Conspiracy Watch | l'Observatoire du conspirationnisme
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David Duke (crédits : altcensored.com, 5 février 2019).

Figure incontournable du suprémacisme blanc américain, David Duke (1950 –) est un ancien « Grand sorcier » du Ku Klux Klan (KKK), et l'une des plus célèbres voix du conspirationnisme antisémite contemporain aux États-Unis.

Duke naît en 1950 en Oklahoma dans un foyer troublé – sa mère souffre de poly-addiction et son père, cadre de la compagnie pétrolière Shell, est souvent absent. La famille réside un temps aux Pays-Bas avant de se fixer en Louisiane, dans un quartier « blanc » de la Nouvelle-Orléans. À l'adolescence, il a une révélation en découvrant dans un livre la « supériorité génétique de la race blanche ». Il sympathise avec le nazisme et adhère, à l'âge de 17 ans, au KKK. Il en devient un responsable national quelques années plus tard, à 24 ans. Faisant passer l’antisémitisme avant le ségrégationnisme, il contribue à la nazification de la secte, notamment en fondant le journal suprémaciste Crusader. En 1975, il déclarait par exemple à un journal du Kansas : « les nègres sont fondamentalement des animaux primitifs. Ce sont les juifs marxistes qui considèrent le nègre comme leur instrument, comme leur munition pour détruire notre société ». Il a également multiplié les déclarations négationnistes sur la Shoah.

À 29 ans, il s’éloigne du KKK pour normaliser son image et se lancer en politique, avec pour objectif de dédiaboliser le suprémacisme blanc. Il fait un début de campagne lors de l'élection présidentielle de 1980, mais renonce finalement à se présenter. Il crée en 1979 la National Association for the Advancement of White People (NAAWP, Association Nationale de Défense des Blancs, dont le nom parodie celui de la célèbre NAACP, la National Association for the Advancement of Colored People, en français l'Association nationale pour la promotion des gens de couleur, une des plus importantes organisations antiracistes et de défense des droits civiques aux États-Unis), un groupe destiné à dénoncer la « discrimination contre les Blancs », qui assurera sa maigre subsistance. En 1987, Duke achève sa métamorphose en politicien bon teint : nez et menton refaits, peeling du visage, teinture blonde et moustache rasée.

Après quelques succès médiatiques, il obtient un score dérisoire à la présidentielle de 1988 mais réussit à être élu à la Chambre des représentants de l’État de Louisiane pour 4 ans, sous l’étiquette du parti Républicain. En 1991, édulcorant son racisme, son antisémitisme et son passé au KKK, il présente un programme anti-impôts et ségrégationniste qui lui permet de mettre en ballottage le Démocrate qui sera finalement élu gouverneur de Louisiane. La tempête médiatique provoquée par l’ascension d’un tel extrémiste marque l’apogée de sa carrière d’homme politique. Après avoir recueilli 0,94% des voix à la primaire républicaine pour l'élection présidentielle de 1992, il disparaît du devant de la scène politique. Il se présentera ensuite à plusieurs autres élections, sans succès.

En 1998, il auto-édite sa biographie, My Awakening. A Path to Racial Understanding (« Mon éveil. Un chemin vers la compréhension raciale »), où il renoue avec son antisémitisme et son racisme débridés, écrivant par exemple : « Les Juifs sont le fer de lance de la déchristianisation de l’Amérique moderne. – Le communisme et le sionisme sont nés du même esprit juif. – Il ne s’agit pas de conspiration [juive], il s’agit de deux nations, les Juifs et les Gentils, en état de guerre ethnique ». En 2000, il crée la National Organization For European American Rights (NOFEAR, Organisation Nationale pour les Droits des Américains-Européens), destinée à lutter contre la menace d’un « White Genocide », « génocide » dont seraient victimes les populations blanches. La structure est vite rebaptisée EURO (pour European-American Unity and Rights Organization, Organisation européenne-américaine pour l'unité et les droits de l'homme), et représenterait aujourd’hui encore sa principale source de revenus, avec ses livres et la vente de produits dérivés néonazis, notamment sur son site internet. C’est dans ces années qu’il créé en effet un site à son nom, duke.org puis davidduke.com, une sorte de blog sur lequel il déverse sa haine complotiste et raciste, ainsi qu’un autre site Internet, Altermedia.info, qui fera des émules à travers le monde, en différentes langues (site depuis disparu).

En 2002, Duke est inculpé pour fraude fiscale. Plaidant coupable, il reconnaît avoir détourné l’argent de ses adeptes suprémacistes pour s’offrir des biens de luxe, rénover sa maison et fréquenter les salles de jeux. Il passera 15 mois en prison.

Deux ans plus tard, Duke s’auto-édite à nouveau pour Jewish Supremacism. My Awakening on the Jewish Question (« Le suprémacisme juif. Mon éveil à la question juive »), tiré d’un mémoire écrit pour le MAUP, une fausse « grande école » ukrainienne qualifiée par le Congrès américain d'« une des institutions antisémites les plus acharnées d’Europe de l’Est ». Pour ce mémoire, sous-titré Le Sionisme comme forme de suprémacisme ethnique, qu’il fera traduire en neuf langues, il reçoit le diplôme du MAUP qui ne jouit d’aucune reconnaissance universitaire réelle. Dès lors, il s’arroge pourtant le titre de « Docteur » pour faire valoir avec plus d’autorité les contenus de son site et les conférences payantes qu’il donne occasionnellement. Il trouve audience principalement en Russie et au Moyen-Orient.

Dès 1995, Duke avait en effet noué des liens avec le néofasciste russe Vladimir Jirinovski et, en 1998, avec le chef de la branche ultranationaliste du Parti communiste russe, le général Albert Makashov – lequel se proposait « de coller au mur tous les youpins et de les envoyer dans l’autre monde. » En 2000 il est invité en Russie par l’écrivain ultranationaliste Alexandre Prokhanov et en 2006, il participe à la conférence organisée à Moscou par le journal russe Athenaeum et la section russe du mouvement nationaliste pan-européen Synergies européennes, intitulée « L’Avenir du monde blanc », aux côtés notamment des militants français d’extrême droite Pierre Vial et Guillaume Faye. Côté Moyen-Orient, invité en 2005 par le gouvernement syrien, il déclare devant une foule enthousiaste que « les États-Unis sont occupés par les Sionistes tout comme l’est votre Golan. Les Sionistes occupent une grosse partie des médias américains et contrôlent maintenant une grosse partie du gouvernement américain ». Bien plus tard, quand éclatera la guerre civile en Syrie, il la qualifiera de « guerre orchestrée par le sionisme ». En 2006, à Téhéran, invité par le président Mahmoud Ahmadinejad à la conférence internationale mettant en cause la réalité de la Shoah, il déclare : « L’Holocauste est le système qui sert de pilier à l’impérialisme sioniste, à l’agression sioniste, à la terreur sioniste et au crime sioniste. »

Ayant perdu sa visibilité médiatique aux États-Unis et évitant la justice américaine, Duke choisit de résider en Europe, principalement en Autriche, vivant de ses conférences et de ses soutiens. Banni au fil des ans de plusieurs pays européens pour ses activités racistes et antisémites, il écrit une Lettre ouverte au monde dans laquelle, pour lisser son image, il nie être un suprémaciste blanc, prétendant ne soutenir que « le droit de chacun à préserver son identité ». De même, il récuse être un négationniste, arguant qu’il se borne à mettre les faits en lumière. En 2011, il envisage de rentrer aux États-Unis pour participer à l'élection présidentielle qui s’annonce. Il tente de séduire à distance le mouvement du Tea Party en dénonçant le « lobby israélien » et en promettant de poursuivre en justice « les banques internationales criminelles », avant de jeter l'éponge.

Après son retour aux États-Unis, David Duke est reçu en interview par CNN où il réaffirme n’avoir jamais été un suprémaciste blanc. Pourtant, il se met à collaborer régulièrement avec Stormfront, le plus grand site nazi américain en ligne, fondé par Don Black, son second couteau et ancien Grand Sorcier du KKK, qui a épousé l'ex-femme de Duke. En 2015, il est reçu par Alex Jones, figure majeure du conspirationnisme aux États-Unis, pour une interview explosive sur sa chaîne InfoWars. En 2016, Duke déclare dans un billet posté sur son site Internet que les « les Juifs contrôlent l’industrie pornographique » dans le monde, utilisée comme « arme de revanche » pour leur « haine raciale contre les Européens ». La même année, lors d’un débat dans une université de la Nouvelle-Orléans, il estime à propos des Juifs qu’il y a « un problème en Amérique avec un groupe tribal très fort et puissant qui domine nos médias et domine notre système bancaire international ». Dans une vidéo sur YouTube (depuis supprimée), intitulée « Pourquoi l’élite juive déteste Donald Trump », il explique, en écho au thème du « Grand Remplacement »: « Les groupes juifs organisent sciemment l’invasion de l’Europe et de l’Amérique par des réfugiés non-européens, terroristes, violeurs, criminels ».

Quoique Donald Trump ait toujours dénoncé son racisme haineux, Duke appelle à voter pour lui en 2016, alors qu’il se présente lui-même comme candidat au Sénat en Louisiane (il fera un score de 3%). En 2017, Duke salue dans un tweet l’« honnêteté » et le « courage de dire la vérité » de Trump, qui renvoie dos-à-dos manifestants et opposants après la manifestation meurtrière d'extrême-droite à Charlottesville, où Duke était lui-même présent pour dénoncer « l’épuration ethnique en cours de l’Amérique ».

En 2017, il soutient la candidature de Marine Le Pen à la présidence en France et en 2018, il approuve le leader travailliste britannique Jeremy Corbyn quand celui-ci dénonce, dans un tweet, la « mainmise de la puissance des élites et de la domination des milliardaires sur de larges parties de nos médias ».

Dans un enregistrement vocal publié sur son site le 12 mars 2020, en pleine crise du Covid-19, Duke laisse entendre que Donald Trump a pu être infecté par le coronavirus lors de sa rencontre à la Maison Blanche avec un responsable brésilien d’origine juive qui lui aurait délibérément transmis le virus dans une opération pilotée en sous-main par « l’État d’Israël » et « l'élite sioniste mondiale ». Alors que les plateformes en ligne décident enfin de prendre à bras le corps la lutte contre la haine et les fausses informations, la chaîne de Duke est supprimée par YouTube fin juin 2020 pour « pour violation des règles sur les discours de haine », son compte Twitter est fermé le mois suivant pour les mêmes raisons.

Après l’élection présidentielle perdue par Trump à l’automne 2020, David Duke adhère à la thèse de « l’élection volée » et dispose un bandeau sur son site proposant aux lecteurs de « découvrir l’identité de ceux qui ont truqué et volé cette élection », en précisant « Indice : ce ne sont pas les Russes ou les Chinois ».

À l’automne 2023, il s’affiche dans une conférence commune avec le militant radical afro-américain Ayo Kimathi, organisée un 11 septembre, et proposant d’unir Noirs et Blancs pour « défaire l’ennemi commun », désigné sous la forme d’une étoile de David. L’ex-congressiste Cynthia McKinney en fera la promotion sur ses réseaux sociaux.

En juin 2024, en marge d’un rassemblement de soutien au suprémaciste blanc Nick Fuentes, David Duke apporte son soutien au mouvement terroriste Hamas dans sa guerre contre Israël. Le mois suivant, il alerte dans un article sur son blog : « le Deep State sioniste essaie désespérément d’assassiner Donald Trump ». En octobre 2024, Duke déclare cette fois appuyer la candidature à l’élection présidentielle américaine de Jill Stein, représentante du Green Party, qu’il juge la plus ferme contre « le pouvoir juif », dénonçant désormais la « soumission totale à Israël et au lobby juif » de Donald Trump. Comme ce dernier avant lui, Jill Stein rejette le soutien de celui qu’elle qualifie de « troll raciste ».

 

IL A DIT :

« La suprématie juive existe dans de nombreux secteurs des médias américains. Ils peuvent attirer l’attention sur ce qu’ils veulent et cacher ce qu’ils veulent ».

Source : « L'hypocrisie d'Hanoucca, par David Duke VOSTFR (partie1) », YouTube, 9 avril 2012.

« Ataturk savait mieux que tout autre chef d’État moderne que la résurrection nationale dépend avant tout du processus subtil de séparation raciale ».

Source : NAAWP News, 1984.

 

(Dernière mise à jour le 02/12/2024)

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David Duke (crédits : altcensored.com, 5 février 2019).

Figure incontournable du suprémacisme blanc américain, David Duke (1950 –) est un ancien « Grand sorcier » du Ku Klux Klan (KKK), et l'une des plus célèbres voix du conspirationnisme antisémite contemporain aux États-Unis.

Duke naît en 1950 en Oklahoma dans un foyer troublé – sa mère souffre de poly-addiction et son père, cadre de la compagnie pétrolière Shell, est souvent absent. La famille réside un temps aux Pays-Bas avant de se fixer en Louisiane, dans un quartier « blanc » de la Nouvelle-Orléans. À l'adolescence, il a une révélation en découvrant dans un livre la « supériorité génétique de la race blanche ». Il sympathise avec le nazisme et adhère, à l'âge de 17 ans, au KKK. Il en devient un responsable national quelques années plus tard, à 24 ans. Faisant passer l’antisémitisme avant le ségrégationnisme, il contribue à la nazification de la secte, notamment en fondant le journal suprémaciste Crusader. En 1975, il déclarait par exemple à un journal du Kansas : « les nègres sont fondamentalement des animaux primitifs. Ce sont les juifs marxistes qui considèrent le nègre comme leur instrument, comme leur munition pour détruire notre société ». Il a également multiplié les déclarations négationnistes sur la Shoah.

À 29 ans, il s’éloigne du KKK pour normaliser son image et se lancer en politique, avec pour objectif de dédiaboliser le suprémacisme blanc. Il fait un début de campagne lors de l'élection présidentielle de 1980, mais renonce finalement à se présenter. Il crée en 1979 la National Association for the Advancement of White People (NAAWP, Association Nationale de Défense des Blancs, dont le nom parodie celui de la célèbre NAACP, la National Association for the Advancement of Colored People, en français l'Association nationale pour la promotion des gens de couleur, une des plus importantes organisations antiracistes et de défense des droits civiques aux États-Unis), un groupe destiné à dénoncer la « discrimination contre les Blancs », qui assurera sa maigre subsistance. En 1987, Duke achève sa métamorphose en politicien bon teint : nez et menton refaits, peeling du visage, teinture blonde et moustache rasée.

Après quelques succès médiatiques, il obtient un score dérisoire à la présidentielle de 1988 mais réussit à être élu à la Chambre des représentants de l’État de Louisiane pour 4 ans, sous l’étiquette du parti Républicain. En 1991, édulcorant son racisme, son antisémitisme et son passé au KKK, il présente un programme anti-impôts et ségrégationniste qui lui permet de mettre en ballottage le Démocrate qui sera finalement élu gouverneur de Louisiane. La tempête médiatique provoquée par l’ascension d’un tel extrémiste marque l’apogée de sa carrière d’homme politique. Après avoir recueilli 0,94% des voix à la primaire républicaine pour l'élection présidentielle de 1992, il disparaît du devant de la scène politique. Il se présentera ensuite à plusieurs autres élections, sans succès.

En 1998, il auto-édite sa biographie, My Awakening. A Path to Racial Understanding (« Mon éveil. Un chemin vers la compréhension raciale »), où il renoue avec son antisémitisme et son racisme débridés, écrivant par exemple : « Les Juifs sont le fer de lance de la déchristianisation de l’Amérique moderne. – Le communisme et le sionisme sont nés du même esprit juif. – Il ne s’agit pas de conspiration [juive], il s’agit de deux nations, les Juifs et les Gentils, en état de guerre ethnique ». En 2000, il crée la National Organization For European American Rights (NOFEAR, Organisation Nationale pour les Droits des Américains-Européens), destinée à lutter contre la menace d’un « White Genocide », « génocide » dont seraient victimes les populations blanches. La structure est vite rebaptisée EURO (pour European-American Unity and Rights Organization, Organisation européenne-américaine pour l'unité et les droits de l'homme), et représenterait aujourd’hui encore sa principale source de revenus, avec ses livres et la vente de produits dérivés néonazis, notamment sur son site internet. C’est dans ces années qu’il créé en effet un site à son nom, duke.org puis davidduke.com, une sorte de blog sur lequel il déverse sa haine complotiste et raciste, ainsi qu’un autre site Internet, Altermedia.info, qui fera des émules à travers le monde, en différentes langues (site depuis disparu).

En 2002, Duke est inculpé pour fraude fiscale. Plaidant coupable, il reconnaît avoir détourné l’argent de ses adeptes suprémacistes pour s’offrir des biens de luxe, rénover sa maison et fréquenter les salles de jeux. Il passera 15 mois en prison.

Deux ans plus tard, Duke s’auto-édite à nouveau pour Jewish Supremacism. My Awakening on the Jewish Question (« Le suprémacisme juif. Mon éveil à la question juive »), tiré d’un mémoire écrit pour le MAUP, une fausse « grande école » ukrainienne qualifiée par le Congrès américain d'« une des institutions antisémites les plus acharnées d’Europe de l’Est ». Pour ce mémoire, sous-titré Le Sionisme comme forme de suprémacisme ethnique, qu’il fera traduire en neuf langues, il reçoit le diplôme du MAUP qui ne jouit d’aucune reconnaissance universitaire réelle. Dès lors, il s’arroge pourtant le titre de « Docteur » pour faire valoir avec plus d’autorité les contenus de son site et les conférences payantes qu’il donne occasionnellement. Il trouve audience principalement en Russie et au Moyen-Orient.

Dès 1995, Duke avait en effet noué des liens avec le néofasciste russe Vladimir Jirinovski et, en 1998, avec le chef de la branche ultranationaliste du Parti communiste russe, le général Albert Makashov – lequel se proposait « de coller au mur tous les youpins et de les envoyer dans l’autre monde. » En 2000 il est invité en Russie par l’écrivain ultranationaliste Alexandre Prokhanov et en 2006, il participe à la conférence organisée à Moscou par le journal russe Athenaeum et la section russe du mouvement nationaliste pan-européen Synergies européennes, intitulée « L’Avenir du monde blanc », aux côtés notamment des militants français d’extrême droite Pierre Vial et Guillaume Faye. Côté Moyen-Orient, invité en 2005 par le gouvernement syrien, il déclare devant une foule enthousiaste que « les États-Unis sont occupés par les Sionistes tout comme l’est votre Golan. Les Sionistes occupent une grosse partie des médias américains et contrôlent maintenant une grosse partie du gouvernement américain ». Bien plus tard, quand éclatera la guerre civile en Syrie, il la qualifiera de « guerre orchestrée par le sionisme ». En 2006, à Téhéran, invité par le président Mahmoud Ahmadinejad à la conférence internationale mettant en cause la réalité de la Shoah, il déclare : « L’Holocauste est le système qui sert de pilier à l’impérialisme sioniste, à l’agression sioniste, à la terreur sioniste et au crime sioniste. »

Ayant perdu sa visibilité médiatique aux États-Unis et évitant la justice américaine, Duke choisit de résider en Europe, principalement en Autriche, vivant de ses conférences et de ses soutiens. Banni au fil des ans de plusieurs pays européens pour ses activités racistes et antisémites, il écrit une Lettre ouverte au monde dans laquelle, pour lisser son image, il nie être un suprémaciste blanc, prétendant ne soutenir que « le droit de chacun à préserver son identité ». De même, il récuse être un négationniste, arguant qu’il se borne à mettre les faits en lumière. En 2011, il envisage de rentrer aux États-Unis pour participer à l'élection présidentielle qui s’annonce. Il tente de séduire à distance le mouvement du Tea Party en dénonçant le « lobby israélien » et en promettant de poursuivre en justice « les banques internationales criminelles », avant de jeter l'éponge.

Après son retour aux États-Unis, David Duke est reçu en interview par CNN où il réaffirme n’avoir jamais été un suprémaciste blanc. Pourtant, il se met à collaborer régulièrement avec Stormfront, le plus grand site nazi américain en ligne, fondé par Don Black, son second couteau et ancien Grand Sorcier du KKK, qui a épousé l'ex-femme de Duke. En 2015, il est reçu par Alex Jones, figure majeure du conspirationnisme aux États-Unis, pour une interview explosive sur sa chaîne InfoWars. En 2016, Duke déclare dans un billet posté sur son site Internet que les « les Juifs contrôlent l’industrie pornographique » dans le monde, utilisée comme « arme de revanche » pour leur « haine raciale contre les Européens ». La même année, lors d’un débat dans une université de la Nouvelle-Orléans, il estime à propos des Juifs qu’il y a « un problème en Amérique avec un groupe tribal très fort et puissant qui domine nos médias et domine notre système bancaire international ». Dans une vidéo sur YouTube (depuis supprimée), intitulée « Pourquoi l’élite juive déteste Donald Trump », il explique, en écho au thème du « Grand Remplacement »: « Les groupes juifs organisent sciemment l’invasion de l’Europe et de l’Amérique par des réfugiés non-européens, terroristes, violeurs, criminels ».

Quoique Donald Trump ait toujours dénoncé son racisme haineux, Duke appelle à voter pour lui en 2016, alors qu’il se présente lui-même comme candidat au Sénat en Louisiane (il fera un score de 3%). En 2017, Duke salue dans un tweet l’« honnêteté » et le « courage de dire la vérité » de Trump, qui renvoie dos-à-dos manifestants et opposants après la manifestation meurtrière d'extrême-droite à Charlottesville, où Duke était lui-même présent pour dénoncer « l’épuration ethnique en cours de l’Amérique ».

En 2017, il soutient la candidature de Marine Le Pen à la présidence en France et en 2018, il approuve le leader travailliste britannique Jeremy Corbyn quand celui-ci dénonce, dans un tweet, la « mainmise de la puissance des élites et de la domination des milliardaires sur de larges parties de nos médias ».

Dans un enregistrement vocal publié sur son site le 12 mars 2020, en pleine crise du Covid-19, Duke laisse entendre que Donald Trump a pu être infecté par le coronavirus lors de sa rencontre à la Maison Blanche avec un responsable brésilien d’origine juive qui lui aurait délibérément transmis le virus dans une opération pilotée en sous-main par « l’État d’Israël » et « l'élite sioniste mondiale ». Alors que les plateformes en ligne décident enfin de prendre à bras le corps la lutte contre la haine et les fausses informations, la chaîne de Duke est supprimée par YouTube fin juin 2020 pour « pour violation des règles sur les discours de haine », son compte Twitter est fermé le mois suivant pour les mêmes raisons.

Après l’élection présidentielle perdue par Trump à l’automne 2020, David Duke adhère à la thèse de « l’élection volée » et dispose un bandeau sur son site proposant aux lecteurs de « découvrir l’identité de ceux qui ont truqué et volé cette élection », en précisant « Indice : ce ne sont pas les Russes ou les Chinois ».

À l’automne 2023, il s’affiche dans une conférence commune avec le militant radical afro-américain Ayo Kimathi, organisée un 11 septembre, et proposant d’unir Noirs et Blancs pour « défaire l’ennemi commun », désigné sous la forme d’une étoile de David. L’ex-congressiste Cynthia McKinney en fera la promotion sur ses réseaux sociaux.

En juin 2024, en marge d’un rassemblement de soutien au suprémaciste blanc Nick Fuentes, David Duke apporte son soutien au mouvement terroriste Hamas dans sa guerre contre Israël. Le mois suivant, il alerte dans un article sur son blog : « le Deep State sioniste essaie désespérément d’assassiner Donald Trump ». En octobre 2024, Duke déclare cette fois appuyer la candidature à l’élection présidentielle américaine de Jill Stein, représentante du Green Party, qu’il juge la plus ferme contre « le pouvoir juif », dénonçant désormais la « soumission totale à Israël et au lobby juif » de Donald Trump. Comme ce dernier avant lui, Jill Stein rejette le soutien de celui qu’elle qualifie de « troll raciste ».

 

IL A DIT :

« La suprématie juive existe dans de nombreux secteurs des médias américains. Ils peuvent attirer l’attention sur ce qu’ils veulent et cacher ce qu’ils veulent ».

Source : « L'hypocrisie d'Hanoucca, par David Duke VOSTFR (partie1) », YouTube, 9 avril 2012.

« Ataturk savait mieux que tout autre chef d’État moderne que la résurrection nationale dépend avant tout du processus subtil de séparation raciale ».

Source : NAAWP News, 1984.

 

(Dernière mise à jour le 02/12/2024)

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