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Les ''Protocoles des Sages de Sion'' et l’héritage d’Arafat

Publié par L'Arche30 juin 2005, ,

Les ''Protocoles des Sages de Sion'' et l’héritage d’Arafat
Un nouveau manuel scolaire est entré en circulation dans les écoles de l’Autorité palestinienne. Il a été publié en 2004 sous l’égide du ministère palestinien de l’éducation, et a pour titre Histoire du monde moderne et contemporain. Il s’adresse à des jeunes gens qui sont dans leur dixième année d’études, et qui sont donc âgés d’environ seize ans.

En page 63 de ce manuel on trouve un paragraphe relatif au premier Congrès sioniste, qui s’est tenu en 1897 dans la ville de Bâle. Après avoir résumé les principales décisions prises lors de ce congrès, l’auteur ajoute : « Il y a un ensemble de résolutions secrètes adoptées par le Congrès. Elles sont connues sous le nom de Protocoles des Sages de Sion, et leur objectif est la domination du monde. Elles ont été rendues publiques par Sergueï Nilus et traduites en arabe par Muhammad Khalifa Al-Tunsi. »

Ainsi, un manuel scolaire palestinien reprend à son compte les Protocoles des Sages de Sion, cet épouvantable faux fabriqué en 1900 sur commande de la police tsariste (1) afin de servir d’argument à une campagne antijuive - et qui, après avoir été le livre de chevet de Hitler et le fer de lance de la propagande nazie, est devenu le bréviaire des antisémites du monde entier. Qui plus est, le manuel scolaire explicite, à l’intention du jeune lecteur palestinien, l’accusation monstrueuse portée par les auteurs du faux : « leur objectif est la domination du monde ». Enfin, et c’est peut-être le plus grave, le lien établi entre les Protocoles et le premier Congrès sioniste, qui est un thème récurrent de la propagande arabe (2), a pour effet d’enraciner dans les jeunes esprits la composante « antisioniste » de la haine antisémite, à moins que ce ne soit l’inverse.

On observe par ailleurs qu’il s’agit là d’un manuel publié en 2004, donc bien après les déclarations des responsables palestiniens - et de leurs amis français - selon lesquelles la composante antijuive des livres scolaires palestiniens (3) était l’héritage d’un lointain passé auquel on aurait mis bon ordre. Il s’avère que les éducateurs palestiniens, qui après l’autonomisation du système scolaire palestinien en 1994 y avaient conservé des textes manifestement antisémites, n’ont pas exercé un « droit d’inventaire » dont leurs amis étrangers les avaient rapidement dispensés (4).

La seule consolation, dans l’affaire, est que ce manuel a été publié du vivant de Yasser Arafat. Il faut espérer que le nouveau régime palestinien, qui s’est engagé à mettre un terme à l’incitation anti-israélienne et anti-juive, interviendra également dans ce domaine.

Notes :
(1) Sur l’invention des Protocoles, leur contenu et leurs usages ultérieurs, voir Pierre-André Taguieff, Les Protocoles des Sages de Sion, 2004, Berg International / Fayard. Voir également notre dossier « L’antisionisme et le mythe du complot juif », L’Arche, n°551-552, janvier-février 2004.
(2) L’affirmation selon laquelle les Protocoles ont leur origine dans le premier Congrès sioniste figure déjà dans la préface à la traduction arabe des Protocoles publiée en 1951 par Muhammad Khalifa Al-Tunsi.
(3) Voir notre dossier « Les enfants palestiniens à l’école de la haine », L’Arche, n°515, janvier 2001, et le livre de Yohanan Manor, Les manuels scolaires palestiniens. Une génération sacrifiée, 2003, Berg International.
(4) NDLR : Pour des exemples d’allégations selon lesquelles il n’y aurait pas de contenus antisémites dans les manuels scolaires de l’Autorité palestinienne, voir l’article publié en avril 2001 par Le Monde diplomatique (« Les manuels palestiniens sont-ils antisémites ? ») et le livre de Pascal Boniface, Est-il permis de critiquer Israël ?

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Un site officiel palestinien reproduit le texte des « Protocoles »

Le site internet Al-Nakba appartient au Service d’information de l’Autorité palestinienne, ainsi qu’il est indiqué en anglais dans sa page de garde (SIS : State Information Service - Palestinian National Authority). Son adresse internet (nakba.sis.gov.ps) indique à la fois son appartenance au Service d’information (sis) et son statut « gouvernemental » (gov).

Le Service d’information est un organisme créé le 12 février 1996 par un décret de Yasser Arafat, alors président de l’Autorité palestinienne. Il dépend directement de la présidence de l’Autorité palestinienne. Le site Al-Nakba est donc, à tous points de vue, un organe palestinien officiel.

Ce site, consacré à la commémoration de la défaite arabe de 1948 (en arabe : nakba) lors de la naissance de l’État d’Israël, est présenté principalement en langue arabe, avec une version anglaise. La version anglaise du site est relativement anodine. Si l’on en juge par la pauvreté de l’argumentation et la mauvaise qualité de la langue, les responsables du Service d’information palestinien ne lui ont accordé qu’une attention limitée. Il n’en va pas de même de la version arabe, qui est beaucoup plus étoffée.

L’une des particularités de la version arabe du site est qu’elle contient le texte des Protocoles des Sages de Sion. Sous l’intitulé « L’arrière-plan historique de la Nakba », le site propose le texte intégral des Protocoles, dans la traduction effectuée par le journaliste libanais Ajaj Nuwayhid. Cette traduction, publiée pour la première fois à Beyrouth en 1967 puis rééditée à plusieurs reprises en Syrie et au Liban, a été mise en ligne sur le site internet d’un parti chiite irakien, le Parti de la Dawa. Sur le site Al-Nakba, le texte des Protocoles est présenté ainsi : « On trouvera ci-dessous la traduction par l’historien Ajaj Nuwayhid de la version des Protocoles qui est parue dans la 81e édition anglaise publiée en 1958 par Victor Marsden, à partir de la première édition publiée en russe en 1905 par le chercheur Sergueï Nilus. »

On observe que le site Al-Nakba n’est pas régulièrement mis à jour. La page contenant les Protocoles a été mise à jour par les responsables du site le 12 mai 2004 ; la page de garde en langue arabe a été mise à jour le 3 juin 2004. Aucune modification n’y a été apportée depuis lors. Il s’agit donc d’un produit de l’ère Arafat, dans sa période la plus tardive. Comme pour le manuel d’histoire, on peut espérer qu’une remise en ordre effacera bientôt les contenus antisémites du discours officiel palestinien, tout en déplorant que cela n’ait pas été fait plus
tôt.

Dans ce cas précis, les protestations publiques ont été suivies d’effet. Le 4 mai 2005, le Centre israélien d’information sur le renseignement et le terrorisme rendait publique la présence des Protocoles sur le site Al-Nakba. L’organisation américaine ADL publia aussitôt une protestation. Le 18 mai, le texte des Protocoles avait été retiré du site.

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Les ''Protocoles des Sages de Sion'' et l’héritage d’Arafat
Un nouveau manuel scolaire est entré en circulation dans les écoles de l’Autorité palestinienne. Il a été publié en 2004 sous l’égide du ministère palestinien de l’éducation, et a pour titre Histoire du monde moderne et contemporain. Il s’adresse à des jeunes gens qui sont dans leur dixième année d’études, et qui sont donc âgés d’environ seize ans.

En page 63 de ce manuel on trouve un paragraphe relatif au premier Congrès sioniste, qui s’est tenu en 1897 dans la ville de Bâle. Après avoir résumé les principales décisions prises lors de ce congrès, l’auteur ajoute : « Il y a un ensemble de résolutions secrètes adoptées par le Congrès. Elles sont connues sous le nom de Protocoles des Sages de Sion, et leur objectif est la domination du monde. Elles ont été rendues publiques par Sergueï Nilus et traduites en arabe par Muhammad Khalifa Al-Tunsi. »

Ainsi, un manuel scolaire palestinien reprend à son compte les Protocoles des Sages de Sion, cet épouvantable faux fabriqué en 1900 sur commande de la police tsariste (1) afin de servir d’argument à une campagne antijuive - et qui, après avoir été le livre de chevet de Hitler et le fer de lance de la propagande nazie, est devenu le bréviaire des antisémites du monde entier. Qui plus est, le manuel scolaire explicite, à l’intention du jeune lecteur palestinien, l’accusation monstrueuse portée par les auteurs du faux : « leur objectif est la domination du monde ». Enfin, et c’est peut-être le plus grave, le lien établi entre les Protocoles et le premier Congrès sioniste, qui est un thème récurrent de la propagande arabe (2), a pour effet d’enraciner dans les jeunes esprits la composante « antisioniste » de la haine antisémite, à moins que ce ne soit l’inverse.

On observe par ailleurs qu’il s’agit là d’un manuel publié en 2004, donc bien après les déclarations des responsables palestiniens - et de leurs amis français - selon lesquelles la composante antijuive des livres scolaires palestiniens (3) était l’héritage d’un lointain passé auquel on aurait mis bon ordre. Il s’avère que les éducateurs palestiniens, qui après l’autonomisation du système scolaire palestinien en 1994 y avaient conservé des textes manifestement antisémites, n’ont pas exercé un « droit d’inventaire » dont leurs amis étrangers les avaient rapidement dispensés (4).

La seule consolation, dans l’affaire, est que ce manuel a été publié du vivant de Yasser Arafat. Il faut espérer que le nouveau régime palestinien, qui s’est engagé à mettre un terme à l’incitation anti-israélienne et anti-juive, interviendra également dans ce domaine.

Notes :
(1) Sur l’invention des Protocoles, leur contenu et leurs usages ultérieurs, voir Pierre-André Taguieff, Les Protocoles des Sages de Sion, 2004, Berg International / Fayard. Voir également notre dossier « L’antisionisme et le mythe du complot juif », L’Arche, n°551-552, janvier-février 2004.
(2) L’affirmation selon laquelle les Protocoles ont leur origine dans le premier Congrès sioniste figure déjà dans la préface à la traduction arabe des Protocoles publiée en 1951 par Muhammad Khalifa Al-Tunsi.
(3) Voir notre dossier « Les enfants palestiniens à l’école de la haine », L’Arche, n°515, janvier 2001, et le livre de Yohanan Manor, Les manuels scolaires palestiniens. Une génération sacrifiée, 2003, Berg International.
(4) NDLR : Pour des exemples d’allégations selon lesquelles il n’y aurait pas de contenus antisémites dans les manuels scolaires de l’Autorité palestinienne, voir l’article publié en avril 2001 par Le Monde diplomatique (« Les manuels palestiniens sont-ils antisémites ? ») et le livre de Pascal Boniface, Est-il permis de critiquer Israël ?

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Un site officiel palestinien reproduit le texte des « Protocoles »

Le site internet Al-Nakba appartient au Service d’information de l’Autorité palestinienne, ainsi qu’il est indiqué en anglais dans sa page de garde (SIS : State Information Service - Palestinian National Authority). Son adresse internet (nakba.sis.gov.ps) indique à la fois son appartenance au Service d’information (sis) et son statut « gouvernemental » (gov).

Le Service d’information est un organisme créé le 12 février 1996 par un décret de Yasser Arafat, alors président de l’Autorité palestinienne. Il dépend directement de la présidence de l’Autorité palestinienne. Le site Al-Nakba est donc, à tous points de vue, un organe palestinien officiel.

Ce site, consacré à la commémoration de la défaite arabe de 1948 (en arabe : nakba) lors de la naissance de l’État d’Israël, est présenté principalement en langue arabe, avec une version anglaise. La version anglaise du site est relativement anodine. Si l’on en juge par la pauvreté de l’argumentation et la mauvaise qualité de la langue, les responsables du Service d’information palestinien ne lui ont accordé qu’une attention limitée. Il n’en va pas de même de la version arabe, qui est beaucoup plus étoffée.

L’une des particularités de la version arabe du site est qu’elle contient le texte des Protocoles des Sages de Sion. Sous l’intitulé « L’arrière-plan historique de la Nakba », le site propose le texte intégral des Protocoles, dans la traduction effectuée par le journaliste libanais Ajaj Nuwayhid. Cette traduction, publiée pour la première fois à Beyrouth en 1967 puis rééditée à plusieurs reprises en Syrie et au Liban, a été mise en ligne sur le site internet d’un parti chiite irakien, le Parti de la Dawa. Sur le site Al-Nakba, le texte des Protocoles est présenté ainsi : « On trouvera ci-dessous la traduction par l’historien Ajaj Nuwayhid de la version des Protocoles qui est parue dans la 81e édition anglaise publiée en 1958 par Victor Marsden, à partir de la première édition publiée en russe en 1905 par le chercheur Sergueï Nilus. »

On observe que le site Al-Nakba n’est pas régulièrement mis à jour. La page contenant les Protocoles a été mise à jour par les responsables du site le 12 mai 2004 ; la page de garde en langue arabe a été mise à jour le 3 juin 2004. Aucune modification n’y a été apportée depuis lors. Il s’agit donc d’un produit de l’ère Arafat, dans sa période la plus tardive. Comme pour le manuel d’histoire, on peut espérer qu’une remise en ordre effacera bientôt les contenus antisémites du discours officiel palestinien, tout en déplorant que cela n’ait pas été fait plus
tôt.

Dans ce cas précis, les protestations publiques ont été suivies d’effet. Le 4 mai 2005, le Centre israélien d’information sur le renseignement et le terrorisme rendait publique la présence des Protocoles sur le site Al-Nakba. L’organisation américaine ADL publia aussitôt une protestation. Le 18 mai, le texte des Protocoles avait été retiré du site.

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