Quatre ans après le crash du MH17, le Moscow Times, a interrogé sept personnes choisies au hasard, à Moscou. Leurs réponses sont la meilleure illustration de la toxicité de la désinformation complotiste et de sa capacité à semer la confusion entre fiction et réalité.
Le 17 juillet 2014, le vol 17 de la Malaysia Airlines (MH17), qui survole le Donbass, dans l'est de l’Ukraine, s'écrase, faisant un total de 298 morts, dont 80 enfants. Dans les minutes qui suivent, le colonel séparatiste Igor Strelkov, un ancien officier des services russes, se vante sur les réseaux sociaux d’avoir touché un avion militaire ennemi, visiblement persuadé d'avoir abattu un Antonov de l'armée de l'air ukrainienne.
Le lendemain, c'est jour de deuil national aux Pays-Bas : plus des deux tiers des victimes du crash étaient Néerlandais.
Employée de la chaîne d'Etat russe RT, Sara Firth annonce sa démission, ulcérée par les méthodes de sa rédaction qui s'empresse, au mépris des faits, de diffuser de prétendus « témoignages » accusant le gouvernement ukrainien. « Dès l’instant où [...] il est apparu clairement qu’un avion de ligne s’était écrasé dans la zone des combats en Ukraine, la machine de propagande russe s’est mise en marche pour allumer des contre-feux » résumera Le Monde.
Le 13 octobre 2015, le Bureau d'enquête néerlandais pour la sécurité, qui avait été chargé de l'enquête, publie son rapport final. Ses conclusions sont sans appel : le MH17 a été abattu par un missile sol-air Buk de fabrication russe, tiré depuis la zone des combats entre séparatistes pro-russes et forces ukrainiennes. Les conclusions de l’enquête internationale publiées le 24 mai dernier établissent, en outre, que le missile provenait d’une brigade antiaérienne de l'armée russe et a été tiré depuis une zone située en Ukraine mais contrôlée par les séparatistes pro-russes.
Pendant toutes ces années, Moscou n'a cessé de récuser toute responsabilité dans l'affaire et d'essayer de convaincre son opinion publique que les Occidentaux cherchaient à faire porter le chapeau à la Russie, diffusant toutes sortes de théories du complot sur le sujet.
Quatre ans après le crash du MH17, le Moscow Times, un journal anglophone diffusé en Russie, s'est rendu devant l'ambassade des Pays-Bas à Moscou pour y interroger sept personnes choisies au hasard, dans la rue. Leurs réponses sont la meilleure illustration de la toxicité de la désinformation complotiste et de sa capacité à semer la confusion entre fiction et réalité :
Sergei Tiushevsky, 60 ans, chef d'entreprise :
« Je pense que la Russie n'a rien à voir avec ça. A 100%, ma main à couper. Parce qu'on n'en avait pas besoin. Quel intérêt la Russie aurait eu à abattre un avion civil, c'est impossible. Il n'y a pas la moindre logique à ça ».
Larisa Gerasimova, 58 ans, docteur :
« On n'a pas de vraie information. On entend des opinons différentes mais aucune source d'information n'est exacte. Peut-être qu'on croirait la communauté internationale si elle avait une meilleure attitude à l'égard de la Russie ».
Dmitry Maltsev, 28 ans, acteur :
« Je ne sais pas. Ces trucs politiques, je sais pas, honnêtement j'ai jamais cherché. Je sais juste qu'une tragédie a eu lieu il y a 4 ans aux Pays-Bas et je suis désolé pour les victimes ».
Olga Samsonova, 47 ans, travaillant dans les ressources humaines :
« C'est une question très délicate, mais je ne pense pas que la Russie soit impliquée. Si la Russie était coupable, quel aurait été le but en envoyant ce missile sur cet avion ? (…) ».
Maria Popova, 37ans, avocate :
« D’après ce que j’ai compris, l’avion a été frappé par un missile Buk. Mais la Russie dit qu'elle a cessé d'utiliser ce type de missiles il y a plusieurs années déjà (…). Je ne me suis pas fait d’opinion parce que je pense qu’il y a beaucoup de désinformation. Je pense qu'après l'affaire Skripal, chacun a une opinion très tranchée et très émotionnelle ».
Anna Pochukanets, 38 ans, travaillant dans la finance :
« Je ne sais pas vraiment. L’impression que j'ai, c'est que les pays en désaccord avec notre politique extérieure essaient de décrédibiliser la Russie. J’ai mon idée de qui a lancé le missile et je la garderai pour moi, mais ce n’est certainement pas nous ».
Yulia Rusak, 33ans, guide touristique :
« D’après nos médias, nous n'étions pas impliqués, d’après le reste du monde c’était nous. Donc, c’est très difficile à dire. Je pense que sans preuve tangible, on ne peut condamner personne (…) ».
En somme, sur sept passants interrogés, aucun n’est convaincu de la responsabilité russe dans le crash du MH17. La majorité n'a pas vraiment d'opinion sur le sujet tandis que trois assurent que le gouvernement de leur pays est innocent. Et lorsque la question de la désinformation est évoquée, c’est pour mettre en doute les informations venant de l'étranger. En multipliant les versions possibles d'un même événement, y compris et surtout les plus douteuses, les médias russes ont rendu inaudibles les conclusions des enquêtes les plus sérieuses.
Quatre ans après le crash du MH17, le Moscow Times, a interrogé sept personnes choisies au hasard, à Moscou. Leurs réponses sont la meilleure illustration de la toxicité de la désinformation complotiste et de sa capacité à semer la confusion entre fiction et réalité.
Le 17 juillet 2014, le vol 17 de la Malaysia Airlines (MH17), qui survole le Donbass, dans l'est de l’Ukraine, s'écrase, faisant un total de 298 morts, dont 80 enfants. Dans les minutes qui suivent, le colonel séparatiste Igor Strelkov, un ancien officier des services russes, se vante sur les réseaux sociaux d’avoir touché un avion militaire ennemi, visiblement persuadé d'avoir abattu un Antonov de l'armée de l'air ukrainienne.
Le lendemain, c'est jour de deuil national aux Pays-Bas : plus des deux tiers des victimes du crash étaient Néerlandais.
Employée de la chaîne d'Etat russe RT, Sara Firth annonce sa démission, ulcérée par les méthodes de sa rédaction qui s'empresse, au mépris des faits, de diffuser de prétendus « témoignages » accusant le gouvernement ukrainien. « Dès l’instant où [...] il est apparu clairement qu’un avion de ligne s’était écrasé dans la zone des combats en Ukraine, la machine de propagande russe s’est mise en marche pour allumer des contre-feux » résumera Le Monde.
Le 13 octobre 2015, le Bureau d'enquête néerlandais pour la sécurité, qui avait été chargé de l'enquête, publie son rapport final. Ses conclusions sont sans appel : le MH17 a été abattu par un missile sol-air Buk de fabrication russe, tiré depuis la zone des combats entre séparatistes pro-russes et forces ukrainiennes. Les conclusions de l’enquête internationale publiées le 24 mai dernier établissent, en outre, que le missile provenait d’une brigade antiaérienne de l'armée russe et a été tiré depuis une zone située en Ukraine mais contrôlée par les séparatistes pro-russes.
Pendant toutes ces années, Moscou n'a cessé de récuser toute responsabilité dans l'affaire et d'essayer de convaincre son opinion publique que les Occidentaux cherchaient à faire porter le chapeau à la Russie, diffusant toutes sortes de théories du complot sur le sujet.
Quatre ans après le crash du MH17, le Moscow Times, un journal anglophone diffusé en Russie, s'est rendu devant l'ambassade des Pays-Bas à Moscou pour y interroger sept personnes choisies au hasard, dans la rue. Leurs réponses sont la meilleure illustration de la toxicité de la désinformation complotiste et de sa capacité à semer la confusion entre fiction et réalité :
Sergei Tiushevsky, 60 ans, chef d'entreprise :
« Je pense que la Russie n'a rien à voir avec ça. A 100%, ma main à couper. Parce qu'on n'en avait pas besoin. Quel intérêt la Russie aurait eu à abattre un avion civil, c'est impossible. Il n'y a pas la moindre logique à ça ».
Larisa Gerasimova, 58 ans, docteur :
« On n'a pas de vraie information. On entend des opinons différentes mais aucune source d'information n'est exacte. Peut-être qu'on croirait la communauté internationale si elle avait une meilleure attitude à l'égard de la Russie ».
Dmitry Maltsev, 28 ans, acteur :
« Je ne sais pas. Ces trucs politiques, je sais pas, honnêtement j'ai jamais cherché. Je sais juste qu'une tragédie a eu lieu il y a 4 ans aux Pays-Bas et je suis désolé pour les victimes ».
Olga Samsonova, 47 ans, travaillant dans les ressources humaines :
« C'est une question très délicate, mais je ne pense pas que la Russie soit impliquée. Si la Russie était coupable, quel aurait été le but en envoyant ce missile sur cet avion ? (…) ».
Maria Popova, 37ans, avocate :
« D’après ce que j’ai compris, l’avion a été frappé par un missile Buk. Mais la Russie dit qu'elle a cessé d'utiliser ce type de missiles il y a plusieurs années déjà (…). Je ne me suis pas fait d’opinion parce que je pense qu’il y a beaucoup de désinformation. Je pense qu'après l'affaire Skripal, chacun a une opinion très tranchée et très émotionnelle ».
Anna Pochukanets, 38 ans, travaillant dans la finance :
« Je ne sais pas vraiment. L’impression que j'ai, c'est que les pays en désaccord avec notre politique extérieure essaient de décrédibiliser la Russie. J’ai mon idée de qui a lancé le missile et je la garderai pour moi, mais ce n’est certainement pas nous ».
Yulia Rusak, 33ans, guide touristique :
« D’après nos médias, nous n'étions pas impliqués, d’après le reste du monde c’était nous. Donc, c’est très difficile à dire. Je pense que sans preuve tangible, on ne peut condamner personne (…) ».
En somme, sur sept passants interrogés, aucun n’est convaincu de la responsabilité russe dans le crash du MH17. La majorité n'a pas vraiment d'opinion sur le sujet tandis que trois assurent que le gouvernement de leur pays est innocent. Et lorsque la question de la désinformation est évoquée, c’est pour mettre en doute les informations venant de l'étranger. En multipliant les versions possibles d'un même événement, y compris et surtout les plus douteuses, les médias russes ont rendu inaudibles les conclusions des enquêtes les plus sérieuses.
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