Dans une interview accordée à France Info vendredi, le chef du syndicat des commissaires dénonçait un « complot médiatique et politique » derrière les accusations de racisme visant la police. Conspiracy Watch est allé recueillir ses explications.
Un « complot médiatique et politique ». C’est en ces termes que David Le Bars, secrétaire général du Syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN), a spontanément évoqué vendredi, dans une interview à France Info, la série de circonstances par lesquelles les forces de l'ordre se retrouvent aujourd’hui sur le banc des accusés, alors que le Défenseur des droits vient de publier aujourd'hui son rapport annuel 2019, faisant état d'une augmentation sensible des saisines en lien avec la déontologie de la police.
« Pourquoi parlez-vous de complot ? » relance France Info. Réponse de l'intéressé :
« Il y a deux semaines, une artiste peut-être en mal d'audience a commencé le bal nauséabond en traitant les policiers d'assassins comme quoi on allait tuer des gens en banlieue. Et puis étonnamment, ça a commencé à prendre avec les mêmes personnes qui sont sur le sujet des violences policières depuis deux ans. Violence policière ça sous-entend que la police ne fait que ça. Et puis, il y a eu cette occasion de relier les violences policières au racisme, la police est violente parce qu'elle est raciste, et on est raciste donc on est violent. Ce débat n'a aucun fondement à part cet effet miroir sur l'affaire George Floyd, qui n'a strictement rien à voir avec des affaires qu'on a pu connaître en France, mais, pour certains, le raccourci est fait. »
Usuellement, un « complot » désigne un projet concerté secrètement entre plusieurs personnes et dont le but est – sinon légalement, du moins moralement – répréhensible. David Le Bars ne considère évidemment pas qu'il existe une conspiration ayant des ramifications jusqu'aux États-Unis. Mais estime-t-il que la question du racisme dans la police ou celle des bavures qui entachent la profession ont été créées artificiellement ?
Contacté par Conspiracy Watch pour recueillir ses éclaircissements quant à l'utilisation de ce terme, le secrétaire général du SCPN a accepté ce matin de répondre à nos questions. S'il convient que la séquence médiatique qui a débuté avec la sortie polémique de la chanteuse et actrice Camélia Jordana contre la police française et qui a rebondi avec le meurtre de George Floyd aux États-Unis tient davantage de la récupération opportuniste et du télescopage que d'un quelconque « complot », il assume malgré tout de parler de manipulation par une famille, celle d'Adama Traoré (ce jeune homme de 24 ans décédé en juillet 2016 à la suite de son interpellation par les forces de l’ordre), qui bénéficie selon lui de très solides relais dans le monde du spectacle :
« Je ne crois pas à l'idée d'un petit groupe qui se réunit pour décider de ce qui va se passer. On est plus dans l'illustration que l'offensive menée depuis plusieurs mois contre la police par un collectif très politisé – il ne s'en cache pas, il se présente lui-même comme un collectif "politique" – a trouvé des relais médiatiques qui lui permettent d'imposer cette thématique des "violences policières", nonobstant les torts ou les fautes que la police peut avoir. [...] Il ne s'agit pas de nier qu'il puisse y avoir des problèmes dans la police. [...] J'accepte les critiques. Je ne suis pas en train de vous dire que la police n’a pas de problèmes. [...] L'émission de Laurent Ruquier au cours de laquelle des propos d'une extrême gravité ont été tenus contre l'institution "police nationale", puisqu'on nous dit que les policiers vont travailler le matin pour aller assassiner des gens en raison de leur couleur de peau, a été une caisse de résonance immédiate. Cette énormité a permis d'orienter la thématique des "violences policières" en y mettant une connotation raciste. Elle a été non seulement relayée mais aussi pilotée. Cette jeune femme [Camélia Jordana – ndlr], elle est connectée au collectif "La Vérité pour Adama", à la famille Traoré, et cette famille est connectée au milieu du showbiz où ils ont leurs meilleurs relais, des relais extrêmement importants pour eux. [...]
Après, ce qui n'a rien à voir avec de la manipulation, mais qui relève de la récupération, c'est le calendrier malheureux et l'abominable affaire Floyd que j'ai dénoncée comme étant un évident crime. Il n'y a même pas de débat, c'est à la fois un crime et une non-assistance à personne en danger, les images le montrent. Mais ceux qui ont ramené cette affaire-là et en ont fait un miroir de l'affaire Adama Traoré ont fini d'achever cette séquence de la "police raciste et violente parce que raciste". Je ne commenterai pas cette affaire parce qu'elle est en cours d'instruction mais je rappellerai quand même qu'elle a été confiée à un juge du siège, qui est un juge indépendant, qui a commandé des expertises, et que sauf à vouloir faire les procès dans la rue – ce que veulent faire les gens qui sont derrière tout ça –, on est en train de faire un déni de justice et de salir la police nationale. Voilà. C'est le fond de ma pensée. »
David Le Bars estime-t-il que les enquêtes publiées respectivement par Mediapart et Arte Radio d'un côté, par StreetPress de l'autre, qui dévoilent l'existence de groupes WhatsApp et Facebook dans lequel des policiers échangeaient des propos d'un racisme insupportable, participent d'une manière ou d'une autre au « complot médiatique » auquel il a fait allusion ? Le chef du syndicat des commissaires écarte cette interprétation avant d'ajouter :
« Il y a des accointances. J’en vois le résultat, j’en vois les effets. Et je vois comment ça se passe. [...] Je ne suis pas seul à penser qu'il y a une offensive qui date de plusieurs mois et qui vise à affaiblir la police nationale. Pendant le confinement, des notes des services de renseignement, moi-même dans les médias, et d'autres, nous avons alerté sur le risque de la sortie du confinement. Non pas par rapport à la crise sanitaire, mais par rapport au fait que cette attaque sur l’institution "police nationale", cette haine de certains contre les policiers, ne s’arrêterait pas et qu'au contraire on pouvait craindre le pire sur la reprise de l'activité sociale, avec une ultra-gauche qui pilonne l'opinion sur le thème des "violences policières" et qui essaie de crucifier toute une profession en l'accusant de "racisme systémique". Cet excès-là est dangereux. [...] Du fait de mes fonctions, je fréquente beaucoup les médias, j’observe beaucoup Twitter, j’essaie de communiquer toujours avec raison et je ne suis pas quelqu’un d'excessif. [...] Le mot ''complot'' est trop fort. Je mets un bémol sur ce terme-là. Mais ce qui est fort aussi, en attendant, c'est la violence de cette offensive contre la police. »
Peu après le meurtre de George Floyd à Minneapolis par des policiers américains, le collectif « La Vérité pour Adama » a initié plusieurs manifestations réunissant jusqu'à plus de 20 000 personnes à Paris devant le Palais de justice la semaine dernière. Les proches d’Adama Traoré ont rendu publique une contre-expertise réalisée à leur demande et établissant un lien entre la mort du jeune homme et le plaquage ventral qui lui avait été administré par les gendarmes. Quelques jours plus tard, L'Obs a publié un appel du comédien Omar Sy dénonçant « l’impunité organisée qui sévit depuis des décennies » concernant les violences commises par la police. Le lendemain, Mathieu Kassovitz a réclamé dans une émission qu’on désarme les policiers et qu’on réduise leurs effectifs.
Un « complot médiatique et politique ». C’est en ces termes que David Le Bars, secrétaire général du Syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN), a spontanément évoqué vendredi, dans une interview à France Info, la série de circonstances par lesquelles les forces de l'ordre se retrouvent aujourd’hui sur le banc des accusés, alors que le Défenseur des droits vient de publier aujourd'hui son rapport annuel 2019, faisant état d'une augmentation sensible des saisines en lien avec la déontologie de la police.
« Pourquoi parlez-vous de complot ? » relance France Info. Réponse de l'intéressé :
« Il y a deux semaines, une artiste peut-être en mal d'audience a commencé le bal nauséabond en traitant les policiers d'assassins comme quoi on allait tuer des gens en banlieue. Et puis étonnamment, ça a commencé à prendre avec les mêmes personnes qui sont sur le sujet des violences policières depuis deux ans. Violence policière ça sous-entend que la police ne fait que ça. Et puis, il y a eu cette occasion de relier les violences policières au racisme, la police est violente parce qu'elle est raciste, et on est raciste donc on est violent. Ce débat n'a aucun fondement à part cet effet miroir sur l'affaire George Floyd, qui n'a strictement rien à voir avec des affaires qu'on a pu connaître en France, mais, pour certains, le raccourci est fait. »
Usuellement, un « complot » désigne un projet concerté secrètement entre plusieurs personnes et dont le but est – sinon légalement, du moins moralement – répréhensible. David Le Bars ne considère évidemment pas qu'il existe une conspiration ayant des ramifications jusqu'aux États-Unis. Mais estime-t-il que la question du racisme dans la police ou celle des bavures qui entachent la profession ont été créées artificiellement ?
Contacté par Conspiracy Watch pour recueillir ses éclaircissements quant à l'utilisation de ce terme, le secrétaire général du SCPN a accepté ce matin de répondre à nos questions. S'il convient que la séquence médiatique qui a débuté avec la sortie polémique de la chanteuse et actrice Camélia Jordana contre la police française et qui a rebondi avec le meurtre de George Floyd aux États-Unis tient davantage de la récupération opportuniste et du télescopage que d'un quelconque « complot », il assume malgré tout de parler de manipulation par une famille, celle d'Adama Traoré (ce jeune homme de 24 ans décédé en juillet 2016 à la suite de son interpellation par les forces de l’ordre), qui bénéficie selon lui de très solides relais dans le monde du spectacle :
« Je ne crois pas à l'idée d'un petit groupe qui se réunit pour décider de ce qui va se passer. On est plus dans l'illustration que l'offensive menée depuis plusieurs mois contre la police par un collectif très politisé – il ne s'en cache pas, il se présente lui-même comme un collectif "politique" – a trouvé des relais médiatiques qui lui permettent d'imposer cette thématique des "violences policières", nonobstant les torts ou les fautes que la police peut avoir. [...] Il ne s'agit pas de nier qu'il puisse y avoir des problèmes dans la police. [...] J'accepte les critiques. Je ne suis pas en train de vous dire que la police n’a pas de problèmes. [...] L'émission de Laurent Ruquier au cours de laquelle des propos d'une extrême gravité ont été tenus contre l'institution "police nationale", puisqu'on nous dit que les policiers vont travailler le matin pour aller assassiner des gens en raison de leur couleur de peau, a été une caisse de résonance immédiate. Cette énormité a permis d'orienter la thématique des "violences policières" en y mettant une connotation raciste. Elle a été non seulement relayée mais aussi pilotée. Cette jeune femme [Camélia Jordana – ndlr], elle est connectée au collectif "La Vérité pour Adama", à la famille Traoré, et cette famille est connectée au milieu du showbiz où ils ont leurs meilleurs relais, des relais extrêmement importants pour eux. [...]
Après, ce qui n'a rien à voir avec de la manipulation, mais qui relève de la récupération, c'est le calendrier malheureux et l'abominable affaire Floyd que j'ai dénoncée comme étant un évident crime. Il n'y a même pas de débat, c'est à la fois un crime et une non-assistance à personne en danger, les images le montrent. Mais ceux qui ont ramené cette affaire-là et en ont fait un miroir de l'affaire Adama Traoré ont fini d'achever cette séquence de la "police raciste et violente parce que raciste". Je ne commenterai pas cette affaire parce qu'elle est en cours d'instruction mais je rappellerai quand même qu'elle a été confiée à un juge du siège, qui est un juge indépendant, qui a commandé des expertises, et que sauf à vouloir faire les procès dans la rue – ce que veulent faire les gens qui sont derrière tout ça –, on est en train de faire un déni de justice et de salir la police nationale. Voilà. C'est le fond de ma pensée. »
David Le Bars estime-t-il que les enquêtes publiées respectivement par Mediapart et Arte Radio d'un côté, par StreetPress de l'autre, qui dévoilent l'existence de groupes WhatsApp et Facebook dans lequel des policiers échangeaient des propos d'un racisme insupportable, participent d'une manière ou d'une autre au « complot médiatique » auquel il a fait allusion ? Le chef du syndicat des commissaires écarte cette interprétation avant d'ajouter :
« Il y a des accointances. J’en vois le résultat, j’en vois les effets. Et je vois comment ça se passe. [...] Je ne suis pas seul à penser qu'il y a une offensive qui date de plusieurs mois et qui vise à affaiblir la police nationale. Pendant le confinement, des notes des services de renseignement, moi-même dans les médias, et d'autres, nous avons alerté sur le risque de la sortie du confinement. Non pas par rapport à la crise sanitaire, mais par rapport au fait que cette attaque sur l’institution "police nationale", cette haine de certains contre les policiers, ne s’arrêterait pas et qu'au contraire on pouvait craindre le pire sur la reprise de l'activité sociale, avec une ultra-gauche qui pilonne l'opinion sur le thème des "violences policières" et qui essaie de crucifier toute une profession en l'accusant de "racisme systémique". Cet excès-là est dangereux. [...] Du fait de mes fonctions, je fréquente beaucoup les médias, j’observe beaucoup Twitter, j’essaie de communiquer toujours avec raison et je ne suis pas quelqu’un d'excessif. [...] Le mot ''complot'' est trop fort. Je mets un bémol sur ce terme-là. Mais ce qui est fort aussi, en attendant, c'est la violence de cette offensive contre la police. »
Peu après le meurtre de George Floyd à Minneapolis par des policiers américains, le collectif « La Vérité pour Adama » a initié plusieurs manifestations réunissant jusqu'à plus de 20 000 personnes à Paris devant le Palais de justice la semaine dernière. Les proches d’Adama Traoré ont rendu publique une contre-expertise réalisée à leur demande et établissant un lien entre la mort du jeune homme et le plaquage ventral qui lui avait été administré par les gendarmes. Quelques jours plus tard, L'Obs a publié un appel du comédien Omar Sy dénonçant « l’impunité organisée qui sévit depuis des décennies » concernant les violences commises par la police. Le lendemain, Mathieu Kassovitz a réclamé dans une émission qu’on désarme les policiers et qu’on réduise leurs effectifs.
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