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Législatives : qui est le candidat Hubert Marty ?

Législatives : qui est le candidat Hubert Marty ?

[LU SUR LE WEB] Depuis une semaine, les affiches d’un illustre inconnu sont apparues sur les panneaux électoraux le long des boulevards de Belleville et Ménilmontant. Ce mystérieux candidat, c’est Hubert Marty, un ex-policier des renseignements généraux, théoricien du complot aux fréquentations peu recommandables.

Candidat éligible aux législatives dans la 6e circonscription de Paris, Hubert Marty a par ailleurs accepté de nous accorder un entretien.

La vie du candidat Hubert Marty, de son nom complet Hubert Marty-Vrayance, ex-RG, s’écrit comme un roman policier. Peu de sources existent concernant sa carrière dans la police, hormis lui-même et Wikipedia, dont la fiche est extrêmement complaisante. Ce qui est sûr, c’est que l’homme semble avoir été lié à plusieurs affaires nébuleuses ayant entaché la vie politique de ses vingt dernières années avant d’être évincé de la police en 2010.

La biographie d’Hubert Marty-Vrayance nous apprend qu’il est né en 1958 et est diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris. Sa carrière aux RG débute au Havre en 1985, puis se poursuit dans la Nièvre à partir de 1988. En 1993, il est promu en Afrique au Gabon comme conseiller juridique du général d’armée qui dirigeait la police gabonaise. Il y fait la connaissance de proches d’Omar Bongo, ce dirigeant africain clé de voûte de la Françafrique.

Nommé au Burundi en 1995, soit un an après le génocide au Rwanda, il « faillit être tué lors du vol à main armée de sa voiture de l’ambassade de France commis en mai 1996 par des voyous d’origine rwandaise », nous apprend Wikipedia. Il semblerait que cette action se soit située dans le cadre d’une série d’action anti-françaises menées en représailles de l’Opération Turquoise menée par l’armée française au Rwanda.

De retour en France, il reprend ses activités de renseignement au sein de la police, cette fois dans les services liés à la sécurité informatique. Il aurait continué de collaborer avec le chef des RG Yves Bertrand sur des dossiers liés à l’affaire Pierre Bérégovoy (dans lequel il soutient la théorie de l’assassinat), bien qu’Yves Bertrand nie lui avoir commandé une enquête parallèle sur ce sujet. Il aurait aussi mené une enquête parallèle sur Yvan Colonna, toujours à la demande d’Yves Bertrand, qui cherchait à concurrencer son adjoint chargé de l’enquête après l’arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir.

L’animosité de Sarkozy et Guéant

Bakchich.info décrit l’épisode :

« C’est ainsi que le commissaire Marty-Vrayance se retrouve à Caracas. Hélas, non seulement Colonna n’est pas sous les tropiques, mais la mission est éventée. Pour l’ami Bertrand c’est fâcheux. En dépit des ordres reçus, il a engagé une enquête parallèle. Bertrand s’en tire avec un gros savon administré par Claude Guéant, mais pour « Gorge profonde » les jours au sein de la police nationale sont désormais comptés. Et d’autant plus que ce garçon, décidément doté d’une imagination extraordinairement fertile, nourrit des idées particulièrement iconoclastes sur la prise d’otage de la maternelle de Neuilly, en mai 1993. L’affaire "Human Bomb"… »

Sa participation au « cabinet noir » d’Yves Bertrand visant, sous Jacques Chirac, à déstabiliser des concurrents politiques lui vaut également l’animosité de Nicolas Sarkozy et Claude Guéant à leur retour au pouvoir. Il est finalement évincé en 2010 de la police pour avoir vendu des fichiers du STIC à un ex-gendarme devenu détective privé, une manipulation de la DST pour le faire tomber, toujours selon Wikipedia. Depuis, Hubert Marty se bat pour sa réintégration, selon ses propres dires, et semble espérer un retour en grâce avec la gauche au pouvoir.

Les complots

Partisan de la théorie du complot concernant le suicide de Pierre Bérégovoy qui, selon lui, aurait été assassiné par des hommes grenouilles, Hubert Marty-Vrayance voit des complots un peu partout. Un de ses faits d’armes les plus importants en la matière concerne le 11-Septembre, qualifié de « film à grand spectacle » à propos duquel il défend par exemple la thèse qu’aucun avion ne s’est écrasé sur le Pentagone et que ce sont des hologrammes associés à des explosions qui ont fait chuter les tours du World Trade Center.

C’est sur ce sujet qu’il s’est rapproché de Thierry Meyssan, alors qu’il était au départ chargé de le surveiller pour le compte des RG. Dans leur livre L’Effroyable mensonge, les journalistes Guillaume Dasquié et Jean Guisnel ont remarqué dans la liste des personnes remerciées par Meyssan à la fin de son ouvrage L’effroyable imposture – qui explique lui aussi qu’aucun avion ne s’est écrasé sur le pentagone le 11 septembre 2001 – les initiales H. M.-V. Bien que Marty-Vrayance ait tenté de faire retirer les passages le concernant de ce livre, il a toujours été débouté.

En novembre 2008, Libération a révélé que l’ancien patron des RG Yves Bertrand se serait servit du Réseau Voltaire pour faire passer des « torpilles » dans la presse contre le Monsieur Sécurité de Nicolas Sarkozy, Alain Bauer. Thierry Meyssan, mis en cause, nie les faits mais cite le commissaire Marty-Vrayance dans sa réponse :

« Thierry Meyssan et le Réseau Voltaire ont été placés par les Renseignements généraux sous la surveillance du commissaire Marty-Vrayance qui a appartenu à l’équipe d’Yves Bertrand [...] Lorsqu’il travaillait au Secrétariat général de la Défense nationale, le commissaire Marty-Vrayance a alerté le Réseau Voltaire sur l’existence de certaines sources ouvertes, mais il n’a jamais eu la moindre influence sur le contenu des publications du Réseau Voltaire ou de Thierry Meyssan. »

Le site spécialisé dans le suivi de l’actualité liée au conspirationnisme, Conspiracy Watch s’interroge :

« Sans préjuger de l’influence qu’ont eu, sur la thèse de Meyssan, les « sources ouvertes » sur lesquelles Marty-Vrayance a attiré son attention, chacun est en droit de se demander comment un commissaire de police chargé à l’origine de « surveiller » le Réseau Voltaire, en est arrivé à leur fournir des tuyaux ! »

Qui dit théories du complot dit, bien souvent, extrême droite. Or, si le candidat sans étiquette Hubert Marty veut bien se définir comme un « gaulliste de gauche », il nourrit des amitiés et des fréquentations clairement marquées. Outre Thierry Meyssan, dont le rapprochement avec l’extrême droite est établi de longue date, on peut noter qu’Hubert Marty-Vrayance intervient régulièrement dans des médias d’extrême droite, notamment à propos du 11-Septembre. Il a par exemple été invité pour parler de ce sujet par Emmanuel Ratier, autre informateur de Thierry Meyssan considéré comme l’héritier intellectuel du propagandiste antisémite Henry Coston, sur la station d’extrême droite Radio Courtoisie le 29 septembre dernier.

Côté écrits, Marty-Vrayance n’est pas en reste. Il a participé à un ouvrage collectif, Le 11-Septembre n’a pas eu lieu, avec des figures de l’extrême-droite.

Mais les liens de Marty-Vrayance avec l’extrême droite ne s’arrêtent pas là. Il participe actuellement à un cercle de réflexion, Civis, où se retrouvent des membres des Indignés, du Réseau voltaire et de La Dissidence (un mouvement politique qui se veut être « la résistance française » face à la mondialisation). C’est d’ailleurs dans ce cadre qu’il a rencontré son suppléant François Belliot, professeur de Lettres et participant au mouvement des Indignés.

Outre La Dissidence et Le Réseau Voltaire, on retrouve dans Civis l’association We Are Change Paris (un groupe complotiste ayant pour principale thématique le 11-Septembre et qui s’est illustré par une action contre Jacques Attali au Salon du Livre avec Egalité et Réconciliation en 2009 et le Parti du Vote Blanc).

Candidat sulfureux, Hubert Marty écume donc les marchés autour d’une thématique anti-corruption, en cachant soigneusement ses activités et fréquentations annexes : sur son blog de campagne, en dépit d’une resucée de sa fiche Wikipedia qui évoque ses liens avec Thierry Meyssan, il met surtout en avant ses apparitions dans la presse aux côtés de hautes personnalités de la vie politique. Des photos, prises au fil de sa carrière dans la police et sur lesquelles il apparaît en arrière plan le plus souvent, ne démontrent rien concernant sa proximité avec les personnalités en question (il est normal après tout que les RG soient présents lors de cérémonies officielles et déplacements de personnalités) mais suggèrent un certain égotisme. À l’occasion de cette élection, il espère bien en tout cas grappiller quelques voix auprès d’électeurs naïfs.

 

Source : Alice Masami, « Qui est Hubert Marty ? », Le75020.fr, 8 juin 2012.

 

Voir aussi, sur Conspiracy Watch :

« Gorge profonde » était un informateur de Thierry Meyssan

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