Rédigés en 1901 dans des circonstances qui demeurent encore floues aujourd'hui, Les Protocoles des Sages de Sion se présentent comme le compte-rendu de plusieurs réunions secrètes au cours desquelles Juifs et francs-maçons prépareraient un plan de conquête du monde. Rapidement exposé comme un faux, il va néanmoins circuler dans le monde entier. Avec Pierre-André Taguieff, philosophe, historien des idées et directeur de recherche au CNRS.
Crises économiques, agitations sociales, bouleversements politiques, révolutions, guerres : tous les événements majeurs de ce début de siècle ne seraient en réalité que les étapes soigneusement orchestrées d’un grand complot juif pour renverser les royaumes chrétiens. Un plan détaillé par un mystérieux texte, Les Protocoles des Sages de Sion.
Les Protocoles apparaissent pour la première fois dans la Russie pré-révolutionnaire du tsar Nicolas II. Malgré son enthousiasme initial pour le texte, censé révéler les véritables raisons de la contestation grandissante de son pouvoir au sein de la population russe, une enquête du ministère de l’Intérieur sur les origines des Protocoles convainc le tsar que le document est un faux. Le texte prétendument rédigé par les chefs de la communauté juive n’est en fait que le plagiat de plusieurs romans et essais publiés au cours du XIXe siècle.
Les Protocoles restent ainsi pendant de nombreuses années un document marginal, largement ignoré du grand public. Mais un événement va changer son destin : la révolution bolchevique de 1917. Le renversement, puis l’exécution du tsar, donnent rétrospectivement aux Protocoles une aura prémonitoire. Exilés à l’étranger, les anciens partisans de Nicolas II font alors largement circuler et traduire le texte. Le tour du monde des Protocoles commence...
Crise après crise, traduction après traduction, les Protocoles circulent dans toute l’Europe. Malgré l’évidence de leur caractère frauduleux révélé par une enquête du Times de Londres, deux hommes vont peser de tout leur poids pour les diffuser au plus grand nombre. L’un est le plus grand industriel de son époque, Henry Ford. L'autre n’est encore qu'un petit agitateur d'extrême droite, Adolf Hitler. Antisémites fanatiques, ils ambitionnent de convaincre les peuples du monde de l'urgence de se protéger et de se débarrasser des juifs.
Les Protocoles vont les y aider. Aux Etats-Unis, Henry Ford mobilise sa fortune et son influence pour distribuer des millions d’exemplaires du texte au sein de toutes les écoles du pays. En Allemagne, la propagande nazie orchestrée par Joseph Goebbels décline le thème du complot juif international sur tous les supports. Pendant plus d’une décennie, la presse, la radio, le cinéma et la littérature sont mis à contribution pour préparer les esprits à la nécessité d’une action radicale contre ce « péril juif ». Les Protocoles deviennent alors un passeport pour le génocide. Six millions de juifs sont assassinés.
Un temps oubliés en Occident, les Protocoles font néanmoins leur retour à la faveur du développement d’internet et des attentats du 11 septembre 2001. Depuis, le texte est invoqué par les extrémistes de tous les bords politiques et de toutes les religions. Plus d’un siècle après l'établissement incontestable de leur caractère frauduleux, la mystification des Protocoles des Sages de Sion se poursuit.
Une série produite par Roman Bornstein et réalisée par Alexandre Manzanarès.
Rédigés en 1901 dans des circonstances qui demeurent encore floues aujourd'hui, Les Protocoles des Sages de Sion se présentent comme le compte-rendu de plusieurs réunions secrètes au cours desquelles Juifs et francs-maçons prépareraient un plan de conquête du monde. Rapidement exposé comme un faux, il va néanmoins circuler dans le monde entier. Avec Pierre-André Taguieff, philosophe, historien des idées et directeur de recherche au CNRS.
Les Protocoles apparaissent pour la première fois dans la Russie pré-révolutionnaire du tsar Nicolas II. Malgré son enthousiasme initial pour le texte, censé révéler les véritables raisons de la contestation grandissante de son pouvoir au sein de la population russe, une enquête du ministère de l’Intérieur sur les origines des Protocoles convainc le tsar que le document est un faux. Le texte prétendument rédigé par les chefs de la communauté juive n’est en fait que le plagiat de plusieurs romans et essais publiés au cours du XIXe siècle.
Les Protocoles restent ainsi pendant de nombreuses années un document marginal, largement ignoré du grand public. Mais un événement va changer son destin : la révolution bolchevique de 1917. Le renversement, puis l’exécution du tsar, donnent rétrospectivement aux Protocoles une aura prémonitoire. Exilés à l’étranger, les anciens partisans de Nicolas II font alors largement circuler et traduire le texte. Le tour du monde des Protocoles commence...
Crise après crise, traduction après traduction, les Protocoles circulent dans toute l’Europe. Malgré l’évidence de leur caractère frauduleux révélé par une enquête du Times de Londres, deux hommes vont peser de tout leur poids pour les diffuser au plus grand nombre. L’un est le plus grand industriel de son époque, Henry Ford. L'autre n’est encore qu'un petit agitateur d'extrême droite, Adolf Hitler. Antisémites fanatiques, ils ambitionnent de convaincre les peuples du monde de l'urgence de se protéger et de se débarrasser des juifs.
Les Protocoles vont les y aider. Aux Etats-Unis, Henry Ford mobilise sa fortune et son influence pour distribuer des millions d’exemplaires du texte au sein de toutes les écoles du pays. En Allemagne, la propagande nazie orchestrée par Joseph Goebbels décline le thème du complot juif international sur tous les supports. Pendant plus d’une décennie, la presse, la radio, le cinéma et la littérature sont mis à contribution pour préparer les esprits à la nécessité d’une action radicale contre ce « péril juif ». Les Protocoles deviennent alors un passeport pour le génocide. Six millions de juifs sont assassinés.
Un temps oubliés en Occident, les Protocoles font néanmoins leur retour à la faveur du développement d’internet et des attentats du 11 septembre 2001. Depuis, le texte est invoqué par les extrémistes de tous les bords politiques et de toutes les religions. Plus d’un siècle après l'établissement incontestable de leur caractère frauduleux, la mystification des Protocoles des Sages de Sion se poursuit.
Une série produite par Roman Bornstein et réalisée par Alexandre Manzanarès.
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