Tweets moyenâgeux, parallèles douteux et théories du complot fumeuses : les réactions de la complosphère à la constitutionnalisation de l'IVG ne sont pas surprenantes mais rappellent que le complotisme constitue une véritable menace pour les droits des femmes.
De nombreux influenceurs (extrême droite, antivax, intégristes, traditionnalistes, identitaires...) se sont emparés des discours anti-avortement pour les mêler à leurs obsessions complotistes. Un constat déjà effectué en juin 2022, alors que la Cour suprême des États-Unis abrogeait l'arrêt Roe vs Wade.
Deux ans plus tard, à l'occasion de l'inscription de l'IVG dans la constitution française, les réactions de la complosphère sont globalement similaires comme en témoigne par exemple ce tweet d'Alexandre Juving-Brunet, qualifiant la « loi passée » de « crachat à la face de Dieu ».
L'ancien sénateur Yves Pozzo Di Borgo estime que la constitutionnalisation de l'IVG « relance la Peine de Mort des innocents ! ». Quant à Philippe de Villiers, il déplore que « l'homicide des innocents soit désormais inscrit au fronton de la République ». « Ne tâchez pas du sang d'innocents la Constitution de la France » abonde la généticienne antivax Alexandra Henrion-Caude.
De son côté, Bertrand Scholler assure que les parlementaires ont « signé un pacte avec le DIABLE » dans un tweet teinté d'une homophobie crasse.
Dans les sphères covido-sceptiques, on ne peut s'empêcher de faire le parallèle avec... le vaccin ! Béatrice Rosen, chroniqueuse dans l'émission « Touche pas à mon poste ! », souligne que si votre « corps vous appartient », ils « l'ont oublié pendant la crise sanitaire ».
Aldo Sterone est plus direct : « Mon corps mon choix, vous n’y pensez que pour l’avortement. Quand il s’agit de fourguer des vaccins expérimentaux de chez Pfizer, on n’entendait pas trop le respect des femmes et des hommes. »
Surtout, la constitutionnalisation de l'IVG sert d'occasion pour réactiver des théories du complot sur l'avortement. Certains, à l'instar de Francis Lalanne, imaginent un business mondial de fœtus avortés orchestré par les « satanistes » et les « pédo-mondialistes ».
Le désinformateur santé Jérémie Mercier nous informe que Macron ressent « le besoin d'inscrire l'IVG dans la constitution » pour « préserver » le « marché autour des "matières premières" issues de fœtus avortés ».
Il est rejoint par l'ancien journaliste Richard Boutry, qui sous-entend que la constitutionnalisation de l'IVG est un acte « sataniste ». Puis s'interroge : « Comment un médecin pourra-t-il sortir sans avoir le cœur brisé un bébé du ventre de sa mère. Est-ce pour le sang ? Pour la génétique ? Pour tout simplement récupérer des organes ? On est en droit de se poser la question. »
Nous faisant part de ses réflexions antisémites (et illustrant, encore une fois, les errances de modération de X, la plateforme d'Elon Musk), le négationniste Hervé Ryssen partage un visuel montrant des femmes blanches voulant avorter et des femmes noires sur le point d'accoucher. Il réactualise ainsi l'une des déclinaisons de la théorie raciste du « Grand Remplacement » qui associe l'IVG à un plan visant à impacter volontairement la fertilité des femmes blanches. Même son de cloche chez Alain Escada, fondateur de Civitas, qui incrimine la « secte maçonnique », responsable, selon lui « du grave déclin démographique » - prétendument attribué à l'avortement - « que ceux qui nous gouvernent prétendront encore compenser par toujours plus d'immigration ». Et conclut : « Le plan mondialiste de dépopulation poursuit ainsi son chemin. »
« On est dans un monde sataniste ! » En plus d'être nauséabonde, la réaction de l'ex journaliste Richard Boutry à #IVGconstitution mêle désinformation, panique morale et complotisme.
▶️https://t.co/ua15h59w7n https://t.co/2Jh1lnnMYu pic.twitter.com/8zlJPsVBvA
— Victor Mottin (@mtnn_Victor) March 6, 2024
En 2022, notre collaborateur Victor Mottin rappelait dans un article pour Usbek & Rica l'étendue des fantasmes de l'extrême droite française concernant le droit à l'IVG, perçu comme étant l'instrument d’un dépeuplement des populations dites « européennes ». En témoigne la tirade de Jacques Bompard à l’Assemblée Nationale en 2016, s'indignant du projet d’élargissement de la loi sur l’entrave à l’IVG, symptomatique selon lui du fait que l’Assemblée a « préféré le grand remplacement à la politique de natalité ». Preuve, s'il en fallait, que les discours complotistes sont une menace pour les droits des femmes.
De nombreux influenceurs (extrême droite, antivax, intégristes, traditionnalistes, identitaires...) se sont emparés des discours anti-avortement pour les mêler à leurs obsessions complotistes. Un constat déjà effectué en juin 2022, alors que la Cour suprême des États-Unis abrogeait l'arrêt Roe vs Wade.
Deux ans plus tard, à l'occasion de l'inscription de l'IVG dans la constitution française, les réactions de la complosphère sont globalement similaires comme en témoigne par exemple ce tweet d'Alexandre Juving-Brunet, qualifiant la « loi passée » de « crachat à la face de Dieu ».
L'ancien sénateur Yves Pozzo Di Borgo estime que la constitutionnalisation de l'IVG « relance la Peine de Mort des innocents ! ». Quant à Philippe de Villiers, il déplore que « l'homicide des innocents soit désormais inscrit au fronton de la République ». « Ne tâchez pas du sang d'innocents la Constitution de la France » abonde la généticienne antivax Alexandra Henrion-Caude.
De son côté, Bertrand Scholler assure que les parlementaires ont « signé un pacte avec le DIABLE » dans un tweet teinté d'une homophobie crasse.
Dans les sphères covido-sceptiques, on ne peut s'empêcher de faire le parallèle avec... le vaccin ! Béatrice Rosen, chroniqueuse dans l'émission « Touche pas à mon poste ! », souligne que si votre « corps vous appartient », ils « l'ont oublié pendant la crise sanitaire ».
Aldo Sterone est plus direct : « Mon corps mon choix, vous n’y pensez que pour l’avortement. Quand il s’agit de fourguer des vaccins expérimentaux de chez Pfizer, on n’entendait pas trop le respect des femmes et des hommes. »
Surtout, la constitutionnalisation de l'IVG sert d'occasion pour réactiver des théories du complot sur l'avortement. Certains, à l'instar de Francis Lalanne, imaginent un business mondial de fœtus avortés orchestré par les « satanistes » et les « pédo-mondialistes ».
Le désinformateur santé Jérémie Mercier nous informe que Macron ressent « le besoin d'inscrire l'IVG dans la constitution » pour « préserver » le « marché autour des "matières premières" issues de fœtus avortés ».
Il est rejoint par l'ancien journaliste Richard Boutry, qui sous-entend que la constitutionnalisation de l'IVG est un acte « sataniste ». Puis s'interroge : « Comment un médecin pourra-t-il sortir sans avoir le cœur brisé un bébé du ventre de sa mère. Est-ce pour le sang ? Pour la génétique ? Pour tout simplement récupérer des organes ? On est en droit de se poser la question. »
Nous faisant part de ses réflexions antisémites (et illustrant, encore une fois, les errances de modération de X, la plateforme d'Elon Musk), le négationniste Hervé Ryssen partage un visuel montrant des femmes blanches voulant avorter et des femmes noires sur le point d'accoucher. Il réactualise ainsi l'une des déclinaisons de la théorie raciste du « Grand Remplacement » qui associe l'IVG à un plan visant à impacter volontairement la fertilité des femmes blanches. Même son de cloche chez Alain Escada, fondateur de Civitas, qui incrimine la « secte maçonnique », responsable, selon lui « du grave déclin démographique » - prétendument attribué à l'avortement - « que ceux qui nous gouvernent prétendront encore compenser par toujours plus d'immigration ». Et conclut : « Le plan mondialiste de dépopulation poursuit ainsi son chemin. »
« On est dans un monde sataniste ! » En plus d'être nauséabonde, la réaction de l'ex journaliste Richard Boutry à #IVGconstitution mêle désinformation, panique morale et complotisme.
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— Victor Mottin (@mtnn_Victor) March 6, 2024
En 2022, notre collaborateur Victor Mottin rappelait dans un article pour Usbek & Rica l'étendue des fantasmes de l'extrême droite française concernant le droit à l'IVG, perçu comme étant l'instrument d’un dépeuplement des populations dites « européennes ». En témoigne la tirade de Jacques Bompard à l’Assemblée Nationale en 2016, s'indignant du projet d’élargissement de la loi sur l’entrave à l’IVG, symptomatique selon lui du fait que l’Assemblée a « préféré le grand remplacement à la politique de natalité ». Preuve, s'il en fallait, que les discours complotistes sont une menace pour les droits des femmes.
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