Une citation apocryphe accusant l'Etat d'infiltrer des casseurs dans les manifestations circule depuis l’année dernière. Elle a été abondamment diffusée pendant le mouvement des Gilets jaunes.
C'est une petite phrase qui circule sur les réseaux sociaux depuis près d'un an. Attribuée à Charles Pasqua (1927-2015), ministre de l’intérieur de 1986 à 1988 et de 1993 à 1995, elle refait surface régulièrement, sa dernière occurrence datant du 31 juillet dernier sur Twitter.
« Infiltrer des casseurs au milieu des manifestants afin de les discréditer reste la meilleure arme du pouvoir » : tels sont les mots qu'aurait prononcés cette figure historique du souverainisme gaulliste, sans autre précision quant à leur source, leur date ou leur contexte. C'est qu'à l’instar d’autres citations apocryphes (voir ici, là ou encore là), rien n’indique que Charles Pasqua a jamais tenu de tels propos.
Partagée des dizaines de milliers de fois au cours des derniers mois, cette citation rencontre semble-t-il un énorme succès chez des internautes témoignant leur sympathie pour le mouvement des Gilets jaunes. Diffusée par une candidate de l'UPR (le parti de François Asselineau, ex-collaborateur de Charles Pasqua), elle l’est aussi par une actrice dont le post sur Facebook est à l’origine de 4 400 partages.
Sans réelle surprise, on retrouve la phrase sur plusieurs groupes de Gilets jaunes, dont « La France en colère – Carte des rassemblements », le plus connu de tous, qui compte plus de 300 000 membres. L'apparition de cette citation apocryphe sur les réseaux sociaux est en effet contemporaine de l'émergence du mouvement des Gilets jaunes. Par la suite, elle a été abondamment relayée, y compris sur des sites comme AgoravoxTv le 28 novembre 2018, le blog Délits d’images le 3 décembre 2018 (un site épinglé par le Décodex comme partageant de fausses informations), ou encore le site d’extrême-droite Minurne le 7 décembre 2018.
Fin connaisseur de la carrière de Charles Pasqua, le journaliste Guy Konopnicki nous confirme que, s'« il avait une capacité à la petite phrase, il n'a jamais dit ça. D'autre part, les manifestations qui ont eu lieu lorsqu'il était ministre de l'Intérieur, ont donné lieu à très peu de casses. Ceux qui s'y adonnaient, étaient très vite neutralisés. »
Conspiracy Watch n'a pas pu consulter l’intégralité des ouvrages écrits par Charles Pasqua ou ceux qui lui sont consacrés. Mais partout où la citation qui est attribuée à l'ancien ministre de l'intérieur apparaît, elle n’est jamais datée ni sourcée. Il nous a par ailleurs été impossible d’en retrouver la moindre trace dans la presse française. On peut en outre raisonnablement conjecturer que si Charles Pasqua avait réellement prononcé ou écrit une telle phrase, elle aurait depuis longtemps été reproduite sur Internet accompagnée de précisions quant à sa source.
Remontant aux origines de cette fausse citation, on constate qu'elle apparaît sur les réseaux sociaux le 24 novembre 2018, soit le deuxième samedi de mobilisation des Gilets jaunes. C’est le patron d'une agence de pub, ancien cadre chez Publicis, qui, le premier, semble avoir diffusé la fameuse phrase sur son compte Facebook... d'où elle a depuis été partagée plus de 33 000 fois !
Contacté par Conspiracy Watch pour connaître la source de cette citation, ce dernier n'a pas souhaité nous parler directement, nous demandant de lui adresser nos questions par écrit. Il n'y a finalement jamais répondu, malgré nos relances.
Voir aussi :
Octobre 2010 : le ''ninja'' était bien un manifestant violent
Une citation apocryphe accusant l'Etat d'infiltrer des casseurs dans les manifestations circule depuis l’année dernière. Elle a été abondamment diffusée pendant le mouvement des Gilets jaunes.
C'est une petite phrase qui circule sur les réseaux sociaux depuis près d'un an. Attribuée à Charles Pasqua (1927-2015), ministre de l’intérieur de 1986 à 1988 et de 1993 à 1995, elle refait surface régulièrement, sa dernière occurrence datant du 31 juillet dernier sur Twitter.
« Infiltrer des casseurs au milieu des manifestants afin de les discréditer reste la meilleure arme du pouvoir » : tels sont les mots qu'aurait prononcés cette figure historique du souverainisme gaulliste, sans autre précision quant à leur source, leur date ou leur contexte. C'est qu'à l’instar d’autres citations apocryphes (voir ici, là ou encore là), rien n’indique que Charles Pasqua a jamais tenu de tels propos.
Partagée des dizaines de milliers de fois au cours des derniers mois, cette citation rencontre semble-t-il un énorme succès chez des internautes témoignant leur sympathie pour le mouvement des Gilets jaunes. Diffusée par une candidate de l'UPR (le parti de François Asselineau, ex-collaborateur de Charles Pasqua), elle l’est aussi par une actrice dont le post sur Facebook est à l’origine de 4 400 partages.
Sans réelle surprise, on retrouve la phrase sur plusieurs groupes de Gilets jaunes, dont « La France en colère – Carte des rassemblements », le plus connu de tous, qui compte plus de 300 000 membres. L'apparition de cette citation apocryphe sur les réseaux sociaux est en effet contemporaine de l'émergence du mouvement des Gilets jaunes. Par la suite, elle a été abondamment relayée, y compris sur des sites comme AgoravoxTv le 28 novembre 2018, le blog Délits d’images le 3 décembre 2018 (un site épinglé par le Décodex comme partageant de fausses informations), ou encore le site d’extrême-droite Minurne le 7 décembre 2018.
Fin connaisseur de la carrière de Charles Pasqua, le journaliste Guy Konopnicki nous confirme que, s'« il avait une capacité à la petite phrase, il n'a jamais dit ça. D'autre part, les manifestations qui ont eu lieu lorsqu'il était ministre de l'Intérieur, ont donné lieu à très peu de casses. Ceux qui s'y adonnaient, étaient très vite neutralisés. »
Conspiracy Watch n'a pas pu consulter l’intégralité des ouvrages écrits par Charles Pasqua ou ceux qui lui sont consacrés. Mais partout où la citation qui est attribuée à l'ancien ministre de l'intérieur apparaît, elle n’est jamais datée ni sourcée. Il nous a par ailleurs été impossible d’en retrouver la moindre trace dans la presse française. On peut en outre raisonnablement conjecturer que si Charles Pasqua avait réellement prononcé ou écrit une telle phrase, elle aurait depuis longtemps été reproduite sur Internet accompagnée de précisions quant à sa source.
Remontant aux origines de cette fausse citation, on constate qu'elle apparaît sur les réseaux sociaux le 24 novembre 2018, soit le deuxième samedi de mobilisation des Gilets jaunes. C’est le patron d'une agence de pub, ancien cadre chez Publicis, qui, le premier, semble avoir diffusé la fameuse phrase sur son compte Facebook... d'où elle a depuis été partagée plus de 33 000 fois !
Contacté par Conspiracy Watch pour connaître la source de cette citation, ce dernier n'a pas souhaité nous parler directement, nous demandant de lui adresser nos questions par écrit. Il n'y a finalement jamais répondu, malgré nos relances.
Voir aussi :
Octobre 2010 : le ''ninja'' était bien un manifestant violent
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