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La Question ''Mein Kampf''

Publié par Pierre-André Taguieff14 septembre 2009

La Question ''Mein Kampf''
(1ère partie ; 2ème partie ; 3ème partie).

Parmi les historiens professionnels, les spécialistes reconnus du nazisme qui ont étudié de près Hitler en tant qu'idéologue, donc en tant qu'auteur de Mein Kampf et d'un grand nombre de discours, de déclarations et de conversations à teneur doctrinale, ne sont pas très nombreux. Ils représentent une minorité dans la masse de leurs pairs : Hugh Trevor-Roper, Joachim Fest, Werner Maser, Karl Dietrich Bracher, Klaus Hildebrand, Lucy Dawidowicz, Eberhard Jäckel, George L. Mosse, Gerald Fleming, Saul Friedländer, David Bankier, William Carr, Richard Breitman, Robert A. Pois, Peter Longerich ou Ian Kershaw. Ils se sont tous appliqués à mettre en évidence le rôle joué par Hitler, en tant que sujet doté de convictions idéologiques, dans le processus de décision qui a conduit au génocide des Juifs d'Europe. Ils ont donc pris au sérieux Hitler en tant qu'idéologue, ou comme producteur d'une « vision du monde » (Weltanschauung) - terme récurrent dans Mein Kampf.

Ils ont en même temps soutenu la thèse selon laquelle Hitler fut le meneur d'hommes sans qui jamais l'extermination des Juifs d'Europe n'aurait eu lieu. Au milieu des années 1960, le grand historien Walter Laqueur, à l'instar de George L. Mosse - auteur d'un ouvrage consacré aux « origines intellectuelles du Troisième Reich » (The Crisis of German Ideology, 1964), suivi d'une anthologie de textes introduits et situés, Nazi Culture (1966) -, avait déjà souligné l'importance de la dimension idéologique du mouvement nazi : « La doctrine du mouvement hitlérien ne fut pas un simple stratagème de propagande, ni l'épanchement d'un petit groupe d'esprits déséquilibrés. Au contraire, le nazisme est fondé sur un corps de doctrine qui date d'au moins un siècle. » Or, la doctrine nazie se confond pour l'essentiel avec la doctrine hitlérienne. Voilà une raison qui pourrait paraître suffisante d'étudier de près l'ouvrage où Hitler a exposé systématiquement sa doctrine - sa « vision du monde » - et son programme politique, Mein Kampf.

Lire la suite sur Ring.

Lire la 2ème partie.

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Parmi les historiens professionnels, les spécialistes reconnus du nazisme qui ont étudié de près Hitler en tant qu'idéologue, donc en tant qu'auteur de Mein Kampf et d'un grand nombre de discours, de déclarations et de conversations à teneur doctrinale, ne sont pas très nombreux. Ils représentent une minorité dans la masse de leurs pairs : Hugh Trevor-Roper, Joachim Fest, Werner Maser, Karl Dietrich Bracher, Klaus Hildebrand, Lucy Dawidowicz, Eberhard Jäckel, George L. Mosse, Gerald Fleming, Saul Friedländer, David Bankier, William Carr, Richard Breitman, Robert A. Pois, Peter Longerich ou Ian Kershaw. Ils se sont tous appliqués à mettre en évidence le rôle joué par Hitler, en tant que sujet doté de convictions idéologiques, dans le processus de décision qui a conduit au génocide des Juifs d'Europe. Ils ont donc pris au sérieux Hitler en tant qu'idéologue, ou comme producteur d'une « vision du monde » (Weltanschauung) - terme récurrent dans Mein Kampf.

Ils ont en même temps soutenu la thèse selon laquelle Hitler fut le meneur d'hommes sans qui jamais l'extermination des Juifs d'Europe n'aurait eu lieu. Au milieu des années 1960, le grand historien Walter Laqueur, à l'instar de George L. Mosse - auteur d'un ouvrage consacré aux « origines intellectuelles du Troisième Reich » (The Crisis of German Ideology, 1964), suivi d'une anthologie de textes introduits et situés, Nazi Culture (1966) -, avait déjà souligné l'importance de la dimension idéologique du mouvement nazi : « La doctrine du mouvement hitlérien ne fut pas un simple stratagème de propagande, ni l'épanchement d'un petit groupe d'esprits déséquilibrés. Au contraire, le nazisme est fondé sur un corps de doctrine qui date d'au moins un siècle. » Or, la doctrine nazie se confond pour l'essentiel avec la doctrine hitlérienne. Voilà une raison qui pourrait paraître suffisante d'étudier de près l'ouvrage où Hitler a exposé systématiquement sa doctrine - sa « vision du monde » - et son programme politique, Mein Kampf.

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à propos de l'auteur
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Pierre-André Taguieff
Philosophe, politiste et historien des idées, directeur de recherche au CNRS, Pierre-André Taguieff a publié de très nombreux travaux sur le conspirationnisme et l'antisémitisme. On peut citer notamment La Foire aux « Illuminés ». Ésotérisme, théorie du complot, extrémisme (Fayard/Mille et une nuits, 2005), Court Traité de complotologie (Fayard/Mille et une nuits, 2013), Criminaliser les Juifs. Le mythe du “meurtre rituel” et ses avatars (éditions Hermann, 2020) ou encore Théories du complot : populisme et complotisme (Entremises éditions, 2023).
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