L’auteur : Andreas Pantazopoulos est professeur associé au sein de l’Université Aristote de Thessalonique.
Le « oui » au référendum macédonien du 30 septembre l’a emporté à 90% des voix mais avec seulement 36% de participation, un score insuffisant pour valider un scrutin qui, en soldant un vieux contentieux avec la Grèce voisine, aurait permis d’ouvrir la voie à une adhésion de l’Ancienne République yougoslave de Macédoine (ARYM) à l’Union européenne et à l’OTAN. Dans les milieux nationalistes grecs, l’affaire a donné lieu à un déferlement de conspirationnisme antisémite sans précédent...
Si la question macédonienne, c’est-à-dire l’accord passé entre la Grèce et l’Ancienne République yougoslave de Macédoine (ARYM) concernant la reconnaissance du nom de « Macédoine du Nord » à ce pays, a fourni à l’extrême droite grecque, toutes tendances confondues, l’occasion d’exprimer son ethnicisme radical, ce dernier s’est aussi caractérisé par une dimension judéophobe assimilant antijudaïsme et « antisionisme ». Même les plus réticents à admettre cette réalité, déjà présente lors des premières mobilisations du début de l’année 2018 à Thessalonique et à Athènes, doivent bien finir par le voir clairement.
Les banderoles brandies lors de la mobilisation à Thessalonique le 9 septembre 2018, à l’occasion de l’ouverture de l’Exposition internationale annuelle, étaient particulièrement explicites : « Ici c’est la Grèce, ici c’est l’Orthodoxie. Mort au Sionisme » ; « Killuminati » ; « Rothschild, ta fin est proche... » ; « Talmud, Kabbale, the Enemy of the Humanity » ; « Against New World Order ».
C’est peut-être la première fois qu’une mobilisation nationaliste (non dénuée d’une composante ethno-régionaliste), qui se voulait officiellement au-dessus des partis politiques mais disposait de l’appui informel des factions fondamentalistes de l’Église orthodoxe et des groupuscules d’extrême droite, a véhiculé au grand jour la judéophobie complotiste, et ce, de façon massive, avec une visibilité hors du commun. On a assisté à un déferlement des passions anti-juives qui jusqu’à maintenant étaient cantonnées à des articles dans les journaux d’extrême droite. Un déferlement qui tente de devenir une « force matérielle », sinon de pouvoir, du moins comme clef d’une critique radicale des élites du pouvoir, du gouvernement mais aussi de l’opposition, si l’on prend en compte un autre slogan de la manifestation : « La Macédoine est grecque, voyous, traîtres, politiciens ».
Même s’il serait abusif d’attribuer à l’ensemble de ces manifestations des relents judéophobes, on ne saurait ignorer ou minimiser ces comportements. Lors d’une autre manifestation sur le même sujet à Thessalonique en juin dernier, on a assisté à la profanation du monument commémorant la mémoire de la Shoah par des « inconnus » qui se sont détachés du défilé et ont jeté de la peinture.
Ainsi cette « nouvelle question macédonienne » semble-t-elle condenser, sinon en son centre, du moins dans ses larges marges, des discours et des comportements biens connus sur d’autres terrains. Pour l’organisation néonazie de l’Aube Dorée, cette question illustre « l’altération de notre Histoire, qui a été écrite en lettres de sang et se trouve remplacée par les marchandages des escrocs de l’impérialisme sioniste, des mouchards de l’OTAN, des anciens idéologues du Parti communiste de Grèce et des trafiquants d’argent sale » [1]. L’altération de l’Histoire viserait aussi à abolir la souveraineté grecque : « OTAN, Albanie, Turquie, Skopje sapent méthodiquement, systématiquement, avec assiduité et selon un plan stratégique nos droits souverains et notre indépendance nationale et sont impliqués dans un Armageddon géopolitique qui a pour but d’amputer la Grèce » [2].
L’orchestration de la conspiration a un arrière-plan historique qui remonte à l’entre-deux-guerres, au leader syndicaliste juif grec Abraham Benaroya, et va jusqu’à George Soros :
« Il est évident que l’OTAN, les dirigeants de Skopje et certains traîtres à Athènes manigancent tout en fonction des intérêts de leurs chefs qui siègent au "Deep State" sioniste de Washington. [...] Le pseudo-État de Skopje, dont le nom est contesté sur le plan international par tous les spécialistes, a planifié une énorme et dispendieuse campagne de propagande mondiale pour faire consacrer le nom de Macédoine, avec comme principal sponsor le fameux George Soros. Soros a bénéficié de l’appui d’Elliott Abrams, haut fonctionnaire au Conseil national de sécurité des États-Unis, et de David Freed, sous-secrétaire d’État, qui a découvert une nation "macédonienne" et une langue "macédonienne". Bien sûr, nous n’omettrons pas de mentionner dans tout ce complexe celui qui a été le "négociateur" entre la Grèce et Skopje pour l’appellation, Matthew Nimetz, dont toutes les propositions jouent entièrement en faveur de Skoipje, non plus que le créateur et inspirateur de la "question macédonienne", qui n’est autre que le fondateur du Parti communiste de Grèce Abraham Benaroya, qui a posé le problème d’une autonomie macédonienne dès l’époque de la dissolution de l’Empire ottoman » [3].
Par conséquent, puisque « rien n’est dû au hasard », puisque « tout est lié » [4], « l’amputation de la Grèce » fait partie des plans de « l’impérialisme sioniste » international :
« Qu’ont de commun Tito, Albright, Soros, Abrams, Freed, Nimetz et Benaroya ? Quel centre commun de pouvoir les dirige ? Ils font tous partie du système impérialiste sioniste international. [...] L’objectif final des sionistes est le désarmement culturel de la Grèce – un désarmement qui entraînera plus ou moins vite le démantèlement et le retour de la Grèce à ses frontières d’avant les guerres balkaniques, puisque déjà les Turcs et les Albanais contestent la mer Égée, la Thrace, l’Épire et Chypre – et le contrôle total par le Nouvel Ordre de la partie qui restera [...] » [5]. Tout a été décidé à l’avance « par le para-État sioniste de Washington. » [6]
Au-delà de la question macédonienne
Cette manière d’aborder la question macédonienne illustre clairement la judéophobie fondatrice de l’organisation néonazie, qui considère en fait que les événements actuels, sur tous les plans, sont guidés en sous-main par le « sionisme », par les « Rothschild », et, en tout cas, que le sort de la Grèce est dicté par les « sionistes ». Dans une conférence de presse tenue tout de suite après la fameuse manifestation de Thessalonique, le leader de l’Aube Dorée, Nikolaos Michaloliakos, a soutenu que « la mondialisation est fomentée par des appareils occultes qui détiennent l’argent mondial, qui veulent détruire les nations et les patries et pour cette raison veulent des millions d’immigrés clandestins en Europe et en Grèce » [7]
Cette conception complotiste va trouver son jumeau judéophobe. Évoquant la situation qui règne dans le pays depuis la fin des plans d’aide, Michaloliakos poursuit :
« Il faudrait enfin créer une banque nationale pour rembourser les agriculteurs, les entrepreneurs, les industries. Et malheureusement, il faut le dire, il n’y a pas eu, jamais, de banque nationale de la Grèce. Dès sa fondation, la Banque de Grèce, qui avait la responsabilité de la monnaie […], a eu comme actionnaires des étrangers, des corbeaux, des usuriers internationaux qui avaient le contrôle de l’économie. Syriza, dans son programme de gouvernement, et Dragasakis (l’actuel ministre du Développement) avaient évoqué au Parlement la création d’une monnaie parallèle, vous vous en souvenez, il n’en a rien été. Cette année ils ont passé un accord avec les Rothschild, [prévoyant] que quand l’État gagnera de l’argent sur le marché, les Rothschild prendront un pourcentage. Cela veut dire que maintenant que le plan d’aide est supposé terminé et que nous allons sortir sur les marchés […], auquel cas l’État grec récoltera de l’argent, les Rothschild prendront aussi leur pourcentage. » [8]
Les Protocoles des Sages de Sion, la mondialisation « sioniste », l’islamisme
Et pour qu’il ne subsiste aucune ambiguïté possible concernant les véritables « maîtres » du monde et de la Grèce, un article paru sur le site de l’organisation néonazie nous informe que, le 6 septembre 2018, le parti a tenu une réunion dans les locaux d’une organisation locale du parti des banlieues sud d’Athènes à propos des Protocoles des Sages de Sion, un célèbre faux décrivant un plan de domination du monde par les Juifs. Quelques jours plus tard, le site de cette organisation locale a publié un compte-rendu du discours prononcé sur les Protocoles. Il vaut la peine de suivre la « logique » de ce récit de facture démonologique qui désigne l’ennemi à abattre :
« Au cours de son discours, notre camarade a mentionné certains points fondamentaux de ces textes, publiés pour la première fois par le professeur russe Serge Nilus, provoquant une multitude de réactions, et il les a mis en parallèle avec la situation actuelle et les mouvements tactiques du sionisme pour établir sa mainmise sur le monde.
La lecture d’extraits des Protocoles a clairement montré que le sionisme international avait programmé la plaie des nations au moyen d’une multitude de tactiques qu’il a mises en œuvre pendant des décennies de manière progressive, insidieuse et méthodique, en utilisant les individus appropriés comme pions à des postes clés.
Dégradation de l’éducation, immigration clandestine, marasme économique et coups portés à la production primaire nationale et à l’industrie des nations, imposition de systèmes politiques corrompus avec des gouvernants toujours contrôlés, utilisation des médias (dirigés par ces mêmes personnes) comme moyens de propagande et pour engourdir le peuple, ne sont que certaines de ces pratiques, dont le texte des Protocoles décrit avec une précision horrifiante l’intention de les appliquer.
Le sionisme tire les ficelles au niveau international, influençant à son profit des situations imbriquées et des relations entre les États, et cela aussi apparaît clairement dans ces textes tragiques. L’instauration de sa mainmise sur le monde était désormais une voie à sens unique, où les mouvements et les plans étudiés à l’avance étaient appliqués de manière insidieuse, de sorte que le noyau sain des nations n’ait que des marges très réduites de réaction.
La publication des textes des Protocoles a désormais révélé sans démenti possible que les maux qui ont frappé tous les domaines d’une vie économique saine ne sont pas du tout fortuits et que, en toute logique, les sionistes ont tenté de les démystifier, mais en vain, car "rien ne peut demeurer secret sous le soleil". Les plans d’un nouvel ordre des choses sont désormais connus et il est du devoir de chaque nation dotée d’une conscience de résister par tous les moyens !
Le discours terminé, tout le monde s’est levé et s’est mis au garde-à-vous pour entonner l’hymne du mouvement. »
Ce schéma polémique d’interprétation et de mobilisation idéologico-politique à la fois, se trouve à la base des articles et reportages publiés par le journal d’extrême droite Eleftheri Ora (Heure Libre) [9] .C’est ainsi qu’à la une de son édition du 9 septembre 2018, le jour même de la manifestation à Thessalonique, sont citées les « sociétés et fondations, avec leurs noms et adresses », qui se trouvent « derrière » les malheurs du pays :
« Les "mains tachées de sang" de Soros et de Rockefeller ont planifié et réalisé le démembrement de la Grèce. Tous les Premiers ministres de la période qui a suivi la chute de la dictature des colonels et de la période des plans d’aide ont été leurs "instruments" aveugles. Même Trump est leur "otage" et appelle "Macédoniens" les habitants de Skopje… »
Nous lisons dans des articles et reportages qui remplissent cinq pages du même numéro de ce journal des analyses qui « révèlent » qu’en fait, la vie politique grecque est dirigée par la fondation « Carnegie Endowment for International Peace » et par le « Council on Foreign Relations » américains, qui ont pour président et pour membres, entre autres, Rockefeller et Soros, et que la Grèce « est sacrifiée sur l’autel de la mondialisation » [10]. Dans le numéro du 23 septembre 2018, le journal distribue à nouveau en cinq petits volumes le livre de 500 pages de l’auteur antisémite délirant (qui provient politiquement du centre-gauche d’avant la dictature des colonels) Ioannis Fourakis intitulé Complots sionistes, où il soutient que toute l’histoire contemporaine de la Grèce a été « écrite » par les sionistes et Israël.
Comme on peut le constater, quelles que soient les passions antijuives qui sont exprimées par des dirigeants d’extrême droite, des journaux, des sites ou des slogans, passions qui semblent avoir leur point de départ dans la judéophobie nationaliste, chrétienne ou même économique, elles ont pour dénominateur commun la hantise d’une domination fantasmée et instrumentalisée. Et cette centralité de la domination ne fait rien d’autre que remplacer le « Juif » par le « Sioniste », le « Sionisme » ou l’« axe américano-sioniste ». Les Protocoles et leur réincarnation « antisioniste » et/ou israélophobe constituent l’horizon indépassable de la judéophobie d’extrême droite en Grèce, confirmant la position plus générale de Pierre-André Taguieff selon laquelle la judéophobie complotiste, celle qui d’une manière ou d’une autre a pour épicentre les Protocoles, est le noyau dur de la judéophobie contemporaine [11].
L’extension du domaine de la lutte
Cette présence structurante des Protocoles dans le discours judéophobe actuel ne se limite pas aux faits qui, pour l’extrême droite grecque, ont une influence désastreuse sur le destin du pays. La mythologie judéophobe complotiste se cristallise aussi à tous les autres niveaux où cette extrême droite déploie sa propagande. À travers, par exemple, sa position sur l’islamisme, malgré sa musulmanophobie viscérale, raciste. Ainsi, le terrorisme islamiste est-il interprété par l’Aube Dorée comme manipulé en sous-main par l’« américano-sionisme ». Un article intitulé « L’État sioniste profond continue à soutenir le terrorisme islamique » dénonce « les interventions militaires illégales (des États-Unis) en Asie, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient […], qui [servent] les intérêts du capital sioniste ainsi que les conceptions messianiques et le credo du sionisme international. Le para-État sioniste profond veut préserver ses alliances avec les terroristes islamiques afin de servir les intérêts stratégiques d’Israël au Moyen-Orient, les intérêts messianiques ainsi que les intérêts des activités financières et usurières du sionisme international. »
Un autre texte, publié lui aussi sur le site de l’organisation néonazie sous le titre « Les djihadistes sont-ils les seuls terroristes ? », accompagné d’une photographie de George Soros, n’est pas moins éloquent :
« Les terroristes, qui sont des musulmans de deuxième et de troisième génération des pays d’Europe occidentale, croient qu’ils doivent se venger de leurs prétendues défaites sociales […]. Mais ne nous illusionnons pas. Ces jeunes terroristes musulmans qui, pour les médias, étaient des défenseurs et les bons gars du "printemps arabe" et de la marche vers la démocratie au Moyen-Orient et sont devenus en une nuit de mauvais garçons, ces jeunes gens ne sont pas les seuls terroristes. Les terroristes, c’est également le para-État sioniste de Washington […]. Les vrais terroristes, ce sont la famille Bush, la famille Clinton, Obama, Merkel, Hollande, Sarkozy, Blair, les États membres de l’OTAN, tous ceux qui ferment les yeux sur les crimes de l’oligarchie sioniste et qui accueillent, assis dans leur canapé, leurs violeurs et leurs massacreurs de demain. »
Palestinisme et israélophobie
Ce cadre de judéophobie radicale nous permet d’expliquer la position « pro-palestinienne » de l’organisation néonazie de l’Aube Dorée, qui considère par exemple que la reconnaissance de Jérusalem par les États-Unis comme capitale d’Israël est dictée par le « sionisme ». Selon les termes du député et porte-parole du groupe parlementaire de l’Aube Dorée, Christos Pappas :
« Le problème, ou plutôt le crime qui s’accomplit en Palestine occupée, cette odyssée martyre du peuple frère palestinien, des Philistins-palestiniens, reste actuel et ne cesse malheureusement de s’intensifier depuis 100 ans. Car il s’est déjà écoulé 100 ans depuis la déclaration du juif Lord Balfour, connue dans l’histoire comme la "déclaration Balfour", qui a été à l’origine de l’invasion et de l’occupation de la terre sacrée de Palestine. Et après la création de l’État d’Israël en 1948 grâce au terrorisme des organisations sionistes, c’est-à-dire à l’expansionnisme, à l’impérialisme des Israéliens, aujourd’hui, 100 ans après, nous avons une "déclaration" qui va dans le même sens, j’entends par là la décision inacceptable du président des États-Unis Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale de l’État terroriste qui porte le nom d’Israël. […] Non, monsieur Trump, la capitale d’Israël, de votre Israël, c’est Washington, ou encore, si vous voulez, la Mecque du sionisme international, New York, et non pas Jérusalem. […] Nous ne pouvons pas, d’un côté, vendre et acheter des armes aux criminels d’Israël, nous ne pouvons pas céder du territoire grec pour la réalisation d’exercices militaires communs et ensuite faire la morale, nous lamenter et dénoncer l’assassinat d’enfants par l’armée terroriste d’Israël. »
La diabolisation d’Israël, l’« enjuivement » de l’Amérique, l’axe « américano-sioniste », tout ce discours de la judéophobie radicale semble être le résultat direct d’une idéologisation extrême des passions anti-juives structurées par le fantasme de la « domination sioniste du monde » au service d’Israël. Les vieilles thématiques de l’antisémitisme (l’« infanticide », le « Juif ploutocrate », la « conspiration juive mondiale », etc.) s’insèrent et se réactualisent ainsi dans le nouveau paysage de la mondialisation, conçue et instrumentalisée en tant que « nouvel ordre mondial » régi par un sionisme diabolisé. Dans ce cadre, le cas grec, concernant les différentes « sensibilités » d’extrême droite, prouve que, même si le discours judéophobe part d’une exacerbation des sentiments nationalistes, voire ethnicistes et religieux, il n’est nullement passéiste : au contraire, cette version « archaïque » prend du sens dans la nouvelle mythologie anti-juive, celle de l’actuel antisionisme radical, qui constitue une idéologie à part entière. Sans elle, il est impossible de penser l’extrême droite grecque.
Notes :
[1] Voir, sur le site d’Aube dorée : « Le terme "Macédoine" pour l’État fabriqué de toutes pièces de Skopje pose les bases d’une amputation de la Grèce » (29 mai 2018).
[2] Ibid.
[3] Ibid.
[4] Sur ces expressions bien connues comme appartenant au discours complotiste en général, voir Pierre-André Taguieff, Court Traité de complotologie, Paris, Mille et Une Nuits, 2013.
[5] Art. cit., « Le terme "Macédoine"... ».
[6] Ibid.
[7] Conférence de presse de Nikolaos Michaloliakos à Thessalonique (11 septembre 2018).
[8] Ibid.
[9] Sur ce journal et sa judéophobie complotiste effrénée (colorée d’orthodoxisme fondamentaliste), voir Andreas Pantazopoulos, « Les incendies en Grèce : la faute des Juifs selon l’extrême droite grecque » (Conspiracy Watch, 1er septembre 2018) ; Andreas Pantazopoulos, « De quelques traits de la judéophobie complotiste en Grèce » (Conspiracy Watch, 19 octobre 2017).
[10] Des publications et « analyses » similaires figurent également dans d’autres numéros de ce journal, notamment ceux du 11 septembre et du 16 septembre 2018.
[11] Pierre-André Taguieff, L’Antisémitisme, Paris, PUF, 2015, pp. 56-59, 115-117.
L’auteur : Andreas Pantazopoulos est professeur associé au sein de l’Université Aristote de Thessalonique.
Le « oui » au référendum macédonien du 30 septembre l’a emporté à 90% des voix mais avec seulement 36% de participation, un score insuffisant pour valider un scrutin qui, en soldant un vieux contentieux avec la Grèce voisine, aurait permis d’ouvrir la voie à une adhésion de l’Ancienne République yougoslave de Macédoine (ARYM) à l’Union européenne et à l’OTAN. Dans les milieux nationalistes grecs, l’affaire a donné lieu à un déferlement de conspirationnisme antisémite sans précédent...
Si la question macédonienne, c’est-à-dire l’accord passé entre la Grèce et l’Ancienne République yougoslave de Macédoine (ARYM) concernant la reconnaissance du nom de « Macédoine du Nord » à ce pays, a fourni à l’extrême droite grecque, toutes tendances confondues, l’occasion d’exprimer son ethnicisme radical, ce dernier s’est aussi caractérisé par une dimension judéophobe assimilant antijudaïsme et « antisionisme ». Même les plus réticents à admettre cette réalité, déjà présente lors des premières mobilisations du début de l’année 2018 à Thessalonique et à Athènes, doivent bien finir par le voir clairement.
Les banderoles brandies lors de la mobilisation à Thessalonique le 9 septembre 2018, à l’occasion de l’ouverture de l’Exposition internationale annuelle, étaient particulièrement explicites : « Ici c’est la Grèce, ici c’est l’Orthodoxie. Mort au Sionisme » ; « Killuminati » ; « Rothschild, ta fin est proche... » ; « Talmud, Kabbale, the Enemy of the Humanity » ; « Against New World Order ».
C’est peut-être la première fois qu’une mobilisation nationaliste (non dénuée d’une composante ethno-régionaliste), qui se voulait officiellement au-dessus des partis politiques mais disposait de l’appui informel des factions fondamentalistes de l’Église orthodoxe et des groupuscules d’extrême droite, a véhiculé au grand jour la judéophobie complotiste, et ce, de façon massive, avec une visibilité hors du commun. On a assisté à un déferlement des passions anti-juives qui jusqu’à maintenant étaient cantonnées à des articles dans les journaux d’extrême droite. Un déferlement qui tente de devenir une « force matérielle », sinon de pouvoir, du moins comme clef d’une critique radicale des élites du pouvoir, du gouvernement mais aussi de l’opposition, si l’on prend en compte un autre slogan de la manifestation : « La Macédoine est grecque, voyous, traîtres, politiciens ».
Même s’il serait abusif d’attribuer à l’ensemble de ces manifestations des relents judéophobes, on ne saurait ignorer ou minimiser ces comportements. Lors d’une autre manifestation sur le même sujet à Thessalonique en juin dernier, on a assisté à la profanation du monument commémorant la mémoire de la Shoah par des « inconnus » qui se sont détachés du défilé et ont jeté de la peinture.
Ainsi cette « nouvelle question macédonienne » semble-t-elle condenser, sinon en son centre, du moins dans ses larges marges, des discours et des comportements biens connus sur d’autres terrains. Pour l’organisation néonazie de l’Aube Dorée, cette question illustre « l’altération de notre Histoire, qui a été écrite en lettres de sang et se trouve remplacée par les marchandages des escrocs de l’impérialisme sioniste, des mouchards de l’OTAN, des anciens idéologues du Parti communiste de Grèce et des trafiquants d’argent sale » [1]. L’altération de l’Histoire viserait aussi à abolir la souveraineté grecque : « OTAN, Albanie, Turquie, Skopje sapent méthodiquement, systématiquement, avec assiduité et selon un plan stratégique nos droits souverains et notre indépendance nationale et sont impliqués dans un Armageddon géopolitique qui a pour but d’amputer la Grèce » [2].
L’orchestration de la conspiration a un arrière-plan historique qui remonte à l’entre-deux-guerres, au leader syndicaliste juif grec Abraham Benaroya, et va jusqu’à George Soros :
« Il est évident que l’OTAN, les dirigeants de Skopje et certains traîtres à Athènes manigancent tout en fonction des intérêts de leurs chefs qui siègent au "Deep State" sioniste de Washington. [...] Le pseudo-État de Skopje, dont le nom est contesté sur le plan international par tous les spécialistes, a planifié une énorme et dispendieuse campagne de propagande mondiale pour faire consacrer le nom de Macédoine, avec comme principal sponsor le fameux George Soros. Soros a bénéficié de l’appui d’Elliott Abrams, haut fonctionnaire au Conseil national de sécurité des États-Unis, et de David Freed, sous-secrétaire d’État, qui a découvert une nation "macédonienne" et une langue "macédonienne". Bien sûr, nous n’omettrons pas de mentionner dans tout ce complexe celui qui a été le "négociateur" entre la Grèce et Skopje pour l’appellation, Matthew Nimetz, dont toutes les propositions jouent entièrement en faveur de Skoipje, non plus que le créateur et inspirateur de la "question macédonienne", qui n’est autre que le fondateur du Parti communiste de Grèce Abraham Benaroya, qui a posé le problème d’une autonomie macédonienne dès l’époque de la dissolution de l’Empire ottoman » [3].
Par conséquent, puisque « rien n’est dû au hasard », puisque « tout est lié » [4], « l’amputation de la Grèce » fait partie des plans de « l’impérialisme sioniste » international :
« Qu’ont de commun Tito, Albright, Soros, Abrams, Freed, Nimetz et Benaroya ? Quel centre commun de pouvoir les dirige ? Ils font tous partie du système impérialiste sioniste international. [...] L’objectif final des sionistes est le désarmement culturel de la Grèce – un désarmement qui entraînera plus ou moins vite le démantèlement et le retour de la Grèce à ses frontières d’avant les guerres balkaniques, puisque déjà les Turcs et les Albanais contestent la mer Égée, la Thrace, l’Épire et Chypre – et le contrôle total par le Nouvel Ordre de la partie qui restera [...] » [5]. Tout a été décidé à l’avance « par le para-État sioniste de Washington. » [6]
Au-delà de la question macédonienne
Cette manière d’aborder la question macédonienne illustre clairement la judéophobie fondatrice de l’organisation néonazie, qui considère en fait que les événements actuels, sur tous les plans, sont guidés en sous-main par le « sionisme », par les « Rothschild », et, en tout cas, que le sort de la Grèce est dicté par les « sionistes ». Dans une conférence de presse tenue tout de suite après la fameuse manifestation de Thessalonique, le leader de l’Aube Dorée, Nikolaos Michaloliakos, a soutenu que « la mondialisation est fomentée par des appareils occultes qui détiennent l’argent mondial, qui veulent détruire les nations et les patries et pour cette raison veulent des millions d’immigrés clandestins en Europe et en Grèce » [7]
Cette conception complotiste va trouver son jumeau judéophobe. Évoquant la situation qui règne dans le pays depuis la fin des plans d’aide, Michaloliakos poursuit :
« Il faudrait enfin créer une banque nationale pour rembourser les agriculteurs, les entrepreneurs, les industries. Et malheureusement, il faut le dire, il n’y a pas eu, jamais, de banque nationale de la Grèce. Dès sa fondation, la Banque de Grèce, qui avait la responsabilité de la monnaie […], a eu comme actionnaires des étrangers, des corbeaux, des usuriers internationaux qui avaient le contrôle de l’économie. Syriza, dans son programme de gouvernement, et Dragasakis (l’actuel ministre du Développement) avaient évoqué au Parlement la création d’une monnaie parallèle, vous vous en souvenez, il n’en a rien été. Cette année ils ont passé un accord avec les Rothschild, [prévoyant] que quand l’État gagnera de l’argent sur le marché, les Rothschild prendront un pourcentage. Cela veut dire que maintenant que le plan d’aide est supposé terminé et que nous allons sortir sur les marchés […], auquel cas l’État grec récoltera de l’argent, les Rothschild prendront aussi leur pourcentage. » [8]
Les Protocoles des Sages de Sion, la mondialisation « sioniste », l’islamisme
Et pour qu’il ne subsiste aucune ambiguïté possible concernant les véritables « maîtres » du monde et de la Grèce, un article paru sur le site de l’organisation néonazie nous informe que, le 6 septembre 2018, le parti a tenu une réunion dans les locaux d’une organisation locale du parti des banlieues sud d’Athènes à propos des Protocoles des Sages de Sion, un célèbre faux décrivant un plan de domination du monde par les Juifs. Quelques jours plus tard, le site de cette organisation locale a publié un compte-rendu du discours prononcé sur les Protocoles. Il vaut la peine de suivre la « logique » de ce récit de facture démonologique qui désigne l’ennemi à abattre :
« Au cours de son discours, notre camarade a mentionné certains points fondamentaux de ces textes, publiés pour la première fois par le professeur russe Serge Nilus, provoquant une multitude de réactions, et il les a mis en parallèle avec la situation actuelle et les mouvements tactiques du sionisme pour établir sa mainmise sur le monde.
La lecture d’extraits des Protocoles a clairement montré que le sionisme international avait programmé la plaie des nations au moyen d’une multitude de tactiques qu’il a mises en œuvre pendant des décennies de manière progressive, insidieuse et méthodique, en utilisant les individus appropriés comme pions à des postes clés.
Dégradation de l’éducation, immigration clandestine, marasme économique et coups portés à la production primaire nationale et à l’industrie des nations, imposition de systèmes politiques corrompus avec des gouvernants toujours contrôlés, utilisation des médias (dirigés par ces mêmes personnes) comme moyens de propagande et pour engourdir le peuple, ne sont que certaines de ces pratiques, dont le texte des Protocoles décrit avec une précision horrifiante l’intention de les appliquer.
Le sionisme tire les ficelles au niveau international, influençant à son profit des situations imbriquées et des relations entre les États, et cela aussi apparaît clairement dans ces textes tragiques. L’instauration de sa mainmise sur le monde était désormais une voie à sens unique, où les mouvements et les plans étudiés à l’avance étaient appliqués de manière insidieuse, de sorte que le noyau sain des nations n’ait que des marges très réduites de réaction.
La publication des textes des Protocoles a désormais révélé sans démenti possible que les maux qui ont frappé tous les domaines d’une vie économique saine ne sont pas du tout fortuits et que, en toute logique, les sionistes ont tenté de les démystifier, mais en vain, car "rien ne peut demeurer secret sous le soleil". Les plans d’un nouvel ordre des choses sont désormais connus et il est du devoir de chaque nation dotée d’une conscience de résister par tous les moyens !
Le discours terminé, tout le monde s’est levé et s’est mis au garde-à-vous pour entonner l’hymne du mouvement. »
Ce schéma polémique d’interprétation et de mobilisation idéologico-politique à la fois, se trouve à la base des articles et reportages publiés par le journal d’extrême droite Eleftheri Ora (Heure Libre) [9] .C’est ainsi qu’à la une de son édition du 9 septembre 2018, le jour même de la manifestation à Thessalonique, sont citées les « sociétés et fondations, avec leurs noms et adresses », qui se trouvent « derrière » les malheurs du pays :
« Les "mains tachées de sang" de Soros et de Rockefeller ont planifié et réalisé le démembrement de la Grèce. Tous les Premiers ministres de la période qui a suivi la chute de la dictature des colonels et de la période des plans d’aide ont été leurs "instruments" aveugles. Même Trump est leur "otage" et appelle "Macédoniens" les habitants de Skopje… »
Nous lisons dans des articles et reportages qui remplissent cinq pages du même numéro de ce journal des analyses qui « révèlent » qu’en fait, la vie politique grecque est dirigée par la fondation « Carnegie Endowment for International Peace » et par le « Council on Foreign Relations » américains, qui ont pour président et pour membres, entre autres, Rockefeller et Soros, et que la Grèce « est sacrifiée sur l’autel de la mondialisation » [10]. Dans le numéro du 23 septembre 2018, le journal distribue à nouveau en cinq petits volumes le livre de 500 pages de l’auteur antisémite délirant (qui provient politiquement du centre-gauche d’avant la dictature des colonels) Ioannis Fourakis intitulé Complots sionistes, où il soutient que toute l’histoire contemporaine de la Grèce a été « écrite » par les sionistes et Israël.
Comme on peut le constater, quelles que soient les passions antijuives qui sont exprimées par des dirigeants d’extrême droite, des journaux, des sites ou des slogans, passions qui semblent avoir leur point de départ dans la judéophobie nationaliste, chrétienne ou même économique, elles ont pour dénominateur commun la hantise d’une domination fantasmée et instrumentalisée. Et cette centralité de la domination ne fait rien d’autre que remplacer le « Juif » par le « Sioniste », le « Sionisme » ou l’« axe américano-sioniste ». Les Protocoles et leur réincarnation « antisioniste » et/ou israélophobe constituent l’horizon indépassable de la judéophobie d’extrême droite en Grèce, confirmant la position plus générale de Pierre-André Taguieff selon laquelle la judéophobie complotiste, celle qui d’une manière ou d’une autre a pour épicentre les Protocoles, est le noyau dur de la judéophobie contemporaine [11].
L’extension du domaine de la lutte
Cette présence structurante des Protocoles dans le discours judéophobe actuel ne se limite pas aux faits qui, pour l’extrême droite grecque, ont une influence désastreuse sur le destin du pays. La mythologie judéophobe complotiste se cristallise aussi à tous les autres niveaux où cette extrême droite déploie sa propagande. À travers, par exemple, sa position sur l’islamisme, malgré sa musulmanophobie viscérale, raciste. Ainsi, le terrorisme islamiste est-il interprété par l’Aube Dorée comme manipulé en sous-main par l’« américano-sionisme ». Un article intitulé « L’État sioniste profond continue à soutenir le terrorisme islamique » dénonce « les interventions militaires illégales (des États-Unis) en Asie, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient […], qui [servent] les intérêts du capital sioniste ainsi que les conceptions messianiques et le credo du sionisme international. Le para-État sioniste profond veut préserver ses alliances avec les terroristes islamiques afin de servir les intérêts stratégiques d’Israël au Moyen-Orient, les intérêts messianiques ainsi que les intérêts des activités financières et usurières du sionisme international. »
Un autre texte, publié lui aussi sur le site de l’organisation néonazie sous le titre « Les djihadistes sont-ils les seuls terroristes ? », accompagné d’une photographie de George Soros, n’est pas moins éloquent :
« Les terroristes, qui sont des musulmans de deuxième et de troisième génération des pays d’Europe occidentale, croient qu’ils doivent se venger de leurs prétendues défaites sociales […]. Mais ne nous illusionnons pas. Ces jeunes terroristes musulmans qui, pour les médias, étaient des défenseurs et les bons gars du "printemps arabe" et de la marche vers la démocratie au Moyen-Orient et sont devenus en une nuit de mauvais garçons, ces jeunes gens ne sont pas les seuls terroristes. Les terroristes, c’est également le para-État sioniste de Washington […]. Les vrais terroristes, ce sont la famille Bush, la famille Clinton, Obama, Merkel, Hollande, Sarkozy, Blair, les États membres de l’OTAN, tous ceux qui ferment les yeux sur les crimes de l’oligarchie sioniste et qui accueillent, assis dans leur canapé, leurs violeurs et leurs massacreurs de demain. »
Palestinisme et israélophobie
Ce cadre de judéophobie radicale nous permet d’expliquer la position « pro-palestinienne » de l’organisation néonazie de l’Aube Dorée, qui considère par exemple que la reconnaissance de Jérusalem par les États-Unis comme capitale d’Israël est dictée par le « sionisme ». Selon les termes du député et porte-parole du groupe parlementaire de l’Aube Dorée, Christos Pappas :
« Le problème, ou plutôt le crime qui s’accomplit en Palestine occupée, cette odyssée martyre du peuple frère palestinien, des Philistins-palestiniens, reste actuel et ne cesse malheureusement de s’intensifier depuis 100 ans. Car il s’est déjà écoulé 100 ans depuis la déclaration du juif Lord Balfour, connue dans l’histoire comme la "déclaration Balfour", qui a été à l’origine de l’invasion et de l’occupation de la terre sacrée de Palestine. Et après la création de l’État d’Israël en 1948 grâce au terrorisme des organisations sionistes, c’est-à-dire à l’expansionnisme, à l’impérialisme des Israéliens, aujourd’hui, 100 ans après, nous avons une "déclaration" qui va dans le même sens, j’entends par là la décision inacceptable du président des États-Unis Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale de l’État terroriste qui porte le nom d’Israël. […] Non, monsieur Trump, la capitale d’Israël, de votre Israël, c’est Washington, ou encore, si vous voulez, la Mecque du sionisme international, New York, et non pas Jérusalem. […] Nous ne pouvons pas, d’un côté, vendre et acheter des armes aux criminels d’Israël, nous ne pouvons pas céder du territoire grec pour la réalisation d’exercices militaires communs et ensuite faire la morale, nous lamenter et dénoncer l’assassinat d’enfants par l’armée terroriste d’Israël. »
La diabolisation d’Israël, l’« enjuivement » de l’Amérique, l’axe « américano-sioniste », tout ce discours de la judéophobie radicale semble être le résultat direct d’une idéologisation extrême des passions anti-juives structurées par le fantasme de la « domination sioniste du monde » au service d’Israël. Les vieilles thématiques de l’antisémitisme (l’« infanticide », le « Juif ploutocrate », la « conspiration juive mondiale », etc.) s’insèrent et se réactualisent ainsi dans le nouveau paysage de la mondialisation, conçue et instrumentalisée en tant que « nouvel ordre mondial » régi par un sionisme diabolisé. Dans ce cadre, le cas grec, concernant les différentes « sensibilités » d’extrême droite, prouve que, même si le discours judéophobe part d’une exacerbation des sentiments nationalistes, voire ethnicistes et religieux, il n’est nullement passéiste : au contraire, cette version « archaïque » prend du sens dans la nouvelle mythologie anti-juive, celle de l’actuel antisionisme radical, qui constitue une idéologie à part entière. Sans elle, il est impossible de penser l’extrême droite grecque.
Notes :
[1] Voir, sur le site d’Aube dorée : « Le terme "Macédoine" pour l’État fabriqué de toutes pièces de Skopje pose les bases d’une amputation de la Grèce » (29 mai 2018).
[2] Ibid.
[3] Ibid.
[4] Sur ces expressions bien connues comme appartenant au discours complotiste en général, voir Pierre-André Taguieff, Court Traité de complotologie, Paris, Mille et Une Nuits, 2013.
[5] Art. cit., « Le terme "Macédoine"... ».
[6] Ibid.
[7] Conférence de presse de Nikolaos Michaloliakos à Thessalonique (11 septembre 2018).
[8] Ibid.
[9] Sur ce journal et sa judéophobie complotiste effrénée (colorée d’orthodoxisme fondamentaliste), voir Andreas Pantazopoulos, « Les incendies en Grèce : la faute des Juifs selon l’extrême droite grecque » (Conspiracy Watch, 1er septembre 2018) ; Andreas Pantazopoulos, « De quelques traits de la judéophobie complotiste en Grèce » (Conspiracy Watch, 19 octobre 2017).
[10] Des publications et « analyses » similaires figurent également dans d’autres numéros de ce journal, notamment ceux du 11 septembre et du 16 septembre 2018.
[11] Pierre-André Taguieff, L’Antisémitisme, Paris, PUF, 2015, pp. 56-59, 115-117.
L’auteur : Andreas Pantazopoulos est professeur associé au sein de l’Université Aristote de Thessalonique.
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