Dans la lignée des précédents ouvrages écrits en collaboration avec le sociologue Jean-Bruno Renard et consacrés aux légendes urbaines (
Légendes urbaines. Rumeurs d’aujourd’hui, Paris, Payot, 1993 ;
De source sûre. Nouvelles rumeurs d’aujourd’hui, Paris, Payot, 2002), Véronique Campion-Vincent, attachée à la Maison des Sciences de l’Homme à Paris, s’attaque à une autre face cachée de notre société : le complot. Ou, plus exactement, à la théorie et aux théoriciens du complot. La montée en puissance de la pensée conspirationniste, qui a débordé des salons pour envahir la
vulgate des séries télévisées, semble aujourd’hui intimement liée à l’obscurcissement du monde et à ses difficultés de déchiffrement. Comme les rumeurs – mais la menace impalpable que suppose la conspiration n’en est-elle pas une qui les rassemblerait toutes ? – les théories du complot s’inscrivent dans cette incertitude et cette perte du sens attachée à l’émergence d’un monde en perpétuel changement et en accélération constante. Pourtant, comme l’indique Véronique Campion-Vincent en exergue à son travail,
« il y a toujours eu des complots ». Autrefois, ils étaient pour la plupart bien réels, et visaient le plus souvent à renverser un gouvernement ou un pouvoir établi, ou encore à éliminer une personnalité politique. L’aube du XXIe siècle propose le complot fantasmé, rêvé,
multimédiatisé, dont l’ambition couvrirait la planète et viserait l’ensemble de la population (conspirateurs mis à part). (...)
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