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Nick Fuentes, ce podcasteur d'extrême droite qui accuse Israël d'avoir « conspiré » contre Trump

Publié par La Rédaction02 décembre 2020,

Cette figure montante de l'Alt-Right reproche à Fox News et à l'État hébreu d'avoir trahi le président sortant.

Nick Fuentes interviewé dans la rue (capture d’écran YouTube/Andy Ngo, 20/12/2019).

Alors qu'il ne fait plus de doute depuis le 7 novembre dernier que Joe Biden a remporté l'élection présidentielle américaine, une partie importante des partisans de Donald Trump refuse de regarder la réalité en face. Le 9 novembre, Nick Fuentes, un militant pro-Trump de 22 ans, a affirmé dans un tweet que Trump avait été réélu pour un autre mandat « après avoir été trahi par Fox News, l’establishment républicain, le ministère de la défense et l’État d’Israël, qui ont tous conspiré contre lui. »

L’Institute for Strategic Dialogue (ISD), un think-tank britannique consacré à la lutte contre l’extrémisme, a pu établir que ce post a été partagé des centaines de fois dans des groupes antisémites sur les réseaux sociaux.

Tweet de Nick Fuentes dénonçant les « trahisons » de « Fox News, l’establishment républicain, le ministère de la défense et l’État d’Israël » contre Donald Trump - capture d'écan Twitter

En dépit de son apparence policée et juvénile, Nick Fuentes est un militant d’extrême-droite adepte du white supremacism. Celui qui appelait en 2017 à « tuer les mondialistes [qui] contrôlent les médias » (une expression derrière laquelle de nombreux commentateurs voient un moyen indirect de désigner les Juifs) reste à ce jour un partisan indéfectible du président sortant. S’il a pu critiquer Donald Trump par le passé pour sa proximité jugée trop grande avec Israël, Fuentes voit en lui un rempart contre ceux qui voudraient en finir avec la race blanche.

Fuentes appartient à cette mouvance ultra-conservatrice qui considère les Républicains comme trop timorés. Au point d'appeler, récemment, à « détruire le Parti républicain ». Bien que rejeté par la majeure partie des conservateurs américains, qui condamnent son extrémisme, le jeune homme bénéficie d’une audience certaine sur Internet, notamment auprès de ses 126 000 abonnés sur Twitter, où il fait montre d'une activité soutenue, ou via le podcast politique qu’il anime, America First. Il a néanmoins été bannis des réseaux sociaux Twitch et Reddit pour avoir publié des propos provoquant à la haine, avant de voir sa chaîne fermée par YouTube en février 2020 pour les mêmes raisons.

« Élites mondialistes sataniques »

Nick Fuentes s’est montré particulièrement actif lors des récentes manifestations dénonçant de prétendues fraudes lors de l’élection présidentielle de novembre 2020. Lors du rassemblement Make America Great Again, organisé à Washington le samedi 14 novembre, il s’est exprimé publiquement pour expliquer que le président Trump se battait contre des « élites mondialistes sataniques » qui s’opposent à « nous, le peuple du Christ ». Fuentes a également déclaré qu’il attendait « avec impatience le jour où Ben Shapiro », animateur de radio d’origine juive et figure de la twittosphère conservatrice, « confessera que Jésus est le Seigneur. »

Le 9 novembre toujours, dans un autre tweet partagé près de 600 fois, Fuentes relayait un post du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou félicitant Joe Biden et Kamala Harris pour leur victoire, assorti du commentaire : « Il semble que les Groypers avaient raison à propos d’Israël. »

Tweet de Nick Fuentes « il semble que les Groypers avaient raison à propos d’Israël » (source : Twitter).

L’« armée des Groypers » est un réseau informel de jeunes suprématistes blancs apparu en 2017 et dont Nick Fuentes est l’un des principaux animateurs, aux côtés par exemple de Patrick Casey, leader d’un groupuscule considéré comme néo-nazi et récemment dissous, l’American Identity Movement.

Le nom « Groyper » vient de Pepe the Frog, un personnage de BD devenu un emblème de l’Alt-Right qui le met en scène dans des mèmes racistes et antisémites. Le plus souvent, la grenouille est représentée sous sa variante dite du « Groyper », un Pepe the Frog plus flasque que l’original et qui fait reposer son menton sur ses mains, l’air circonspect.

L'emblème des Groypers.

Pour rendre leur idéologie plus présentable, les Groypers se réclament surtout du christianisme ou des valeurs traditionnelles, mais prônent en réalité des positions radicales contre les minorités ethniques, les migrants, les Juifs et Israël, les Musulmans, les groupes LGBT, les féministes ou encore le multiculturalisme. Leur objectif est de faire dériver la très puissante mouvance conservatrice américaine vers le suprématisme blanc. S’ils sont surtout actifs sur Internet, les Groypers se sont notamment fait connaître en venant perturber avec des questions volontairement provocatrices les réunions de groupes conservateurs mainstream, qu’ils jugent trop modérés ou inféodés aux « intérêts non-blancs » – comprendre : les intérêts d'Israël, pour l'essentiel.

Avant d'accuser Israël et Fox News d'avoir conspiré contre Trump, Fuentes avait, dans une vidéo postée l'année dernière, comparé les Juifs des camps de concentration à des biscuits dans un four et repris à son compte un argumentaire de facture négationniste selon lequel seulement « 200 à 300 000 Juifs » auraient péri pendant la Seconde Guerre mondiale. Il a également affirmé que la ségrégation des Noirs était « meilleure pour eux », ou encore qualifié Matt Walsh, chroniqueur au Daily Wire, de « goy du shabbat et traître à sa race », car le directeur de ce média, Ben Shapiro, est juif.

Des enquêtes d'opinion ont montré que les Juifs israéliens ont très largement soutenu Donald Trump, tandis que les Juifs américains ont au contraire en grande majorité voté pour le candidat démocrate.

 

Voir aussi :

Pourquoi la rhétorique antisémite de Trump va s’intensifier

 

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Nick Fuentes interviewé dans la rue (capture d’écran YouTube/Andy Ngo, 20/12/2019).

Alors qu'il ne fait plus de doute depuis le 7 novembre dernier que Joe Biden a remporté l'élection présidentielle américaine, une partie importante des partisans de Donald Trump refuse de regarder la réalité en face. Le 9 novembre, Nick Fuentes, un militant pro-Trump de 22 ans, a affirmé dans un tweet que Trump avait été réélu pour un autre mandat « après avoir été trahi par Fox News, l’establishment républicain, le ministère de la défense et l’État d’Israël, qui ont tous conspiré contre lui. »

L’Institute for Strategic Dialogue (ISD), un think-tank britannique consacré à la lutte contre l’extrémisme, a pu établir que ce post a été partagé des centaines de fois dans des groupes antisémites sur les réseaux sociaux.

Tweet de Nick Fuentes dénonçant les « trahisons » de « Fox News, l’establishment républicain, le ministère de la défense et l’État d’Israël » contre Donald Trump - capture d'écan Twitter

En dépit de son apparence policée et juvénile, Nick Fuentes est un militant d’extrême-droite adepte du white supremacism. Celui qui appelait en 2017 à « tuer les mondialistes [qui] contrôlent les médias » (une expression derrière laquelle de nombreux commentateurs voient un moyen indirect de désigner les Juifs) reste à ce jour un partisan indéfectible du président sortant. S’il a pu critiquer Donald Trump par le passé pour sa proximité jugée trop grande avec Israël, Fuentes voit en lui un rempart contre ceux qui voudraient en finir avec la race blanche.

Fuentes appartient à cette mouvance ultra-conservatrice qui considère les Républicains comme trop timorés. Au point d'appeler, récemment, à « détruire le Parti républicain ». Bien que rejeté par la majeure partie des conservateurs américains, qui condamnent son extrémisme, le jeune homme bénéficie d’une audience certaine sur Internet, notamment auprès de ses 126 000 abonnés sur Twitter, où il fait montre d'une activité soutenue, ou via le podcast politique qu’il anime, America First. Il a néanmoins été bannis des réseaux sociaux Twitch et Reddit pour avoir publié des propos provoquant à la haine, avant de voir sa chaîne fermée par YouTube en février 2020 pour les mêmes raisons.

« Élites mondialistes sataniques »

Nick Fuentes s’est montré particulièrement actif lors des récentes manifestations dénonçant de prétendues fraudes lors de l’élection présidentielle de novembre 2020. Lors du rassemblement Make America Great Again, organisé à Washington le samedi 14 novembre, il s’est exprimé publiquement pour expliquer que le président Trump se battait contre des « élites mondialistes sataniques » qui s’opposent à « nous, le peuple du Christ ». Fuentes a également déclaré qu’il attendait « avec impatience le jour où Ben Shapiro », animateur de radio d’origine juive et figure de la twittosphère conservatrice, « confessera que Jésus est le Seigneur. »

Le 9 novembre toujours, dans un autre tweet partagé près de 600 fois, Fuentes relayait un post du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou félicitant Joe Biden et Kamala Harris pour leur victoire, assorti du commentaire : « Il semble que les Groypers avaient raison à propos d’Israël. »

Tweet de Nick Fuentes « il semble que les Groypers avaient raison à propos d’Israël » (source : Twitter).

L’« armée des Groypers » est un réseau informel de jeunes suprématistes blancs apparu en 2017 et dont Nick Fuentes est l’un des principaux animateurs, aux côtés par exemple de Patrick Casey, leader d’un groupuscule considéré comme néo-nazi et récemment dissous, l’American Identity Movement.

Le nom « Groyper » vient de Pepe the Frog, un personnage de BD devenu un emblème de l’Alt-Right qui le met en scène dans des mèmes racistes et antisémites. Le plus souvent, la grenouille est représentée sous sa variante dite du « Groyper », un Pepe the Frog plus flasque que l’original et qui fait reposer son menton sur ses mains, l’air circonspect.

L'emblème des Groypers.

Pour rendre leur idéologie plus présentable, les Groypers se réclament surtout du christianisme ou des valeurs traditionnelles, mais prônent en réalité des positions radicales contre les minorités ethniques, les migrants, les Juifs et Israël, les Musulmans, les groupes LGBT, les féministes ou encore le multiculturalisme. Leur objectif est de faire dériver la très puissante mouvance conservatrice américaine vers le suprématisme blanc. S’ils sont surtout actifs sur Internet, les Groypers se sont notamment fait connaître en venant perturber avec des questions volontairement provocatrices les réunions de groupes conservateurs mainstream, qu’ils jugent trop modérés ou inféodés aux « intérêts non-blancs » – comprendre : les intérêts d'Israël, pour l'essentiel.

Avant d'accuser Israël et Fox News d'avoir conspiré contre Trump, Fuentes avait, dans une vidéo postée l'année dernière, comparé les Juifs des camps de concentration à des biscuits dans un four et repris à son compte un argumentaire de facture négationniste selon lequel seulement « 200 à 300 000 Juifs » auraient péri pendant la Seconde Guerre mondiale. Il a également affirmé que la ségrégation des Noirs était « meilleure pour eux », ou encore qualifié Matt Walsh, chroniqueur au Daily Wire, de « goy du shabbat et traître à sa race », car le directeur de ce média, Ben Shapiro, est juif.

Des enquêtes d'opinion ont montré que les Juifs israéliens ont très largement soutenu Donald Trump, tandis que les Juifs américains ont au contraire en grande majorité voté pour le candidat démocrate.

 

Voir aussi :

Pourquoi la rhétorique antisémite de Trump va s’intensifier

 

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