Quand ils ne lui reprochent pas tout simplement ses origines juives, les complotistes l'accusent d'être un agent de la CIA ou de l'OTAN. Reprenant complaisamment à leur compte une propagande forgée de toutes pièces par des régimes autoritaires.
Ce mardi 16 avril, Raphaël Glucksmann a été averti d’une campagne de désinformation le visant spécifiquement sur les réseaux sociaux. Des comptes liés à la République populaire de Chine « l’accusent d’être le cheval de Troie des Américains − notamment de la CIA en Europe », a confirmé une source sécuritaire auprès de l’AFP. Sur X, le principal intéressé ne semble pas surpris : « Il était prévisible que les régimes autoritaires que je combats attaquent notre campagne. »
Quelques jours plus tôt, les Jeunes Communistes du Nord collaient dans les rues des affiches reprochant au député européen ses prises de position pro-Ukraine. Qualifié de « sacré salaud », il y est accusé de vouloir « envoyer les enfants d'ouvriers à la guerre »…
Si le visuel a suscité l’indignation, il a également été repris et exhibé par une partie de la mouvance complotiste. « LES JEUNES COMMUNISTES DÉMASQUENT À LEUR TOUR L'AGENT AMÉRICAIN GLUCKSMANN » s’est ainsi exclamé sur X, en lettres capitales, l’innénarable François Asselineau, président de l’UPR. Avant d’ajouter : « De plus en plus d’électeurs ont compris que [l’eurodéputé] est un agent [américain], promu par médias et faux sondages » (sic).
Le 12 avril, lors d’un débat sur France Inter, le patron du Rassemblement national (RN) Jordan Bardella présentait Glucksmann et ses amis socialistes comme « la courroie de transmission d'intérêts étrangers au sein des institutions européennes ». Quelques jours plus tôt encore, c'était Nicolas Dupont-Aignan (DLF) qui accusait Glucksmann de « haute trahison » après l’avoir présenté comme un « agent d'influence qui a table ouverte dans les médias. »
Un détour par les réseaux sociaux suffit à prendre la mesure de cette campagne de dénigrement qui dure depuis des années et n'évite pas toujours l'antisémitisme. Avec sa désignation comme tête de liste PS-Place publique pour les européennes du 9 juin prochain, les attaques contre l'eurodéputé ont redoublé de virulence. À lui seul, Glucksmann semble être devenu le punching-ball des souverainistes de gauche et de droite, des amis de Poutine, de Xi Jinping, du Hamas... et de Francis Lalanne. Ainsi, pour le colistier de Dieudonné, Glucksmann « siège sous couverture » ! Il se demande même « comment un agent de la CIA peut être autorisé à se présenter à nos élections ».
Cette légende ne tombe pas du ciel. En 2018, celui qui est alors essayiste annonce son entrée en politique avec le lancement du mouvement de centre gauche Place publique pour les élections européennes de 2019. Il n’en faut pas plus au site d'extrême droite Égalité & Réconciliation pour décrire Raphaël Glucksmann en commis de « l’axe américano-israélien » et du « Système ». Pour le site d’Alain Soral, qu’importent les positions politiques du jeune candidat : ses origines juives et son entourage parlent d’eux-mêmes.
Dès lors, l’imaginaire complotiste s’impose comme une ombre sur le parcours de Raphaël Glucksmann. Et les canaux d’information pro-russes y participent activement. En cause, son engagement en faveur des démocraties d’Europe de l’Est et du Caucase. En 2004, alors réalisateur de documentaires, il filme la révolution orange en Ukraine pour l’indépendance de Kiev contre les ingérences du Kremlin. En 2008, il atterrit en Géorgie et assiste à l’invasion de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud (deux territoires appartenant à la Géorgie) par l’armée russe.
Des événements qui poussent le fils de l’essayiste et philosophe André Glucksmann à s’engager pleinement en politique. De 2009 à 2012, il conseille le président géorgien Mikheil Saakachvili, l’accompagnant notamment dans le processus de rapprochement de son pays avec l'Union européenne. C’est là que Raphaël Glucksmann rencontre celle qui deviendra sa première épouse, Eka Zgouladze. Saluée pour son engagement contre la corruption, cette Ukraino-Géorgienne est alors vice-ministre de l’Intérieur à Tbilissi. En 2014, elle sera nommée au même poste en Ukraine. Raphaël Glucksmann, lui, y soutient le mouvement pro-européen Maïdan et assiste à l’invasion de la Crimée, territoire ukrainien, par la Russie.
Pour plusieurs figures de la complosphère au tropisme pro-Kremlin affirmé, ce parcours le désigne comme un serviteur zélé du camp atlantiste, des États-Unis et même, directement, des services de renseignements américains ! En juin 2023, François Asselineau affirme ainsi sur X : « Glucksmann a conseillé durant 3 ans le Président Saakachvili, mafieux notoire aux mains de la CIA, désormais en prison pour corruption et crimes ». Même affirmation sur X pour l’ex-sénateur complotiste Yves Pozzo di Borgo, en février 2024. Raphaël Glucksmann, écrit-il, « fut de toutes les turpitudes de la CIA en Georgie et en Ukraine » et « relaie le narratif OTAN pour une troisième guerre mondiale ». L’économiste souverainiste Philippe Murer, renchérit. Pour lui, Glucksmann est « un malade mental qui après avoir été le conseiller du dictateur géorgien Saakachvili veut nous entraîner dans la guerre. »
Olivier Berruyer a lui aussi fait de Raphaël Glucksmann l’un de ses boucs émissaires favoris. Ainsi, en 2019, l’animateur du site Les-Crises a publié un « dossier » à charge, « Les aventures de Raphy », pur exercice de dénigrement où les anti-Glucksmann puisent encore aujourd'hui une partie de leur argumentaire. Rappelons que Berruyer avait porté plainte, en 2017, pour diffamation contre Raphaël Glucksmann qui avait osé le qualifier de « complotiste » dans une publication sur Facebook − poursuites auxquelles le blogueur renoncera finalement quelques années plus tard.
L’OJIM, de Claude Chollet, apporte lui aussi sa pierre à l'édifice. Dans un portrait vitriolesque de l'eurodéputé, le site d'extrême droite perçoit dans « l’opposition constante » de Raphaël Glucksmann à Vladimir Poutine « des desseins géopolitiques évidents […] : créer des marches pro-américaines aux frontières de la Russie. » Le texte reprend également à son compte une rumeur lancée par le pro-russe et ancien ministre de l’Intérieur ukrainien Vitaliy Zakharchenko. Destitué en 2014 à la suite du mouvement Maïdan, ce dernier prétend qu’Eka Zgouladze aurait été arrêtée à l’aéroport de Kiev en possession d'une valise de 4 millions de dollars en liquide ! Relayé par les médias russes et des sites d’extrême droite comme Fdesouche, ce bobard s'est même invité dans l'hémicycle du Parlement européen le 12 juillet dernier, lorsque l'élu RN André Rougé a exigé de Glucksmann qu'il lève « toute équivoque » sur cette allégation fantaisiste qu'aucun élément n'est pourtant jamais venu corroborer.
En juin 2020, le Parlement européen propulse Raphaël Glucksmann à la tête de la Commission spéciale sur l'ingérence étrangère, dont la mission est de documenter les interférences de pays tiers dans les processus démocratiques de l’Union européenne. Il pointera dans ce cadre les manœuvres hostiles de plusieurs gouvernements étrangers ayant pour point commun de ne pas être des havres de démocratie : la Russie, l’Iran et la Chine.
L'engagement de Glucksmann pour la défense des Ouïghours, minorité musulmane persécutée par le pouvoir chinois, lui attire également les foudres de la complosphère et des amis de Pékin. En 2021, Zheng Ruolin, un chercheur à l’Institut de recherche sur la Chine de l’Université de Fudan à Shanghaï, publie une vidéo complotiste affirmant, au sujet de Glucksmann : « le député juif relaye de fausses nouvelles sur le Xinjiang », cette province chinoise où la présence de plusieurs camps de concentration pour Ouïghours a été documentée. Publié sur le réseau social Weibo, le texte qui accompagne la vidéo va jusqu'à accuser le député d’avoir une part de responsabilité dans l’assassinat de Samuel Paty, enseignant décapité par un islamiste d’origine tchétchène en octobre 2020 à Conflans-Sainte-Honorine. Il pointe en particulier l’engagement de la « famille juive » Glucksmann en faveur des réfugiés musulmans tchétchènes qui fuient le régime de Ramzan Kadyrov.
Zheng Ruolin (郑若麟) qui cherchait à me discréditer dans le Global Times est l’antisémite qui affirme que la famille du « député juif » @rglucks1 serait responsable de la mort de Samuel Paty car avait soutenu l’arrivé de réfugiés politiques tchétchènes en 🇫🇷. 🤯#minable🤬 pic.twitter.com/DN3ECsFEOL
— Antoine Bondaz (@AntoineBondaz) March 24, 2021
Parce qu'il n'hésite pas à qualifier de « terroriste » l'attaque commise par le Hamas contre la population israélienne le 7 octobre 2023, Raphaël Glucksmann est aussi sous le coup d'un procès permanent en « sionisme ». L’eurodéputé a beau avoir voté, dès le 19 octobre 2023, une résolution appelant « à une pause humanitaire, à une désescalade et au plein respect du droit humanitaire international » à Gaza, il demeure, selon l’influenceur français Shahin Hazamy, un « instrument d’influence politico-médiatique au service des intérêts américains et israéliens ». Depuis la reprise du conflit au Proche-Orient, ce « journaliste indépendant », comme il se décrit lui-même, relaie des éléments de langage du Hamas et de la République islamique d’Iran auprès de ses plus de 120 000 abonnés.
Dans une publication Instagram aux relents antisémites, il décrit le député comme un « personnage sournois [qui] manifeste des sentiments hostiles envers l’islam » − faisant fi de ses engagements contre la persécution des Ouïghours − et dont les combats « visent exclusivement des nations perçues comme ennemies des Etats-Unis et de l’Occident comme la Chine, la Russie ou plus récemment l’Iran ». Une redite à peine voilée de propos déjà lus sur Égalité & Réconciliation qui, en 2018, ciblait Raphaël Glucksmann en ces termes : « comment peut-on être de gauche quand on est à 100% pour l’axe américano-israélien ? »
Si cet argumentaire complotiste circule librement au sein de l'extrême droite française, l'actuel contexte électoral favorise en partie sa banalisation à gauche également. Ainsi, Léon Deffontaines, tête de liste du PCF aux européennes, dépeint son rival en défenseur de la « gauche dollar » et en tenant d’un monde « dans lequel Washington impose ses vues ».
Ce mardi 16 avril, Raphaël Glucksmann a été averti d’une campagne de désinformation le visant spécifiquement sur les réseaux sociaux. Des comptes liés à la République populaire de Chine « l’accusent d’être le cheval de Troie des Américains − notamment de la CIA en Europe », a confirmé une source sécuritaire auprès de l’AFP. Sur X, le principal intéressé ne semble pas surpris : « Il était prévisible que les régimes autoritaires que je combats attaquent notre campagne. »
Quelques jours plus tôt, les Jeunes Communistes du Nord collaient dans les rues des affiches reprochant au député européen ses prises de position pro-Ukraine. Qualifié de « sacré salaud », il y est accusé de vouloir « envoyer les enfants d'ouvriers à la guerre »…
Si le visuel a suscité l’indignation, il a également été repris et exhibé par une partie de la mouvance complotiste. « LES JEUNES COMMUNISTES DÉMASQUENT À LEUR TOUR L'AGENT AMÉRICAIN GLUCKSMANN » s’est ainsi exclamé sur X, en lettres capitales, l’innénarable François Asselineau, président de l’UPR. Avant d’ajouter : « De plus en plus d’électeurs ont compris que [l’eurodéputé] est un agent [américain], promu par médias et faux sondages » (sic).
Le 12 avril, lors d’un débat sur France Inter, le patron du Rassemblement national (RN) Jordan Bardella présentait Glucksmann et ses amis socialistes comme « la courroie de transmission d'intérêts étrangers au sein des institutions européennes ». Quelques jours plus tôt encore, c'était Nicolas Dupont-Aignan (DLF) qui accusait Glucksmann de « haute trahison » après l’avoir présenté comme un « agent d'influence qui a table ouverte dans les médias. »
Un détour par les réseaux sociaux suffit à prendre la mesure de cette campagne de dénigrement qui dure depuis des années et n'évite pas toujours l'antisémitisme. Avec sa désignation comme tête de liste PS-Place publique pour les européennes du 9 juin prochain, les attaques contre l'eurodéputé ont redoublé de virulence. À lui seul, Glucksmann semble être devenu le punching-ball des souverainistes de gauche et de droite, des amis de Poutine, de Xi Jinping, du Hamas... et de Francis Lalanne. Ainsi, pour le colistier de Dieudonné, Glucksmann « siège sous couverture » ! Il se demande même « comment un agent de la CIA peut être autorisé à se présenter à nos élections ».
Cette légende ne tombe pas du ciel. En 2018, celui qui est alors essayiste annonce son entrée en politique avec le lancement du mouvement de centre gauche Place publique pour les élections européennes de 2019. Il n’en faut pas plus au site d'extrême droite Égalité & Réconciliation pour décrire Raphaël Glucksmann en commis de « l’axe américano-israélien » et du « Système ». Pour le site d’Alain Soral, qu’importent les positions politiques du jeune candidat : ses origines juives et son entourage parlent d’eux-mêmes.
Dès lors, l’imaginaire complotiste s’impose comme une ombre sur le parcours de Raphaël Glucksmann. Et les canaux d’information pro-russes y participent activement. En cause, son engagement en faveur des démocraties d’Europe de l’Est et du Caucase. En 2004, alors réalisateur de documentaires, il filme la révolution orange en Ukraine pour l’indépendance de Kiev contre les ingérences du Kremlin. En 2008, il atterrit en Géorgie et assiste à l’invasion de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud (deux territoires appartenant à la Géorgie) par l’armée russe.
Des événements qui poussent le fils de l’essayiste et philosophe André Glucksmann à s’engager pleinement en politique. De 2009 à 2012, il conseille le président géorgien Mikheil Saakachvili, l’accompagnant notamment dans le processus de rapprochement de son pays avec l'Union européenne. C’est là que Raphaël Glucksmann rencontre celle qui deviendra sa première épouse, Eka Zgouladze. Saluée pour son engagement contre la corruption, cette Ukraino-Géorgienne est alors vice-ministre de l’Intérieur à Tbilissi. En 2014, elle sera nommée au même poste en Ukraine. Raphaël Glucksmann, lui, y soutient le mouvement pro-européen Maïdan et assiste à l’invasion de la Crimée, territoire ukrainien, par la Russie.
Pour plusieurs figures de la complosphère au tropisme pro-Kremlin affirmé, ce parcours le désigne comme un serviteur zélé du camp atlantiste, des États-Unis et même, directement, des services de renseignements américains ! En juin 2023, François Asselineau affirme ainsi sur X : « Glucksmann a conseillé durant 3 ans le Président Saakachvili, mafieux notoire aux mains de la CIA, désormais en prison pour corruption et crimes ». Même affirmation sur X pour l’ex-sénateur complotiste Yves Pozzo di Borgo, en février 2024. Raphaël Glucksmann, écrit-il, « fut de toutes les turpitudes de la CIA en Georgie et en Ukraine » et « relaie le narratif OTAN pour une troisième guerre mondiale ». L’économiste souverainiste Philippe Murer, renchérit. Pour lui, Glucksmann est « un malade mental qui après avoir été le conseiller du dictateur géorgien Saakachvili veut nous entraîner dans la guerre. »
Olivier Berruyer a lui aussi fait de Raphaël Glucksmann l’un de ses boucs émissaires favoris. Ainsi, en 2019, l’animateur du site Les-Crises a publié un « dossier » à charge, « Les aventures de Raphy », pur exercice de dénigrement où les anti-Glucksmann puisent encore aujourd'hui une partie de leur argumentaire. Rappelons que Berruyer avait porté plainte, en 2017, pour diffamation contre Raphaël Glucksmann qui avait osé le qualifier de « complotiste » dans une publication sur Facebook − poursuites auxquelles le blogueur renoncera finalement quelques années plus tard.
L’OJIM, de Claude Chollet, apporte lui aussi sa pierre à l'édifice. Dans un portrait vitriolesque de l'eurodéputé, le site d'extrême droite perçoit dans « l’opposition constante » de Raphaël Glucksmann à Vladimir Poutine « des desseins géopolitiques évidents […] : créer des marches pro-américaines aux frontières de la Russie. » Le texte reprend également à son compte une rumeur lancée par le pro-russe et ancien ministre de l’Intérieur ukrainien Vitaliy Zakharchenko. Destitué en 2014 à la suite du mouvement Maïdan, ce dernier prétend qu’Eka Zgouladze aurait été arrêtée à l’aéroport de Kiev en possession d'une valise de 4 millions de dollars en liquide ! Relayé par les médias russes et des sites d’extrême droite comme Fdesouche, ce bobard s'est même invité dans l'hémicycle du Parlement européen le 12 juillet dernier, lorsque l'élu RN André Rougé a exigé de Glucksmann qu'il lève « toute équivoque » sur cette allégation fantaisiste qu'aucun élément n'est pourtant jamais venu corroborer.
En juin 2020, le Parlement européen propulse Raphaël Glucksmann à la tête de la Commission spéciale sur l'ingérence étrangère, dont la mission est de documenter les interférences de pays tiers dans les processus démocratiques de l’Union européenne. Il pointera dans ce cadre les manœuvres hostiles de plusieurs gouvernements étrangers ayant pour point commun de ne pas être des havres de démocratie : la Russie, l’Iran et la Chine.
L'engagement de Glucksmann pour la défense des Ouïghours, minorité musulmane persécutée par le pouvoir chinois, lui attire également les foudres de la complosphère et des amis de Pékin. En 2021, Zheng Ruolin, un chercheur à l’Institut de recherche sur la Chine de l’Université de Fudan à Shanghaï, publie une vidéo complotiste affirmant, au sujet de Glucksmann : « le député juif relaye de fausses nouvelles sur le Xinjiang », cette province chinoise où la présence de plusieurs camps de concentration pour Ouïghours a été documentée. Publié sur le réseau social Weibo, le texte qui accompagne la vidéo va jusqu'à accuser le député d’avoir une part de responsabilité dans l’assassinat de Samuel Paty, enseignant décapité par un islamiste d’origine tchétchène en octobre 2020 à Conflans-Sainte-Honorine. Il pointe en particulier l’engagement de la « famille juive » Glucksmann en faveur des réfugiés musulmans tchétchènes qui fuient le régime de Ramzan Kadyrov.
Zheng Ruolin (郑若麟) qui cherchait à me discréditer dans le Global Times est l’antisémite qui affirme que la famille du « député juif » @rglucks1 serait responsable de la mort de Samuel Paty car avait soutenu l’arrivé de réfugiés politiques tchétchènes en 🇫🇷. 🤯#minable🤬 pic.twitter.com/DN3ECsFEOL
— Antoine Bondaz (@AntoineBondaz) March 24, 2021
Parce qu'il n'hésite pas à qualifier de « terroriste » l'attaque commise par le Hamas contre la population israélienne le 7 octobre 2023, Raphaël Glucksmann est aussi sous le coup d'un procès permanent en « sionisme ». L’eurodéputé a beau avoir voté, dès le 19 octobre 2023, une résolution appelant « à une pause humanitaire, à une désescalade et au plein respect du droit humanitaire international » à Gaza, il demeure, selon l’influenceur français Shahin Hazamy, un « instrument d’influence politico-médiatique au service des intérêts américains et israéliens ». Depuis la reprise du conflit au Proche-Orient, ce « journaliste indépendant », comme il se décrit lui-même, relaie des éléments de langage du Hamas et de la République islamique d’Iran auprès de ses plus de 120 000 abonnés.
Dans une publication Instagram aux relents antisémites, il décrit le député comme un « personnage sournois [qui] manifeste des sentiments hostiles envers l’islam » − faisant fi de ses engagements contre la persécution des Ouïghours − et dont les combats « visent exclusivement des nations perçues comme ennemies des Etats-Unis et de l’Occident comme la Chine, la Russie ou plus récemment l’Iran ». Une redite à peine voilée de propos déjà lus sur Égalité & Réconciliation qui, en 2018, ciblait Raphaël Glucksmann en ces termes : « comment peut-on être de gauche quand on est à 100% pour l’axe américano-israélien ? »
Si cet argumentaire complotiste circule librement au sein de l'extrême droite française, l'actuel contexte électoral favorise en partie sa banalisation à gauche également. Ainsi, Léon Deffontaines, tête de liste du PCF aux européennes, dépeint son rival en défenseur de la « gauche dollar » et en tenant d’un monde « dans lequel Washington impose ses vues ».
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