez-vous entendu parler du feu qui s'est déclaré dans un moteur d'un Boeing 737, cette fois à l'aéroport de Tel-Aviv, lui aussi dans la nuit 8 janvier ? En dehors de l'Iran, les problèmes systémiques des Boeing commencent à soulever des questions [...]. Au-delà du jeu géopolitique, ce retournement peut s'expliquer assez banalement par l'impérieuse nécessité de sauver l'entreprise Boeing, dont la réputation est déjà mise à mal après le scandale du 737 Max, retiré et pas prêt de revenir sur le marché ».

Désarroi des conspirationnistes

Le 12 janvier, coup de théâtre ! En reconnaissant sa responsabilité dans le crash, Téhéran abandonne en rase campagne les sites complotistes qui avaient entrepris de le dédouaner. On imagine leur amertume. Certains sites conspirationnistes font état de l’aveu iranien et rétro-pédalent de manière embarrassée. D’autres maintiennent en ligne les articles qu’ils avaient publiés mais gardent le silence sur le tir iranien. Un dernier groupe se livre à un nettoyage pur et simple de leur plateforme, effaçant des articles devenus inutiles et qui pourraient entacher leur crédibilité future. C’est le cas de Veterans Today. Le site américain d'extrême droite avait posé crûment la question suivante : « Les États-Unis ont-ils abattu un nouvel avion ? » L’article en ligne a disparu. Mais le tweet, lui, subsiste.

GlobalResearch.ca, de son côté, s'est livré à une réécriture partielle de son article. La mention « Fake Intelligence » par exemple, qui figurait dans l’article « Washington Blames Iran for Ukraine Airliner Crash. Was the Plane Brought down by a Missile? » a disparu dans la nuit du 12 janvier – mais la première version du texte, archivée, subsiste.

Le texte originel de Stephen Lendman.

 

Le texte de Stephen Lendman après mise à jour.

La thèse du tir accidentel n’emporte pas toujours la conviction. Pour  Wikistrike et RéseauInternational.net, qui s’appuient tous deux sur Al-Manar, la chaîne du Hezbollah, et Press.tv, chaîne du gouvernement iranien, qui renvoient elles-mêmes au site militaire russe Avia.pro, une cyberattaque américaine aurait leurré les radars iraniens :

« Le coup ressemble point par point à la destruction au large de Lattaquié en Syrie, en septembre 2018, d’un IL-20 russe : les chasseurs israéliens qui étaient traqués par les missiles syriens l’avaient utilisé comme bouclier, quitte à en causer la destruction et la mort de 15 passagers […]. Selon des experts, l’armée américaine a délibérément modifié les informations sur le vol du Boeing 737 ukrainien, ce qui en a fait une véritable cible pour les systèmes de défense aérienne iraniens. Selon les données qui ressortent des sources liées au Pentagone, plusieurs avions militaires américains ont été observés dans le ciel près de l’espace aérien iranien, juste au moment du vol du Boeing et des anomalies ont été observées sur les radars iraniens, vraisemblablement dues à une cyberattaque. L’avion civil a alors été pris pour un avion de combat se dirigeant droit vers une cible militaire. Dans la mesure où le pilote a fait un demi-tour, il est fort probable que la cyberattaque US ait également visé le système de navigation du Boeing ukrainien. Ce n’est pas la première fois que les Américains font ce genre de coups ».

La version iranienne ne satisfait pas non plus le site conspirationniste AlterInfo.net qui n'a d'autre choix que d'attirer l'attention sur la question du transpondeur de l'avion :

« Une question brûle les lèvres : comment cette erreur grossière de jugement a-t-elle pu se produire sachant que les avions de lignes commerciaux émettent des signaux électroniques identificateurs en permanence via leur transpondeur, ce boitier électronique embarqué qui communique en permanence l’identité de l’appareil en vol à tous systèmes radar afin d’assurer sa sécurité dans les airs. Ce boîtier sert essentiellement à tracer l’avion sur sa route et à aider ainsi les aiguilleurs du ciel de tous les aéroports civils à gérer le trafic aérien. De plus, les signaux sont captés par les installations de surveillance militaires qui peuvent identifier les appareils en vol comme "civils" ou "militaires", "amis" ou "ennemis". Aura-t-on des informations sur la situation d’émission/réception de l’avion ukrainien ? […] La question du transpondeur du Boeing 737 de l’Ukrainian International Airline (UIA) et les questions relatives, sont vitales. Y aura-t-il des réponses apportées ? A suivre… »

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La reconnaissance officielle, par l'Iran, de sa responsabilité dans le crash d'un Boeing ukrainien le 8 janvier dernier a plongé la complosphère dans le désarroi. Aujourd'hui, les plus irréductibles continuent d'évoquer un piège tendu à Téhéran par Washington.

Explosion du Boeing ukrainien au moment où il est frappé par un missile iranien le 8 janvier 2020 (crédits : Nariman Gharib/Twitter/New York Times).

Dès l’annonce du crash du vol 752 de la Ukraine International Airlines en Iran le 8 janvier dernier, une partie de la complosphère a très vite entrepris de démontrer que la République islamique ne pouvait pas être à l’origine de la tragédie. Puis a redoublé d’inventivité dans la défense du régime iranien quand celui-ci, mis en cause par le Canada puis les États-Unis, a nié farouchement être à l’origine du drame qui a provoqué la mort de 176 civils. Trois jours plus tard, toutefois, plusieurs sites complotistes se sont retrouvés en porte-à-faux, quand les autorités iraniennes ont finalement admis leur responsabilité dans ce qu'elles décrivent comme un « tir accidentel ».

Durant les premières 24 heures suivant le crash du Boeing 737 ukrainien, la complosphère est comme en suspens : elle hésite entre l’hypothèse de l’accident et celle du tir de missile.

Une partie d’entre elle embraye sur l’hypothèse de l’accident, avancée dans les premières heures par les autorités ukrainiennes et relayée par Sputnik (« Une faille technique dans le moteur serait à l’origine du crash »). « Il est clair que ce qui s'est passé est un accident tragique » explique ainsi le commentateur conspirationniste Stephen Lendman, qui s’oriente vers une défaillance technique du constructeur et rappelle que « deux Boeing 737 MAX se sont écrasés l’an dernier ». Les accidents aériens sont fréquents  : si celui-ci donne lieu à un traitement particulier, biaisé et hostile, c’est parce que l'avion de ligne ukrainien s'est écrasé en Iran.

L'analogie avec le crash du MH-17

L’hypothèse du tir de missile est examinée, cependant, avec précaution car elle risque de pointer vers l’Iran. Wikistrike s’interroge : « un missile iranien qui aurait fait erreur ? » Mais suggère aussitôt une analogie avec le Boeing MH-17 de la Malaysia Airlines, qui avait été abattu en vol en juillet 2014 au-dessus du Donbass, dans l'est de l'Ukraine, en n'hésitant pas à écrire que ce dernier aurait été abattu « par un avion de chasse ukrainien » – ce qui est faux, l'enquête internationale ayant conclu à une erreur de tir provenant d'une unité russe. Le site ZeroHedge envisage quant à lui explicitement la piste du « false flag » qui, rappellerait « le souvenir effrayant de la destruction du MH-17 (sous fausse bannière) en Ukraine ».

« Cette affaire est pour le moins suspecte, avance le site d'extrême droite European Union Times :

« Cela n'a aucun sens ! !! Et quand rien n'a de sens, posez la sage question romaine "Cui bono ?" Et la réponse est l'Amérique ! Seuls l'Amérique, Israël ou l'Arabie Saoudite peuvent tirer bénéfice de tout ceci en pointant le doigt, une fois de plus, vers l'Iran. Ils vont bientôt nous dire que c’est l'Iran qui l’a abattu avec des missiles. On peut en faire le pari. [...] L’Amérique aurait-elle pu détruire l’avion ? Comment ? Par neutralisation à distance [kill switch] ? Nous ne le saurons jamais. […] Les Américains ont installé des neutralisateurs à distance sur tout ce qu'ils vendent. Y compris les Boeing ».

L'auteur complotiste russe Israël Shamir affirme quant à lui sans ambages sur Twitter que l'avion a été abattu par les Américains :

« Les Yankees ont abattu un avion de ligne ukrainien à l'aéroport de Téhéran. 150 passagers à bord. Bien sûr, ce n'est pas une première pour les Américains. Mais attendons de voir, il y aura peut-être des rectificatifs et des modifications. C’est une info trop fraîche » (Israël Shamir, Twitter, 08/01/2020).

Avec la déconcertante imagination qui constitue sa marque de fabrique (voir l’enquête de The New Republic, traduite par Conspiracy Watch), le site de David Booth, WhatDoesItMean.com, détourne l’attention vers la piste saoudienne. Citant, comme à son habitude, une source russe imaginaire (ici, il s’agirait « d’un nouveau rapport du Service de renseignement extérieur d'une importance particulière, hautement classifié, qui circule aujourd'hui au Kremlin »), WhatDoesItMean.com prétend que « des preuves attestent que l'Arabie saoudite a abattu un avion de ligne ukrainien au-dessus de l'Iran avec une nano-arme perfectionnée. [Ces nanothermites] génèrent beaucoup de poussée, beaucoup de chaleur, et produisent une belle et forte onde de choc, ce qui correspond presque exactement à ce qui est arrivé à l'avion de ligne ukrainien […]. Les vêtements des victimes examinées sont imprégnés de nanothermites, ce qui explique l’intensité de l’incendie si intense et son explosion en plein vol ».

>>> Lire, sur Conspiracy Watch : David Booth : enquête sur le charlatan complotiste qui prête main forte au Kremlin (31/12/2019)

Les 9 et 10 janvier, l'affaire se complique : le Premier ministre canadien, relayé par les États-Unis et le Royaume-Uni, annonce détenir les preuves que c’est un missile iranien qui a abattu le vol 752. « Guerre psychologique » rétorque le porte-parole du gouvernement iranien Ali Rabiei. Une partie de la complosphère, prudemment, reste silencieuse alors qu’une autre continue de se mobiliser pour dédouaner le régime des mollahs.  « Les parallèles entre la tragédie de cette semaine et le MH-17 ne peuvent être ignorés » explique le site conspirationniste chypriote The Duran. « Fake intelligence, assène Stephen Lendman sur GlobalResearch.ca : « Il n'aura pas fallu attendre longtemps pour que les services de renseignement qui s'empressaient hier encore d'annoncer un problème technique, fassent volte-face et rejettent la responsabilité sur l'Iran ». Lendman veut lui aussi voir dans cette affaire une redite de celle du MH-17 de la Malaysia Airlines : « Ce gros mensonge persiste malgré l'absence de preuves crédibles le prouvant, de nombreuses preuves le démystifiant. Les enquêtes sur accidents de vols commerciaux prennent beaucoup de temps. Il faudra probablement des mois avant de savoir officiellement pourquoi le vol 752 d'Ukraine Airlines s'est écrasé ».

Et si cette mise en cause de l'Iran trouvait sa source, aux États-Unis, chez Boeing, empêtré dans la crise des Boeing 737 Max ? C'est ce que suggère RussiePolitics dans un texte repris par Wikistrike et par ReseauInternational.net : « Puisque l'heure des suppositions est arrivée, avez-vous entendu parler du feu qui s'est déclaré dans un moteur d'un Boeing 737, cette fois à l'aéroport de Tel-Aviv, lui aussi dans la nuit 8 janvier ? En dehors de l'Iran, les problèmes systémiques des Boeing commencent à soulever des questions [...]. Au-delà du jeu géopolitique, ce retournement peut s'expliquer assez banalement par l'impérieuse nécessité de sauver l'entreprise Boeing, dont la réputation est déjà mise à mal après le scandale du 737 Max, retiré et pas prêt de revenir sur le marché ».

Désarroi des conspirationnistes

Le 12 janvier, coup de théâtre ! En reconnaissant sa responsabilité dans le crash, Téhéran abandonne en rase campagne les sites complotistes qui avaient entrepris de le dédouaner. On imagine leur amertume. Certains sites conspirationnistes font état de l’aveu iranien et rétro-pédalent de manière embarrassée. D’autres maintiennent en ligne les articles qu’ils avaient publiés mais gardent le silence sur le tir iranien. Un dernier groupe se livre à un nettoyage pur et simple de leur plateforme, effaçant des articles devenus inutiles et qui pourraient entacher leur crédibilité future. C’est le cas de Veterans Today. Le site américain d'extrême droite avait posé crûment la question suivante : « Les États-Unis ont-ils abattu un nouvel avion ? » L’article en ligne a disparu. Mais le tweet, lui, subsiste.

GlobalResearch.ca, de son côté, s'est livré à une réécriture partielle de son article. La mention « Fake Intelligence » par exemple, qui figurait dans l’article « Washington Blames Iran for Ukraine Airliner Crash. Was the Plane Brought down by a Missile? » a disparu dans la nuit du 12 janvier – mais la première version du texte, archivée, subsiste.

Le texte originel de Stephen Lendman.

 

Le texte de Stephen Lendman après mise à jour.

La thèse du tir accidentel n’emporte pas toujours la conviction. Pour  Wikistrike et RéseauInternational.net, qui s’appuient tous deux sur Al-Manar, la chaîne du Hezbollah, et Press.tv, chaîne du gouvernement iranien, qui renvoient elles-mêmes au site militaire russe Avia.pro, une cyberattaque américaine aurait leurré les radars iraniens :

« Le coup ressemble point par point à la destruction au large de Lattaquié en Syrie, en septembre 2018, d’un IL-20 russe : les chasseurs israéliens qui étaient traqués par les missiles syriens l’avaient utilisé comme bouclier, quitte à en causer la destruction et la mort de 15 passagers […]. Selon des experts, l’armée américaine a délibérément modifié les informations sur le vol du Boeing 737 ukrainien, ce qui en a fait une véritable cible pour les systèmes de défense aérienne iraniens. Selon les données qui ressortent des sources liées au Pentagone, plusieurs avions militaires américains ont été observés dans le ciel près de l’espace aérien iranien, juste au moment du vol du Boeing et des anomalies ont été observées sur les radars iraniens, vraisemblablement dues à une cyberattaque. L’avion civil a alors été pris pour un avion de combat se dirigeant droit vers une cible militaire. Dans la mesure où le pilote a fait un demi-tour, il est fort probable que la cyberattaque US ait également visé le système de navigation du Boeing ukrainien. Ce n’est pas la première fois que les Américains font ce genre de coups ».

La version iranienne ne satisfait pas non plus le site conspirationniste AlterInfo.net qui n'a d'autre choix que d'attirer l'attention sur la question du transpondeur de l'avion :

« Une question brûle les lèvres : comment cette erreur grossière de jugement a-t-elle pu se produire sachant que les avions de lignes commerciaux émettent des signaux électroniques identificateurs en permanence via leur transpondeur, ce boitier électronique embarqué qui communique en permanence l’identité de l’appareil en vol à tous systèmes radar afin d’assurer sa sécurité dans les airs. Ce boîtier sert essentiellement à tracer l’avion sur sa route et à aider ainsi les aiguilleurs du ciel de tous les aéroports civils à gérer le trafic aérien. De plus, les signaux sont captés par les installations de surveillance militaires qui peuvent identifier les appareils en vol comme "civils" ou "militaires", "amis" ou "ennemis". Aura-t-on des informations sur la situation d’émission/réception de l’avion ukrainien ? […] La question du transpondeur du Boeing 737 de l’Ukrainian International Airline (UIA) et les questions relatives, sont vitales. Y aura-t-il des réponses apportées ? A suivre… »

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à propos de l'auteur
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Maurice Ronai
Co-fondateur de Courrier international en 1990, Maurice Ronai est un expert des politiques publiques numériques. Il a enseigné, de 1997 à 2001, à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) avant de devenir membre de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) de 2014 à 2019.
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