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L’affaire DSK, un an après

Publié par Rudy Reichstadt15 mai 2012,

L’affaire DSK, un an après
L’arrestation de Dominique Strauss-Kahn le 14 mai 2011 a littéralement sidéré l’opinion publique française et mondiale. Un an plus tard, malgré les révélations du New York Times discréditant le témoignage de la femme de chambre du Sofitel de New York et l’abandon des poursuites pénales contre DSK, la théorie du complot a pris du plomb dans l’aile.

L’ancien favori socialiste a en effet reconnu publiquement avoir eu une « relation inappropriée » avec Nafissatou Diallo avant d’être mis en examen pour complicité de proxénétisme aggravé en bande organisée dans l’affaire du Carlton de Lille. Comme le relève Le Point dans un article démontant brillamment la thèse complotiste, « rien ne permet aujourd'hui d'établir qu'une embuscade ait été tendue à Dominique Strauss-Kahn au Sofitel ». Une thèse très fortement suggérée par l'Américain Edward J. Epstein dans un texte paru fin 2011 dans la New York Review of Books. Du reste, DSK lui-même ne croit pas à une telle version : s'il pense que ses adversaires politiques ont pu « orchestrer » les retombées de l’affaire du Sofitel afin de mieux précipiter sa chute, il ne croit pas qu’un complot a eu lieu avant les faits eux-mêmes.

Est-ce à dire que le sondage CSA révélant quatre jours après l’arrestation de l’ancien directeur général du FMI que 57 % des Français accordaient du crédit à l'existence d'un complot signifiait qu’une majorité de Français étaient atteints de complotite ? Ce serait aller vite en besogne. La stupéfaction devant les images en provenance des Etats-Unis et la carence de l'information (DSK n'avait pas encore livré sa version des faits ni même comparu devant un juge) semblent avoir favorisé une réaction à chaud dans laquelle on devrait lire l'expression d'une incrédulité plutôt que l'adhésion à une théorie du complot, laquelle suppose une mise en récit, absente en l'espèce.

Pour avoir un aperçu de ce qu'est vraiment une vision conspirationniste du monde, il convient de se pencher sur le traitement que la complosphère a réservé à l'affaire DSK. Prenant à revers les dénonciateurs patentés du « Nouvel Ordre Mondial », pour qui le directeur du FMI symbolisait tout ce qu’ils adorent détester, l'arrestation de Strauss-Kahn a dans un premier temps suscité une sourde perplexité. A la perplexité a succédé l’exultation : le 16 mai 2011, le site « rouge-brun » Le Grand Soir.info, animé par Viktor Dedaj et Maxime Vivas, titre ainsi : « Un président de la République française potentiel sioniste vient de tomber ! ». Puis, les vieilles obsessions revenant au galop, la théorie du complot a repris ses droits : toute la séquence a été réinterprétée à l’aune d’une conspiration des puissants tirant les ficelles en coulisses. Le Grand Soir.info explique que Dominique Strauss-Kahn a en fait été « piégé » par une « coalition des banquiers occidentaux » car il « était en train de modifier le cours du FMI ». Dans la même veine, Thierry Meyssan, le président du Réseau Voltaire, aujourd’hui au service de la « Résistance libanaise » – comprendre : le Hezbollah –, voit dans l’affaire du Sofitel une « opération de sécurité nationale US visant à empêcher la création d’une nouvelle monnaie de réserve internationale », « un projet paradoxalement attendu par les États émergents tout autant que par la finance apatride (sic), mais refusé par le complexe militaro industriel israélo-états-unien ».

Voir aussi :
* Quelques commentaires sur l’affaire DSK

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L’arrestation de Dominique Strauss-Kahn le 14 mai 2011 a littéralement sidéré l’opinion publique française et mondiale. Un an plus tard, malgré les révélations du New York Times discréditant le témoignage de la femme de chambre du Sofitel de New York et l’abandon des poursuites pénales contre DSK, la théorie du complot a pris du plomb dans l’aile.

L’ancien favori socialiste a en effet reconnu publiquement avoir eu une « relation inappropriée » avec Nafissatou Diallo avant d’être mis en examen pour complicité de proxénétisme aggravé en bande organisée dans l’affaire du Carlton de Lille. Comme le relève Le Point dans un article démontant brillamment la thèse complotiste, « rien ne permet aujourd'hui d'établir qu'une embuscade ait été tendue à Dominique Strauss-Kahn au Sofitel ». Une thèse très fortement suggérée par l'Américain Edward J. Epstein dans un texte paru fin 2011 dans la New York Review of Books. Du reste, DSK lui-même ne croit pas à une telle version : s'il pense que ses adversaires politiques ont pu « orchestrer » les retombées de l’affaire du Sofitel afin de mieux précipiter sa chute, il ne croit pas qu’un complot a eu lieu avant les faits eux-mêmes.

Est-ce à dire que le sondage CSA révélant quatre jours après l’arrestation de l’ancien directeur général du FMI que 57 % des Français accordaient du crédit à l'existence d'un complot signifiait qu’une majorité de Français étaient atteints de complotite ? Ce serait aller vite en besogne. La stupéfaction devant les images en provenance des Etats-Unis et la carence de l'information (DSK n'avait pas encore livré sa version des faits ni même comparu devant un juge) semblent avoir favorisé une réaction à chaud dans laquelle on devrait lire l'expression d'une incrédulité plutôt que l'adhésion à une théorie du complot, laquelle suppose une mise en récit, absente en l'espèce.

Pour avoir un aperçu de ce qu'est vraiment une vision conspirationniste du monde, il convient de se pencher sur le traitement que la complosphère a réservé à l'affaire DSK. Prenant à revers les dénonciateurs patentés du « Nouvel Ordre Mondial », pour qui le directeur du FMI symbolisait tout ce qu’ils adorent détester, l'arrestation de Strauss-Kahn a dans un premier temps suscité une sourde perplexité. A la perplexité a succédé l’exultation : le 16 mai 2011, le site « rouge-brun » Le Grand Soir.info, animé par Viktor Dedaj et Maxime Vivas, titre ainsi : « Un président de la République française potentiel sioniste vient de tomber ! ». Puis, les vieilles obsessions revenant au galop, la théorie du complot a repris ses droits : toute la séquence a été réinterprétée à l’aune d’une conspiration des puissants tirant les ficelles en coulisses. Le Grand Soir.info explique que Dominique Strauss-Kahn a en fait été « piégé » par une « coalition des banquiers occidentaux » car il « était en train de modifier le cours du FMI ». Dans la même veine, Thierry Meyssan, le président du Réseau Voltaire, aujourd’hui au service de la « Résistance libanaise » – comprendre : le Hezbollah –, voit dans l’affaire du Sofitel une « opération de sécurité nationale US visant à empêcher la création d’une nouvelle monnaie de réserve internationale », « un projet paradoxalement attendu par les États émergents tout autant que par la finance apatride (sic), mais refusé par le complexe militaro industriel israélo-états-unien ».

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à propos de l'auteur
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Rudy Reichstadt
Directeur de Conspiracy Watch, Rudy Reichstadt est expert associé à la Fondation Jean-Jaurès et chroniqueur pour l'hebdomadaire Franc-Tireur. Co-auteur du film documentaire « Complotisme : les alibis de la terreur », il a publié chez Grasset L'Opium des imbéciles. Essai sur la question complotiste (2019) et Au cœur du complot (2023) et a co-dirigé Histoire politique de l'antisémitisme en France. De 1967 à nos jours, chez Robert Laffont (2024). Il a également participé à l'élaboration du rapport « Les Lumières à l’ère numérique » dans le cadre de la commission Bronner (2022). Depuis 2021, il co-anime le podcast « Complorama » sur France Info.
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