Une fraction du public israélien croit fermement à la théorie du complot sur la mort de l'ancien Premier ministre.
Alors qu’Israël s’apprête à commémorer le 15ème anniversaire de la mort d’Yitzhak Rabin, assassiné le 4 novembre 1995 par l'extrémiste juif religieux Yigal Amir, l’AFP rapporte que la radio Aroutz Sheva a « lancé récemment une campagne invitant ses auditeurs à apporter leurs "contributions" sur les zones d'ombre qui entourent encore l'assassinat ». « Cette opération, poursuit l’AFP, a pour objectif d'étayer les thèses du complot, selon lesquelles Yitzhak Rabin n'aurait pas été la cible d'un extrémiste de droite mais la victime de sombres manœuvres ourdies par des cadres du Shin Beth, le service de sécurité intérieure ».
Parallèlement, un sondage rendu public hier soir par la chaîne de la Knesset (le parlement israélien) révèle que 12 % des Israéliens ne croient pas à la version officielle (1) selon laquelle l’ancien Premier ministre a été assassiné par Yigal Amir. Une théorie du complot que l’on rencontre pour l’essentiel dans les rangs de l’extrême droite israélienne...
Le principal théoricien du complot sur la mort de Rabin s’appelle Barry Chamish. Proche des réseaux négationnistes (il côtoie notamment le pro-nazi américain Willis Carto ou encore le blogueur conspirationniste Jeff Rense), ce conférencier israélo-canadien est l’auteur d’un brûlot conspirationniste intitulé Qui a tué Itshak Rabin ?, publié en français en 1999 aux éditions François-Xavier de Guisbert (2). Il y accuse Shimon Peres, actuel président de l’Etat d’Israël, d’être l’instigateur direct de l’assassinat de Rabin. Selon Chamish, l’attentat aurait été conçu à l’origine comme une mise en scène dans laquelle Yigal Amir aurait servi de bouc émissaire et dont le but aurait été de discréditer la droite israélienne opposée aux accords de paix d’Oslo.
Ancien champion de Scrabble, passionné par les ovnis, Barry Chamish soutient sur son site tout un tas de théories du complot allant de l’implication occulte des services israéliens dans les attentats du 11 septembre 2001 à celle des Rothschild dans la Shoah. Il semble avoir développé une aversion toute particulière à l’endroit de Shimon Peres qu’il accuse d’être derrière le crash de l’avion de John Kennedy Junior, d’avoir fait inoculer le virus du sida à la chanteuse israélienne Ofra Haza (afin de la « réduire au silence » !) ou encore d’avoir fait assassiner le congressiste américain Wayne Owens, terrassé par une crise cardiaque en 2002 lors d’un voyage en Israël. Notons que Chamish est cité – et même encensé (3) – par Gordon Thomas, l’auteur d’un best-seller sur le Mossad mêlant tout à la fois des sources de qualité, des rumeurs non vérifiés et des spéculations douteuses.
Toujours est-il qu'une fraction du public israélien croit fermement à la théorie du complot sur la mort de Rabin. Parmi ceux qui s'en font les propagateurs, on retrouve en particulier les deux hommes qui sont à l’origine de la controverse autour du reportage de Charles Enderlin sur la mort de Mohammed Al-Dura : l’ancien tireur d’élite de Tsahal, Yosef Doriel, et le physicien Nahum Shahaf. Ce dernier, qui a participé à une conférence organisée en 2001 à Jérusalem en compagnie de Chamish, prétend détenir la preuve de l’innocence de Yigal Amir. Selon lui, la vidéo de l’assassinat, tournée par un amateur au moment du drame, serait un faux et Rabin aurait en réalité été assassiné par des tireurs postés à un autre endroit.
La Commission d’enquête sur l’assassinat d’Yitzhak Rabin, présidée par le Président de la Cour suprême, Meïr Shamgar, n’a jamais trouvé le moindre début de preuve allant dans le sens d’une conspiration d’Etat autour de l’assassinat de Rabin. Quant à Yigal Amir, il a avoué son crime et a collaboré à la reconstitution de l'attentat pour lequel il n’a jamais exprimé aucun regret.
Notes :
(1) Selon le sondage, 66 % des Israéliens sont convaincus que Rabin a bel et bien été assassiné par Yigal Amir.
(2) La traduction en français a été assurée par Pierre Lurçat, alias Paul Landau.
(3) Gordon Thomas n’hésite pas par exemple à faire l’éloge de « la vision claire et toujours puissante [de Chamish] concernant les événements du Moyen-Orient » : « Barry Chamish rises above the climate of half-truths, innuendos and spin-doctoring to produce a clear and always powerful insight into events in the Middle East. He deserves to be read by all those who care about the future of Israel. He flinches at nothing, spares no one and is a constant reminder that there is no substitute for the truth. Read him and give thanks for all he has written ».
Voir aussi :
Alors qu’Israël s’apprête à commémorer le 15ème anniversaire de la mort d’Yitzhak Rabin, assassiné le 4 novembre 1995 par l'extrémiste juif religieux Yigal Amir, l’AFP rapporte que la radio Aroutz Sheva a « lancé récemment une campagne invitant ses auditeurs à apporter leurs "contributions" sur les zones d'ombre qui entourent encore l'assassinat ». « Cette opération, poursuit l’AFP, a pour objectif d'étayer les thèses du complot, selon lesquelles Yitzhak Rabin n'aurait pas été la cible d'un extrémiste de droite mais la victime de sombres manœuvres ourdies par des cadres du Shin Beth, le service de sécurité intérieure ».
Parallèlement, un sondage rendu public hier soir par la chaîne de la Knesset (le parlement israélien) révèle que 12 % des Israéliens ne croient pas à la version officielle (1) selon laquelle l’ancien Premier ministre a été assassiné par Yigal Amir. Une théorie du complot que l’on rencontre pour l’essentiel dans les rangs de l’extrême droite israélienne...
Le principal théoricien du complot sur la mort de Rabin s’appelle Barry Chamish. Proche des réseaux négationnistes (il côtoie notamment le pro-nazi américain Willis Carto ou encore le blogueur conspirationniste Jeff Rense), ce conférencier israélo-canadien est l’auteur d’un brûlot conspirationniste intitulé Qui a tué Itshak Rabin ?, publié en français en 1999 aux éditions François-Xavier de Guisbert (2). Il y accuse Shimon Peres, actuel président de l’Etat d’Israël, d’être l’instigateur direct de l’assassinat de Rabin. Selon Chamish, l’attentat aurait été conçu à l’origine comme une mise en scène dans laquelle Yigal Amir aurait servi de bouc émissaire et dont le but aurait été de discréditer la droite israélienne opposée aux accords de paix d’Oslo.
Ancien champion de Scrabble, passionné par les ovnis, Barry Chamish soutient sur son site tout un tas de théories du complot allant de l’implication occulte des services israéliens dans les attentats du 11 septembre 2001 à celle des Rothschild dans la Shoah. Il semble avoir développé une aversion toute particulière à l’endroit de Shimon Peres qu’il accuse d’être derrière le crash de l’avion de John Kennedy Junior, d’avoir fait inoculer le virus du sida à la chanteuse israélienne Ofra Haza (afin de la « réduire au silence » !) ou encore d’avoir fait assassiner le congressiste américain Wayne Owens, terrassé par une crise cardiaque en 2002 lors d’un voyage en Israël. Notons que Chamish est cité – et même encensé (3) – par Gordon Thomas, l’auteur d’un best-seller sur le Mossad mêlant tout à la fois des sources de qualité, des rumeurs non vérifiés et des spéculations douteuses.
Toujours est-il qu'une fraction du public israélien croit fermement à la théorie du complot sur la mort de Rabin. Parmi ceux qui s'en font les propagateurs, on retrouve en particulier les deux hommes qui sont à l’origine de la controverse autour du reportage de Charles Enderlin sur la mort de Mohammed Al-Dura : l’ancien tireur d’élite de Tsahal, Yosef Doriel, et le physicien Nahum Shahaf. Ce dernier, qui a participé à une conférence organisée en 2001 à Jérusalem en compagnie de Chamish, prétend détenir la preuve de l’innocence de Yigal Amir. Selon lui, la vidéo de l’assassinat, tournée par un amateur au moment du drame, serait un faux et Rabin aurait en réalité été assassiné par des tireurs postés à un autre endroit.
La Commission d’enquête sur l’assassinat d’Yitzhak Rabin, présidée par le Président de la Cour suprême, Meïr Shamgar, n’a jamais trouvé le moindre début de preuve allant dans le sens d’une conspiration d’Etat autour de l’assassinat de Rabin. Quant à Yigal Amir, il a avoué son crime et a collaboré à la reconstitution de l'attentat pour lequel il n’a jamais exprimé aucun regret.
Notes :
(1) Selon le sondage, 66 % des Israéliens sont convaincus que Rabin a bel et bien été assassiné par Yigal Amir.
(2) La traduction en français a été assurée par Pierre Lurçat, alias Paul Landau.
(3) Gordon Thomas n’hésite pas par exemple à faire l’éloge de « la vision claire et toujours puissante [de Chamish] concernant les événements du Moyen-Orient » : « Barry Chamish rises above the climate of half-truths, innuendos and spin-doctoring to produce a clear and always powerful insight into events in the Middle East. He deserves to be read by all those who care about the future of Israel. He flinches at nothing, spares no one and is a constant reminder that there is no substitute for the truth. Read him and give thanks for all he has written ».
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