Au début de la semaine, un colis explosif a été découvert dans la boîte aux lettre du milliardaire américain. Peut-on encore douter de la nocivité des théories du complot ?
Lundi 22 octobre, un engin explosif a été retrouvé au domicile de George Soros. C'était le premier d'une série de colis suspects adressés ces derniers jours à Hillary Clinton, Barack Obama, Joe Biden, l'ex-directeur de la CIA John Brennan, Robert De Niro, et d'autres personnalités liées au Parti démocrate.
Tandis que l'organisation de lutte contre l'antisémitisme Anti-Defamation League (ADL) a récemment souligné une nouvelle fois la dimension antisémite des théories du complot visant le milliardaire américain d'origine hongroise, Tristan Mendès France et Rudy Reichstadt ont tenté de répondre ce matin sur France Inter à la question de Sonia Devillers : « Pourquoi George Soros est-il l'objet de toutes les théories du complot ? ».
« Antéchrist »
Il faut dire que rien ne semble pouvoir tarir le flot de délires conspirationnistes entourant la personne de Soros. Au début du mois d'octobre, l'ancien maire de New York Rudy Giuliani (1994-2001), devenu l'avocat du président Donald Trump, a fait sensation en partageant sur Twitter un message présentant le milliardaire américain comme rien moins que « l'Antéchrist ». Saisissant la balle au bond, Frank Gaffney, président du Center for Security Policy, un think tank néo-conservateur et anti-« islamisation », s'est demandé doctement sur son site si Soros était « l'Antéchrist ou simplement son bras droit ? ». A peu près au même moment, l'acteur américain James Woods a qualifié Soros de « satanique », relayant la rumeur, aussi débile que perverse, selon laquelle l'homme d'affaires aurait, pendant la guerre, « collaboré avec les nazis ». Dans une dizaine d'Etats américains ont par ailleurs récemment circulé des tracts rendant le philanthrope co-responsable d'un vaste complot juif contre les Blancs, l'Amérique et la liberté. Mardi 23 octobre encore, la Nederlandse Omroep Stichting (NOS), le principal groupe audiovisuel public des Pays-Bas, a évoqué « le Juif Soros », ajoutant qu'il étendait ses « tentacules » dans la politique américaine (l'article concerné a par la suite été retiré).
On peut, bien sûr, critiquer Soros, discuter ses choix, questionner sa vision du monde. Mais la diabolisation fantastique dont il est la cible suffit à convaincre qu'autre chose est en jeu dans la détestation que l'homme suscite, comme un noyau irréductible d'irrationalité propre à inspirer un passage à l'acte criminel.
En décembre 2016, un drame a été évité de justesse sur fond de « Pizzagate » : un homme armé avait fait irruption dans une pizzeria de Washington pour vérifier que des responsables démocrates de premier plan n'y cachaient pas, en sous-sol, des enfants réduits en esclavage sexuel. Le propriétaire du restaurant, James Alefantis, avait déclaré que ce qui venait de se passer prouvait que « le fait de promouvoir des théories du complot fausses et dangereuses a des conséquences [et qu'il espérait] que ceux qui les attisent prendront un moment pour réfléchir à ce qui s'est passé ici et arrêteront immédiatement de propager ces mensonges ». A-t-il été entendu ?
Dernière chose : il se trouve que Conspiracy Watch a été accusé, sur les réseaux sociaux, d'être « appointé » par George Soros ou l'une de ses fondations. C'est faux. Nous ne recevons ni n'avons jamais reçu aucun fonds d'une personne ou d'une organisation qui pourrait tirer profit des contenus que nous consacrons aux théories du complot entourant George Soros – ni d'aucun autre contenu d'ailleurs. Puisque ce qui va sans dire va mieux en le disant, ajoutons que notre rédaction travaille dans une indépendance éditoriale totale. Que nous nous sentions en devoir de le préciser, nous qui travaillons sur le phénomène conspirationniste, ne manque pas d'ironie, mais nous ne pouvons nous empêcher d'y voir un signe supplémentaire de l'utilité de notre démarche.
Voir aussi :
Lundi 22 octobre, un engin explosif a été retrouvé au domicile de George Soros. C'était le premier d'une série de colis suspects adressés ces derniers jours à Hillary Clinton, Barack Obama, Joe Biden, l'ex-directeur de la CIA John Brennan, Robert De Niro, et d'autres personnalités liées au Parti démocrate.
Tandis que l'organisation de lutte contre l'antisémitisme Anti-Defamation League (ADL) a récemment souligné une nouvelle fois la dimension antisémite des théories du complot visant le milliardaire américain d'origine hongroise, Tristan Mendès France et Rudy Reichstadt ont tenté de répondre ce matin sur France Inter à la question de Sonia Devillers : « Pourquoi George Soros est-il l'objet de toutes les théories du complot ? ».
« Antéchrist »
Il faut dire que rien ne semble pouvoir tarir le flot de délires conspirationnistes entourant la personne de Soros. Au début du mois d'octobre, l'ancien maire de New York Rudy Giuliani (1994-2001), devenu l'avocat du président Donald Trump, a fait sensation en partageant sur Twitter un message présentant le milliardaire américain comme rien moins que « l'Antéchrist ». Saisissant la balle au bond, Frank Gaffney, président du Center for Security Policy, un think tank néo-conservateur et anti-« islamisation », s'est demandé doctement sur son site si Soros était « l'Antéchrist ou simplement son bras droit ? ». A peu près au même moment, l'acteur américain James Woods a qualifié Soros de « satanique », relayant la rumeur, aussi débile que perverse, selon laquelle l'homme d'affaires aurait, pendant la guerre, « collaboré avec les nazis ». Dans une dizaine d'Etats américains ont par ailleurs récemment circulé des tracts rendant le philanthrope co-responsable d'un vaste complot juif contre les Blancs, l'Amérique et la liberté. Mardi 23 octobre encore, la Nederlandse Omroep Stichting (NOS), le principal groupe audiovisuel public des Pays-Bas, a évoqué « le Juif Soros », ajoutant qu'il étendait ses « tentacules » dans la politique américaine (l'article concerné a par la suite été retiré).
On peut, bien sûr, critiquer Soros, discuter ses choix, questionner sa vision du monde. Mais la diabolisation fantastique dont il est la cible suffit à convaincre qu'autre chose est en jeu dans la détestation que l'homme suscite, comme un noyau irréductible d'irrationalité propre à inspirer un passage à l'acte criminel.
En décembre 2016, un drame a été évité de justesse sur fond de « Pizzagate » : un homme armé avait fait irruption dans une pizzeria de Washington pour vérifier que des responsables démocrates de premier plan n'y cachaient pas, en sous-sol, des enfants réduits en esclavage sexuel. Le propriétaire du restaurant, James Alefantis, avait déclaré que ce qui venait de se passer prouvait que « le fait de promouvoir des théories du complot fausses et dangereuses a des conséquences [et qu'il espérait] que ceux qui les attisent prendront un moment pour réfléchir à ce qui s'est passé ici et arrêteront immédiatement de propager ces mensonges ». A-t-il été entendu ?
Dernière chose : il se trouve que Conspiracy Watch a été accusé, sur les réseaux sociaux, d'être « appointé » par George Soros ou l'une de ses fondations. C'est faux. Nous ne recevons ni n'avons jamais reçu aucun fonds d'une personne ou d'une organisation qui pourrait tirer profit des contenus que nous consacrons aux théories du complot entourant George Soros – ni d'aucun autre contenu d'ailleurs. Puisque ce qui va sans dire va mieux en le disant, ajoutons que notre rédaction travaille dans une indépendance éditoriale totale. Que nous nous sentions en devoir de le préciser, nous qui travaillons sur le phénomène conspirationniste, ne manque pas d'ironie, mais nous ne pouvons nous empêcher d'y voir un signe supplémentaire de l'utilité de notre démarche.
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