Conspiracy Watch | l'Observatoire du conspirationnisme
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Incendies en Grèce : la faute des Juifs selon l’extrême droite grecque

Publié par Andréas Pantazopoulos01 septembre 2018,

L’incendie meurtrier qui a ravagé la station balnéaire de Mati, dans l'Attique, à la fin du mois de juillet, ne devrait rien au hasard et tout au « Plan Dragon Rouge », un vaste complot contre la Grèce fomenté par les « sionistes satanistes » : c'est ce que l'on peut notamment lire dans les colonnes de Eleftheri Ora, un quotidien grec d'extrême droite.

L’incendie meurtrier survenu le 23 juillet 2018 en Grèce, à Mati, près d’Athènes, qui a coûté la vie à au moins 96 personnes selon le bilan officiel actuel, a été l’occasion pour les « théories du complot » judéophobes de revenir à la une des journaux d’extrême droite. Le quotidien Eleftheri Ora (Heure libre) avec ses environ 3 000 exemplaires vendus chaque jour, a mené le bal complotiste avec plusieurs articles en première page. De son côté, à en juger d’après les publications parues sur son site Web, le parti pronazi Aube dorée a mis un bémol à son optique complotiste, fondamentale pour cette organisation, sans toutefois éviter certaines récurrences.

Le présent article a précisément pour objet de mettre en évidence le type d’interprétation complotiste que promeut l’espace pluriel de l’extrême droite grecque concernant cet événement tragique, les « causes » avancées – si bien sûr nous pouvons considérer le journal Eleftheri Ora, dont verrons de plus près les articles, comme se situant à la croisée de différents courants d’extrême droite (religieux et politiques) qui ne s’identifient pas à l’Aube dorée pronazie. Il importe aussi de souligner que le gouvernement lui-même, du moins dans les premières heures ayant suivi la catastrophe, a agité la théorie du complot en évoquant un « phénomène asymétrique » et en s’interrogeant sur les « centres obscurs » qui cherchent à déstabiliser le pays au moment où, surtout, il va sortir des plans d’aide. L’expression « menace asymétrique » avait été employée pour la première fois par le gouvernement conservateur de la Nouvelle Démocratie lors des incendies meurtriers qui avaient ravagé le Péloponnèse en 2007.

L’Aube dorée et le complotisme perpétuel

Hebdomadaire d'Aube dorée - 6 juin 2018

Pour sa part, Aube dorée ne semble pas adhérer à des « théories du complot » pour cet événement précis de l’incendie, peut-être parce que cela irait dans le sens de la position gouvernementale relative à la déstabilisation. Cependant, au moins deux articles publiés sur le site web de l’organisation néonazie adoptent, sur fond de politisation plus large, le recours à ces théories. Dans l’un d’eux apparaît l’idée qu’au fond, tout ce qui se passe dans la vie politique grecque est téléguidé depuis « l’extérieur », comme par exemple les plans d’aide (pour résoudre la crise économique), les « memorandums », ou l’altération planifiée de l’identité grecque et la mise en cause de sa souveraineté [1], et cela depuis le début du XXe siècle (depuis le désastre subi en 1922 par la Grèce en Asie mineure jusqu’à l’acceptation récente du nom de « Macédoine du Nord » pour le pays voisin qui jusqu’à ce jour s’appelait officiellement Ancienne République Yougoslave de Macédoine ou ARYM). Au cœur de cette conception se trouve un discours ethniciste et anti-establishment, ce dernier étant accusé par l’organisation néonazie de « trahison nationale » perpétuelle :

« Certains comprennent le raisonnement du régime, parfois avant que le scénario ne se déroule, parfois après. Ils comprennent que le torrent de colère populaire contre la trahison de la Macédoine a dérangé, avec ses manifestations deux ou trois fois par semaine dans toute la région, et qu’il fallait l’apaiser. (…) La question est maintenant plus grave, l’échelle plus importante, les victimes plus nombreuses. (…) Le débarcadère de Smyrne en flammes, où les Grecs d’Ionie furent abandonnés au massacre [en 1922] parce que certains voulaient faire des élections pour se débarrasser de la patate chaude qu’il avaient mise au four, ne diffère pas beaucoup de la plage de Mati. » [2]

Eleftheri Ora : tous les complots du monde

"Tsipras près de brûler toute la Grêce. Incendiaires Erdogan et Poutine" (Eleftheri Ora, 30 juillet 2018)

Dès le lendemain de l’incendie, le journal « Eleftheri Ora » inaugure une série de publications complotistes en première page (qui couvrent les deux tiers ou la moitié de la page). Du 24 juillet au 13 août, onze articles ont paru à la une (suivis de « reportages », articles et analyses dans les pages intérieures du journal) : trois voient dans l’incendie à Mati, d’une manière ou d’une autre, la main de la Russie (et même de Poutine en personne), avec laquelle la Grèce vit ces derniers mois une crise diplomatique en raison de l’ingérence qu’on lui prête dans les affaires intérieures grecques (soutien aux manifestations nationalistes contre la « concession » du nom de Macédoine à l'ARYM), voire même une intervention de la Turquie ; trois autres articles à la une privilégient des déclarations de chefs religieux orthodoxes pour qui l’incendie est une punition divine pour l’athéisme du Premier ministre Alexis Tsipras et pour sa politique ; trois autres également désignent clairement comme coupables les « Juifs », les « sionistes », les « Rothschild » et les forces obscures qu’ils représentent ; un article en première page accuse les Américains (qui ont brûlé Mati avec des drones et des rayons laser) et un autre met en avant les « intérêts économiques secrets » qui se dissimulent derrière l’incendie [3].

Qui est l’ennemi ? Le satanisme

Après un article délirant publié en première page le 7 août 2018, intitulé « Attaque nucléaire des Sionistes contre l’Hellénisme », le numéro du 13 août présente dans un article détaillé étalé sur quatre pages la « cause réelle » du récent incendie. Ce texte est intéressant à deux titres : premièrement, parce qu’il résume de manière significative un mode de pensée paranoïaque complotiste qui détermine certains lieux communs fondamentaux de l’extrême droite grecque, profondément imprégnée tant d’orthodoxie que de nationalisme ; mais aussi, deuxièmement, parce qu’il désigne clairement « l’ennemi des Grecs », qui n’est autre que le « sionisme satanique ». Le titre en première page est le suivant : « Plan “Dragon Rouge”. “Ils livrent la Grèce aux flammes et à l’Antéchrist”. L’assassinat des Grecs à Mati n’était que le début, et depuis hier l’Eubée brûle à son tour. Les “catastrophes naturelles” et comment les pulvérisations aériennes affectent le climat en Grèce. Le satanisme sioniste réclame que les Grecs orthodoxes soient marqués du signe “666” ».

"Attaque nucléaire des Sionistes contre l’Hellénisme" (Eleftheri Ora, 7 août 2018)

La valeur de l’analyse, note l’auteur de l’article, réside dans le fait qu’elle entend « mettre de l’ordre » dans la masse considérable d’« informations » et d’« analyses » publiées sur l’incendie meurtrier en question, et « expliquer » ainsi ce qui s’est réellement passé. Telle est, selon ses propres termes, la raison de ce « texte explicatif » : la « connaissance de la vérité », que tous les Grecs orthodoxes doivent apprendre « dans tous les coins de la Terre » afin d’être « préparés ». Ce qui les maintient dans l’univers du mensonge, c’est qu’ils ne peuvent pas mettre les choses en corrélation : or, la vérité surgit si l’on réunit « les morceaux du puzzle qui se trouvent aujourd’hui mélangés ». Les problèmes et les maux actuels sont dus à « l’erreur » que certains sèment pour nous « tromper ». Selon l’auteur de l’article, depuis 2010 (point de départ de la grande crise économique en Grèce) ont commencé à survenir dans le pays « des choses étranges », situées pas seulement en dehors du cadre juridique et constitutionnel, européen et international, mais aussi « en dehors de toute logique ». « Notre Grèce a subi une attaque », mais de la part de qui ? La pléthore d’informations rend l’ennemi difficile à identifier : est-ce le gouvernement grec et le Premier ministre ? Les Allemands, Merkel et Schäuble ? Moscovici et Dijsselbloem ? Soros, Kissinger ? Le club Bilderberg, les Illuminati ? Les Juifs et le sionisme ? Le pape ? Le « royaume secret de l’Angleterre » ? Qui, parmi tous ceux-là, est l’ennemi de la « Grèce orthodoxe » ? Cette question cruciale, pour le récit paranoïaque de l’auteur de l’article, acquiert une importance supplémentaire car jusqu’à présent, l’ennemi était « invisible » : « L’ennemi de notre Grèce orthodoxe avait réussi le plus important avant même de lancer son attaque contre nous. Il avait réussi à pouvoir nous frapper sans que nous puissions nous défendre puisque, en fait, il restait INVISIBLE pour les Grecs. Car de quelle manière aurions-nous pu nous défendre face à un ennemi ‘indéterminé’, dont nous ne savons ni qui il est, ni, bien sûr, avec quelles “armes” il convent de l’affronter ? »

Dans cette entreprise de désignation de l’ennemi, un ennemi qui change de visage alors qu’en fait, cela est bien souligné, il est « UN », nous voyons exposée toute la théorie du complot dont Pierre-André Taguieff a présenté dans ses études comparatives récentes [4] les principales caractéristiques, qui se trouvent donc illustrées par le récit de l’auteur complotiste de l’article : la dimension explicative, interprétative et cognitive, qui soutient que « la vérité est ailleurs », que « tout est lié » ; la logique de la « causalité diabolique » ; l’opération même de fabrication d’un ennemi à démasquer et à abattre efficacement (« défense contre la menace »), en procurant précisément aux supposées victimes un droit salvateur à la résistance qui donne ainsi du sens à leurs actions.

La réponse apportée à l’angoissante question de savoir « qui est l’ennemi » est la suivante : « Il existe un seul “maître de ce monde”, Satan ». C’ est lui qui « nous » a attaqués sous les traits des personnages mentionnés plus haut : ils sont tous ses adeptes et, selon l’auteur, s’appellent « satanistes ». L’ennemi est d’abord spirituel, mais ses partisans sont à l’œuvre sur la Terre, dans le « monde matériel ». Doublement hypostasié, l’ennemi a acheté nos clercs afin de poursuivre la guerre dans toutes les directions du monde matériel : la corruption, la prostitution, l’économie, la musique, les spectacles, les enjeux, l’histoire, l’éducation, la souveraineté nationale, la propagande à travers les médias et l’Internet, les trahisons des politiciens, le dédain de la religion, l’impunité des coupables, etc., tous ces domaines et les activités qui en découlent sont piégés, corrodés, visent à « l’écrasement de la Grèce, à la mort de tous les Grecs » et à l’avènement de « l’Antéchrist », « fils de Satan ».

Le « peuple du Diable » : la diabolisation des Juifs et d’Israël

L’ennemi satanisé n’est autre que celui que les Juifs attendent comme le « Messie », et « déjà ils désertifient la Palestine afin de prendre toute Jérusalem avec la Mosquée d’Omar pour la démolir et construire le troisième Temple de Salomon dans lequel ils accueilleront l’ANTÉCHRIST et lui donneront ‘l’onction’ du Messie ». Ce cadre permet d’interpréter les maux actuels, l’incendie meurtrier, les « catastrophes naturelles » à Athènes : « Par conséquent, l’attaque que nous avons subie en tant que Grèce orthodoxe vient du Satanisme Juif mondial, qui fait progresser le plan de l’avènement de l’ANTÉCHRIST à un gouvernement mondial en promouvant le plan de l’État assassin d’ISRAËL et de l’élite Juive, les Soros, Rothschild, Rockefeller, etc., qui financent et forment tous les satanistes et les organisations sataniques de l’univers. »

"Plan 'Dragon Rouge'. “Ils livrent la Grèce aux flammes et à l’Antéchrist” (Eleftheri Ora, 13 août 2018)

Alors que la satanisation du Juif semble avoir un point de départ religieux, elle débouche expressément sur la diabolisation d’Israël, à travers une « comparaison » avec la Grèce, considérée comme le berceau des « valeurs humanistes » et de la « civilisation ». « Israël, au contraire, est connu dans le monde entier pour les collusions d’intérêts, l’usure, l’acquisition de richesse et le contrôle par le chantage des gouvernements, pour le financement de révolutions meurtrières, pour la conception et la réalisation de deux guerres mondiales qui ont fait 90 millions de morts, et récemment pour les assassinats d’enfants et de civils en Palestine et pour le financement et l’éducation par le Mossad des djihadistes assassins de “l’État islamique”. Nous pouvons parler sans hésitation de PEUPLE DU DIABLE ». La Grèce a été choisie comme cible parce que c’est d’elle qu’est parti le christianisme, parce qu’elle a accueilli comme le Messie le Christ « pauvre et insignifiant », contrairement au « peuple du Diable » qui l’a rejeté : « C’est pourquoi les enfants du Diable nous HAÏSSENT et c’est pourquoi ils nous soumettent à la persécution actuelle ». Une persécution qui englobe le « marquage » des Grecs avec le signe « 666 » (« le chiffre de reconnaissance du système » qui figurera sur les nouvelles cartes d’identité) et, bien sûr, une série de « catastrophes naturelles » comme celle de Mati, provoquées par un « système qui permet de transférer vents et nuages en un point choisi de la Terre  (…) Le plan de catastrophes naturelles dénommé “Dragon Rouge” » vise désormais toutes les grandes villes grecques. Le feu meurtrier à Mati, où l’appareil étatique a fait preuve d’une incapacité manifeste, depuis les pompiers jusqu’à la police et l’administration locale, montre que tout l’appareil étatique est gangréné par ces forces satanistes et sionistes obscures. Et celles-ci, « après avoir vu que finalement, toute cette histoire avec le FMI », à savoir leurs ingérences sous prétexte de crise économique en Grèce depuis 2010, ne leur a servi à rien matériellement, « ont lancé la DEUXIÈME ATTAQUE avec le plan “Dragon Rouge” ».

Ces larges extraits permettent d’observer que la démonisation complotiste du Juif, avec son puissant aspect apocalyptique qui l’érige en Mal absolu, s’accompagne de la diabolisation d’Israël : ce dernier est dénoncé comme « un État meurtrier » qui « tue » les Palestiniens, contrôle les gouvernements, pratique l’usure, hait l’humanité. Les mythes antijuifs classiques (le complot Juif mondial dénoncé par les Protocoles des Sages de Sion, métamorphosé en complot sioniste mondial, le mythe de l’infanticide, celui de la « haine du genre humain », du fauteur de guerres et de révolutions, de la ploutocratie, de l’usure) sont ainsi réinvestis dans un antisionisme et un anti-israélisme aussi caricaturaux que radicaux.

L’« ancien dans le nouveau » [5] entend actualiser ce fonds complotiste anti-juif inépuisable dans le double contexte d’une mondialisation chaotique et d’une Grèce en crise ; une crise qui n’est pas seulement économique mais aussi culturelle, identitaire. Et qui plus est, dans un pays où le complotisme est dominant en tant que manière appropriée de concevoir les enjeux et qui se considère comme une victime par excellence de complots imaginaires [6]. Mais cette conviction largement partagée se structure dans le discours de cette extrême droite grecque d’une façon bien orientée et se mue en une judéophobie politiquement et idéologiquement agressive qui transpose les vieux mythes antijuifs dans l’antisionisme et l’anti-israélisme contemporains, tout en donnant une deuxième vie aux récits paranoïaques apocalyptiques. S’il convient d’y insister, c’est parce que le climat complotiste en général, maintes fois avéré, n’est pas en mesure de relativiser la puissance d’un discours complotiste et judéophobe structuré et de modérer son influence sur un public populaire au sein duquel une vision « prémoderne » des superstitions démoniaques de provenance chrétienne orthodoxe et un nationalisme ethniciste se mêlent aux nouveaux enjeux contemporains de la mondialisation fantasmée et instrumentalisée en menace mortelle pour l’identité et la souveraineté du pays.

L’« intéressant », dans ce contexte, c’est précisément ce jumelage de l’ancien et du nouveau, la dangereuse plasticité de cette conception du monde qui véhicule la haine la plus ancienne, les passions judéophobes : la désignation des « Juifs », du sionisme et d’Israël comme ennemis principaux, comme la « causalité diabolique » de tous les maux. Ce point constitutif de la pensée de l’extrême droite grecque est aussi et surtout partagée par Aube dorée qui, à intervalles réguliers et à diverses occasions, ne cesse de nommer son ennemi de toujours, le sionisme : « En somme, l’occasion historique que cherche le sionisme pour exterminer son ennemi “ancestral” (l’Hellénisme) est la mondialisation entreprise depuis les USA. Le lobby juif aux USA exerce toute l’influence possible et réussit à faire adopter comme but politique constant pour les USA dans la région de la Méditerranée orientale le démantèlement de l’État grec et la disparition de la Nation grecque » [7]. L’extrême droite grecque, dans toutes ses dimensions, est impensable sans sa judéophobie complotiste radicale.

 

Notes :

[1] http://www.xryshaygh.com/enimerosi/view/oi-asummetres-apeiles-tou-ellhnismou (31/7/2018).

[2] http://www.xryshaygh.com/enimerosi/view/mati-opws-smurnh-opws-oulen (9/8/2018).

[3] Dans l’ordre chronologique, les articles publiés à la une l’ont été aux dates suivantes : 24-26/7/2018, 28-31/7/2018, 4/8/2018, 7/8/2018, 11/8/2018, 13/8/2018.

[4] Pierre-André Taguieff, La foire aux Illuminés. Ésotérisme, théorie du complot, extrémisme, Paris, Fayard/Mille et Une Nuits, 2055, pp. 128-130, 410-413 ; du même, L’Imaginaire du complot mondial. Aspects d’un mythe moderne, Paris, Mille et Une Nuits, 2006, pp. 8, 21, 26, 46, 47, 82 ; du même, Court Traité de complotologie, Paris, Mille et Une Nuits, 2013, pp. 42-43, 87-92, 114, 195, 243.

[5] Pierre-André Taguieff, Court Traité de complotologie, op. cit., p. 112-114, 121, 385-411 ; du même, Judéophobie, la dernière vague (2000-2018), Paris, Fayard, 2018, p. 49-85.

[6] Selon une enquête effectuée en janvier 2018 et dont les résultats ont été publiés en mars, à la question « Croyez-vous qu’il existe des organisations secrètes en Grèce ou à l’étranger qui agissent en coulisses et tirent les fils ? », 79,3 % des personnes interrogées ont répondu « Oui », 12,9 % « Non » et 7,8 % n’ont pas donné de réponse. De manière écrasante, les plus convaincus en la matière sont les partisans de l’Aube dorée (95,2 %), ceux du parti national-populiste de droite des ANEL (« Grecs indépendants ») qui participe actuellement au gouvernement d’Alexis Tsipras (88,2 %), suivis par les partisans du Syriza (81,4 %), ceux du Parti communiste grec (79,6 %), ceux de l’inclassable parti de l’« Union des centristes » (76,8 %), ceux du PASOK socialiste (65,8 %) et ceux du petit parti centriste libéral « To Potami » (Le Fleuve) (59,3 %). Voir https://www.dianeosis.org/wp-content/uploads/2018/06/Ti_Pistevoun_Oi_Ellines_2018_Upd_040618.pdf , p. 138-139 (en grec).

[7] http://www.xryshaygh.com/enimerosi/view/siwnismos-kai-pagkosmiopoihsh (2/10/2016).

 

L’auteur : Andreas Pantazopoulos est professeur associé au sein de l’Université Aristote de Thessalonique.

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L’incendie meurtrier qui a ravagé la station balnéaire de Mati, dans l'Attique, à la fin du mois de juillet, ne devrait rien au hasard et tout au « Plan Dragon Rouge », un vaste complot contre la Grèce fomenté par les « sionistes satanistes » : c'est ce que l'on peut notamment lire dans les colonnes de Eleftheri Ora, un quotidien grec d'extrême droite.

L’incendie meurtrier survenu le 23 juillet 2018 en Grèce, à Mati, près d’Athènes, qui a coûté la vie à au moins 96 personnes selon le bilan officiel actuel, a été l’occasion pour les « théories du complot » judéophobes de revenir à la une des journaux d’extrême droite. Le quotidien Eleftheri Ora (Heure libre) avec ses environ 3 000 exemplaires vendus chaque jour, a mené le bal complotiste avec plusieurs articles en première page. De son côté, à en juger d’après les publications parues sur son site Web, le parti pronazi Aube dorée a mis un bémol à son optique complotiste, fondamentale pour cette organisation, sans toutefois éviter certaines récurrences.

Le présent article a précisément pour objet de mettre en évidence le type d’interprétation complotiste que promeut l’espace pluriel de l’extrême droite grecque concernant cet événement tragique, les « causes » avancées – si bien sûr nous pouvons considérer le journal Eleftheri Ora, dont verrons de plus près les articles, comme se situant à la croisée de différents courants d’extrême droite (religieux et politiques) qui ne s’identifient pas à l’Aube dorée pronazie. Il importe aussi de souligner que le gouvernement lui-même, du moins dans les premières heures ayant suivi la catastrophe, a agité la théorie du complot en évoquant un « phénomène asymétrique » et en s’interrogeant sur les « centres obscurs » qui cherchent à déstabiliser le pays au moment où, surtout, il va sortir des plans d’aide. L’expression « menace asymétrique » avait été employée pour la première fois par le gouvernement conservateur de la Nouvelle Démocratie lors des incendies meurtriers qui avaient ravagé le Péloponnèse en 2007.

L’Aube dorée et le complotisme perpétuel

Hebdomadaire d'Aube dorée - 6 juin 2018

Pour sa part, Aube dorée ne semble pas adhérer à des « théories du complot » pour cet événement précis de l’incendie, peut-être parce que cela irait dans le sens de la position gouvernementale relative à la déstabilisation. Cependant, au moins deux articles publiés sur le site web de l’organisation néonazie adoptent, sur fond de politisation plus large, le recours à ces théories. Dans l’un d’eux apparaît l’idée qu’au fond, tout ce qui se passe dans la vie politique grecque est téléguidé depuis « l’extérieur », comme par exemple les plans d’aide (pour résoudre la crise économique), les « memorandums », ou l’altération planifiée de l’identité grecque et la mise en cause de sa souveraineté [1], et cela depuis le début du XXe siècle (depuis le désastre subi en 1922 par la Grèce en Asie mineure jusqu’à l’acceptation récente du nom de « Macédoine du Nord » pour le pays voisin qui jusqu’à ce jour s’appelait officiellement Ancienne République Yougoslave de Macédoine ou ARYM). Au cœur de cette conception se trouve un discours ethniciste et anti-establishment, ce dernier étant accusé par l’organisation néonazie de « trahison nationale » perpétuelle :

« Certains comprennent le raisonnement du régime, parfois avant que le scénario ne se déroule, parfois après. Ils comprennent que le torrent de colère populaire contre la trahison de la Macédoine a dérangé, avec ses manifestations deux ou trois fois par semaine dans toute la région, et qu’il fallait l’apaiser. (…) La question est maintenant plus grave, l’échelle plus importante, les victimes plus nombreuses. (…) Le débarcadère de Smyrne en flammes, où les Grecs d’Ionie furent abandonnés au massacre [en 1922] parce que certains voulaient faire des élections pour se débarrasser de la patate chaude qu’il avaient mise au four, ne diffère pas beaucoup de la plage de Mati. » [2]

Eleftheri Ora : tous les complots du monde

"Tsipras près de brûler toute la Grêce. Incendiaires Erdogan et Poutine" (Eleftheri Ora, 30 juillet 2018)

Dès le lendemain de l’incendie, le journal « Eleftheri Ora » inaugure une série de publications complotistes en première page (qui couvrent les deux tiers ou la moitié de la page). Du 24 juillet au 13 août, onze articles ont paru à la une (suivis de « reportages », articles et analyses dans les pages intérieures du journal) : trois voient dans l’incendie à Mati, d’une manière ou d’une autre, la main de la Russie (et même de Poutine en personne), avec laquelle la Grèce vit ces derniers mois une crise diplomatique en raison de l’ingérence qu’on lui prête dans les affaires intérieures grecques (soutien aux manifestations nationalistes contre la « concession » du nom de Macédoine à l'ARYM), voire même une intervention de la Turquie ; trois autres articles à la une privilégient des déclarations de chefs religieux orthodoxes pour qui l’incendie est une punition divine pour l’athéisme du Premier ministre Alexis Tsipras et pour sa politique ; trois autres également désignent clairement comme coupables les « Juifs », les « sionistes », les « Rothschild » et les forces obscures qu’ils représentent ; un article en première page accuse les Américains (qui ont brûlé Mati avec des drones et des rayons laser) et un autre met en avant les « intérêts économiques secrets » qui se dissimulent derrière l’incendie [3].

Qui est l’ennemi ? Le satanisme

Après un article délirant publié en première page le 7 août 2018, intitulé « Attaque nucléaire des Sionistes contre l’Hellénisme », le numéro du 13 août présente dans un article détaillé étalé sur quatre pages la « cause réelle » du récent incendie. Ce texte est intéressant à deux titres : premièrement, parce qu’il résume de manière significative un mode de pensée paranoïaque complotiste qui détermine certains lieux communs fondamentaux de l’extrême droite grecque, profondément imprégnée tant d’orthodoxie que de nationalisme ; mais aussi, deuxièmement, parce qu’il désigne clairement « l’ennemi des Grecs », qui n’est autre que le « sionisme satanique ». Le titre en première page est le suivant : « Plan “Dragon Rouge”. “Ils livrent la Grèce aux flammes et à l’Antéchrist”. L’assassinat des Grecs à Mati n’était que le début, et depuis hier l’Eubée brûle à son tour. Les “catastrophes naturelles” et comment les pulvérisations aériennes affectent le climat en Grèce. Le satanisme sioniste réclame que les Grecs orthodoxes soient marqués du signe “666” ».

"Attaque nucléaire des Sionistes contre l’Hellénisme" (Eleftheri Ora, 7 août 2018)

La valeur de l’analyse, note l’auteur de l’article, réside dans le fait qu’elle entend « mettre de l’ordre » dans la masse considérable d’« informations » et d’« analyses » publiées sur l’incendie meurtrier en question, et « expliquer » ainsi ce qui s’est réellement passé. Telle est, selon ses propres termes, la raison de ce « texte explicatif » : la « connaissance de la vérité », que tous les Grecs orthodoxes doivent apprendre « dans tous les coins de la Terre » afin d’être « préparés ». Ce qui les maintient dans l’univers du mensonge, c’est qu’ils ne peuvent pas mettre les choses en corrélation : or, la vérité surgit si l’on réunit « les morceaux du puzzle qui se trouvent aujourd’hui mélangés ». Les problèmes et les maux actuels sont dus à « l’erreur » que certains sèment pour nous « tromper ». Selon l’auteur de l’article, depuis 2010 (point de départ de la grande crise économique en Grèce) ont commencé à survenir dans le pays « des choses étranges », situées pas seulement en dehors du cadre juridique et constitutionnel, européen et international, mais aussi « en dehors de toute logique ». « Notre Grèce a subi une attaque », mais de la part de qui ? La pléthore d’informations rend l’ennemi difficile à identifier : est-ce le gouvernement grec et le Premier ministre ? Les Allemands, Merkel et Schäuble ? Moscovici et Dijsselbloem ? Soros, Kissinger ? Le club Bilderberg, les Illuminati ? Les Juifs et le sionisme ? Le pape ? Le « royaume secret de l’Angleterre » ? Qui, parmi tous ceux-là, est l’ennemi de la « Grèce orthodoxe » ? Cette question cruciale, pour le récit paranoïaque de l’auteur de l’article, acquiert une importance supplémentaire car jusqu’à présent, l’ennemi était « invisible » : « L’ennemi de notre Grèce orthodoxe avait réussi le plus important avant même de lancer son attaque contre nous. Il avait réussi à pouvoir nous frapper sans que nous puissions nous défendre puisque, en fait, il restait INVISIBLE pour les Grecs. Car de quelle manière aurions-nous pu nous défendre face à un ennemi ‘indéterminé’, dont nous ne savons ni qui il est, ni, bien sûr, avec quelles “armes” il convent de l’affronter ? »

Dans cette entreprise de désignation de l’ennemi, un ennemi qui change de visage alors qu’en fait, cela est bien souligné, il est « UN », nous voyons exposée toute la théorie du complot dont Pierre-André Taguieff a présenté dans ses études comparatives récentes [4] les principales caractéristiques, qui se trouvent donc illustrées par le récit de l’auteur complotiste de l’article : la dimension explicative, interprétative et cognitive, qui soutient que « la vérité est ailleurs », que « tout est lié » ; la logique de la « causalité diabolique » ; l’opération même de fabrication d’un ennemi à démasquer et à abattre efficacement (« défense contre la menace »), en procurant précisément aux supposées victimes un droit salvateur à la résistance qui donne ainsi du sens à leurs actions.

La réponse apportée à l’angoissante question de savoir « qui est l’ennemi » est la suivante : « Il existe un seul “maître de ce monde”, Satan ». C’ est lui qui « nous » a attaqués sous les traits des personnages mentionnés plus haut : ils sont tous ses adeptes et, selon l’auteur, s’appellent « satanistes ». L’ennemi est d’abord spirituel, mais ses partisans sont à l’œuvre sur la Terre, dans le « monde matériel ». Doublement hypostasié, l’ennemi a acheté nos clercs afin de poursuivre la guerre dans toutes les directions du monde matériel : la corruption, la prostitution, l’économie, la musique, les spectacles, les enjeux, l’histoire, l’éducation, la souveraineté nationale, la propagande à travers les médias et l’Internet, les trahisons des politiciens, le dédain de la religion, l’impunité des coupables, etc., tous ces domaines et les activités qui en découlent sont piégés, corrodés, visent à « l’écrasement de la Grèce, à la mort de tous les Grecs » et à l’avènement de « l’Antéchrist », « fils de Satan ».

Le « peuple du Diable » : la diabolisation des Juifs et d’Israël

L’ennemi satanisé n’est autre que celui que les Juifs attendent comme le « Messie », et « déjà ils désertifient la Palestine afin de prendre toute Jérusalem avec la Mosquée d’Omar pour la démolir et construire le troisième Temple de Salomon dans lequel ils accueilleront l’ANTÉCHRIST et lui donneront ‘l’onction’ du Messie ». Ce cadre permet d’interpréter les maux actuels, l’incendie meurtrier, les « catastrophes naturelles » à Athènes : « Par conséquent, l’attaque que nous avons subie en tant que Grèce orthodoxe vient du Satanisme Juif mondial, qui fait progresser le plan de l’avènement de l’ANTÉCHRIST à un gouvernement mondial en promouvant le plan de l’État assassin d’ISRAËL et de l’élite Juive, les Soros, Rothschild, Rockefeller, etc., qui financent et forment tous les satanistes et les organisations sataniques de l’univers. »

"Plan 'Dragon Rouge'. “Ils livrent la Grèce aux flammes et à l’Antéchrist” (Eleftheri Ora, 13 août 2018)

Alors que la satanisation du Juif semble avoir un point de départ religieux, elle débouche expressément sur la diabolisation d’Israël, à travers une « comparaison » avec la Grèce, considérée comme le berceau des « valeurs humanistes » et de la « civilisation ». « Israël, au contraire, est connu dans le monde entier pour les collusions d’intérêts, l’usure, l’acquisition de richesse et le contrôle par le chantage des gouvernements, pour le financement de révolutions meurtrières, pour la conception et la réalisation de deux guerres mondiales qui ont fait 90 millions de morts, et récemment pour les assassinats d’enfants et de civils en Palestine et pour le financement et l’éducation par le Mossad des djihadistes assassins de “l’État islamique”. Nous pouvons parler sans hésitation de PEUPLE DU DIABLE ». La Grèce a été choisie comme cible parce que c’est d’elle qu’est parti le christianisme, parce qu’elle a accueilli comme le Messie le Christ « pauvre et insignifiant », contrairement au « peuple du Diable » qui l’a rejeté : « C’est pourquoi les enfants du Diable nous HAÏSSENT et c’est pourquoi ils nous soumettent à la persécution actuelle ». Une persécution qui englobe le « marquage » des Grecs avec le signe « 666 » (« le chiffre de reconnaissance du système » qui figurera sur les nouvelles cartes d’identité) et, bien sûr, une série de « catastrophes naturelles » comme celle de Mati, provoquées par un « système qui permet de transférer vents et nuages en un point choisi de la Terre  (…) Le plan de catastrophes naturelles dénommé “Dragon Rouge” » vise désormais toutes les grandes villes grecques. Le feu meurtrier à Mati, où l’appareil étatique a fait preuve d’une incapacité manifeste, depuis les pompiers jusqu’à la police et l’administration locale, montre que tout l’appareil étatique est gangréné par ces forces satanistes et sionistes obscures. Et celles-ci, « après avoir vu que finalement, toute cette histoire avec le FMI », à savoir leurs ingérences sous prétexte de crise économique en Grèce depuis 2010, ne leur a servi à rien matériellement, « ont lancé la DEUXIÈME ATTAQUE avec le plan “Dragon Rouge” ».

Ces larges extraits permettent d’observer que la démonisation complotiste du Juif, avec son puissant aspect apocalyptique qui l’érige en Mal absolu, s’accompagne de la diabolisation d’Israël : ce dernier est dénoncé comme « un État meurtrier » qui « tue » les Palestiniens, contrôle les gouvernements, pratique l’usure, hait l’humanité. Les mythes antijuifs classiques (le complot Juif mondial dénoncé par les Protocoles des Sages de Sion, métamorphosé en complot sioniste mondial, le mythe de l’infanticide, celui de la « haine du genre humain », du fauteur de guerres et de révolutions, de la ploutocratie, de l’usure) sont ainsi réinvestis dans un antisionisme et un anti-israélisme aussi caricaturaux que radicaux.

L’« ancien dans le nouveau » [5] entend actualiser ce fonds complotiste anti-juif inépuisable dans le double contexte d’une mondialisation chaotique et d’une Grèce en crise ; une crise qui n’est pas seulement économique mais aussi culturelle, identitaire. Et qui plus est, dans un pays où le complotisme est dominant en tant que manière appropriée de concevoir les enjeux et qui se considère comme une victime par excellence de complots imaginaires [6]. Mais cette conviction largement partagée se structure dans le discours de cette extrême droite grecque d’une façon bien orientée et se mue en une judéophobie politiquement et idéologiquement agressive qui transpose les vieux mythes antijuifs dans l’antisionisme et l’anti-israélisme contemporains, tout en donnant une deuxième vie aux récits paranoïaques apocalyptiques. S’il convient d’y insister, c’est parce que le climat complotiste en général, maintes fois avéré, n’est pas en mesure de relativiser la puissance d’un discours complotiste et judéophobe structuré et de modérer son influence sur un public populaire au sein duquel une vision « prémoderne » des superstitions démoniaques de provenance chrétienne orthodoxe et un nationalisme ethniciste se mêlent aux nouveaux enjeux contemporains de la mondialisation fantasmée et instrumentalisée en menace mortelle pour l’identité et la souveraineté du pays.

L’« intéressant », dans ce contexte, c’est précisément ce jumelage de l’ancien et du nouveau, la dangereuse plasticité de cette conception du monde qui véhicule la haine la plus ancienne, les passions judéophobes : la désignation des « Juifs », du sionisme et d’Israël comme ennemis principaux, comme la « causalité diabolique » de tous les maux. Ce point constitutif de la pensée de l’extrême droite grecque est aussi et surtout partagée par Aube dorée qui, à intervalles réguliers et à diverses occasions, ne cesse de nommer son ennemi de toujours, le sionisme : « En somme, l’occasion historique que cherche le sionisme pour exterminer son ennemi “ancestral” (l’Hellénisme) est la mondialisation entreprise depuis les USA. Le lobby juif aux USA exerce toute l’influence possible et réussit à faire adopter comme but politique constant pour les USA dans la région de la Méditerranée orientale le démantèlement de l’État grec et la disparition de la Nation grecque » [7]. L’extrême droite grecque, dans toutes ses dimensions, est impensable sans sa judéophobie complotiste radicale.

 

Notes :

[1] http://www.xryshaygh.com/enimerosi/view/oi-asummetres-apeiles-tou-ellhnismou (31/7/2018).

[2] http://www.xryshaygh.com/enimerosi/view/mati-opws-smurnh-opws-oulen (9/8/2018).

[3] Dans l’ordre chronologique, les articles publiés à la une l’ont été aux dates suivantes : 24-26/7/2018, 28-31/7/2018, 4/8/2018, 7/8/2018, 11/8/2018, 13/8/2018.

[4] Pierre-André Taguieff, La foire aux Illuminés. Ésotérisme, théorie du complot, extrémisme, Paris, Fayard/Mille et Une Nuits, 2055, pp. 128-130, 410-413 ; du même, L’Imaginaire du complot mondial. Aspects d’un mythe moderne, Paris, Mille et Une Nuits, 2006, pp. 8, 21, 26, 46, 47, 82 ; du même, Court Traité de complotologie, Paris, Mille et Une Nuits, 2013, pp. 42-43, 87-92, 114, 195, 243.

[5] Pierre-André Taguieff, Court Traité de complotologie, op. cit., p. 112-114, 121, 385-411 ; du même, Judéophobie, la dernière vague (2000-2018), Paris, Fayard, 2018, p. 49-85.

[6] Selon une enquête effectuée en janvier 2018 et dont les résultats ont été publiés en mars, à la question « Croyez-vous qu’il existe des organisations secrètes en Grèce ou à l’étranger qui agissent en coulisses et tirent les fils ? », 79,3 % des personnes interrogées ont répondu « Oui », 12,9 % « Non » et 7,8 % n’ont pas donné de réponse. De manière écrasante, les plus convaincus en la matière sont les partisans de l’Aube dorée (95,2 %), ceux du parti national-populiste de droite des ANEL (« Grecs indépendants ») qui participe actuellement au gouvernement d’Alexis Tsipras (88,2 %), suivis par les partisans du Syriza (81,4 %), ceux du Parti communiste grec (79,6 %), ceux de l’inclassable parti de l’« Union des centristes » (76,8 %), ceux du PASOK socialiste (65,8 %) et ceux du petit parti centriste libéral « To Potami » (Le Fleuve) (59,3 %). Voir https://www.dianeosis.org/wp-content/uploads/2018/06/Ti_Pistevoun_Oi_Ellines_2018_Upd_040618.pdf , p. 138-139 (en grec).

[7] http://www.xryshaygh.com/enimerosi/view/siwnismos-kai-pagkosmiopoihsh (2/10/2016).

 

L’auteur : Andreas Pantazopoulos est professeur associé au sein de l’Université Aristote de Thessalonique.

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Andréas Pantazopoulos
Andréas Pantazopoulos est politologue, maître de conférences à l'Université Aristote de Thessalonique.
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