Pour certains influenceurs complotistes, la séquence politique engagée depuis la dissolution est une grotesque mascarade. À mots couverts ou de manière plus tonitruante, d'autres ont fait le choix de soutenir le Rassemblement national...
« Jordan Attal ou Gabriel Bardella, c'est bonnet blanc et blanc bonnet », assure Xavier Azalbert dans l'un des (trop) nombreux éditos qu'il consacre, sur FranceSoir, à la séquence politique amorcée depuis la dissolution. L'homme d'affaires ne porte pas non plus Jean-Luc Mélenchon dans son cœur, au point de le qualifier « d'arrogant servile » dans un autre brûlot.
Bref, Azalbert n'aime pas grand monde et surtout pas les politiciens « qui sont aux commandes du pays […] depuis 1974 » − coup dur pour Giscard ! − et dont « la mission est de détruire complètement la France ». Selon lui, la démocratie est un théâtre d'ombres où de « faux opposants [ont] pour mission de faire croire aux gens qu'il y a plusieurs "offres" politiques en France, alors qu'en réalité il n'y en a qu'une seule : la soumission totale de la France aux volontés anti-France et anti-peuple français de la clique mondialiste », qualifiée un peu plus loin de « mafia apatride » (sic).
Le patron de FranceSoir n'est pas le seul influenceur à flatter cet imaginaire conspirationniste. Beaucoup suspectent le RN de n'être rien d'autre qu'une « opposition contrôlée ». « Oui, le RN va passer. Mais comprends que c'est exactement ce qui est souhaité », assure par exemple le volubile Valérian Ronzeau. D'après le tiktokeur, le parti de Marine Le Pen serait « une opposition apparemment forte mais finalement utile » dans ce « théâtre politique » où « les acteurs sont choisis et les scripts bien écrits avant que le spectacle ne commence ».
De son côté, Bertrand Scholler maintient que « ces élections sont un divertissement », déplorant au passage la présence de « francs macs ou de lgbt+ » à la tête des forces politiques en présence. Le géophysicien, diplômé de l'Ecole des mines (!), estime que « le parti dirigé par Bardella est une version McKinsey, BlackRock, OTAN et sioniste de tout ce qu’est Macron ».
Même le rappeur Akhenaton, membre du mythique groupe IAM et désormais défavorablement connu pour ses multiples dérapages conspis, dénonce, dans le titre confusionniste « No Pasarán », un « billard à trois bandes » au service d'un « seul candidat : Jordannuel Macronardella »...
Quant au soralien Marcel D, il ne sait plus sur quel pied danser : « D'un côté, Jack Lang et Cohn-Bendit (les amoureux des enfants) nous disent de faire barrage au RN, LFI souhaite que nos mômes soient éduqués par une femme à barbe LGBT, et de l'autre, Bardella revient sur ses promesses du RN (comme la retraite à 60 ans). En plus, il faut se coltiner la bande à Meyer Habib et les génocidaires israéliens ! » La redpill semble difficile à avaler...
En expliquant que le RN est « adoubé par le système », pour reprendre les mots de Karl Zero (qui assure que le parti n'est « évidemment » pas d'extrême droite), les complotistes contribuent à normaliser ses idées, faisant fi de la tripotée de candidats homophobes, racistes, antisémites, opposés à l'IVG, climatosceptiques ou sexistes se présentant sous le pavillon bleu marine.
La possible arrivée au pouvoir du parti à la flamme a aussi fait tomber le masque d'un bon nombre de complotistes – soudain très pressés de s'accommoder d'un « système » qu'ils ont honni. Preuve, s'il en fallait, que le conspirationnisme est aussi une entreprise idéologique et politique.
Pour certains d'entre eux, ce ralliement est loin d'être une surprise. « Dimanche : ni Macron, ni Mélenchon ! » ânnone par exemple Nicolas Dupont-Aignan, candidat dans la 8ème circonscription de l'Essonne, où le RN n'a investi aucun candidat, selon toute vraisemblance pour ne pas le gêner. En 2017, le leader de Debout La France avait déjà négocié un « accord de gouvernement » avec Marine Le Pen, n'excluant pas d'être nommé à Matignon en cas de victoire de ce qui était encore le Front national (FN).
Sur Le Salon Beige, on ne dissimule pas non plus son hostilité envers « la Macronie et la Gauche [qui] veulent tous détruire ce qui reste de notre Civilisation » et « haïssent la Croix ». La conclusion est, là encore, implacable : « Donnons au RN la chance d’exercer le pouvoir. »
Riposte laïque prend lui aussi fait et cause pour le parti de Jordan Bardella. Evoquant « les pourris en place », le site de Pierre Cassen écrit :
« La terreur est à redouter uniquement d’eux et leur haineux machiavélisme projetant sans retenue tous leurs vices, travers, mensonges… accumulés par leur prétendu camp du bien depuis des décennies… sur l’innocent RN qui n’a encore trempé dans aucune de leurs sales combines manipulatoires… et qui, s’il n’est peut-être pas la panacée que nous attendons… sera de toutes façons toujours moins pire que le véritable désastre de leur propre programme si indigne, mais digne reflet de leur réalité. »
Cette stratégie du moindre mal est également partagée par les néo-pétainistes du Parti de la France qui appellent à « faire barrage tant aux sales gauchistes du NFP qu'aux dernières métastases du macronisme ou des Républicains émasculés » et cela malgré « toutes les réserves que l'on peut avoir sur les dirigeants du Rassemblement national ».
Même rengaine pour l'écrivain identitaire Renaud Camus, théoricien du « Grand Remplacement », qui déplore, dans un style tout personnel, que les « forces médiatiques du Bloc Génocidaire et son service public » ne passent leur temps qu'« à rappeler le nazisme, le fascisme, la collaboration, les camps » alors que « les seuls héritiers véritables des totalitarismes du XXe siècle sont les actuels perpétrateurs de la Destruction des Européens d’Europe ». Comprendre : « la davocratie macro-remplaciste et ses milices mélenchoniennes ».
L'auteur antisémite Hervé Ryssen, maintes fois condamné pour provocation à la haine raciale, espère quant à lui qu'en cas « de victoire du RN, tout deviendra possible ». Et ajoute : « A son corps défendant, le vote Bardella est un vote révolutionnaire. Ne laissez pas passer cette chance. »
Source : Hervé Ryssen/X, 03/07/2024.
L'écrivain Christian Combaz – alias Campagnol – préfère la jouer mystérieux : « Tous les gens que vous détestez souhaitent que Bardella n'y arrive pas, donc c'est vous qui voyez mais ça paraît clair », écrit-il dans un tweet posté le 30 juin.
Quant à Éric Morillot, il peine, dans une interview à Géopolitique Profonde, à cacher sa satisfaction en imaginant que si « le RN arrive au pouvoir », Conspiracy Watch « et tous les autres fact-checkers » seront privés de « subventions publiques ».
Le parti de Marine Le Pen a aussi reçu le soutien, peu surprenant, de Marc Doyer. Le porte-parole de VERITY France, candidat aux européennes sur la liste de Florian Philippot, « espère » que Virginie Joron, candidate RN dans le Bas-Rhin, sera « ministre de la santé ». Et attend avec impatience « le grand lessivage de dimanche ».
Idem pour Amélie Ismaïli, co-listière de Georges Kuzmanovic aux dernières élections européennes. Cette proche du conférencier Idriss Aberkane l'assure :
« Si Virginie Joron était dans ma circonscription, et bien moi, qui ait toujours voté LFI, je me serais déplacée pour voter pour elle. Comme j’aurais voté pour Michelle Rivasi, dont le décès est passé sous silence à EELV. Il y a des personnes qui valent mieux que ce théâtre des partis. » Puis : « J’espère que toutes les personnes qui ont partagé ma position sur la gestion du Covid-19 dans sa circonscription du Bas-Rhin lui permettront de devenir députée, quelque soit leur inclination politique. Car rares sont ceux qui méritent ce poste autant qu’elle. »
Une question reste en suspens : qu'en pense Alain Soral ? Le polémiste antisémite fut, par le passé, très proche du FN et de Jean-Marie Le Pen. On l'a même vu en 2006 pousser la chansonnette aux côtés de Marine Le Pen en personne à l'occasion de la fête « Bleu-Blanc-Rouge », organisée par le parti. Mais depuis quelques années, le torchon brûle entre les deux personnalités. Soral reproche, à l'instar de nombreux influenceurs d'extrême droite, la ligne prétendument dédiabolisée du RN. En filigrane, le polémiste trouve que le parti ne tape plus assez fort sur tous ceux à qui il voue une haine viscérale.
« La dédiabolisation consistait bien à se soumettre en réalité au pouvoir dominant et à l'idéologie dominante actuelle », c'est-à-dire « le pouvoir juif » disserte-t-il en 2017. Plus récemment, Soral semblait séduit par les égarements de Jean-Luc Mélenchon concernant l'antisémitisme. Un signe, selon son site Égalité & Réconciliation, que « la gauche commence à se réveiller d'un long sommeil, et aussi d'une grande trouille : la peur du gendarme sionard ».
Mais, à l'heure des choix, le polémiste et ses affidés n'oublient pas d'où ils viennent. Sur Égalité & Réconciliation, on moque ceux qui dénoncent le RN, on condamne les désistements et le barrage républicain, on se réjouit de voir que la jeunesse « emmerde le front antinational »... Bref, on jubile. La privatisation du service public audiovisuel, promis par les cadres du RN, est également perçue comme « une bonne chose » qui « fait trembler 17000 salariés serviles » puisqu'elle annonce la destruction de « ces nids à gauchistes antifrançais ». Au soir du premier tour des législatives anticipées, le site analyse les résultats :
« On sait tous ici que le RN a changé, qu’il n’est plus aussi révolutionnaire qu’avant. Mais ça n’empêche : les Français l’utilisent aujourd’hui pour achever un Système complètement pourri, qui était en train de gangréner la France. Les millions de nouveaux électeurs RN seront peut-être déçus, mais ce 30 juin, l’espoir est de leur côté. »
Achever le système. Une vision également partagée par Dieudonné, qui n'apprécie guère le front républicain contre le RN.
Source : Dieudonné M'Bala M'Bala/X, 03/07/2024.
« On nous ressort à chaque fois cette bonne vieille salade », maugrée-t-il. « La République, vous l'avez compris, est en danger. Et bah moi j'ai envie de dire tant mieux ! Il était temps […]. La République française est une vache à lait endettée qui ne sait qu'emprunter du pognon à la mafia internationale. » Puis s'offusque : « Et il faudrait protéger cette salope de République ? Non mais de qui se moque-t-on ?! »
Rappelons que le parrain de l'un des enfants de l'ex-humoriste n'est autre que Jean-Marie Le Pen. Certains signes ne trompent pas.
« Jordan Attal ou Gabriel Bardella, c'est bonnet blanc et blanc bonnet », assure Xavier Azalbert dans l'un des (trop) nombreux éditos qu'il consacre, sur FranceSoir, à la séquence politique amorcée depuis la dissolution. L'homme d'affaires ne porte pas non plus Jean-Luc Mélenchon dans son cœur, au point de le qualifier « d'arrogant servile » dans un autre brûlot.
Bref, Azalbert n'aime pas grand monde et surtout pas les politiciens « qui sont aux commandes du pays […] depuis 1974 » − coup dur pour Giscard ! − et dont « la mission est de détruire complètement la France ». Selon lui, la démocratie est un théâtre d'ombres où de « faux opposants [ont] pour mission de faire croire aux gens qu'il y a plusieurs "offres" politiques en France, alors qu'en réalité il n'y en a qu'une seule : la soumission totale de la France aux volontés anti-France et anti-peuple français de la clique mondialiste », qualifiée un peu plus loin de « mafia apatride » (sic).
Le patron de FranceSoir n'est pas le seul influenceur à flatter cet imaginaire conspirationniste. Beaucoup suspectent le RN de n'être rien d'autre qu'une « opposition contrôlée ». « Oui, le RN va passer. Mais comprends que c'est exactement ce qui est souhaité », assure par exemple le volubile Valérian Ronzeau. D'après le tiktokeur, le parti de Marine Le Pen serait « une opposition apparemment forte mais finalement utile » dans ce « théâtre politique » où « les acteurs sont choisis et les scripts bien écrits avant que le spectacle ne commence ».
De son côté, Bertrand Scholler maintient que « ces élections sont un divertissement », déplorant au passage la présence de « francs macs ou de lgbt+ » à la tête des forces politiques en présence. Le géophysicien, diplômé de l'Ecole des mines (!), estime que « le parti dirigé par Bardella est une version McKinsey, BlackRock, OTAN et sioniste de tout ce qu’est Macron ».
Même le rappeur Akhenaton, membre du mythique groupe IAM et désormais défavorablement connu pour ses multiples dérapages conspis, dénonce, dans le titre confusionniste « No Pasarán », un « billard à trois bandes » au service d'un « seul candidat : Jordannuel Macronardella »...
Quant au soralien Marcel D, il ne sait plus sur quel pied danser : « D'un côté, Jack Lang et Cohn-Bendit (les amoureux des enfants) nous disent de faire barrage au RN, LFI souhaite que nos mômes soient éduqués par une femme à barbe LGBT, et de l'autre, Bardella revient sur ses promesses du RN (comme la retraite à 60 ans). En plus, il faut se coltiner la bande à Meyer Habib et les génocidaires israéliens ! » La redpill semble difficile à avaler...
En expliquant que le RN est « adoubé par le système », pour reprendre les mots de Karl Zero (qui assure que le parti n'est « évidemment » pas d'extrême droite), les complotistes contribuent à normaliser ses idées, faisant fi de la tripotée de candidats homophobes, racistes, antisémites, opposés à l'IVG, climatosceptiques ou sexistes se présentant sous le pavillon bleu marine.
La possible arrivée au pouvoir du parti à la flamme a aussi fait tomber le masque d'un bon nombre de complotistes – soudain très pressés de s'accommoder d'un « système » qu'ils ont honni. Preuve, s'il en fallait, que le conspirationnisme est aussi une entreprise idéologique et politique.
Pour certains d'entre eux, ce ralliement est loin d'être une surprise. « Dimanche : ni Macron, ni Mélenchon ! » ânnone par exemple Nicolas Dupont-Aignan, candidat dans la 8ème circonscription de l'Essonne, où le RN n'a investi aucun candidat, selon toute vraisemblance pour ne pas le gêner. En 2017, le leader de Debout La France avait déjà négocié un « accord de gouvernement » avec Marine Le Pen, n'excluant pas d'être nommé à Matignon en cas de victoire de ce qui était encore le Front national (FN).
Sur Le Salon Beige, on ne dissimule pas non plus son hostilité envers « la Macronie et la Gauche [qui] veulent tous détruire ce qui reste de notre Civilisation » et « haïssent la Croix ». La conclusion est, là encore, implacable : « Donnons au RN la chance d’exercer le pouvoir. »
Riposte laïque prend lui aussi fait et cause pour le parti de Jordan Bardella. Evoquant « les pourris en place », le site de Pierre Cassen écrit :
« La terreur est à redouter uniquement d’eux et leur haineux machiavélisme projetant sans retenue tous leurs vices, travers, mensonges… accumulés par leur prétendu camp du bien depuis des décennies… sur l’innocent RN qui n’a encore trempé dans aucune de leurs sales combines manipulatoires… et qui, s’il n’est peut-être pas la panacée que nous attendons… sera de toutes façons toujours moins pire que le véritable désastre de leur propre programme si indigne, mais digne reflet de leur réalité. »
Cette stratégie du moindre mal est également partagée par les néo-pétainistes du Parti de la France qui appellent à « faire barrage tant aux sales gauchistes du NFP qu'aux dernières métastases du macronisme ou des Républicains émasculés » et cela malgré « toutes les réserves que l'on peut avoir sur les dirigeants du Rassemblement national ».
Même rengaine pour l'écrivain identitaire Renaud Camus, théoricien du « Grand Remplacement », qui déplore, dans un style tout personnel, que les « forces médiatiques du Bloc Génocidaire et son service public » ne passent leur temps qu'« à rappeler le nazisme, le fascisme, la collaboration, les camps » alors que « les seuls héritiers véritables des totalitarismes du XXe siècle sont les actuels perpétrateurs de la Destruction des Européens d’Europe ». Comprendre : « la davocratie macro-remplaciste et ses milices mélenchoniennes ».
L'auteur antisémite Hervé Ryssen, maintes fois condamné pour provocation à la haine raciale, espère quant à lui qu'en cas « de victoire du RN, tout deviendra possible ». Et ajoute : « A son corps défendant, le vote Bardella est un vote révolutionnaire. Ne laissez pas passer cette chance. »
Source : Hervé Ryssen/X, 03/07/2024.
L'écrivain Christian Combaz – alias Campagnol – préfère la jouer mystérieux : « Tous les gens que vous détestez souhaitent que Bardella n'y arrive pas, donc c'est vous qui voyez mais ça paraît clair », écrit-il dans un tweet posté le 30 juin.
Quant à Éric Morillot, il peine, dans une interview à Géopolitique Profonde, à cacher sa satisfaction en imaginant que si « le RN arrive au pouvoir », Conspiracy Watch « et tous les autres fact-checkers » seront privés de « subventions publiques ».
Le parti de Marine Le Pen a aussi reçu le soutien, peu surprenant, de Marc Doyer. Le porte-parole de VERITY France, candidat aux européennes sur la liste de Florian Philippot, « espère » que Virginie Joron, candidate RN dans le Bas-Rhin, sera « ministre de la santé ». Et attend avec impatience « le grand lessivage de dimanche ».
Idem pour Amélie Ismaïli, co-listière de Georges Kuzmanovic aux dernières élections européennes. Cette proche du conférencier Idriss Aberkane l'assure :
« Si Virginie Joron était dans ma circonscription, et bien moi, qui ait toujours voté LFI, je me serais déplacée pour voter pour elle. Comme j’aurais voté pour Michelle Rivasi, dont le décès est passé sous silence à EELV. Il y a des personnes qui valent mieux que ce théâtre des partis. » Puis : « J’espère que toutes les personnes qui ont partagé ma position sur la gestion du Covid-19 dans sa circonscription du Bas-Rhin lui permettront de devenir députée, quelque soit leur inclination politique. Car rares sont ceux qui méritent ce poste autant qu’elle. »
Une question reste en suspens : qu'en pense Alain Soral ? Le polémiste antisémite fut, par le passé, très proche du FN et de Jean-Marie Le Pen. On l'a même vu en 2006 pousser la chansonnette aux côtés de Marine Le Pen en personne à l'occasion de la fête « Bleu-Blanc-Rouge », organisée par le parti. Mais depuis quelques années, le torchon brûle entre les deux personnalités. Soral reproche, à l'instar de nombreux influenceurs d'extrême droite, la ligne prétendument dédiabolisée du RN. En filigrane, le polémiste trouve que le parti ne tape plus assez fort sur tous ceux à qui il voue une haine viscérale.
« La dédiabolisation consistait bien à se soumettre en réalité au pouvoir dominant et à l'idéologie dominante actuelle », c'est-à-dire « le pouvoir juif » disserte-t-il en 2017. Plus récemment, Soral semblait séduit par les égarements de Jean-Luc Mélenchon concernant l'antisémitisme. Un signe, selon son site Égalité & Réconciliation, que « la gauche commence à se réveiller d'un long sommeil, et aussi d'une grande trouille : la peur du gendarme sionard ».
Mais, à l'heure des choix, le polémiste et ses affidés n'oublient pas d'où ils viennent. Sur Égalité & Réconciliation, on moque ceux qui dénoncent le RN, on condamne les désistements et le barrage républicain, on se réjouit de voir que la jeunesse « emmerde le front antinational »... Bref, on jubile. La privatisation du service public audiovisuel, promis par les cadres du RN, est également perçue comme « une bonne chose » qui « fait trembler 17000 salariés serviles » puisqu'elle annonce la destruction de « ces nids à gauchistes antifrançais ». Au soir du premier tour des législatives anticipées, le site analyse les résultats :
« On sait tous ici que le RN a changé, qu’il n’est plus aussi révolutionnaire qu’avant. Mais ça n’empêche : les Français l’utilisent aujourd’hui pour achever un Système complètement pourri, qui était en train de gangréner la France. Les millions de nouveaux électeurs RN seront peut-être déçus, mais ce 30 juin, l’espoir est de leur côté. »
Achever le système. Une vision également partagée par Dieudonné, qui n'apprécie guère le front républicain contre le RN.
Source : Dieudonné M'Bala M'Bala/X, 03/07/2024.
« On nous ressort à chaque fois cette bonne vieille salade », maugrée-t-il. « La République, vous l'avez compris, est en danger. Et bah moi j'ai envie de dire tant mieux ! Il était temps […]. La République française est une vache à lait endettée qui ne sait qu'emprunter du pognon à la mafia internationale. » Puis s'offusque : « Et il faudrait protéger cette salope de République ? Non mais de qui se moque-t-on ?! »
Rappelons que le parrain de l'un des enfants de l'ex-humoriste n'est autre que Jean-Marie Le Pen. Certains signes ne trompent pas.
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