Conspiracy Watch | l'Observatoire du conspirationnisme
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Mon droit de réponse au magazine Marianne

Publié par Rudy Reichstadt27 novembre 2019,

J’ai écrit que la critique du complotisme relevait du « sport de combat ». C’est ce que confirme l’article à charge que me consacre Marianne dans son édition du 22 au 28 novembre 2019 (n° 1183), sous la plume de Brice Perrier.

"Marianne", n° 1183, 22-28 novembre 2019.

Ce texte de trois pages réalise le tour de force de passer sous silence les enquêtes que nous avons pu publier au cours des dernières années ainsi que le rapport annuel que nous avons édité au printemps et qui, à ma connaissance, n’a pas d’équivalent, aussi bien s’agissant de l’analyse qu’il propose que des recommandations qu’il formule pour lutter contre le conspirationnisme.

Quant aux petites philippiques décochées contre Conspiracy Watch, je ne peux pas toutes les commenter : elles ne sont pas agréables mais la vie est courte, nous avons des chantiers plus urgents et, surtout, je mentirais si je prétendais que je ne m’y attendais pas après environ cinq heures d’une interview exceptionnellement pénible, il y a quelques semaines, où j’ai eu la déplaisante impression d’être un inculpé à qui on cherche à faire avouer on ne sait quel crime honteux plutôt qu’un auteur dont on cherche à brosser le portrait loyalement.

J’ai compris assez vite que, de mon essai sur la question complotiste, L’Opium des imbéciles, il ne serait pas vraiment question sinon que comme un prétexte à un taillage de costard en règle. Ceux qui, comme Jean-Yves Camus, directeur de l’Observatoire des radicalités politiques de la Fondation Jean-Jaurès, ou Valérie Igounet, directrice adjointe de Conspiracy Watch, ont eu Brice Perrier au téléphone à cette occasion peuvent en témoigner qui m’ont rapporté n’avoir jamais été interrogés d’une manière aussi suspicieuse au sujet d’un collègue.

Je ne conteste en rien à Brice Perrier et à certains de ceux dont il recueille le témoignage le droit d’être des « conspi-friendly » comme je qualifie dans mon essai ceux qui trouvent plus urgent d’excuser le conspirationnisme plutôt que de le combattre. Je ne leur conteste pas non plus le droit de considérer, par exemple, que qualifier un propos complotiste de « complotiste » participerait de la radicalisation de son auteur. Je demande simplement qu’ils souffrent que d’autres fassent un choix différent et décident d’appeler les choses par leur nom.

Je n’ai pas, personnellement, de problème avec la critique. J’en ai, en revanche, avec le travestissement des faits. C’est pourquoi je tiens à apporter les précisions suivantes :

1 - Je n’ai escamoté aucune des questions que m’a posées Brice Perrier. J’y ai répondu le plus complètement possible, y compris lorsqu’elles me paraissaient avoir une dimension toute anecdotique. Ainsi de ma proximité supposée avec Bernard-Henri Lévy qui semblait constituer un sujet d’intérêt particulièrement vif pour mon interviewer. Je lui ai confirmé avoir participé, en 2012 puis en 2013, à deux conférences organisées par la revue fondée par BHL, aux côtés de spécialistes du conspirationnisme et également de Guy Konopnicki, chroniqueur depuis vingt ans dans un magazine hebdomadaire appelé… Marianne (peut-être le même, qui sait ?!).

1 bis - Contrairement à ce qu'écrit Brice Perrier, je n'ai pas été « recruté en tant que consultant par le gouvernement de Manuel Valls » (je travaillais alors à la Mairie de Paris). J'ai participé, en 2015, en tant que principal animateur de Conspiracy Watch (et comme cela y était écrit dès cette époque) à l’élaboration du contenu du site d’information et de prévention du conspirationnisme OnTeManipule.fr, après que le Service d’information du Gouvernement (un service administratif dépendant de Matignon), m’a sollicité. Pour cette activité, je n'ai tiré aucune rétribution à titre personnel.

2 - Autre sujet suscitant le plus grand intérêt de Brice Perrier : le blog Les-Crises. Il se trouve que sur les centaines de textes publiés sur Conspiracy Watch, un seul (un !) est consacré à ce site. Il s’agit d’un droit de réponse à son administrateur, Olivier Berruyer, auquel chacun peut se reporter. Or, voici ce qu’écrit Brice Perrier : « Quand on demande à Rudy Reichstadt quels propos complotistes auraient été publiés sur Les-Crises, il n’en livre aucun ». Cette affirmation appelle plusieurs commentaires.

Tout d’abord, j’ai bel et bien mentionné lors de notre entrevue les contenus douteux publiés sur le blog Les-Crises, notamment les textes d’auteurs notoirement complotistes – voire antisémites – et vidéos issus de sites tout aussi complotistes comme Le Cercle des Volontaires ou Agence Info Libre. Ces contenus sont évoqués dans le droit de réponse à Olivier Berruyer auquel j’ai renvoyé Brice Perrier.

Je rappelle en outre que l’interview était censée porter sur mon livre et non sur le cas M. Berruyer – qui, du reste, n’y est pas cité une seule fois. Je ne suis pas obsessionnel au point d’être capable de citer de tête les « propos » complotistes publiés sur Les-Crises. J’ai cependant le souvenir d’avoir évoqué lors de mon entretien avec Brice Perrier le cas d’un dessin outrageusement complotiste utilisé par Les-Crises pour illustrer un texte sur le Venezuela publié début août 2017.

Ce dessin – qui, dans différentes versions, circule sur des sites complotistes depuis au moins 2013 – suggère clairement que la situation dans laquelle le régime du président Maduro en est arrivé à réprimer dans le sang des manifestations d’opposition est en réalité le fruit d’une déstabilisation fomentée par les Etats-Unis et Israël. Il était si problématique qu’après que nous eûmes alerté sur ce point via notre compte Twitter, le blog Les-Crises a procédé à une mise à jour, republiant le même dessin mais après en avoir gommé l’étoile de David présente sur le drapeau de l’Etat d’Israël. Le dessin, une fois modifié, n’en conservait pas moins son caractère complotiste.

Autre exemple : le 28 mai 2014, le blog Les-Crises publiait la traduction d’un article de Paul Craig Roberts intitulé « L’essor de la Russie vers le pouvoir global ». Le texte était assorti de ce commentaire de la part de M. Berruyer : « Je rappelle que cet économiste et journaliste paléoconservateur américain a été sous-secrétaire au Trésor dans l’administration Reagan (1981-1982), et est un des pères fondateurs des Reaganomics. Il a également été rédacteur en chef adjoint au Wall Street Journal. Sa vision décape… ». Ce texte contenait la fausse information complotiste selon laquelle les Etats-Unis auraient orchestré la « révolution orange » de 2004 en Ukraine et aurait ensuite dépensé 5 milliards de dollars pour y financer un coup d’Etat. C’est faux, nous l’avons montré sur Conspiracy Watch (à la suite de quoi le blog Les-Crises a fait disparaître ce texte même s’il continue à être trouvable sur d’autres sites conspirationnistes sur lesquels il avait essaimé, comme comite-valmy.org) et il aurait suffi à Brice Perrier de faire une simple requête « Les-Crises » sur le moteur de recherche de Conspiracy Watch pour s’en rendre compte.

Brice Perrier peut estimer, pour sa part, que rien de tout cela ne pose problème. Mais si les mots ont un sens, il ne peut pas, sans tromper ses lecteurs, suggérer qu’il n’existe « aucun » exemple de contenu complotiste présent sur le blog Les-Crises. Le plus élémentaire respect de la déontologie journalistique aurait été de restituer la teneur des critiques que mon équipe et moi-même faisons valoir à ce sujet.

L’animateur du blog Les-Crises, à qui Brice Perrier donne la parole dans son article, a engagé à mon encontre pas moins de trois poursuites en diffamation qui n’ont pas encore été jugées (la première affaire devait l’être le 13 novembre dernier mais a été renvoyée au 2 avril 2020). Comme je l’ai dit à Brice Perrier, je considère ces poursuites comme des procédures-bâillons destinées à intimider et paralyser toute critique. Je demande d’ailleurs au TGI de Paris de débouter M. Berruyer de l’ensemble de ses demandes et de juger qu’il s’est abusivement constitué partie civile, comme le prévoit l’article 472 du code de procédure pénal.

Si je suis confiant sur l’issue de ces procédures (je récuse fermement avoir jamais diffamé M. Berruyer, mes propos le concernant relevant strictement du débat d’idées), j’ai pris la décision, sur les conseils de mon avocate, de réserver à la 17e chambre correctionnelle du TGI de Paris la primeur des éléments complémentaires que je compte apporter à l’appui de ma défense, comme c’est mon droit le plus strict – ce que chacun est capable de comprendre. De cela, Brice Perrier était, là aussi, pleinement informé, plusieurs semaines avant la publication de son article – nos échanges de sms en attestent. L’honnêteté aurait été, là encore, de le mentionner plutôt que de prendre fait et cause pour M. Berruyer en passant sous silence cet élément déterminant.

L’administrateur du blog Les-Crises a participé il y a quelques jours à une rencontre avec Sergueï Lavrov, le ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, un Etat qui apparaît à la 149e place sur 180 du classement mondial de la liberté de la presse 2019 de Reporters sans frontières. En plus d’engager trois procédures en diffamation contre moi et d’attaquer en diffamation près de la moitié du droit de réponse que je lui avais adressé en 2016 après qu'il m'eut accusé de vouloir « combattre la liberté d'expression », M. Berruyer a engagé des poursuites contre – liste non exhaustive – Cécile Vaissié (professeur en études russes à l'université Rennes 2, auteure de Les réseaux du Kremlin en France), Samuel Laurent (Le Monde), Adrien Sénécat (Le Monde), Jean Quatremer (Libération), Raphaël Glucksmann, Nicolas Tenzer (enseignant à Sciences Po) ou encore Adrien Saumier. Or c’est moi que Brice Perrier présente – un comble ! – comme une menace pour la liberté d’expression.

La fin de la complaisance à l’égard du complotisme que j’appelle de mes vœux dans L’Opium des imbéciles serait « synonyme de restriction de la liberté d’expression ». Or je ne cesse, au contraire, de dire, chaque fois que l’occasion m’en est donnée, mon hostilité à une quelconque législation pénalisant les théories du complot, convaincu que c’est d’abord et avant tout par un travail d’analyse critique, de contre-argumentation et de sensibilisation qu’il convient de lutter contre ce phénomène plutôt que dans les prétoires.

3 - Comme tout un chacun, je suis traversé par des opinions. Sans en faire étalage, je n’en fais pas non plus mystère et j’ai toujours écrit sous mon identité véritable. Mon dernier engagement partisan remonte à plusieurs années avant le lancement en 2007 de Conspiracy Watch. A cette époque comme aujourd’hui, j’ai mis et continue de mettre un point d’honneur à essayer de mettre mes opinions politiques de côté lorsque je traite de théories du complot. La petite équipe que nous formons avec Valérie Igounet et quelques autres ne pourrait pas tenir s’il en était autrement. Par conséquent, je m’inscris en faux contre la tentative de présenter Conspiracy Watch en instrument « militant » ou en officine au service d’une quelconque sensibilité partisane. Il nous arrive de publier sur Conspiracy Watch des auteurs avec lesquels je suis, à titre personnel, loin de partager toutes les options politiques ou idéologiques, y compris sur la question du complotisme. La diversité des horizons politiques de ceux qui sont publiés sur Conspiracy Watch, la diversité des parcours des membres de notre conseil scientifique et des multiples collaborateurs de Conspiracy Watch garantit, là aussi, que nous ne « roulons » pour personne.

Brice Perrier écrit : « Pas un commentaire quand Emmanuel Macron laissa entendre à des journalistes que le mouvement [des Gilets jaunes] serait manipulé par la Russie. On était pourtant là aussi dans une forme de complotisme colportée par le président de la République » : cette phrase sous-entend que nous chercherions, à Conspiracy Watch, à ménager Emmanuel Macron. On se reportera donc à l’article que nous avons publié en juillet 2018 en pleine affaire Benalla. Il se trouve que j’en suis l’auteur. Chacun jugera le degré de « macronisme » de ce texte. Quant aux propos d’Emmanuel Macron concernant les Gilets jaunes, ils ont été rapportés dans la presse au style indirect et doivent être replacés dans le contexte des vérifications lancées par les autorités françaises qui font suite à une enquête du Times qui avait identifié quelque 200 comptes Twitter alimentés par la Russie avec pour but d’amplifier le mouvement des Gilets jaunes. Pourquoi ne pas le mentionner ?

4 - Je dois dire que je n’ai pas le souvenir précis d’avoir « confessé » à mon interviewer un « présupposé positif pour nos gouvernements et la démocratie libérale », en tous cas formulé en ces termes. Mais admettons, je ne mets pas en cause la bonne foi de Brice Perrier sur ce point. Cette petite phrase, isolée de son contexte d’énonciation (une discussion de presque cinq heures, je le rappelle) appelle quelques commentaires.

Pour la démocratie libérale, assurément, je plaide coupable : j’avoue volontiers un faible pour les démocraties libérales plutôt que pour les démocraties illibérales ou les dictatures. Il me semblait – me serais-je trompé ? – que c’était aussi le cas de Marianne, la République étant après tout la forme qu’a prise historiquement en France la démocratie libérale. Mais un « présupposé positif pour nos gouvernements », qu’est-ce à dire ? Non pas que la parole officielle de nos gouvernements me paraîtrait devoir être acceptée sans critique ni examen (je suis bien conscient que c’est dans ce sens que les complotistes de tous poils pourraient s’empresser de tirer ce bout de phrase) ; mais qu’à choisir entre la parole d’un gouvernement autoritaire habitué à travestir les faits et celle du gouvernement d’un pays où les journalistes ne se font pas assassiner dès qu’ils ont la mauvaise manie de critiquer le pouvoir en place, ma préférence va indiscutablement au second. Cela ne signifie nullement qu’il faille croire sur parole tout ce qui provient de « nos gouvernements », ni non plus qu’il faille présumer que les régimes autoritaires mentent tout le temps : la thèse selon laquelle la Russie est derrière le crash de Smolensk, par exemple, me semble devoir être tenue en l’état pour ce qu’elle est : une authentique théorie du complot (entre 2010 et 2016, nous en avons parlé cinq fois sur Conspiracy Watch).

5 - Les résultats des deux enquêtes d’opinion que nous avons réalisées en décembre 2017 puis en décembre 2018 en partenariat avec la Fondation Jean-Jaurès et l’Ifop n’ont pas de précédent. Elles sont venues confirmer que le conspirationnisme était un phénomène social majeur concernant, dans sa forme la plus intense (ceux qui approuvent spontanément 5 théories du complot ou plus), entre un Français sur quatre et un Français sur cinq. Du reste, le constat que notre première enquête dressait quant à la pénétration des idées complotistes dans l’opinion publique française a été corroboré par une enquête réalisée en août 2018 par YouGov dans le cadre du projet de recherche Conspiracy & Democracy du Centre for Research in the Arts, Social Sciences and Humanities (CRASSH) de l’université de Cambridge. Il convient d’ajouter que les données brutes de nos enquêtes ont été transmises au groupe de chercheurs du projet « Conspiracy », financé par l’Agence nationale de la recherche (ANR), sous la responsabilité de Sylvain Delouvée. Elles ont été exploitées pour mettre en évidence l’existence d’un biais téléologique à l’œuvre à la fois dans l’adhésion au créationnisme et dans l’adhésion au conspirationnisme. Contrairement à ce que prétend Brice Perrier, l’énoncé concernant la création de la Terre « par Dieu il y a moins de 10 000 ans » n’était nullement confondue avec une théorie conspirationniste. Mais pour le comprendre, encore eut-il fallu se reporter à la note d’analyse accompagnant et commentant les résultats de l’enquête où ce point était très clairement explicité, noir sur blanc.

En mandatant l’Ifop pour réaliser ces enquêtes d’opinion, nous cherchions à objectiver l’adhésion au complotisme dans la société française, à tenter d’estimer comment cette adhésion évolue dans le temps selon les théories du complot concernées et à éprouver un certain nombre d’hypothèses.

Par son ampleur, sa nouveauté et ce qu’elle révélait, notre enquête de décembre 2017 a suscité dès sa publication un intérêt très vif des grands médias d’information généralistes qui se sont, pour certains d’entre eux, focalisés sur le chiffre le plus spectaculaire (les 79% de sondés approuvant spontanément au moins une théorie du complot), au risque de faire passer au second plan l’analyse plus nuancée que nous proposions des résultats de notre enquête : nous suggérions ainsi d’envisager une opinion publique française structurée en trois blocs, proposant de considérer les 25% de sondés particulièrement perméables aux théories du complot (c’est-à-dire approuvant spontanément 5 théories du complot ou plus sur la dizaine présentée) comme composant la population la plus concernée par le complotisme au sens fort du terme. La publication de l’enquête s’est accompagnée, de la même manière, de l’expression de plusieurs arguments critiques mais aussi, parfois, de procès d’intention douteux, l’hebdomadaire Marianne allant jusqu’à forger – pour mieux le réfuter –, un artefact pourtant absent de nos analyses : celui selon lequel huit Français sur dix seraient « complotistes ».

De manière savoureusement ironique, un certain nombre de ces « critiques » relevaient précisément de ce que l’enquête mettait en exergue : une suspicion confinant au complotisme. Pour les uns, qui posèrent comme un postulat incontestable – et pourtant erroné – que nous avions intérêt à découvrir des taux élevés d’adhésion aux théories du complot, ce sondage sur le complotisme relevait lui-même de la manipulation : il aurait été « taillé sur mesure » pour faire croire artificiellement à une très importante proportion de complotistes dans la société française. Pour d’autres, les sondeurs auraient carrément usé de techniques de « manipulation mentale » (sic) : l’Ifop aurait ainsi eu « recours aux techniques du mentalisme [sic] pour obtenir des résultats » à même de satisfaire ses clients !

Élément particulièrement significatif : aucune référence ne fut faite, dans ces textes de facture « hypercritique », à la note d’accompagnement du sondage que nous avons publiée. Présentés comme des « erreurs » de méthodologie entachant irrémédiablement le sérieux de notre démarche, nos choix méthodologiques y étaient pourtant très explicitement annoncés dès la deuxième page. Est-il besoin de préciser qu’aucun des auteurs de ces textes, qui s’apparentent plus à des entreprises de démolition qu’à des critiques loyales, n’a pris la peine de nous solliciter – nous, la Fondation Jean-Jaurès ou l’Ifop –, pour recueillir nos explications ?

6 - La ligne éditoriale de Conspiracy Watch est publique. Nous analysons le conspirationnisme de manière résolument critique, documentée et scrupuleusement sourcée. Avec honnêteté également : c’est même l’un des compliments les plus fréquents que nous adressent ceux, toujours plus nombreux, qui sont familiers de notre travail.

 

(Dernière mise à jour le 15/05/2020 : ajout d'un point « 1 bis »)

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"Marianne", n° 1183, 22-28 novembre 2019.

Ce texte de trois pages réalise le tour de force de passer sous silence les enquêtes que nous avons pu publier au cours des dernières années ainsi que le rapport annuel que nous avons édité au printemps et qui, à ma connaissance, n’a pas d’équivalent, aussi bien s’agissant de l’analyse qu’il propose que des recommandations qu’il formule pour lutter contre le conspirationnisme.

Quant aux petites philippiques décochées contre Conspiracy Watch, je ne peux pas toutes les commenter : elles ne sont pas agréables mais la vie est courte, nous avons des chantiers plus urgents et, surtout, je mentirais si je prétendais que je ne m’y attendais pas après environ cinq heures d’une interview exceptionnellement pénible, il y a quelques semaines, où j’ai eu la déplaisante impression d’être un inculpé à qui on cherche à faire avouer on ne sait quel crime honteux plutôt qu’un auteur dont on cherche à brosser le portrait loyalement.

J’ai compris assez vite que, de mon essai sur la question complotiste, L’Opium des imbéciles, il ne serait pas vraiment question sinon que comme un prétexte à un taillage de costard en règle. Ceux qui, comme Jean-Yves Camus, directeur de l’Observatoire des radicalités politiques de la Fondation Jean-Jaurès, ou Valérie Igounet, directrice adjointe de Conspiracy Watch, ont eu Brice Perrier au téléphone à cette occasion peuvent en témoigner qui m’ont rapporté n’avoir jamais été interrogés d’une manière aussi suspicieuse au sujet d’un collègue.

Je ne conteste en rien à Brice Perrier et à certains de ceux dont il recueille le témoignage le droit d’être des « conspi-friendly » comme je qualifie dans mon essai ceux qui trouvent plus urgent d’excuser le conspirationnisme plutôt que de le combattre. Je ne leur conteste pas non plus le droit de considérer, par exemple, que qualifier un propos complotiste de « complotiste » participerait de la radicalisation de son auteur. Je demande simplement qu’ils souffrent que d’autres fassent un choix différent et décident d’appeler les choses par leur nom.

Je n’ai pas, personnellement, de problème avec la critique. J’en ai, en revanche, avec le travestissement des faits. C’est pourquoi je tiens à apporter les précisions suivantes :

1 - Je n’ai escamoté aucune des questions que m’a posées Brice Perrier. J’y ai répondu le plus complètement possible, y compris lorsqu’elles me paraissaient avoir une dimension toute anecdotique. Ainsi de ma proximité supposée avec Bernard-Henri Lévy qui semblait constituer un sujet d’intérêt particulièrement vif pour mon interviewer. Je lui ai confirmé avoir participé, en 2012 puis en 2013, à deux conférences organisées par la revue fondée par BHL, aux côtés de spécialistes du conspirationnisme et également de Guy Konopnicki, chroniqueur depuis vingt ans dans un magazine hebdomadaire appelé… Marianne (peut-être le même, qui sait ?!).

1 bis - Contrairement à ce qu'écrit Brice Perrier, je n'ai pas été « recruté en tant que consultant par le gouvernement de Manuel Valls » (je travaillais alors à la Mairie de Paris). J'ai participé, en 2015, en tant que principal animateur de Conspiracy Watch (et comme cela y était écrit dès cette époque) à l’élaboration du contenu du site d’information et de prévention du conspirationnisme OnTeManipule.fr, après que le Service d’information du Gouvernement (un service administratif dépendant de Matignon), m’a sollicité. Pour cette activité, je n'ai tiré aucune rétribution à titre personnel.

2 - Autre sujet suscitant le plus grand intérêt de Brice Perrier : le blog Les-Crises. Il se trouve que sur les centaines de textes publiés sur Conspiracy Watch, un seul (un !) est consacré à ce site. Il s’agit d’un droit de réponse à son administrateur, Olivier Berruyer, auquel chacun peut se reporter. Or, voici ce qu’écrit Brice Perrier : « Quand on demande à Rudy Reichstadt quels propos complotistes auraient été publiés sur Les-Crises, il n’en livre aucun ». Cette affirmation appelle plusieurs commentaires.

Tout d’abord, j’ai bel et bien mentionné lors de notre entrevue les contenus douteux publiés sur le blog Les-Crises, notamment les textes d’auteurs notoirement complotistes – voire antisémites – et vidéos issus de sites tout aussi complotistes comme Le Cercle des Volontaires ou Agence Info Libre. Ces contenus sont évoqués dans le droit de réponse à Olivier Berruyer auquel j’ai renvoyé Brice Perrier.

Je rappelle en outre que l’interview était censée porter sur mon livre et non sur le cas M. Berruyer – qui, du reste, n’y est pas cité une seule fois. Je ne suis pas obsessionnel au point d’être capable de citer de tête les « propos » complotistes publiés sur Les-Crises. J’ai cependant le souvenir d’avoir évoqué lors de mon entretien avec Brice Perrier le cas d’un dessin outrageusement complotiste utilisé par Les-Crises pour illustrer un texte sur le Venezuela publié début août 2017.

Ce dessin – qui, dans différentes versions, circule sur des sites complotistes depuis au moins 2013 – suggère clairement que la situation dans laquelle le régime du président Maduro en est arrivé à réprimer dans le sang des manifestations d’opposition est en réalité le fruit d’une déstabilisation fomentée par les Etats-Unis et Israël. Il était si problématique qu’après que nous eûmes alerté sur ce point via notre compte Twitter, le blog Les-Crises a procédé à une mise à jour, republiant le même dessin mais après en avoir gommé l’étoile de David présente sur le drapeau de l’Etat d’Israël. Le dessin, une fois modifié, n’en conservait pas moins son caractère complotiste.

Autre exemple : le 28 mai 2014, le blog Les-Crises publiait la traduction d’un article de Paul Craig Roberts intitulé « L’essor de la Russie vers le pouvoir global ». Le texte était assorti de ce commentaire de la part de M. Berruyer : « Je rappelle que cet économiste et journaliste paléoconservateur américain a été sous-secrétaire au Trésor dans l’administration Reagan (1981-1982), et est un des pères fondateurs des Reaganomics. Il a également été rédacteur en chef adjoint au Wall Street Journal. Sa vision décape… ». Ce texte contenait la fausse information complotiste selon laquelle les Etats-Unis auraient orchestré la « révolution orange » de 2004 en Ukraine et aurait ensuite dépensé 5 milliards de dollars pour y financer un coup d’Etat. C’est faux, nous l’avons montré sur Conspiracy Watch (à la suite de quoi le blog Les-Crises a fait disparaître ce texte même s’il continue à être trouvable sur d’autres sites conspirationnistes sur lesquels il avait essaimé, comme comite-valmy.org) et il aurait suffi à Brice Perrier de faire une simple requête « Les-Crises » sur le moteur de recherche de Conspiracy Watch pour s’en rendre compte.

Brice Perrier peut estimer, pour sa part, que rien de tout cela ne pose problème. Mais si les mots ont un sens, il ne peut pas, sans tromper ses lecteurs, suggérer qu’il n’existe « aucun » exemple de contenu complotiste présent sur le blog Les-Crises. Le plus élémentaire respect de la déontologie journalistique aurait été de restituer la teneur des critiques que mon équipe et moi-même faisons valoir à ce sujet.

L’animateur du blog Les-Crises, à qui Brice Perrier donne la parole dans son article, a engagé à mon encontre pas moins de trois poursuites en diffamation qui n’ont pas encore été jugées (la première affaire devait l’être le 13 novembre dernier mais a été renvoyée au 2 avril 2020). Comme je l’ai dit à Brice Perrier, je considère ces poursuites comme des procédures-bâillons destinées à intimider et paralyser toute critique. Je demande d’ailleurs au TGI de Paris de débouter M. Berruyer de l’ensemble de ses demandes et de juger qu’il s’est abusivement constitué partie civile, comme le prévoit l’article 472 du code de procédure pénal.

Si je suis confiant sur l’issue de ces procédures (je récuse fermement avoir jamais diffamé M. Berruyer, mes propos le concernant relevant strictement du débat d’idées), j’ai pris la décision, sur les conseils de mon avocate, de réserver à la 17e chambre correctionnelle du TGI de Paris la primeur des éléments complémentaires que je compte apporter à l’appui de ma défense, comme c’est mon droit le plus strict – ce que chacun est capable de comprendre. De cela, Brice Perrier était, là aussi, pleinement informé, plusieurs semaines avant la publication de son article – nos échanges de sms en attestent. L’honnêteté aurait été, là encore, de le mentionner plutôt que de prendre fait et cause pour M. Berruyer en passant sous silence cet élément déterminant.

L’administrateur du blog Les-Crises a participé il y a quelques jours à une rencontre avec Sergueï Lavrov, le ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, un Etat qui apparaît à la 149e place sur 180 du classement mondial de la liberté de la presse 2019 de Reporters sans frontières. En plus d’engager trois procédures en diffamation contre moi et d’attaquer en diffamation près de la moitié du droit de réponse que je lui avais adressé en 2016 après qu'il m'eut accusé de vouloir « combattre la liberté d'expression », M. Berruyer a engagé des poursuites contre – liste non exhaustive – Cécile Vaissié (professeur en études russes à l'université Rennes 2, auteure de Les réseaux du Kremlin en France), Samuel Laurent (Le Monde), Adrien Sénécat (Le Monde), Jean Quatremer (Libération), Raphaël Glucksmann, Nicolas Tenzer (enseignant à Sciences Po) ou encore Adrien Saumier. Or c’est moi que Brice Perrier présente – un comble ! – comme une menace pour la liberté d’expression.

La fin de la complaisance à l’égard du complotisme que j’appelle de mes vœux dans L’Opium des imbéciles serait « synonyme de restriction de la liberté d’expression ». Or je ne cesse, au contraire, de dire, chaque fois que l’occasion m’en est donnée, mon hostilité à une quelconque législation pénalisant les théories du complot, convaincu que c’est d’abord et avant tout par un travail d’analyse critique, de contre-argumentation et de sensibilisation qu’il convient de lutter contre ce phénomène plutôt que dans les prétoires.

3 - Comme tout un chacun, je suis traversé par des opinions. Sans en faire étalage, je n’en fais pas non plus mystère et j’ai toujours écrit sous mon identité véritable. Mon dernier engagement partisan remonte à plusieurs années avant le lancement en 2007 de Conspiracy Watch. A cette époque comme aujourd’hui, j’ai mis et continue de mettre un point d’honneur à essayer de mettre mes opinions politiques de côté lorsque je traite de théories du complot. La petite équipe que nous formons avec Valérie Igounet et quelques autres ne pourrait pas tenir s’il en était autrement. Par conséquent, je m’inscris en faux contre la tentative de présenter Conspiracy Watch en instrument « militant » ou en officine au service d’une quelconque sensibilité partisane. Il nous arrive de publier sur Conspiracy Watch des auteurs avec lesquels je suis, à titre personnel, loin de partager toutes les options politiques ou idéologiques, y compris sur la question du complotisme. La diversité des horizons politiques de ceux qui sont publiés sur Conspiracy Watch, la diversité des parcours des membres de notre conseil scientifique et des multiples collaborateurs de Conspiracy Watch garantit, là aussi, que nous ne « roulons » pour personne.

Brice Perrier écrit : « Pas un commentaire quand Emmanuel Macron laissa entendre à des journalistes que le mouvement [des Gilets jaunes] serait manipulé par la Russie. On était pourtant là aussi dans une forme de complotisme colportée par le président de la République » : cette phrase sous-entend que nous chercherions, à Conspiracy Watch, à ménager Emmanuel Macron. On se reportera donc à l’article que nous avons publié en juillet 2018 en pleine affaire Benalla. Il se trouve que j’en suis l’auteur. Chacun jugera le degré de « macronisme » de ce texte. Quant aux propos d’Emmanuel Macron concernant les Gilets jaunes, ils ont été rapportés dans la presse au style indirect et doivent être replacés dans le contexte des vérifications lancées par les autorités françaises qui font suite à une enquête du Times qui avait identifié quelque 200 comptes Twitter alimentés par la Russie avec pour but d’amplifier le mouvement des Gilets jaunes. Pourquoi ne pas le mentionner ?

4 - Je dois dire que je n’ai pas le souvenir précis d’avoir « confessé » à mon interviewer un « présupposé positif pour nos gouvernements et la démocratie libérale », en tous cas formulé en ces termes. Mais admettons, je ne mets pas en cause la bonne foi de Brice Perrier sur ce point. Cette petite phrase, isolée de son contexte d’énonciation (une discussion de presque cinq heures, je le rappelle) appelle quelques commentaires.

Pour la démocratie libérale, assurément, je plaide coupable : j’avoue volontiers un faible pour les démocraties libérales plutôt que pour les démocraties illibérales ou les dictatures. Il me semblait – me serais-je trompé ? – que c’était aussi le cas de Marianne, la République étant après tout la forme qu’a prise historiquement en France la démocratie libérale. Mais un « présupposé positif pour nos gouvernements », qu’est-ce à dire ? Non pas que la parole officielle de nos gouvernements me paraîtrait devoir être acceptée sans critique ni examen (je suis bien conscient que c’est dans ce sens que les complotistes de tous poils pourraient s’empresser de tirer ce bout de phrase) ; mais qu’à choisir entre la parole d’un gouvernement autoritaire habitué à travestir les faits et celle du gouvernement d’un pays où les journalistes ne se font pas assassiner dès qu’ils ont la mauvaise manie de critiquer le pouvoir en place, ma préférence va indiscutablement au second. Cela ne signifie nullement qu’il faille croire sur parole tout ce qui provient de « nos gouvernements », ni non plus qu’il faille présumer que les régimes autoritaires mentent tout le temps : la thèse selon laquelle la Russie est derrière le crash de Smolensk, par exemple, me semble devoir être tenue en l’état pour ce qu’elle est : une authentique théorie du complot (entre 2010 et 2016, nous en avons parlé cinq fois sur Conspiracy Watch).

5 - Les résultats des deux enquêtes d’opinion que nous avons réalisées en décembre 2017 puis en décembre 2018 en partenariat avec la Fondation Jean-Jaurès et l’Ifop n’ont pas de précédent. Elles sont venues confirmer que le conspirationnisme était un phénomène social majeur concernant, dans sa forme la plus intense (ceux qui approuvent spontanément 5 théories du complot ou plus), entre un Français sur quatre et un Français sur cinq. Du reste, le constat que notre première enquête dressait quant à la pénétration des idées complotistes dans l’opinion publique française a été corroboré par une enquête réalisée en août 2018 par YouGov dans le cadre du projet de recherche Conspiracy & Democracy du Centre for Research in the Arts, Social Sciences and Humanities (CRASSH) de l’université de Cambridge. Il convient d’ajouter que les données brutes de nos enquêtes ont été transmises au groupe de chercheurs du projet « Conspiracy », financé par l’Agence nationale de la recherche (ANR), sous la responsabilité de Sylvain Delouvée. Elles ont été exploitées pour mettre en évidence l’existence d’un biais téléologique à l’œuvre à la fois dans l’adhésion au créationnisme et dans l’adhésion au conspirationnisme. Contrairement à ce que prétend Brice Perrier, l’énoncé concernant la création de la Terre « par Dieu il y a moins de 10 000 ans » n’était nullement confondue avec une théorie conspirationniste. Mais pour le comprendre, encore eut-il fallu se reporter à la note d’analyse accompagnant et commentant les résultats de l’enquête où ce point était très clairement explicité, noir sur blanc.

En mandatant l’Ifop pour réaliser ces enquêtes d’opinion, nous cherchions à objectiver l’adhésion au complotisme dans la société française, à tenter d’estimer comment cette adhésion évolue dans le temps selon les théories du complot concernées et à éprouver un certain nombre d’hypothèses.

Par son ampleur, sa nouveauté et ce qu’elle révélait, notre enquête de décembre 2017 a suscité dès sa publication un intérêt très vif des grands médias d’information généralistes qui se sont, pour certains d’entre eux, focalisés sur le chiffre le plus spectaculaire (les 79% de sondés approuvant spontanément au moins une théorie du complot), au risque de faire passer au second plan l’analyse plus nuancée que nous proposions des résultats de notre enquête : nous suggérions ainsi d’envisager une opinion publique française structurée en trois blocs, proposant de considérer les 25% de sondés particulièrement perméables aux théories du complot (c’est-à-dire approuvant spontanément 5 théories du complot ou plus sur la dizaine présentée) comme composant la population la plus concernée par le complotisme au sens fort du terme. La publication de l’enquête s’est accompagnée, de la même manière, de l’expression de plusieurs arguments critiques mais aussi, parfois, de procès d’intention douteux, l’hebdomadaire Marianne allant jusqu’à forger – pour mieux le réfuter –, un artefact pourtant absent de nos analyses : celui selon lequel huit Français sur dix seraient « complotistes ».

De manière savoureusement ironique, un certain nombre de ces « critiques » relevaient précisément de ce que l’enquête mettait en exergue : une suspicion confinant au complotisme. Pour les uns, qui posèrent comme un postulat incontestable – et pourtant erroné – que nous avions intérêt à découvrir des taux élevés d’adhésion aux théories du complot, ce sondage sur le complotisme relevait lui-même de la manipulation : il aurait été « taillé sur mesure » pour faire croire artificiellement à une très importante proportion de complotistes dans la société française. Pour d’autres, les sondeurs auraient carrément usé de techniques de « manipulation mentale » (sic) : l’Ifop aurait ainsi eu « recours aux techniques du mentalisme [sic] pour obtenir des résultats » à même de satisfaire ses clients !

Élément particulièrement significatif : aucune référence ne fut faite, dans ces textes de facture « hypercritique », à la note d’accompagnement du sondage que nous avons publiée. Présentés comme des « erreurs » de méthodologie entachant irrémédiablement le sérieux de notre démarche, nos choix méthodologiques y étaient pourtant très explicitement annoncés dès la deuxième page. Est-il besoin de préciser qu’aucun des auteurs de ces textes, qui s’apparentent plus à des entreprises de démolition qu’à des critiques loyales, n’a pris la peine de nous solliciter – nous, la Fondation Jean-Jaurès ou l’Ifop –, pour recueillir nos explications ?

6 - La ligne éditoriale de Conspiracy Watch est publique. Nous analysons le conspirationnisme de manière résolument critique, documentée et scrupuleusement sourcée. Avec honnêteté également : c’est même l’un des compliments les plus fréquents que nous adressent ceux, toujours plus nombreux, qui sont familiers de notre travail.

 

(Dernière mise à jour le 15/05/2020 : ajout d'un point « 1 bis »)

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à propos de l'auteur
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Rudy Reichstadt
Directeur de Conspiracy Watch, Rudy Reichstadt est expert associé à la Fondation Jean-Jaurès et chroniqueur pour l'hebdomadaire Franc-Tireur. Co-auteur du film documentaire « Complotisme : les alibis de la terreur », il a publié chez Grasset L'Opium des imbéciles. Essai sur la question complotiste (2019) et Au cœur du complot (2023) et a co-dirigé Histoire politique de l'antisémitisme en France. De 1967 à nos jours, chez Robert Laffont (2024). Il a également participé à l'élaboration du rapport « Les Lumières à l’ère numérique » dans le cadre de la commission Bronner (2022). Depuis 2021, il co-anime le podcast « Complorama » sur France Info.
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