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Dieudonné : « Dans les livres de classe de mes enfants, j’ai arraché les pages sur la Shoah »

Publié par L'Arche30 mai 2005,

Le 28 mars 2005, le comédien Dieudonné est en direct au micro de Beur FM. Il est là pour faire la promotion de son dernier spectacle. Mais l’essentiel de l’émission – aussi bien dans la partie où il est interviewé par le journaliste de Beur FM que dans la partie où il répond aux questions des auditeurs – a pour thème l’obsession de Dieudonné : le « complot sioniste ».

Dieudonné M'Bala M'Bala (capture d'écran YouTube, "Mes excuses", 2004).

Quand on dit « sioniste », tout le monde se comprend à mi-mot. Le « complot », explique Dieudonné, ne vise pas seulement les Noirs, les Musulmans et les Arabes. Il vise l’ensemble des non-Juifs. D’où la nécessité, selon lui, de la « lutte contre le racisme anti-goy ».

Dieudonné s’étend longuement sur les persécutions dont il affirme être l’objet. Son seul crime, dit-il, est « d’aborder le sujet du sionisme, qui est un sujet tabou ». Et il dénonce « cet impérialisme nauséabond, ce sentiment de supériorité qui écrase une partie du monde et qui commence à être extrêmement pesant ».

Pour donner un aperçu du climat régnant à l’antenne, une brève citation suffira. Un jeune enfant prénommé Ismaël est au téléphone. Récitant manifestement sa leçon, il déclare : « Moi, je suis un goy et fier de l’être ». Dieudonné lui répond, au milieu des rires attendris : « Moi aussi ».

On trouvera ci-dessous de larges extraits des déclarations de Dieudonné au micro de Beur FM. Étant donné que certains de ces propos sont particulièrement graves, nous avons ajouté des notes auxquelles le lecteur est invité à se reporter.

Sur la « pornographie mémorielle » et la Shoah

Je n’ai jamais associé la Shoah à la pornographie, c’est une manipulation (1). C’est carrément créé, c’est de la fabrication. (...) Je suis en Algérie, qui est effectivement plus ou moins un second pays pour moi, parce que j’ai découvert une population vraiment formidable. Quelque part, je suis algérien aujourd’hui. J’étais en Algérie, discuter du spectacle et du sionisme en général. (...) Et je reprenais une expression d’une historienne qui s’appelait... qui affirmait, si vous voulez, qui avait inventé ce terme, qui disait que c’était une pornographie mémorielle (2). Et je trouvais que le terme était assez justement trouvé. Le terme d’une sociologue, une historienne... l’objet d’un terme, c’est de provoquer un débat. En tout cas à aucun moment je n’ai associé la Shoah à la pornographie mémorielle.

Sur les accusations d’antisémitisme portées contre lui

Bon, c’est vrai qu’il y a une certaine tendance des mouvements extrémistes sionistes à dire que la justice française est antisémite. Tout le monde est antisémite. À partir du moment où vous n’êtes pas d’accord avec eux, vous êtes un antisémite. (...) Apparemment il y a une certaine presse qui n’en a rien à faire. C’est la justice de la presse, de certains médias. Je pense à Bernard-Henri Lévy ou Finkenkraut [sic] qui a traité carrément les Noirs de sous-hommes en disant que quasiment les Antillais étaient des assistés, que l’idéologie des Antillais, des Noirs de France... puisqu’il a fait une pétition, là, il disait : "les Noirs filent un mauvais coton", pour faire un parallèle avec les champs de coton. Pour vous dire à quel point dans le mauvais goût, dans la négrophobie on est en train de glisser avec ce genre de personnage. Et eux, ils ont un libre accès aux médias.

Sur « la hiérarchie des souffrances »

400 ans, des centaines de millions de personnes touchées, esclavagisés, pas une ligne dans les manuels scolaires, pas un film. J’ai simplement dit que ce serait bien que la République, parce qu’on nous vend « liberté, égalité, fraternité », à ce moment-là que la République mette les souffrances au même niveau. Parce qu’il y en a une dont on entend parler en permanence. Pourquoi pas, mais il faudrait que l’on parle de la même chose, il faudrait mettre au même niveau, parce que je pense qu’il ne faut pas hiérarchiser les souffrances à l’intérieur de la République. La République doit mettre au même niveau. Or, aujourd’hui, elle ne le fait pas, parce qu’elle est effectivement à mon avis sous des groupes de pression qui sont extrêmement nuisibles au projet républicain et à l’utopie républicaine.

Sur la lutte contre le racisme

Il y a une véritable injustice dans le traitement de la lutte contre le racisme. Nous avons été manipulés par ces partis politiques, notamment le Parti socialiste et toute l’équipe à Julien Dray (...) qui ont instrumentalisé la lutte contre le racisme et qui n’ont fait finalement qu’inciter au racisme. Aujourd’hui, quand on voit un Finkenkraut [sic] qui se lâche carrément, qui dit qu’il y a un racisme anti-Blanc, que les Noirs sont plus ou moins en train de faire chauffer la marmite et qu’ont va manger des Blancs dans la rue. Alors que cet homme fait partie effectivement de réseaux extrêmement puissants qui ont par rapport aux médias une influence considérable, il voudrait continuer à nous donner des leçons de morale en disant que les nègres en France filent un mauvais coton idéologique.

Sur « une souffrance sacralisée »

La vérité est qu’il y a une inégalité dans le traitement de la souffrance dans ce pays. On a d’un côté une souffrance sacralisée, qui est mise sur un piédestal. C’est quasiment devenu messianique. Il faut suivre, comme ça, les commémorations. Et de l’autre côté, des populations qui ont souffert et qui n’ont pas de leçons à recevoir de cette souffrance et qui sont obligées de... je refuse que mes enfants, à l’école, je leur ai dit non, j’ai arraché les pages. Je leur ai dit : vous n’étudiez pas cette souffrance-là tant qu’il n’y aura pas les autres. Il n’y a aucune raison que vous, descendants d’esclaves, vous n’ayez pas accès à votre histoire.

Sur le « communautarisme »

Je pense qu’il y a un cancer, c’est les communautarismes, qui est orchestré, organisé par une association comme le CRIF qui est une association ultra-communautaire. Ils ont appelé au boycott de mon spectacle. Je suis dans le collimateur de ce M. Cukierman que je n’ai jamais vu. D’ailleurs invitez-le, moi je veux bien que l’on discute avec M. Cukierman. Quel est son projet ? Organiser une vase ratonnade contre les Noirs et les Arabes ? C’est cela son véritable projet ? Diviser la France pour je ne sais pas quoi, et pour servir les intérêts d’un autre pays ?

Sur « les Juifs négriers »

Il y a eu des Juifs négriers, mais ça, il s’en sont foutu mais plein les fouilles avec le commerce des Noirs. (...) C’est une communauté qui a particulièrement bien gagné sa vie, mais ce n’est pas la seule, les protestants, les chrétiens, ont bien gagné leur vie, mais la communauté juive, notamment aux États-Unis avec quasiment le monopole sur les armateurs, les bateaux, un certain M. Lopez, Abraham Lopez. Il y avait, euh... c’est l’histoire, c’est historique, c’est comme si vous... il n’y a pas de discussion (3).

Sur le « Code noir » édicté par Louis XIV en 1685

Le premier article du « Code noir », c’est : "Nous interdisons le commerce aux Juifs". Mais pourquoi ? Parce que les Juifs avaient le, ce commerce-là, avaient le monopole de ce commerce depuis longtemps et qu’il fallait introduire une dimension chrétienne, c’est-à-dire qu’il fallait arrêter de castrer les mâles, il fallait arrêter de jeter les enfants à l’eau (4).

Sur la mise en cause de Bruno Gollnisch, suite à ses déclarations sur les chambres à gaz

Qu’on enlève le travail à un homme, sans être passé par la justice, juste sous les pression d’un lobby, je trouve ça scandaleux et je le dis et je le répète. Ce qui arrive à M. Gollnisch est strictement illégal et j’espère qu’il gagnera. (...) Ce qui est terrible et insupportable c’est de voir un homme, un père de famille, se retrouver dans une situation - mais - délirante, sous la pression d’un lobby - et en plus il n’a rien dit, visiblement -, sous la pression d’un lobby qui fait pression.

Sur les « tabous »

C’est amusant de voir à quel point il existe des tabous, et l’on ne touche pas visiblement à une catégorie toute particulière qui est le sioniste en général. C’est quand même incroyable de voir à quel point on est dans une société... je pense simplement que nous sommes aujourd’hui dans une configuration d’injustice totale face aux valeurs de la République. Marianne a des enfants, nous sommes tous des enfants de la République. Et il y a un chouchou dans la maison. Il serait temps que Marianne mette de l’ordre.

Sur le « racisme anti-goy »

On voit bien que cette manipulation sioniste, si vous voulez, montre à quel point ils sont désemparés, ils commencent à faire tout et n’importe quoi. Ce qui est plutôt bon signe. Il y a un racisme anti-goy qui est en train de se développer chez les sionistes, qui est de nature à rassembler, je le vois, les Blancs, les Noirs, les Jaunes, les Arabes et c’est ce qu’ils sont en train de provoquer. Cette association, j’ai commencé à en entendre parler (5), une pétition contre le racisme anti-goy, et je pense que je ferai partie des signataires. (...) Ils sont aujourd’hui, mais c’est plutôt bon signe, ces gens qui sont là pour gangrener la République française, pour déstabiliser, il faut absolument qu’ils se cachent, qu’ils trouvent des boucliers. (...) Je crois que cette association qui lutte contre le racisme anti-goy, elle va se mettre en place parce que c’est une volonté délibérée de déstructurer les valeurs intrinsèques de cette République (6).

 

Notes :

(1) « Pornographie mémorielle » : voici les propos de Dieudonné sur ce sujet. « Moi, je parle aujourd’hui de pornographie mémorielle. Ça devient insupportable. (...) Voilà, c’est une manipulation. Je parle de pornographie mémorielle. Je pense que ça devient pornographique » (conférence de presse à Alger, le 16 février 2005, retranscrite dans Le Monde du 22 février 2005). « Une partie des Juifs se sont enrichis en vendant des enfants noirs sur les marchés. Aujourd’hui, il faut réhabiliter la vérité historique et arrêter cette manipulation dont les sionistes ont l’habitude. C’est de la pornographie mémorielle » (interview au quotidien L’Écho d’Oran, 20 février 2005). On trouvera l’intégralité des déclarations de Dieudonné dans « Les documents de la nouvelle affaire Dieudonné », L’Arche, n°563-564 (mars-avril 2005).
(2) Cette historienne dont Dieudonné a oublié le nom s’appelle Idith Zertal. Elle a démenti à plusieurs reprises, sans aucune ambiguïté, non seulement avoir « inventé » ce terme mais même l’avoir jamais utilisé (voir L’Arche de mars-avril 2005).
(3) Cet « Abraham Lopez » dont parle Dieudonné s’appelait en réalité Aaron Lopez. Il s’agit d’un armateur qui vivait à la fin du XVIIIe siècle dans la ville américaine de Newport. Comme tous les bateaux de l’époque, les siens transportaient aussi des cargaisons d’esclaves. Aaron Lopez n’avait évidemment pas le « monopole » de l’armement, ne serait-ce que dans sa ville de Newport, et encore moins le « monopole » de la traite des esclaves. Le nom de Lopez figure habituellement, comme une prétendue « preuve » du rôle des Juifs dans l’esclavage, dans des pamphlets antisémites rédigés par des néo-nazis américains. Ces pamphlets, qui ont été récemment traduits en France, sont sans doute à l’origine des connaissances « historiques » de Dieudonné. On trouve ainsi le nom d’Aaron Lopez, avec l’assertion que « le vaste trafic d’esclaves noirs fut un monopole juif », dans un écrit d’un antisémite obsessionnel nommé Jacques Daudon, fondateur du Parti des Français Progressistes et Humanistes (P.F.P.). M. Daudon donne pour référence trois livres : La pieuvre mondialiste attestée par les Protocoles des Sages de Sion, de Sulkos, Les responsables de la seconde guerre mondiale, de Rassinier, et Les mythes fondateurs de la politique israélienne, de Garaudy. Le plus ironique, dans cette affaire, est que les principaux propagateurs du mythe des « esclavagistes juifs » sont des nazis américains, qui ne pardonnent pas aux Juifs leur rôle dans la campagne pour les droits civiques des Noirs aux États-Unis.
(4) Voici ce que le « Code noir » (le document de 1685 dans lequel Louis XIV réglemente l’esclavage dans les colonies françaises) dit au sujet des Juifs :
« Article 1. Voulons et entendons que l’édit du feu roi de glorieuse mémoire notre très honoré seigneur et père, du 23 avril 1615, soit exécuté dans nos îles. Ce faisant, enjoignons à tous nos officiers de chasser hors de nos îles tous les Juifs qui y ont établi leur résidence, auxquels, comme aux ennemis déclarés du nom chrétien, nous commandons d’en sortir dans trois mois, à compter du jour de la publication des présentes, à peine de confiscation de corps et de biens. »
En d’autres termes, Louis XIV réitère, dans le contexte spécifique des colonies françaises, l’édit d’expulsion des Juifs de France qui avait été signé par Louis XIII en 1615. Lu par Dieudonné, cela devient : « Nous interdisons le commerce aux Juifs ». Mais, en matière de falsification historique, Dieudonné (ou celui qui le fournit en arguments antisémites) ne s’arrête pas là. Il invente non seulement que les Juifs auraient pratiqué dans les îles le commerce des esclaves mais qu’ils en auraient eu « le monopole ». Dieudonné atteint le comble de l’odieux lorsqu’il explique aux auditeurs de Beur FM (sans que le journaliste intervienne, pour le contredire ou le tempérer) que l’expulsion des Juifs par Louis XIV avait pour objet d’« introduire une dimension chrétienne » dans les pratiques esclavagistes - les Juifs et eux seuls ayant pour habitude, selon Dieudonné, « de castrer les mâles », et « de jeter les enfants à l’eau ».
(5) Dieudonné parle de « cette association », cette « pétition contre le racisme anti-goy » dont il a « commencé à entendre parler », comme s’il s’agissait d’une initiative à laquelle il serait étranger. En fait, trois jours après l’émission sur Beur FM, le site internet dirigé par Dieudonné publie un appel intitulé « Le racisme anti-goy », où on lit (la graphie d’origine a été conservée) : « Les sionistes sont aux abois, tant il est vrai que leur seule arme réside dans la manipulation des faits et des consciences. (...) Face à ce qui paraît comme la manipulation sur ce thème de la haine anti-blancs, certains lancent l’idée de l’association de lutte contre le racisme ANTI-GOY, ce racisme dont l’impunité n’a que trop duré. OUVRONS NOTRE ESPRIT ET RÉSISTONS A L’OPPRESSEUR. »
(6) Sur les liens entre le mythe du « racisme juif » et l’antisémitisme moderne, voir les divers exemples analysés par Pierre-André Taguieff dans son article « Des thèmes récurrents qui structurent l’imaginaire antijuif moderne » (L’Arche, n°560, « Les dangereux fantasmes de l’antisionisme militant », novembre-décembre 2004).

 

Source : L'Arche, n°565, mai 2005.

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Le 28 mars 2005, le comédien Dieudonné est en direct au micro de Beur FM. Il est là pour faire la promotion de son dernier spectacle. Mais l’essentiel de l’émission – aussi bien dans la partie où il est interviewé par le journaliste de Beur FM que dans la partie où il répond aux questions des auditeurs – a pour thème l’obsession de Dieudonné : le « complot sioniste ».

Dieudonné M'Bala M'Bala (capture d'écran YouTube, "Mes excuses", 2004).

Quand on dit « sioniste », tout le monde se comprend à mi-mot. Le « complot », explique Dieudonné, ne vise pas seulement les Noirs, les Musulmans et les Arabes. Il vise l’ensemble des non-Juifs. D’où la nécessité, selon lui, de la « lutte contre le racisme anti-goy ».

Dieudonné s’étend longuement sur les persécutions dont il affirme être l’objet. Son seul crime, dit-il, est « d’aborder le sujet du sionisme, qui est un sujet tabou ». Et il dénonce « cet impérialisme nauséabond, ce sentiment de supériorité qui écrase une partie du monde et qui commence à être extrêmement pesant ».

Pour donner un aperçu du climat régnant à l’antenne, une brève citation suffira. Un jeune enfant prénommé Ismaël est au téléphone. Récitant manifestement sa leçon, il déclare : « Moi, je suis un goy et fier de l’être ». Dieudonné lui répond, au milieu des rires attendris : « Moi aussi ».

On trouvera ci-dessous de larges extraits des déclarations de Dieudonné au micro de Beur FM. Étant donné que certains de ces propos sont particulièrement graves, nous avons ajouté des notes auxquelles le lecteur est invité à se reporter.

Sur la « pornographie mémorielle » et la Shoah

Je n’ai jamais associé la Shoah à la pornographie, c’est une manipulation (1). C’est carrément créé, c’est de la fabrication. (...) Je suis en Algérie, qui est effectivement plus ou moins un second pays pour moi, parce que j’ai découvert une population vraiment formidable. Quelque part, je suis algérien aujourd’hui. J’étais en Algérie, discuter du spectacle et du sionisme en général. (...) Et je reprenais une expression d’une historienne qui s’appelait... qui affirmait, si vous voulez, qui avait inventé ce terme, qui disait que c’était une pornographie mémorielle (2). Et je trouvais que le terme était assez justement trouvé. Le terme d’une sociologue, une historienne... l’objet d’un terme, c’est de provoquer un débat. En tout cas à aucun moment je n’ai associé la Shoah à la pornographie mémorielle.

Sur les accusations d’antisémitisme portées contre lui

Bon, c’est vrai qu’il y a une certaine tendance des mouvements extrémistes sionistes à dire que la justice française est antisémite. Tout le monde est antisémite. À partir du moment où vous n’êtes pas d’accord avec eux, vous êtes un antisémite. (...) Apparemment il y a une certaine presse qui n’en a rien à faire. C’est la justice de la presse, de certains médias. Je pense à Bernard-Henri Lévy ou Finkenkraut [sic] qui a traité carrément les Noirs de sous-hommes en disant que quasiment les Antillais étaient des assistés, que l’idéologie des Antillais, des Noirs de France... puisqu’il a fait une pétition, là, il disait : "les Noirs filent un mauvais coton", pour faire un parallèle avec les champs de coton. Pour vous dire à quel point dans le mauvais goût, dans la négrophobie on est en train de glisser avec ce genre de personnage. Et eux, ils ont un libre accès aux médias.

Sur « la hiérarchie des souffrances »

400 ans, des centaines de millions de personnes touchées, esclavagisés, pas une ligne dans les manuels scolaires, pas un film. J’ai simplement dit que ce serait bien que la République, parce qu’on nous vend « liberté, égalité, fraternité », à ce moment-là que la République mette les souffrances au même niveau. Parce qu’il y en a une dont on entend parler en permanence. Pourquoi pas, mais il faudrait que l’on parle de la même chose, il faudrait mettre au même niveau, parce que je pense qu’il ne faut pas hiérarchiser les souffrances à l’intérieur de la République. La République doit mettre au même niveau. Or, aujourd’hui, elle ne le fait pas, parce qu’elle est effectivement à mon avis sous des groupes de pression qui sont extrêmement nuisibles au projet républicain et à l’utopie républicaine.

Sur la lutte contre le racisme

Il y a une véritable injustice dans le traitement de la lutte contre le racisme. Nous avons été manipulés par ces partis politiques, notamment le Parti socialiste et toute l’équipe à Julien Dray (...) qui ont instrumentalisé la lutte contre le racisme et qui n’ont fait finalement qu’inciter au racisme. Aujourd’hui, quand on voit un Finkenkraut [sic] qui se lâche carrément, qui dit qu’il y a un racisme anti-Blanc, que les Noirs sont plus ou moins en train de faire chauffer la marmite et qu’ont va manger des Blancs dans la rue. Alors que cet homme fait partie effectivement de réseaux extrêmement puissants qui ont par rapport aux médias une influence considérable, il voudrait continuer à nous donner des leçons de morale en disant que les nègres en France filent un mauvais coton idéologique.

Sur « une souffrance sacralisée »

La vérité est qu’il y a une inégalité dans le traitement de la souffrance dans ce pays. On a d’un côté une souffrance sacralisée, qui est mise sur un piédestal. C’est quasiment devenu messianique. Il faut suivre, comme ça, les commémorations. Et de l’autre côté, des populations qui ont souffert et qui n’ont pas de leçons à recevoir de cette souffrance et qui sont obligées de... je refuse que mes enfants, à l’école, je leur ai dit non, j’ai arraché les pages. Je leur ai dit : vous n’étudiez pas cette souffrance-là tant qu’il n’y aura pas les autres. Il n’y a aucune raison que vous, descendants d’esclaves, vous n’ayez pas accès à votre histoire.

Sur le « communautarisme »

Je pense qu’il y a un cancer, c’est les communautarismes, qui est orchestré, organisé par une association comme le CRIF qui est une association ultra-communautaire. Ils ont appelé au boycott de mon spectacle. Je suis dans le collimateur de ce M. Cukierman que je n’ai jamais vu. D’ailleurs invitez-le, moi je veux bien que l’on discute avec M. Cukierman. Quel est son projet ? Organiser une vase ratonnade contre les Noirs et les Arabes ? C’est cela son véritable projet ? Diviser la France pour je ne sais pas quoi, et pour servir les intérêts d’un autre pays ?

Sur « les Juifs négriers »

Il y a eu des Juifs négriers, mais ça, il s’en sont foutu mais plein les fouilles avec le commerce des Noirs. (...) C’est une communauté qui a particulièrement bien gagné sa vie, mais ce n’est pas la seule, les protestants, les chrétiens, ont bien gagné leur vie, mais la communauté juive, notamment aux États-Unis avec quasiment le monopole sur les armateurs, les bateaux, un certain M. Lopez, Abraham Lopez. Il y avait, euh... c’est l’histoire, c’est historique, c’est comme si vous... il n’y a pas de discussion (3).

Sur le « Code noir » édicté par Louis XIV en 1685

Le premier article du « Code noir », c’est : "Nous interdisons le commerce aux Juifs". Mais pourquoi ? Parce que les Juifs avaient le, ce commerce-là, avaient le monopole de ce commerce depuis longtemps et qu’il fallait introduire une dimension chrétienne, c’est-à-dire qu’il fallait arrêter de castrer les mâles, il fallait arrêter de jeter les enfants à l’eau (4).

Sur la mise en cause de Bruno Gollnisch, suite à ses déclarations sur les chambres à gaz

Qu’on enlève le travail à un homme, sans être passé par la justice, juste sous les pression d’un lobby, je trouve ça scandaleux et je le dis et je le répète. Ce qui arrive à M. Gollnisch est strictement illégal et j’espère qu’il gagnera. (...) Ce qui est terrible et insupportable c’est de voir un homme, un père de famille, se retrouver dans une situation - mais - délirante, sous la pression d’un lobby - et en plus il n’a rien dit, visiblement -, sous la pression d’un lobby qui fait pression.

Sur les « tabous »

C’est amusant de voir à quel point il existe des tabous, et l’on ne touche pas visiblement à une catégorie toute particulière qui est le sioniste en général. C’est quand même incroyable de voir à quel point on est dans une société... je pense simplement que nous sommes aujourd’hui dans une configuration d’injustice totale face aux valeurs de la République. Marianne a des enfants, nous sommes tous des enfants de la République. Et il y a un chouchou dans la maison. Il serait temps que Marianne mette de l’ordre.

Sur le « racisme anti-goy »

On voit bien que cette manipulation sioniste, si vous voulez, montre à quel point ils sont désemparés, ils commencent à faire tout et n’importe quoi. Ce qui est plutôt bon signe. Il y a un racisme anti-goy qui est en train de se développer chez les sionistes, qui est de nature à rassembler, je le vois, les Blancs, les Noirs, les Jaunes, les Arabes et c’est ce qu’ils sont en train de provoquer. Cette association, j’ai commencé à en entendre parler (5), une pétition contre le racisme anti-goy, et je pense que je ferai partie des signataires. (...) Ils sont aujourd’hui, mais c’est plutôt bon signe, ces gens qui sont là pour gangrener la République française, pour déstabiliser, il faut absolument qu’ils se cachent, qu’ils trouvent des boucliers. (...) Je crois que cette association qui lutte contre le racisme anti-goy, elle va se mettre en place parce que c’est une volonté délibérée de déstructurer les valeurs intrinsèques de cette République (6).

 

Notes :

(1) « Pornographie mémorielle » : voici les propos de Dieudonné sur ce sujet. « Moi, je parle aujourd’hui de pornographie mémorielle. Ça devient insupportable. (...) Voilà, c’est une manipulation. Je parle de pornographie mémorielle. Je pense que ça devient pornographique » (conférence de presse à Alger, le 16 février 2005, retranscrite dans Le Monde du 22 février 2005). « Une partie des Juifs se sont enrichis en vendant des enfants noirs sur les marchés. Aujourd’hui, il faut réhabiliter la vérité historique et arrêter cette manipulation dont les sionistes ont l’habitude. C’est de la pornographie mémorielle » (interview au quotidien L’Écho d’Oran, 20 février 2005). On trouvera l’intégralité des déclarations de Dieudonné dans « Les documents de la nouvelle affaire Dieudonné », L’Arche, n°563-564 (mars-avril 2005).
(2) Cette historienne dont Dieudonné a oublié le nom s’appelle Idith Zertal. Elle a démenti à plusieurs reprises, sans aucune ambiguïté, non seulement avoir « inventé » ce terme mais même l’avoir jamais utilisé (voir L’Arche de mars-avril 2005).
(3) Cet « Abraham Lopez » dont parle Dieudonné s’appelait en réalité Aaron Lopez. Il s’agit d’un armateur qui vivait à la fin du XVIIIe siècle dans la ville américaine de Newport. Comme tous les bateaux de l’époque, les siens transportaient aussi des cargaisons d’esclaves. Aaron Lopez n’avait évidemment pas le « monopole » de l’armement, ne serait-ce que dans sa ville de Newport, et encore moins le « monopole » de la traite des esclaves. Le nom de Lopez figure habituellement, comme une prétendue « preuve » du rôle des Juifs dans l’esclavage, dans des pamphlets antisémites rédigés par des néo-nazis américains. Ces pamphlets, qui ont été récemment traduits en France, sont sans doute à l’origine des connaissances « historiques » de Dieudonné. On trouve ainsi le nom d’Aaron Lopez, avec l’assertion que « le vaste trafic d’esclaves noirs fut un monopole juif », dans un écrit d’un antisémite obsessionnel nommé Jacques Daudon, fondateur du Parti des Français Progressistes et Humanistes (P.F.P.). M. Daudon donne pour référence trois livres : La pieuvre mondialiste attestée par les Protocoles des Sages de Sion, de Sulkos, Les responsables de la seconde guerre mondiale, de Rassinier, et Les mythes fondateurs de la politique israélienne, de Garaudy. Le plus ironique, dans cette affaire, est que les principaux propagateurs du mythe des « esclavagistes juifs » sont des nazis américains, qui ne pardonnent pas aux Juifs leur rôle dans la campagne pour les droits civiques des Noirs aux États-Unis.
(4) Voici ce que le « Code noir » (le document de 1685 dans lequel Louis XIV réglemente l’esclavage dans les colonies françaises) dit au sujet des Juifs :
« Article 1. Voulons et entendons que l’édit du feu roi de glorieuse mémoire notre très honoré seigneur et père, du 23 avril 1615, soit exécuté dans nos îles. Ce faisant, enjoignons à tous nos officiers de chasser hors de nos îles tous les Juifs qui y ont établi leur résidence, auxquels, comme aux ennemis déclarés du nom chrétien, nous commandons d’en sortir dans trois mois, à compter du jour de la publication des présentes, à peine de confiscation de corps et de biens. »
En d’autres termes, Louis XIV réitère, dans le contexte spécifique des colonies françaises, l’édit d’expulsion des Juifs de France qui avait été signé par Louis XIII en 1615. Lu par Dieudonné, cela devient : « Nous interdisons le commerce aux Juifs ». Mais, en matière de falsification historique, Dieudonné (ou celui qui le fournit en arguments antisémites) ne s’arrête pas là. Il invente non seulement que les Juifs auraient pratiqué dans les îles le commerce des esclaves mais qu’ils en auraient eu « le monopole ». Dieudonné atteint le comble de l’odieux lorsqu’il explique aux auditeurs de Beur FM (sans que le journaliste intervienne, pour le contredire ou le tempérer) que l’expulsion des Juifs par Louis XIV avait pour objet d’« introduire une dimension chrétienne » dans les pratiques esclavagistes - les Juifs et eux seuls ayant pour habitude, selon Dieudonné, « de castrer les mâles », et « de jeter les enfants à l’eau ».
(5) Dieudonné parle de « cette association », cette « pétition contre le racisme anti-goy » dont il a « commencé à entendre parler », comme s’il s’agissait d’une initiative à laquelle il serait étranger. En fait, trois jours après l’émission sur Beur FM, le site internet dirigé par Dieudonné publie un appel intitulé « Le racisme anti-goy », où on lit (la graphie d’origine a été conservée) : « Les sionistes sont aux abois, tant il est vrai que leur seule arme réside dans la manipulation des faits et des consciences. (...) Face à ce qui paraît comme la manipulation sur ce thème de la haine anti-blancs, certains lancent l’idée de l’association de lutte contre le racisme ANTI-GOY, ce racisme dont l’impunité n’a que trop duré. OUVRONS NOTRE ESPRIT ET RÉSISTONS A L’OPPRESSEUR. »
(6) Sur les liens entre le mythe du « racisme juif » et l’antisémitisme moderne, voir les divers exemples analysés par Pierre-André Taguieff dans son article « Des thèmes récurrents qui structurent l’imaginaire antijuif moderne » (L’Arche, n°560, « Les dangereux fantasmes de l’antisionisme militant », novembre-décembre 2004).

 

Source : L'Arche, n°565, mai 2005.

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