11-Septembre, vaccins, Merah, Charlie Hebdo, attentats du 13-Novembre, Daech... : on ne compte plus les théories du complot relayées par Gabriel Rabhi. Focus sur le plus controversé des fils de Pierre Rabhi.
Alors que chaînes de télévision et radios ont multiplié, au cours des dernières années, les portraits lénifiants de Pierre Rabhi, quelques rares voix ont fait entendre une version dissonante de celle du « paysan-philosophe » débonnaire prônant le « retour à la terre ». La dernière en date : l’enquête publiée au mois d’août par Le Monde diplomatique. Dénonçant le « petit business » de Pierre Rabhi et critiquant l’écart entre son éloge de la frugalité et ses pratiques, l’article de Jean-Baptiste Malet a suscité, samedi 15 septembre, la réaction de l’un des fils de Pierre Rabhi, Gabriel.
Sur son compte Facebook, ce dernier se dit « navré qu’un journal respectable comme le Monde Diplomatique et que France-Inter s’associent à ce qui est, pour moi, une campagne de dénigrement basée sur des opinions infondés » (sic). Selon lui, les récentes publications de Jean-Baptiste Malet relèvent d’« une entreprise visant à salir l’image d’une personne publique par la calomnie et les sous-entendus, sans jamais aborder le fond, c’est-à-dire les idées ». Opinion partagée par Pierre Rabhi qui, lundi 17 septembre s'est déclaré « à des années lumières de penser qu’un jour [il serait] victime de dénigrement par des médias », arguant avoir « voué [son] existence depuis plus de cinquante ans, à participer à une évolution positive de l’histoire de l’Humanité ».
Mais si Pierre Rabhi s’est plusieurs fois affiché avec des personnalités controversées comme Henri Joyeux ou Étienne Chouard – qu'il a invité dans son mouvement les Colibris –, son fils Gabriel flirte quant à lui très ouvertement avec les théories complotistes et l’antisémitisme.
Avant d’être révélées au grand public en 2015 par Vanity Fair sous la plume de Sophie des Déserts, les affinités conspirationnistes de David et Gabriel Rabhi, l’avaient été dès décembre 2014 par Ornella Guyet (confusionnisme.info), de manière plus confidentielle mais fort bien documentée.
Quatre années plus tard, le prophète de la « sobriété heureuse » ne s’est toujours pas désolidarisé publiquement des prises de position de ses fils, se contentant de déclarer que « chacun [d'eux] trace sa propre route ».
Plus actif sur la toile que son frère aîné David, Gabriel Rabhi, 43 ans, s'est fait connaître en 2014, suite à la publication de vidéos sur la question de la monnaie. Sa principale fierté : le film « Dette, crise, chômage : qui créé l’argent ? » qui lui vaut une notoriété rapide dans le petit monde de la complosphère. C'est d'ailleurs le Cercle des Volontaires qui assure la promotion de cette vidéo de 117 minutes vue près d’un million de fois à ce jour sur YouTube et dans laquelle Gabriel Rabhi dénonce les « grands médias », qui repeindraient en « racistes, fascistes, antisémites, négationnistes, xénophobes et conspirationnistes ceux qui analysent les faits, critiquent le système et tentent d’en exposer les fondements ». Parmi eux : Hugo Chavez, Mahmoud Ahmadinejad, Eric Zemmour, Alain Soral, Dieudonné ou encore Michel Collon. Les sites des trois derniers ont d'ailleurs longtemps été chaudement recommandés par le site de Gabriel Rabhi, inter-agir.fr, en plus de ceux d'Etienne Chouard, Thierry Meyssan, Olivier Berruyer, Pierre Jovanovic ou Jean-Yves Le Gallou.
Autodidacte dans le domaine de l'ingénierie logicielle, Gabriel Rabhi définit son travail comme « une forme de journalisme citoyen », « engagé », « d'analyse ». « Journaliste » donc… mais « pas d'investigation, parce que je ne vais pas forcément aux sources » reconnaît-il dans une interview accordée au Cercle des Volontaires en 2014. Et c'est un peu là le problème...
Sans réelle considération pour la véracité des faits, Gabriel Rabhi, en victime-type du biais de confirmation, relaie les théories conspirationnistes les plus fumeuses piochées sur Internet : sur les vaccins, le 11-Septembre, les attentats terroristes qui endeuillent la France depuis 2012, la situation au Moyen-Orient, le réchauffement climatique ou le prétendu contrôle « sioniste » des médias.
Le lendemain de l'attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo, par exemple, il poste sur Twitter un visuel aux accents complotistes ironisant sur les papiers d'identité abandonnés par les terroristes.
Quelques jours plus tard, il partage une interview d'Isabelle Coutant-Peyre, avocate du père de Mohamed Merah et figure de la mouvance rouge-brune (elle fut notamment l'avocate du négationniste Roger Garaudy), en qualifiant les frères Kouachi et Mohamed Merah de « prétendus terroristes ».
Peu après, il suggère dans un dessin posté sur Facebook que les services secrets israéliens sont derrière l'attentat du 7 janvier 2015.
Le 18 octobre 2015, partageant une interview de la compagne de Charb, Valérie M., parue dans Le Parisien, il la commente en ces termes : « On ne saura pas ce qu'il s'est vraiment passé (implication de l'Etat ? De réseaux sionistes ? Du Qatar ou des émirats ?) : une chose est sûre, je ne suis et ne serai jamais Charlie ! »
Le lendemain des attentats du 13 novembre 2015, Gabriel Rabhi récidive : « Le petit braqueur de Tabac du coin ne prend jamais sa carte d'identité sur lui. Les terroristes, que ce soit le 11 septembre, à Charlie Hebdo ou hier, n'oublient surtout pas leur cartes d'identité. Ce qui marche est ré-employé. Plus c'est gros et simple, plus ça passe ! »
Le 15 novembre, il suggère encore qu'il n'est pas vraisemblable q'un exercice de simulation d’une attaque multiple ait pu être organisé à Paris le 13 novembre au matin, jour des attentats.
Une semaine plus tard, il publie sur Facebook le lien vers une vidéo YouTube sur Gladio, un réseau stay-behind actif pendant la guerre froide, assortie d’un commentaire de son cru : « Maintenant que l'émotion des attentats de Paris retombe, il est temps de prendre du recul. Voila ce qui me semble probable : ceux que l'on désigne comme les responsables de ces attentats (Daech et la mouvance Islamiste) ne sont pas les seuls véritables responsables, et encore moins les commanditaires ». Gabriel Rabhi se livre ensuite à une réécriture de l’histoire en présentant Gladio comme une cellule ayant fomenté des « attentats sous faux drapeau » (ou false flags), comme l’en accusent plusieurs auteurs conspirationnistes.
Le 8 octobre 2016, il relaie un commentaire de son frère David pour qui la guerre en Syrie « est une guerre d’agression de la Syrie prévue de longue date et basée sur l’utilisation de djihadistes payés par le camp occidental via l’Arabie Saoudite ». Pour les deux fils de Pierre Rabhi, « la propagande s’intensifie, ce n’est pas un hasard. [...] Les médias tentent de cacher avec des images de guerre abominables une manipulation scandaleuse ».
Alors que chaînes de télévision et radios ont multiplié, au cours des dernières années, les portraits lénifiants de Pierre Rabhi, quelques rares voix ont fait entendre une version dissonante de celle du « paysan-philosophe » débonnaire prônant le « retour à la terre ». La dernière en date : l’enquête publiée au mois d’août par Le Monde diplomatique. Dénonçant le « petit business » de Pierre Rabhi et critiquant l’écart entre son éloge de la frugalité et ses pratiques, l’article de Jean-Baptiste Malet a suscité, samedi 15 septembre, la réaction de l’un des fils de Pierre Rabhi, Gabriel.
Sur son compte Facebook, ce dernier se dit « navré qu’un journal respectable comme le Monde Diplomatique et que France-Inter s’associent à ce qui est, pour moi, une campagne de dénigrement basée sur des opinions infondés » (sic). Selon lui, les récentes publications de Jean-Baptiste Malet relèvent d’« une entreprise visant à salir l’image d’une personne publique par la calomnie et les sous-entendus, sans jamais aborder le fond, c’est-à-dire les idées ». Opinion partagée par Pierre Rabhi qui, lundi 17 septembre s'est déclaré « à des années lumières de penser qu’un jour [il serait] victime de dénigrement par des médias », arguant avoir « voué [son] existence depuis plus de cinquante ans, à participer à une évolution positive de l’histoire de l’Humanité ».
Mais si Pierre Rabhi s’est plusieurs fois affiché avec des personnalités controversées comme Henri Joyeux ou Étienne Chouard – qu'il a invité dans son mouvement les Colibris –, son fils Gabriel flirte quant à lui très ouvertement avec les théories complotistes et l’antisémitisme.
Avant d’être révélées au grand public en 2015 par Vanity Fair sous la plume de Sophie des Déserts, les affinités conspirationnistes de David et Gabriel Rabhi, l’avaient été dès décembre 2014 par Ornella Guyet (confusionnisme.info), de manière plus confidentielle mais fort bien documentée.
Quatre années plus tard, le prophète de la « sobriété heureuse » ne s’est toujours pas désolidarisé publiquement des prises de position de ses fils, se contentant de déclarer que « chacun [d'eux] trace sa propre route ».
Plus actif sur la toile que son frère aîné David, Gabriel Rabhi, 43 ans, s'est fait connaître en 2014, suite à la publication de vidéos sur la question de la monnaie. Sa principale fierté : le film « Dette, crise, chômage : qui créé l’argent ? » qui lui vaut une notoriété rapide dans le petit monde de la complosphère. C'est d'ailleurs le Cercle des Volontaires qui assure la promotion de cette vidéo de 117 minutes vue près d’un million de fois à ce jour sur YouTube et dans laquelle Gabriel Rabhi dénonce les « grands médias », qui repeindraient en « racistes, fascistes, antisémites, négationnistes, xénophobes et conspirationnistes ceux qui analysent les faits, critiquent le système et tentent d’en exposer les fondements ». Parmi eux : Hugo Chavez, Mahmoud Ahmadinejad, Eric Zemmour, Alain Soral, Dieudonné ou encore Michel Collon. Les sites des trois derniers ont d'ailleurs longtemps été chaudement recommandés par le site de Gabriel Rabhi, inter-agir.fr, en plus de ceux d'Etienne Chouard, Thierry Meyssan, Olivier Berruyer, Pierre Jovanovic ou Jean-Yves Le Gallou.
Autodidacte dans le domaine de l'ingénierie logicielle, Gabriel Rabhi définit son travail comme « une forme de journalisme citoyen », « engagé », « d'analyse ». « Journaliste » donc… mais « pas d'investigation, parce que je ne vais pas forcément aux sources » reconnaît-il dans une interview accordée au Cercle des Volontaires en 2014. Et c'est un peu là le problème...
Sans réelle considération pour la véracité des faits, Gabriel Rabhi, en victime-type du biais de confirmation, relaie les théories conspirationnistes les plus fumeuses piochées sur Internet : sur les vaccins, le 11-Septembre, les attentats terroristes qui endeuillent la France depuis 2012, la situation au Moyen-Orient, le réchauffement climatique ou le prétendu contrôle « sioniste » des médias.
Le lendemain de l'attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo, par exemple, il poste sur Twitter un visuel aux accents complotistes ironisant sur les papiers d'identité abandonnés par les terroristes.
Quelques jours plus tard, il partage une interview d'Isabelle Coutant-Peyre, avocate du père de Mohamed Merah et figure de la mouvance rouge-brune (elle fut notamment l'avocate du négationniste Roger Garaudy), en qualifiant les frères Kouachi et Mohamed Merah de « prétendus terroristes ».
Peu après, il suggère dans un dessin posté sur Facebook que les services secrets israéliens sont derrière l'attentat du 7 janvier 2015.
Le 18 octobre 2015, partageant une interview de la compagne de Charb, Valérie M., parue dans Le Parisien, il la commente en ces termes : « On ne saura pas ce qu'il s'est vraiment passé (implication de l'Etat ? De réseaux sionistes ? Du Qatar ou des émirats ?) : une chose est sûre, je ne suis et ne serai jamais Charlie ! »
Le lendemain des attentats du 13 novembre 2015, Gabriel Rabhi récidive : « Le petit braqueur de Tabac du coin ne prend jamais sa carte d'identité sur lui. Les terroristes, que ce soit le 11 septembre, à Charlie Hebdo ou hier, n'oublient surtout pas leur cartes d'identité. Ce qui marche est ré-employé. Plus c'est gros et simple, plus ça passe ! »
Le 15 novembre, il suggère encore qu'il n'est pas vraisemblable q'un exercice de simulation d’une attaque multiple ait pu être organisé à Paris le 13 novembre au matin, jour des attentats.
Une semaine plus tard, il publie sur Facebook le lien vers une vidéo YouTube sur Gladio, un réseau stay-behind actif pendant la guerre froide, assortie d’un commentaire de son cru : « Maintenant que l'émotion des attentats de Paris retombe, il est temps de prendre du recul. Voila ce qui me semble probable : ceux que l'on désigne comme les responsables de ces attentats (Daech et la mouvance Islamiste) ne sont pas les seuls véritables responsables, et encore moins les commanditaires ». Gabriel Rabhi se livre ensuite à une réécriture de l’histoire en présentant Gladio comme une cellule ayant fomenté des « attentats sous faux drapeau » (ou false flags), comme l’en accusent plusieurs auteurs conspirationnistes.
Le 8 octobre 2016, il relaie un commentaire de son frère David pour qui la guerre en Syrie « est une guerre d’agression de la Syrie prévue de longue date et basée sur l’utilisation de djihadistes payés par le camp occidental via l’Arabie Saoudite ». Pour les deux fils de Pierre Rabhi, « la propagande s’intensifie, ce n’est pas un hasard. [...] Les médias tentent de cacher avec des images de guerre abominables une manipulation scandaleuse ».
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