Un travail de fourmi
Nicole Bacharan rappelle qu’« on dispose aujourd’hui d’une quantité énorme de documents sur le 11-Septembre, on peut même analyser en détail les appels des passagers des avions, ceux des occupants des tours, qui ont été enregistrés par une multitude de personnes notamment les services de secours, les compagnies aériennes, les familles sur leurs répondeurs, des téléphones portables... On dispose aussi des notes prises par les différents conseillers lors des réunions dans le bunker de la Maison Blanche, au Pentagone, à bord d’Air Force One, et des témoignages directs des différents protagonistes. Il manque aujourd’hui très peu de choses : des notes sur une réunion avec Dick Cheney et une partie de l’enregistrement du cockpit du vol 93. Notre travail a pris beaucoup de temps car toutes ces données sont abondantes, très longues à manipuler, à classer, à hiérarchiser, à vérifier, à croiser. C’est un peu un travail de fourmi. Notre perception globale des évènements n’a pas été profondément changée, à part, peut-être ce qui concerne le chaos qui a régné pendant toute la journée et dont nous ne soupçonnons pas l’ampleur ».
L’historienne évoque l’« impression de chaos, de désorganisation générale» qui se dégage du récit de cette journée. « Pourquoi les Etats-Unis étaient si mal préparés ? Qu’auraient-ils pu faire de mieux ? La réponse, qui peut expliquer ce “chaos”, est liée au fait que l’Amérique se trouve ce jour-là face à quelque chose que personne n’avait jusqu’alors imaginé. C’est un événement inédit, impensable (...), et donc face auquel l’Amérique était démunie. »
Et Dominique Simonnet d’insister sur « le manque de coordination : les militaires ne communiquent pas avec les civils, les pompiers ne communiquent pas avec les policiers, les hélicoptères au-dessus des tours ne communiquent pas avec les secours au sol, les chasseurs n’ont pas d’instructions claires... C’est comme s’il y avait d’une part un ciel civil et d’autre part un ciel militaire, bref une autorité gouvernementale déconnectée, et un grand désarroi face à ce flot d’informations éparses ». De surcroît, « les agences de renseignement disposaient d’un certain nombre d’informations sur la menace d’une attaque imminente, mais elles ont mal communiqué entre elles, et des erreurs d’appréciation ont été commises ».
Le vrai mystère du 11-Septembre
Quel rôle les néoconservateurs ont-ils joué ? Les auteurs montrent que «dès l’après-midi même du 11-Septembre, ils cherchent déjà un moyen d’établir un lien entre l’Irak et les attentats ». Ils sont alors cohérents avec ce qui est leur obsession : « en découdre avec Saddam Hussein et remodeler le Moyen-Orient ». Nicole Bacharan et Dominique Simonnet mettent ici le doigt sur l’une des principales apories logiques du discours conspirationniste : dans l'hypothèse où ils auraient fomenté secrètement les attentats, pour quelle raison les néoconservateurs auraient-ils fait porter le chapeau à un groupe de djihadistes principalement saoudiens plutôt qu'au dictateur irakien ?
Et si la part d'ombre essentielle du 11-Septembre résidait moins dans les débris du World Trade Center que dans ce qu'il y a de plus intime au fond de nous ? « Qu’est ce qui pousse des êtres humains à accomplir un tel acte aussi décivilisé, à assassiner des milliers d’inconnus, d’hommes, de femmes, d‘enfants ? », s'interroge Dominique Simonnet. « A préparer pendant des mois, de manière si méthodique, un tel meurtre de masse, de sang froid avec le désir absolu, réfléchi, de mener cet assassinat jusqu’à son terme ? Si la description de l’événement n’est pas une réponse, elle s’en approche au plus près, sachant que ce mystère-là demeure. S’il y a un mystère du 11 septembre, il ne porte pas sur les faits, aujourd’hui incontestables, mais sur cette barbarie humaine, froide et méthodique ».
Un travail de fourmi
Nicole Bacharan rappelle qu’« on dispose aujourd’hui d’une quantité énorme de documents sur le 11-Septembre, on peut même analyser en détail les appels des passagers des avions, ceux des occupants des tours, qui ont été enregistrés par une multitude de personnes notamment les services de secours, les compagnies aériennes, les familles sur leurs répondeurs, des téléphones portables... On dispose aussi des notes prises par les différents conseillers lors des réunions dans le bunker de la Maison Blanche, au Pentagone, à bord d’Air Force One, et des témoignages directs des différents protagonistes. Il manque aujourd’hui très peu de choses : des notes sur une réunion avec Dick Cheney et une partie de l’enregistrement du cockpit du vol 93. Notre travail a pris beaucoup de temps car toutes ces données sont abondantes, très longues à manipuler, à classer, à hiérarchiser, à vérifier, à croiser. C’est un peu un travail de fourmi. Notre perception globale des évènements n’a pas été profondément changée, à part, peut-être ce qui concerne le chaos qui a régné pendant toute la journée et dont nous ne soupçonnons pas l’ampleur ».
L’historienne évoque l’« impression de chaos, de désorganisation générale» qui se dégage du récit de cette journée. « Pourquoi les Etats-Unis étaient si mal préparés ? Qu’auraient-ils pu faire de mieux ? La réponse, qui peut expliquer ce “chaos”, est liée au fait que l’Amérique se trouve ce jour-là face à quelque chose que personne n’avait jusqu’alors imaginé. C’est un événement inédit, impensable (...), et donc face auquel l’Amérique était démunie. »
Et Dominique Simonnet d’insister sur « le manque de coordination : les militaires ne communiquent pas avec les civils, les pompiers ne communiquent pas avec les policiers, les hélicoptères au-dessus des tours ne communiquent pas avec les secours au sol, les chasseurs n’ont pas d’instructions claires... C’est comme s’il y avait d’une part un ciel civil et d’autre part un ciel militaire, bref une autorité gouvernementale déconnectée, et un grand désarroi face à ce flot d’informations éparses ». De surcroît, « les agences de renseignement disposaient d’un certain nombre d’informations sur la menace d’une attaque imminente, mais elles ont mal communiqué entre elles, et des erreurs d’appréciation ont été commises ».
Le vrai mystère du 11-Septembre
Quel rôle les néoconservateurs ont-ils joué ? Les auteurs montrent que «dès l’après-midi même du 11-Septembre, ils cherchent déjà un moyen d’établir un lien entre l’Irak et les attentats ». Ils sont alors cohérents avec ce qui est leur obsession : « en découdre avec Saddam Hussein et remodeler le Moyen-Orient ». Nicole Bacharan et Dominique Simonnet mettent ici le doigt sur l’une des principales apories logiques du discours conspirationniste : dans l'hypothèse où ils auraient fomenté secrètement les attentats, pour quelle raison les néoconservateurs auraient-ils fait porter le chapeau à un groupe de djihadistes principalement saoudiens plutôt qu'au dictateur irakien ?
Et si la part d'ombre essentielle du 11-Septembre résidait moins dans les débris du World Trade Center que dans ce qu'il y a de plus intime au fond de nous ? « Qu’est ce qui pousse des êtres humains à accomplir un tel acte aussi décivilisé, à assassiner des milliers d’inconnus, d’hommes, de femmes, d‘enfants ? », s'interroge Dominique Simonnet. « A préparer pendant des mois, de manière si méthodique, un tel meurtre de masse, de sang froid avec le désir absolu, réfléchi, de mener cet assassinat jusqu’à son terme ? Si la description de l’événement n’est pas une réponse, elle s’en approche au plus près, sachant que ce mystère-là demeure. S’il y a un mystère du 11 septembre, il ne porte pas sur les faits, aujourd’hui incontestables, mais sur cette barbarie humaine, froide et méthodique ».
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