Suite à la publication de notre enquête dressant un état des lieux en France des thèses conspirationnistes, quelques interrogations sont apparues de différents horizons s’agissant de la méthodologie. Jérôme Fourquet, directeur du département « Opinion et statégies d’entreprise » de l’Ifop, y répond.
À la demande de la Fondation Jean-Jaurès et de l’Observatoire du conspirationnisme, l’Ifop a réalisé une grande enquête visant à mesurer la notoriété et la diffusion des principales thèses conspirationnistes dans la société française mais aussi le degré d’adhésion potentielle du grand public à ces différentes théories.
Pour ce faire, nous avons eu recours à une méthodologie classique, à savoir un sondage auprès d’un échantillon représentatif de 1000 personnes âgées de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession, catégorie d’agglomération et région). L’enquête a été réalisée on line, comme la majorité des sondages depuis quelques années. Ce mode de recueil est particulièrement adapté à ce type de sujets, à l’opposé des sondages par téléphone ou en face-à-face, où une partie des interviewés n’ose pas dévoiler ses opinions à l’enquêteur de peur qu’elles soient jugées comme étant illégitimes ou « politiquement incorrectes ». En ce sens, cette étude portant sur les théories du complot et le rapport au « Système », il nous est apparu tout à fait judicieux de recourir à une enquête on line dans laquelle le sondé peut s’exprimer en totale liberté devant son écran sans craindre d’être jugé par un enquêteur.
La nature du thème de l’enquête nous a également amenés à accroître la taille de l’échantillon de départ en adjoignant à l’échantillon classique de 1000 personnes un sur-échantillon de 250 interviewés âgés de 18 à 35 ans afin de disposer d’effectifs statistiques renforcés dans les jeunes générations dont différents travaux de recherche ont montré qu’ils pouvaient être plus exposés et sensibles à ces théories.
Nous avons donc mis en place un dispositif méthodologique robuste pour réaliser ce sondage. Comme il s’agissait de la première grande étude sur le sujet, des aspects sont sans doute perfectibles et, au regard des enseignements tirés des résultats, des ajustements pourront être apportés si nous sommes amenés à travailler de nouveau sur ce sujet relativement nouveau. Ce caractère novateur a suscité de nombreux commentaires mais quelques critiques ont également été portées sur la méthodologie.
Nous avons recensé les plus fréquentes et nous y apportons ci-dessous des réponses.
Effectivement, le parti pris retenu était de brasser large et de passer en revue toute une série d’opinions et de thèses de nature différente. De notre point de vue, tous les items testés ne s’apparentent pas au même corpus idéologique et il ne s’agissait pas pour nous de pratiquer un quelconque amalgame. Le but de l’enquête était de disposer d’un état des lieux le plus exhaustif possible mais aussi de voir si l’adhésion à certaines thèses étaient corrélées (ce que prouvent les données d’enquête) avec l’approbation d’opinions sur des sujets très différents, relevant tous d’une grille de lecture alternative réfutant l’explication officielle et communément admise.
L’architecture du questionnaire était conçue en deux temps. On mesurait tout d’abord la notoriété de différentes théories pour évaluer quel était le niveau de diffusion de chacune d’elles. On sait en effet que ces théories circulent sur le mode viral et il était donc intéressant de pouvoir quantifier thème par thème combien de Français avaient déjà entendu parler du sujet en question.
Dans un second temps, que les interviewés en aient déjà entendu parler ou non, ils étaient appelés à exprimer leur niveau d’adhésion à chacune des thèses testées. Il s’agissait d’évaluer le crédit apporté à ces théories ou opinions et la propension des Français à y adhérer spontanément. Même sans avoir déjà vu, lu ou entendu cette thèse, les sondés nous semblaient pleinement en mesure d’indiquer dans le cadre de l’enquête si telle ou telle thèse leur paraissait crédible ou plausible.
Quand l’enquête indique par exemple que 20 % des Français se disent d’accord avec la thèse des « Chemtrails » (sur les traînées blanches laissées dans le ciel par les avions), nous n’en concluons pas qu’un Français sur cinq a déjà entendu parler de cette idée et la partage mais que, confrontée à cet argument, une personne sur cinq y adhère spontanément.
Le questionnaire comprenait pour l’essentiel des questions de notoriété et d’approbation. Pour ce qui est de la notoriété (« avez-vous déjà entendu parler ou non ? »), le « ne se prononce pas » ne fait pas sens et ne s’impose pas. De la même façon, pour la question d’approbation, compte tenu de la nature des items proposés, il nous a semblé que les interviewés seraient en mesure de se positionner assez aisément sur une échelle d’approbation et d’indiquer s’ils étaient d’accord ou pas avec ces assertions. Afin de nuancer le jugement et d’exprimer les doutes, une échelle en quatre points a été retenue : tout à fait d’accord, plutôt d’accord, plutôt pas d’accord et pas d’accord du tout.
Afin de synthétiser les résultats de l’enquête, nous avons construit un indicateur. Cet indicateur prenait uniquement en compte les onze items testés dans la batterie principale de l’enquête (les résultats aux autres questions et notamment celle sur le rapport aux médias n’entraient pas dans la construction de cet indice). À partir de la question d’approbation à cette batterie de onze items, nous avons calculé quelle était la proportion de l’échantillon qui n’adhéraient à aucune de ces opinions, à une, à deux, à trois etc.
Au total, on peut retenir la répartition suivante de la population :
À la demande de la Fondation Jean-Jaurès et de l’Observatoire du conspirationnisme, l’Ifop a réalisé une grande enquête visant à mesurer la notoriété et la diffusion des principales thèses conspirationnistes dans la société française mais aussi le degré d’adhésion potentielle du grand public à ces différentes théories.
Pour ce faire, nous avons eu recours à une méthodologie classique, à savoir un sondage auprès d’un échantillon représentatif de 1000 personnes âgées de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession, catégorie d’agglomération et région). L’enquête a été réalisée on line, comme la majorité des sondages depuis quelques années. Ce mode de recueil est particulièrement adapté à ce type de sujets, à l’opposé des sondages par téléphone ou en face-à-face, où une partie des interviewés n’ose pas dévoiler ses opinions à l’enquêteur de peur qu’elles soient jugées comme étant illégitimes ou « politiquement incorrectes ». En ce sens, cette étude portant sur les théories du complot et le rapport au « Système », il nous est apparu tout à fait judicieux de recourir à une enquête on line dans laquelle le sondé peut s’exprimer en totale liberté devant son écran sans craindre d’être jugé par un enquêteur.
La nature du thème de l’enquête nous a également amenés à accroître la taille de l’échantillon de départ en adjoignant à l’échantillon classique de 1000 personnes un sur-échantillon de 250 interviewés âgés de 18 à 35 ans afin de disposer d’effectifs statistiques renforcés dans les jeunes générations dont différents travaux de recherche ont montré qu’ils pouvaient être plus exposés et sensibles à ces théories.
Nous avons donc mis en place un dispositif méthodologique robuste pour réaliser ce sondage. Comme il s’agissait de la première grande étude sur le sujet, des aspects sont sans doute perfectibles et, au regard des enseignements tirés des résultats, des ajustements pourront être apportés si nous sommes amenés à travailler de nouveau sur ce sujet relativement nouveau. Ce caractère novateur a suscité de nombreux commentaires mais quelques critiques ont également été portées sur la méthodologie.
Nous avons recensé les plus fréquentes et nous y apportons ci-dessous des réponses.
Effectivement, le parti pris retenu était de brasser large et de passer en revue toute une série d’opinions et de thèses de nature différente. De notre point de vue, tous les items testés ne s’apparentent pas au même corpus idéologique et il ne s’agissait pas pour nous de pratiquer un quelconque amalgame. Le but de l’enquête était de disposer d’un état des lieux le plus exhaustif possible mais aussi de voir si l’adhésion à certaines thèses étaient corrélées (ce que prouvent les données d’enquête) avec l’approbation d’opinions sur des sujets très différents, relevant tous d’une grille de lecture alternative réfutant l’explication officielle et communément admise.
L’architecture du questionnaire était conçue en deux temps. On mesurait tout d’abord la notoriété de différentes théories pour évaluer quel était le niveau de diffusion de chacune d’elles. On sait en effet que ces théories circulent sur le mode viral et il était donc intéressant de pouvoir quantifier thème par thème combien de Français avaient déjà entendu parler du sujet en question.
Dans un second temps, que les interviewés en aient déjà entendu parler ou non, ils étaient appelés à exprimer leur niveau d’adhésion à chacune des thèses testées. Il s’agissait d’évaluer le crédit apporté à ces théories ou opinions et la propension des Français à y adhérer spontanément. Même sans avoir déjà vu, lu ou entendu cette thèse, les sondés nous semblaient pleinement en mesure d’indiquer dans le cadre de l’enquête si telle ou telle thèse leur paraissait crédible ou plausible.
Quand l’enquête indique par exemple que 20 % des Français se disent d’accord avec la thèse des « Chemtrails » (sur les traînées blanches laissées dans le ciel par les avions), nous n’en concluons pas qu’un Français sur cinq a déjà entendu parler de cette idée et la partage mais que, confrontée à cet argument, une personne sur cinq y adhère spontanément.
Le questionnaire comprenait pour l’essentiel des questions de notoriété et d’approbation. Pour ce qui est de la notoriété (« avez-vous déjà entendu parler ou non ? »), le « ne se prononce pas » ne fait pas sens et ne s’impose pas. De la même façon, pour la question d’approbation, compte tenu de la nature des items proposés, il nous a semblé que les interviewés seraient en mesure de se positionner assez aisément sur une échelle d’approbation et d’indiquer s’ils étaient d’accord ou pas avec ces assertions. Afin de nuancer le jugement et d’exprimer les doutes, une échelle en quatre points a été retenue : tout à fait d’accord, plutôt d’accord, plutôt pas d’accord et pas d’accord du tout.
Afin de synthétiser les résultats de l’enquête, nous avons construit un indicateur. Cet indicateur prenait uniquement en compte les onze items testés dans la batterie principale de l’enquête (les résultats aux autres questions et notamment celle sur le rapport aux médias n’entraient pas dans la construction de cet indice). À partir de la question d’approbation à cette batterie de onze items, nous avons calculé quelle était la proportion de l’échantillon qui n’adhéraient à aucune de ces opinions, à une, à deux, à trois etc.
Au total, on peut retenir la répartition suivante de la population :
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