Le procès pour négationnisme et incitation à la haine raciale qui s'est ouvert mercredi à Potsdam, près de Berlin, serait tristement banal, n'eût été la personnalité du prévenu. Car, à 72 ans, Horst Mahler n'est pas seulement un ténor de la cause néonazie en Allemagne. Il fut, avant cette "reconversion", l'un des terroristes d'extrême gauche les plus recherchés en sa qualité de cofondateur de la Fraction armée rouge (RAF), la Bande à Baader.
L'engagement initial de cet avocat qui mit ses talents oratoires au service de ses causes successives, est typique de la génération d'après-guerre. Fils de nazis militants, Mahler plonge dans le gauchisme par réaction contre les convictions de ses parents, puis dans la clandestinité et la lutte armée, partant du principe selon lequel "avec les laquais du capitalisme, on de dialogue pas. On tire".
Négation de l'Holocauste
S'ensuit un parcours classique suivi à l'époque par quelques dizaines de desperados : rencontre avec Andreas Baader et Gudrun Ensslin, le couple emblématique des années de plomb, série de braquages destinés à financer la cause, participation à une évasion de Baader, fuite dans les camps palestiniens de Jordanie et... prison, où il restera dix ans.
C'est au début des années quatre-vingts que son curriculum vitae prend un tour singulier. Son avocat, le futur chancelier Gerhard Schröder, obtient sa libération anticipée et sa réintégration au barreau. Mais durant sa détention, Mahler a changé d'extrémisme. Il devient l'avocat attitré du parti néonazi NPD, multiplie les déclarations niant l'Holocauste et les saillies antisémites qui lui valent autant de procès qu'il transforme immanquablement en tribunes. Celui de Potsdam ne devrait pas faire exception.
Si inhabituel soit-il, ce passage du rouge au brun n'est pas totalement incohérent, compte tenu des dénominateurs communs : la haine de la démocratie, un antisionisme initial qui, chez Mahler, s'est mué en antisémitisme frénétique, un anti-américanisme qui se nourrissait hier de l'hostilité à la guerre du Vietnam, aujourd'hui à l'intervention en Irak, et qui l'a incité à qualifier les attentats du 11 Septembre de "cruels, mais justifiés".
Source :
Yves Cornu, « Allemagne : l'extrémiste Horst Mahler devant les juges », Le Point.fr, 9 octobre 2008.
Le procès pour négationnisme et incitation à la haine raciale qui s'est ouvert mercredi à Potsdam, près de Berlin, serait tristement banal, n'eût été la personnalité du prévenu. Car, à 72 ans, Horst Mahler n'est pas seulement un ténor de la cause néonazie en Allemagne. Il fut, avant cette "reconversion", l'un des terroristes d'extrême gauche les plus recherchés en sa qualité de cofondateur de la Fraction armée rouge (RAF), la Bande à Baader.
L'engagement initial de cet avocat qui mit ses talents oratoires au service de ses causes successives, est typique de la génération d'après-guerre. Fils de nazis militants, Mahler plonge dans le gauchisme par réaction contre les convictions de ses parents, puis dans la clandestinité et la lutte armée, partant du principe selon lequel "avec les laquais du capitalisme, on de dialogue pas. On tire".
Négation de l'Holocauste
S'ensuit un parcours classique suivi à l'époque par quelques dizaines de desperados : rencontre avec Andreas Baader et Gudrun Ensslin, le couple emblématique des années de plomb, série de braquages destinés à financer la cause, participation à une évasion de Baader, fuite dans les camps palestiniens de Jordanie et... prison, où il restera dix ans.
C'est au début des années quatre-vingts que son curriculum vitae prend un tour singulier. Son avocat, le futur chancelier Gerhard Schröder, obtient sa libération anticipée et sa réintégration au barreau. Mais durant sa détention, Mahler a changé d'extrémisme. Il devient l'avocat attitré du parti néonazi NPD, multiplie les déclarations niant l'Holocauste et les saillies antisémites qui lui valent autant de procès qu'il transforme immanquablement en tribunes. Celui de Potsdam ne devrait pas faire exception.
Si inhabituel soit-il, ce passage du rouge au brun n'est pas totalement incohérent, compte tenu des dénominateurs communs : la haine de la démocratie, un antisionisme initial qui, chez Mahler, s'est mué en antisémitisme frénétique, un anti-américanisme qui se nourrissait hier de l'hostilité à la guerre du Vietnam, aujourd'hui à l'intervention en Irak, et qui l'a incité à qualifier les attentats du 11 Septembre de "cruels, mais justifiés".
Source :
Yves Cornu, « Allemagne : l'extrémiste Horst Mahler devant les juges », Le Point.fr, 9 octobre 2008.
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