Le réflexe est habituel, quasiment pavlovien. Chaque scrutin est désormais accompagné d'une petite musique complotiste dénonçant une prétendue « fraude électorale ». Les législatives anticipées n'ont pas dérogé à cette règle.
Le processus est toujours le même. Dimanche dernier, quelques heures avant les résultats officiels des élections législatives anticipées et alors que se profile une défaite du Rassemblement national, Mike Borowsky se fend d'un pronostic aussi mystérieux qu'inquiétant : « EXCLU : toutes mes sources me disent qu’on va assister ce soir à un vol démocratique », écrit l'animateur de la chaîne complotiste Géopolitique Profonde. Nous n'en saurons pas plus. Sur Telegram, Silvano Trotta semble plus prudent et évoque, en fin d'après-midi, des « rumeurs nauséabondes de fraudes massives ». Là encore, les preuves semblent inexistantes. Mais le terrain est préparé : la musique peut commencer.
« Il est 20 h et on découvre la nouvelle Assemblée, s'exclame la journaliste Anne-Sophie Lapix en direct sur le service (encore) public. Et ce n'est pas le tiercé qui était attendu à l'issue du premier tour. » Aussitôt, la complosphère se met en branle : « La tricherie n'est jamais finie. C'est encore plus grossier que lors de la présidentielle de 2022 » dénonce le twittos derrière le compte Black Bond PTV, adepte de toutes les théories les plus fumeuses. Une « mission réussie pour les adorateurs du diable » s'alarme Bertrand Scholler, qui met en exergue les « 66,6 % de taux de participation ». La marque de la Bête, à n'en point douter...
Renaud Camus, théoricien du « Grand Remplacement », préfère y voir un coup de « la machination de remplacisme global génocidaire ». Mais oui, c'est clair ! Outre-Atlantique, le style du masculiniste Andrew Tate est plus lapidaire : « Les élections françaises ont été truquées » assure l'influenceur, inculpé pour traite d’êtres humains en bande organisée et viol.
Après son échec au premier tour de l'élection présidentielle de 2017, François Fillon assurait qu'un « cabinet noir » avait œuvré, en secret, à sa chute. Trois ans plus tard, la complosphère américaine accusait un système de vote électronique, crée par la société Dominion, d'être responsable de la défaite de Donald Trump. Idem lors du revers de son homologue brésilien, Jair Bolsonaro. En 2022, la capture vidéo d’un bug technique sur France 2 lors de la soirée électorale servait de prétexte à certains influenceurs pour affirmer qu'Emmanuel Macron n'aurait jamais dû être réélu. Plus récemment, Florian Philippot justifiait son maigre score aux Européennes par le fait que les bulletins de son parti étaient absents de bureaux de vote. Signe, selon lui, que « la France ne sait plus ou ne veut plus organiser des élections correctement ».
Pour ces législatives anticipées, la complosphère a révisé ses classiques. Richard Boutry estime par exemple que « les systèmes électroniques de vote […] ont offert des résultats ultra favorables à la macronie ». « On ne sait pas ce qui se cache derrière » assure l'ex-présentateur. La conclusion est sans appel : « Bref, on fait déplacer les gens pour rien, sinon pour leur faire croire qu'ils existent. On est passé des moutons à de véritables veaux ! » Les Français apprécieront.
Les influenceurs conspirationnistes ont aussi su faire preuve d'originalité en s'alarmant du nombre record de procurations. Celui-ci s'explique pourtant assez simplement par le caractère inattendu d'élections à très forts enjeux organisées, de surcroît, en période de vacances scolaires. Mais certains ne l'entendent pas de cette oreille et préfèrent y voir une « hausse suspecte ». Un refrain entonné à tue-tête depuis l'annonce des résultats par des personnalités comme Silvano Trotta ou l'activiste d'extrême droite Hervé Ryssen qui considère que, « sur les millions de procurations, un certain nombre relevaient de la fraude électorale ». Quant à André Bercoff, l'animateur-vedette de Sud-Radio, il s'interroge sur une potentielle « arnaque historique », avant d'ajouter :
« Le bourrage des urnes après le bourrage des crânes, no pasaran ! »
Là encore, la partition était griffonnée d'avance. « Sursaut citoyen ou vulgaire bourrage d'urne programmé ? » se questionne, un brin sceptique, Alexandre Juving-Brunet dès le 18 juin. Le même jour, Christian Combaz, alias Campagnol, explique, dans un tweet, que « Procurations = fraude ». Discours identique sur le compte X de « Laure Gonlézamarres » qui maintient que « la fraude se déroule sous nos yeux » ainsi que sur la chaîne TikTok de Valérian Ronzeau, persuadé que nous sommes « en train de vivre une fraude électorale qu'il ne cache même pas ».
Voir aussi :
Le processus est toujours le même. Dimanche dernier, quelques heures avant les résultats officiels des élections législatives anticipées et alors que se profile une défaite du Rassemblement national, Mike Borowsky se fend d'un pronostic aussi mystérieux qu'inquiétant : « EXCLU : toutes mes sources me disent qu’on va assister ce soir à un vol démocratique », écrit l'animateur de la chaîne complotiste Géopolitique Profonde. Nous n'en saurons pas plus. Sur Telegram, Silvano Trotta semble plus prudent et évoque, en fin d'après-midi, des « rumeurs nauséabondes de fraudes massives ». Là encore, les preuves semblent inexistantes. Mais le terrain est préparé : la musique peut commencer.
« Il est 20 h et on découvre la nouvelle Assemblée, s'exclame la journaliste Anne-Sophie Lapix en direct sur le service (encore) public. Et ce n'est pas le tiercé qui était attendu à l'issue du premier tour. » Aussitôt, la complosphère se met en branle : « La tricherie n'est jamais finie. C'est encore plus grossier que lors de la présidentielle de 2022 » dénonce le twittos derrière le compte Black Bond PTV, adepte de toutes les théories les plus fumeuses. Une « mission réussie pour les adorateurs du diable » s'alarme Bertrand Scholler, qui met en exergue les « 66,6 % de taux de participation ». La marque de la Bête, à n'en point douter...
Renaud Camus, théoricien du « Grand Remplacement », préfère y voir un coup de « la machination de remplacisme global génocidaire ». Mais oui, c'est clair ! Outre-Atlantique, le style du masculiniste Andrew Tate est plus lapidaire : « Les élections françaises ont été truquées » assure l'influenceur, inculpé pour traite d’êtres humains en bande organisée et viol.
Après son échec au premier tour de l'élection présidentielle de 2017, François Fillon assurait qu'un « cabinet noir » avait œuvré, en secret, à sa chute. Trois ans plus tard, la complosphère américaine accusait un système de vote électronique, crée par la société Dominion, d'être responsable de la défaite de Donald Trump. Idem lors du revers de son homologue brésilien, Jair Bolsonaro. En 2022, la capture vidéo d’un bug technique sur France 2 lors de la soirée électorale servait de prétexte à certains influenceurs pour affirmer qu'Emmanuel Macron n'aurait jamais dû être réélu. Plus récemment, Florian Philippot justifiait son maigre score aux Européennes par le fait que les bulletins de son parti étaient absents de bureaux de vote. Signe, selon lui, que « la France ne sait plus ou ne veut plus organiser des élections correctement ».
Pour ces législatives anticipées, la complosphère a révisé ses classiques. Richard Boutry estime par exemple que « les systèmes électroniques de vote […] ont offert des résultats ultra favorables à la macronie ». « On ne sait pas ce qui se cache derrière » assure l'ex-présentateur. La conclusion est sans appel : « Bref, on fait déplacer les gens pour rien, sinon pour leur faire croire qu'ils existent. On est passé des moutons à de véritables veaux ! » Les Français apprécieront.
Les influenceurs conspirationnistes ont aussi su faire preuve d'originalité en s'alarmant du nombre record de procurations. Celui-ci s'explique pourtant assez simplement par le caractère inattendu d'élections à très forts enjeux organisées, de surcroît, en période de vacances scolaires. Mais certains ne l'entendent pas de cette oreille et préfèrent y voir une « hausse suspecte ». Un refrain entonné à tue-tête depuis l'annonce des résultats par des personnalités comme Silvano Trotta ou l'activiste d'extrême droite Hervé Ryssen qui considère que, « sur les millions de procurations, un certain nombre relevaient de la fraude électorale ». Quant à André Bercoff, l'animateur-vedette de Sud-Radio, il s'interroge sur une potentielle « arnaque historique », avant d'ajouter :
« Le bourrage des urnes après le bourrage des crânes, no pasaran ! »
Là encore, la partition était griffonnée d'avance. « Sursaut citoyen ou vulgaire bourrage d'urne programmé ? » se questionne, un brin sceptique, Alexandre Juving-Brunet dès le 18 juin. Le même jour, Christian Combaz, alias Campagnol, explique, dans un tweet, que « Procurations = fraude ». Discours identique sur le compte X de « Laure Gonlézamarres » qui maintient que « la fraude se déroule sous nos yeux » ainsi que sur la chaîne TikTok de Valérian Ronzeau, persuadé que nous sommes « en train de vivre une fraude électorale qu'il ne cache même pas ».
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